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Les échos intergalactiques de Mr. Bison…

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Grizzly Bear

Shields

Grizzly Bear nous vient de New York. De Brooklyn très exactement. En 2009, il avait publié une œuvre magistrale intitulée « Veckatimest », un disque sur lequel figurait un single devenu presque classique, « Two weeks ». Sur la scène indie, le groupe occupe une place privilégiée. A cause de sa capacité à expérimenter au sein d’un style aussi basique que le folk/americana. Et de goupiller des chansons pop à la fois instantanées, contagieuses, émouvantes, variées, chiadées et efficaces. Un savoir-faire facilité par les superbes harmonies vocales échangées entre Ed Droste et Daniel Rossen.

Par la suite, le band s’est plutôt reposé sur ses lauriers. Et a mis trois ans avant de sortir ce nouvel opus. Bossant à la ‘coule’. « Shields » constitue donc le résultat de leurs longues élucubrations. Et bonne nouvelle, il est aussi réussi que le précédent long playing. Différence, il ne recèle pas de véritable single, même si « Sleping Ute », « Speak in rounds » et « Yet again » ont ce petit plus qui accroche directement l’oreille. Si les vocaux et l’instrumentation sont toujours aussi soignés, les claviers et les drums sont davantage mis en exergue ; mais c’est surtout le subtil équilibre entre structures étranges, complexes et accessibles qui fait véritablement la différence. Indie, americana, folk, pop, prog rock et psychédélisme font même bon ménage. Les arrangements sont méticuleux. Et des titres comme « A simple answer », « What’s wrong » ou «  Sun in your eyes » en sont les plus belles illustrations. Versatile, cette œuvre nécessite plusieurs écoutes avant d’être appréciée à sa juste valeur. Et ne provoquera aucune levée de boucliers…

 

Grizzly Bear

Piégé par le net

Écrit par

Aucune question, aucune réponse n’épuisera l’univers foisonnant de « Veckatimest ». Aucun mot ne décrira avec justesse ce travail d’orfèvre, si ce n’est : écoutez-le. Dix fois, cent fois, mille fois. Déversez-vous entièrement. Et peut-être lorsque vous en aurez caressé les moindres saillies, ressenti les fiévreux vertiges ; lorsque vous aurez été à l’écoute de cette mise en abîme mystique ; que ces voix entremêlées auront conté leurs histoires épiques, que ces chœurs lancinants auront ensorcelé, que les crescendo auront percé les nuages, que l’autour se sera émietté devant la grandeur du maître. Lorsque la douceur psychédélique aura enveloppé ce qu’il vous restera de lucidité. Que vous aurez frissonné de ces mélodies en écho soufflées par le vent. Que submergés, désintégrés, il n’y aura d’autre choix que de recoudre les lambeaux et reprendre la route. Alors, les mots, le jugement, la description prendra un peu de sens. Quoique ! Réécoutez-le encore une fois. A l’envers. Ailleurs. Autrement. Et peut-être après…

Dans quel état d’âme étiez lors de l’enregistrement ?

Chris Bear (batteur) : On a essayé d’entretenir une ambiance vraiment très relax, la plus spontanée possible. Pour cet album, on a uniquement œuvré, animé par une véritable volonté de s’y mettre et lorsqu’on était vraiment dans l’humeur. Alors que pour « Yellow House », on s’est mis une pression terrible. Je ne comprends pas pourquoi puisqu’il n’y avait pas d’échéance ; mais en tout cas, on s’était imposé une deadline. Maintenant, il est vrai que nous devions partir en tournée ; et on voulait terminer le disque avant cette date. On a donc voulu éviter de travailler dans la précipitation pour ce nouvel album.

Vous avez travaillé par paires, il me semble ?

C.B. : Oui, nous avons essayé toutes sortes de combinaisons. Ed et moi pour « Two Weeks ». Chris Taylor et moi avons jeté les bases de quelques morceaux. Daniel était absorbé par le projet Department of Eagles ; et comme j’avais déjà enregistré les parties de batterie, j’étais plus libre. Au final, dans le travail de création, j’ai pas mal bossé en compagnie d’Ed.

Et vous avez choisi trois endroits différents pour réaliser ces sessions ?

