Nous ne vous ferons pas l’affront de présenter Joe Satriani. Artisan riffeur passé maître dans l’art de ciseler des solos de haute voltige, le gaillard est aussi bon prof que compositeur. Ce quatorzième album solo confirme que les années n’ont en rien altéré son imagination et son savoir-faire.
Après avoir écumé les festivals d’été au sein du super groupe Chickenfoot, fort d’un elpee époustouflant, Satch s’est attaché à l’élaboration de onze nouveaux titres qui symbolisent plus que jamais l’alliance de la mélodie et de la technique.
Si d’ordinaire les albums instrumentaux visent essentiellement un public de musiciens passionnés, le simple mélomane trouvera sa dose de sensations fortes dans ce réjouissant « Black Swans and Wormhole Wizards ». Le maître en assure la production, épaulé par le talentueux Mike Fraser. Les quatre premiers fragments déroulent une structure résolument metal. « Premonition » annonce la couleur. Le son est monumental, heavy à souhait, sec et rond à la fois.
« Pyrrhic Victoria » confirme que l’aventure Chickenfoot n’a pas laissé Satriani indifférent. Pas étonnant que son riff évoque le Van Halen des années 80 ! La mélodie est parfaitement calibrée. On se laisse séduire.
Les morceaux s’enchaînent avec grande aisance. Le guitariste a savamment étudié ses plans, évitant de sombrer dans les clichés éculés des plages instrumentales à rallonge. « Light Years Away », au groove contagieux, constituera un excellent single, tandis que le très bref « Solitude » assure la transition vers des titres qui lorgnent davantage vers le funk, le blues et même le jazz. On pense souvent à certaines expérimentations de Steve Vai, mais on trouve aussi une parenté avec le talent de Jeff Beck et même d’Hendrix. La wah-wah, utilisée sobrement sur « Wind in the Trees », n’est pas un accessoire coutumier dans le jeu de l’artiste.
Le meilleur reste à venir, lors d’un « Wormhole Wizards » qui s’annonce comme un futur classique. Le riff de base est divin et la mélodie balaie les codes des exercices de style dont sont friands les guitares heroes de la génération Satriani.
Si vous avez craqué sur le classique « Flyin in a Blue Dream » il serait peu opportun de vous priver de cette nouvelle galette éclectique dotée d’un énorme potentiel.