Il y a quarante ans que Julien Clerc caresse des textes à subtilité variable, de son timbre caractéristique. « Où s’en vont les avions ? » était –une fois de plus– annoncé comme l’album du retour aux sources, à l’inspiration originelle. Mais si des plages comme « Apprendre à lire » ou « Sous sa grande ombrelle» font un peu décoller le disque, le douze pistes vole à basse altitude.
Loin d’être médiocre, l’album précédé sur les ondes par l’efficace « La jupe en laine » est surtout décevant. Il est frustrant parce qu’il y avait du beau monde à l’embarquement : Bénédicte Schmitt, Benjamin Biolay, Gérard Duguet-Grasset,… et parce que le dernier voyage –l’intime « Double enfance »– nous avait laissé d’agréables souvenirs…
S’il manque un peu de légèreté et d’impact dans son dernier opus, Julien Clerc joue par contre la carte de l’audace. Pas de révolution mais des surprises. Dont l’introduction, entre autres, de passages parlés (« Forcément ») et de sonorités classiques sous couvert d’une berceuse (« Dormez »). Il est également rare qu’auteur et compositeur affichent tous deux la paternité d’un titre sur leurs albums respectifs. C’est le cas ici pour « Restons amants ». Une perle ! Et le poétique « Déranger les pierres ». Deux titres enregistrés, il y a quelques mois, par Maxime Le Forestier et Carla Bruni. Le pari est risqué, la comparaison inévitable et peu flatteuse. La proximité des sorties confère aux morceaux l’allure de reprises à la réinterprétation peu convaincante que seule une écoute prolongée parvient à atténuer. Dommage !