C.B. : La première partie de l’album a été entamée dans une sorte de grand manoir. On était tous très isolés les uns des autres et on pouvait crier bien fort sans s’entendre. C’était un bon début. Mais nous n’y avons réellement rien concrétisé. Puis, quand on est arrivés à Cape Cod, on a commencé à enregistrer les guitares et les parties vocales. C’est un petit cottage qui appartient à la grand-mère d’Ed. Un petit îlot de beauté. Une presqu’île sur la côte Est des Etats-Unis avec des rochers et la mer. Il fait un peu froid le soir ; et si je me souviens-bien, on entend le craquement du bois sur « Dory ». Et de vivre au milieu de cette nature nous a rendu le boulot plus confortable, nous a détendus. Un tel espace influence vraiment la création. Le grand manoir en bois était très différent. D’un point de vue acoustique aussi. Enfin, les deux premiers morceaux, dont le single « Two weeks », ont été entièrement mis en boîte dans une Eglise, en deux semaines. Puis nous sommes partis en tournée avec Radiohead, avant de revenir à Cape Cod. Au fil de la tournée, on a réalisé qu’on maîtrisait de mieux en mieux les morceaux. En rentrant, on a adopté la même approche ; mais le tempo s’était équilibré. En fait, les compos étaient devenues un peu plus rapides. Un changement d’apparence mineur, mais une belle différence quand même.   

Existe-t-il une volonté collective dans l’écriture des lyrics ? Où est-ce à chaque fois une narration purement personnelle ?

C.B. : Nous débattons peu des textes. Par de façon spécifique en tout cas. Je suis incapable de t’expliquer le sens profond de chaque chanson. Le dialogue est ouvert. On n’évite pas le sujet, mais chacun d’entre nous en fait une interprétation personnelle. Et on se laisse cette liberté. En ce qui me concerne, je ne prête pas beaucoup d’attention aux lyrics. Une vraie bonne parole, j’aime bien, mais sinon…

Quoi en particulier ?

C.B. : Par exemple, j’aime beaucoup les textes de Beach House. J’ai vraiment été séduit par leur dernier cd. Leurs nouvelles chansons sont très très passionnantes ; et puis j’aime aussi beaucoup les derniers trucs de Dirty Projectors. Leur lyrics m’ont frappé ; sans doute parce qu’ils me touchaient personnellement. Pour le reste, j’estime que les paroles ne constituent pas la dimension principale de notre musique.

Le nouvel elpee épouse un profil plus psychédélique. Plus proche de Department of Eagles. Surtout « Dory » et « Hold still ». D’accord ?

C.B. : Totalement… Et en particulier « Hold still » et « Dory ». Le toucher de guitare de Daniel est beaucoup plus présent. Mais ce n’est pas un hasard puisque les deux morceaux ont été enregistrés au cours de la même quinzaine. Effectivement, Ed et Daniel partagent le chant sur « Dory ». Daniel au début ; et Ed reprend la section suivante. Pour cette compo, Daniel a d’abord dessiné les lignes de guitare. Ed disposait de ‘chœurs’ qu’il avait préenregistrés. Ils ont apporté leurs contributions. Et c’est de cette concertation mutuelle que le morceau est né. C’est vrai que la tonalité fait très ‘Daniel’...

Mais comment faites-vous pour bien distinguer les projets Grizzly Bear et Department of Eagles ?

C.B. : Grizzly Bear est en évolution constante. Le style a beaucoup changé depuis les débuts. Le groupe offre une dimension plus flexible, alors qu’« In ear Park » réunit au départ des morceaux d’Ed, de Daniel et de Chris. Bon, tout est relié à Grizzly Bear ; mais par exemple, l’ancien répertoire de Department of Eagles est totalement différent ! Les morceaux de Daniel font davantage partie d’un concept ; et il aurait été inopportun de les mélanger avec ceux de Grizzly Bear. Et puis je crois que Grizzly Bear avait aussi envie de prendre une pause ; et même si on a fini par jouer à nouveau beaucoup ensemble pour Department of Eagles, c’était différent. Je ne devais pas être présent tous les jours. Il était possible de prendre du recul, car il y avait une vision très claire de l’objectif à atteindre. En fait, Daniel est arrivé avec déjà presque toutes les chansons ! Alors que le nouveau Grizzly Bear voulait être le fruit d’une collaboration optimale entre tous les musiciens ; au sein d’un univers où on créerait les morceaux petit à petit, dans une évolution qu’on allait tous vivre. Mais il est sûr que je ne pense pas nécessairement d’une façon complètement différente quand je joue pour Department of Eagles ou Grizzly Bear…

Il paraît que votre album a ‘leaké’ très vite ? Connais-tu l’origine de ces ‘fuites’ ?

C.B. : Après avoir terminé les sessions d’enregistrement, on a envoyé les maquettes au mastering. Le produit fini était prêt pour être envoyé et reproduit dans les dix jours ; et c’est à ce moment-là que j’ai reçu un message d’Ed m’informant que notre disque avait ‘leaké’. Je me suis dit que le phénomène avait quand même été rapide. Parce qu’en général quand ça ‘leake’, c’est suite à l’envoi d’un ‘advanced cd’ à un magazine musical. Quelqu’un tombe dessus par hasard et décide de le poster sur internet. Je ne sais pas quel est son but mais bon… Ca arrive. Or, aucune promo n’avait encore été transmise à qui que ce soit. Donc j’ignore d’où vient la fuite…

Du mastering ?

C.B. : Non impossible… j’ai mes suspicions à ce niveau. Mais bon, de toute façon, ça n’a pas d’importance. Il n’y a plus rien à faire. C’est trop tard. N’empêche, on pourrait comparer cette situation au monde du cinéma. Quelqu’un prend un temps fou pour réaliser un film, y consacre des années de tournage, le peaufine pour qu’il soit superbe sur grand écran ; puis, il constate qu’il est posté sur Youtube sur un écran de 10cm x 10cm. Et en ce qui nous concerne, on concentre tous nos efforts pour bien le mixer, le mettre joliment sur des ‘analog tapes’ ; et puis tu découvres qu’il est disponible sur internet via des téléchargements numériques au son pouilleux [crappy download].

Mais franchement, votre public n’est pas vraiment celui qui écoute votre musique par ‘crappy download’ ?

C.B. : C’est aussi ce que je pense donc ; ceux qui veulent l’apprécier à sa juste valeur, l’achèteront ou le téléchargeront sous une forme de bonne qualité. Et ceux qui veulent juste downloader n’importe comment ne changeront pas de méthode. Que ce soit maintenant ou plus tard, c’est la même chose. Maintenant, si certains avaient très envie de l’entendre et ne pouvaient plus attendre, je peux encore le comprendre. M’enfin, on s’est dit c’est arrivé ! Que peux-tu faire ?

Que vous ont apporté les périples accomplis en compagnie de Radiohead, Beach House et Feist ?

C.B. : Se produire en première partie de Radiohead était évidemment impressionnant. Il n’y a pas un jour où on n’a pas regardé leur set! Et ils changeaient le show chaque nuit ! Johnny est vraiment super cool, c’est clairement une idole ! Maintenant, je crois qu’on a appris des deux ; autant d’ouvrir pour des groupes, que de faire la première partie. C’est pas qu’on a changé nos chansons mais je crois qu’on a dû adapter notre répertoire. Par exemple, pour Radiohead on n’aurait clairement pas interprété les morceaux calmes. Genre « Hold still »,  devant 20 000 personnes qui commandent des bières. Je crois que pour un groupe de notre taille, ça aurait été triste. Mais lors des shows de Feist, on a dû privilégier les compos calmes ; car l’ambiance était plus théâtrale, la foule plus paisible. Ce n’était pas un concert de ‘rock’. Le groupe réagit autrement et donc nous sommes amenés à jouer dans un autre registre. Et pour TV & The Radio, forcément on a joué beaucoup plus fort ! On cherche toujours à amener une énergie similaire. Donc ce travail est très intéressant : apprendre à reconnaître celui avec qui tu joues et, en fonction, trouver le registre approprié.

C’est plus gratifiant de jouer en puissance pour un batteur, non ?

C.B. : Plus fatiguant en tout cas ! Franchement, quand j’ai réécouté les enregistrements de ces concerts, je me suis vraiment demandé comment j’avais pu frapper ainsi. Je ne me rappelais pas qu’il était possible de jouer si vite et si fort !

Où allez-vous ensuite ?

C.B. : Demain on retourne à New-York. A la maison… J’espère qu’il fera aussi beau qu’ici !

 

Grizzly Bear

Friend (Ep)

Écrit par

Il est des soirées entres potes où tout est organisé ; où la moindre activité a été réfléchie, et votée à l’unanimité. Certains apprécient cette discipline du divertissement, d’autres préféreront une spontanéité farfelue qui peut mener aux confins de l’inimaginable. Apparemment Grizzly Bear et ses paires (c’est facile je sais) ont réussi un compromis entre les deux. Intitulé  « Friend (EP) », l’album n’a d’epee que le nom. Dix titres c’est un peu long pour le format proposé. Laissons donc de coté cette étrangeté pour nous intéresser au reste du titre de l’album : « Friend ». C’est ce mot-là qu’il faut retenir. Il ouvre les portes à CSS, Band of Horses et Atlas Sound qui en profitent pour produire « Knife » et « Plans », tout droit sortis du précédent album de leurs hôtes : « Yellow House ». Ces covers habilement travaillées témoignent du respect envers les auteurs initiaux, et effacent l’idée de reprises faciles et mercantiles. Le reste de l’album est composé d’adaptations plus ou moins réussies par Grizzly Bear himself, se laissant le loisir de déformer des titres comme « Little Brother » (« Yellow House ») ou « Shift » (« Horn Of Plenty ») à leur guise. « He Hit Me » et « Granny Dinner »  apparaissent comme seuls morceaux ‘inédits’ de la galette. N’ayant rien de bien extraordinaire, mais pas décevant pour autant, cet album s’ajoute à la discographie des Américains comme un trou normand. Il ouvre l’appétit pour le prochain plat. C’est bien beau de nous avoir affamés, mais maintenant les gars, aux fourneaux !

 

Grizzly Bear

Reprendre du poil de la bête

Écrit par

Entre folk et pop, chorales et orchestrations symphoniques, l'ombre de ce gros nounours new-yorkais se dévoile. En provenance du district de Brooklyn, il y a quelques mois que les quatre musiciens de Grizzly Bear traversent le monde pour propager leur bonne nouvelle. Aussi, le samedi 11 novembre, l'équipée fait-elle étape à Bruxelles. Ce soir-là, comme toujours, le concert  du quatuor est magnifique. Encore une fois, on frôle le rêve éveillé. Mais dès le lendemain, le désenchantement supplante l'émerveillement. En cause, la réception d'un communiqué officiel du label hébergeant le groupe : 'Les Américains de Grizzly Bear ont été contraints d'annuler le restant de la tournée européenne. En effet, dans la nuit de samedi à dimanche des malfaiteurs ont dérobé l'entièreté de leur matériel entreposé dans leur véhicule, garé à quelques pas de leur hôtel bruxellois.' Dans ces conditions, il y a fort à parier qu'ils se souviendront longtemps de leur passage en Belgique. Pas pour de bonnes raisons, certes. Mais ils s'en souviendront. Aujourd'hui, Grizzly Bear doit retrouver des instruments et repartir de l'avant... Récit d'une rencontre antérieure à cette étrange péripétie.

Le grand public connaît encore mal Grizzly Bear. Pouvez-vous nous retracer votre histoire, vos premiers ébats musicaux ?

Trois ans auparavant, seul dans sa chambre, Edward a réalisé quelques enregistrements sur le logiciel Pro Tools. A l'origine, il se faisait plaisir, ne défendant aucune ambition mercantile. Ses chansons étaient pour lui, tout simplement. Une petite structure indépendante a finalement décidé du publier son travail. C'est à partir de ce moment que l'idée de former un groupe a commencé à germer dans son esprit. Nous sommes donc arrivés à ses côtés pour défendre ce premier album artisanal  (« Horn of Plenty ») sur scène. Mais, en concert, la texture sonore des chansons était fort différente. Nos représentations scéniques ont largement contribué à l'évolution du projet. Cette première tournée a donc engendré les bases d'une nouvelle direction artistique pour le groupe. A partir de là, chacun a contribué aux avancées du projet. Après avoir défendu ce premier album, nous avons entrepris l'enregistrement de « Yellow House » en commençant à travailler sur nos divers apports. En écoutant les deux albums, on peut aisément percevoir les deux facettes de la formation : le Grizzly Bear solo et le groupe Grizzly Bear.     

Sur scène, jouez-vous encore les morceaux de « Horn of Plenty », votre premier cd ?

Nous jouons toujours ces chansons sur scène. Mais, musicalement, on s'éloigne considérablement des versions proposées par ce premier album. A la base, ce disque était le projet personnel d’Edward. Finalement, c'est devenu sa principale obsession. Personne ne l'a vraiment poussé à former un groupe. Mais la volonté de donner vie à sa musique était très forte. Désormais, chez Grizzly Bear, chacun apporte son savoir-faire. Toutes les chansons d'Edward traitent de sujets intimes. Mais étrangement, ses textes nous parlent également. Chaque membre du groupe ressent ainsi une implication personnelle au niveau du message véhiculé par une chanson. 

Sur ce deuxième album, Grizzly Bear s'est mué en une belle chorale expérimentale. D'où vous vient cette sensibilité ?

Quand Edward a commencé à travailler sur les bases du premier album, il expérimentait énormément. A la base, il est surtout un chanteur ou un vocaliste, c'est sans doute le terme le plus approprié... Il a grandi dans une famille au sein de laquelle la musique tenait une place essentielle. Pourtant, il n'a jamais vraiment étudié la musique. Mais il baignait dans un univers musical permanent. Alors voilà, on retrouve peut-être dans nos structures des couches sonores entendues chez les Beach Boys ou Van Dyke Parks. Nous avons toujours été fascinés par ce genre d'orchestration. Nous aimons enjoliver la pop. Grâce à la technique du 'multi-tracking', Grizzly Bear prend des allures d'orchestre. On cherche à accumuler les couches sonores : six ou sept parties de guitare, trois parties au piano, trois parties à la batterie, etc.

Chaque écoute de votre dernier album permet de déceler de nouvelles subtilités, des détails harmoniques passés inaperçus quelques minutes auparavant ? Est-ce la conséquence d'une approche musicale maniaque et méticuleuse ? 

Lors de la production de « Yellow House », nous avons accordé une importance démesurée à des questions de détail. Nous étions vraiment impliqués dans l'objet de notre création. Certaines personnes nous ont pris pour des fous, des détraqués. Nous étions réellement obsédés par le moindre détail touchant aux structures de nos chansons. Ce qui explique en grande partie le sentiment ressenti à l'écoute du disque. Cette recherche sur le son constitue certainement une des clefs de ce nouvel album.

Comment décririez-vous votre style musical ? Certains journalistes vous collent une étiquette de formation folk. Quelle est votre vision des choses ?

Pour définir notre musique, le terme 'pop orchestrale' peut convenir. Nous avons une assise tournée vers le jazz. D'ailleurs, notre batteur, Christopher Bear (NDR : aucun lien avec le Grizzly !), est un musicien talentueux dans le domaine du 'free jazz'. La musique de Gil Evans nous impressionne également. Dans ses compositions, les arrangements sont naturels. C'est une musique précise, complexe mais cela n'entache en rien son accessibilité, son côté humain. D'autres éléments viennent aussi enrichir le spectre musical de Grizzly Bear. Parlons donc de 'pop orchestrale' !

Vous êtes originaires de New York, de Brooklyn précisément. C'est une métropole cosmopolite, extrêmement vivante, toujours en mouvement. Pensez-vous que cette atmosphère particulière a des répercussions sur votre musique ?

Sans doute, oui... En même temps, c'est une influence abstraite, quelque chose de difficile à cerner. A New York, les habitants sont quotidiennement exposés à la culture, à la musique. A chaque instant, il y a une ouverture sur l'art, sur le monde, des choses à apprendre. A force de tourner à travers le monde, on commence à apprécier cette facette de New York. Cette multiculturalité est très rare, très difficile à trouver dans d'autres villes. 

Cependant, vous avez décidé d'enregistrer votre album en dehors de New York...

Le disque a été enregistré à Boston, dans la maison de la mère d'Edward. En fait, cette maison, c'est la 'Yellow House' de son enfance. Dans le livret qui accompagne le disque, on trouve des photos d'une vieille bicoque. Il s'agit d'une représentation. Ce n'est pas la maison en question. La 'Yellow House' était beaucoup plus belle ! Nous sommes restés là-bas pendant un mois. Notre budget était trop limité pour passer autant de temps en studio... Pour revenir sur la potentialité d'influences externes sur notre musique, il est certain que cette maison a généré une atmosphère particulière, jouant incontestablement sur les ambiances sonores du nouvel album.

 

Grizzly Bear

Yellow house

Écrit par

Face à un album de cette trempe, le rédacteur concerné se sent parfois bien circonspect. Alors oui, certains borborygmes ou onomatopées lui viennent bien à l’esprit mais rien de tout cela ne fait très sérieux. Bien sûr, il pourrait vous remémorer le premier album (« Horn Of Plenty »), petite merveille de lo-fi absolument renversante. Ou vous toucher un mot des orchestrations et arrangements plus luxuriants les uns que les autres. Souligner la sourde mélancolie de l’ensemble, à fendre les cœurs les plus endurcis. Poser le doigt sur les harmonies vocales, incitant au voyage comme tant de mantras chamaniques. Appuyer sur le délicat sens du détail qui orne chacune de ces irréprochables compositions. Vous enquérir de filer assister à leurs prestations scéniques étourdissantes au cours desquelles le cours des choses échappe à toute raison. Insister sur l’existence primordiale d’un tel ovni dans la masse informe de la musique scélérate. Enfin, multiplier les démarches afin de vous mettre définitivement sur la voie de cet objet céleste aussi scintillant qu’éternel. Mais voilà, le souffle court devant tant d’éclat, la pauvre créature ne trouve rien à exprimer. Quoique…