La pop sauvage de Metro Verlaine

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Meril Wubslin fait ça… et dans la langue de Molière…

Fondée en 2010 par Christian Garcia-Gaucher (BE/CH) et Valérie Niederoest (CH), Meril Wubslin est une formation belgo-suisse dont la musique est décrite comme lo-fi-folk-sci-fi-psyché-transe. Duo à l’origine, elle est passée à un trio en 2015, à la suite de…

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Chelsea Wolfe

She Reach Out To She Tends Out To She

La toujours poignante Chelsea Wolfe vient de réaliser un nouveau coup gagnant sur son illustre échiquier. Sur « Hiss Spuné, elle a flirté avec le doom metal fantasmagorique, sur « Birth Of Violence », elle est entrée dans un donjon acoustique sur le brûlant « Bloodmoon : I », elle a ricané avec les voyous de Converge au sein d’un bain de métal noir rempli d’acide sulfurique.

Chaque nouvel opus apporte invariablement de nouvelles révélations, perspectives et découvertes à cette muse sombre. Ses disques sont tous des perles à couper le souffle qui, à première vue, sont différentes les unes des autres mais ont une constante : elles ne tolèrent pas la lumière du jour.

Sur « She Reach Out To She Tends Out To She », la déesse de la nuit franchit une nouvelle étape dans son évolution excentrique. Au cœur de ses sonorités menaçantes omniprésentes, se sont glissés de minces synthés et une électronique oppressante. Sous cette nouvelle approche, elle niche encore en grande partie dans son biotope préféré : l’obscurité. Pour la circonstance, les compos ont été épargnées par les riffs de métal ‘ricanants’, mais le ténor est toujours terrifiant et la voix rêveuse de Chelsea navigue immuablement au sein d’endroits aussi mystérieux et brumeux.

Les morceaux flottent sur des rythmes hypnotiques, des drones obsédants, des guitares endormies et des synthés brumeux. Ainsi, ils filent à la recherche d’horizons inconnus. « Whispers In The Echo Chamber » pose les lignes et saisit immédiatement la gorge au moyen d’une électronique fantomatique et d’une explosion ultime. « House Of Self-Undoing » grogne durement sur un lit de percus émanant de la jungle. « Tunnel Lights » nous entraîne dans un paradis souterrain. « Salt » erre dans le Portisheadland et le morceau de clôture, « Dusk », s’enfonce implacablement dans la nuit lors d’une solide apothéose.

Perle noire, « She Reach Out To She Tends Out To She » ne révèle pas ses secrets tout de suite ; il exige un certain effort de la part de l’auditeur. Il s’agit d’une exploration captivante à travers les cavernes sombres de l’âme de Chelsea Wolfe. Apportez donc votre lampe de poche…

Wolf Parade

Thin mind

Écrit par

« Thin mind » constitue le cinquième opus de cette formation montréalaise et le premier sans son multi-instrumentiste (basse, guitare, synthé, percus, claviers), Dante DeCaro. Le groupe avait déjà pris une pause en 2011, afin que les membres puissent s’exprimer à travers différents projets (Divine Fits, Operator, Moonface, Handsome Furs, Frog Eyes, Sunset Rubdown), avant de se reformer en 2017, pour y graver « Cry cry cry ». Réduit à un trio, le combo semble avoir opté pour une musique plus accessible, influencée par les eighties et les nineties. Mais le plus paradoxal procède de la voix de Spencer Krug, dont la voix emprunte les inflexions de Dante DeCaro (NDR : l’ex-Hot Hot Heat qui a déserté le band) et le timbre de Brett Anderson (Suede) (NDR : et on suppose que c’est Dan Boeckner qui le soutient discrètement de son baryton). Pas étonnant que plusieurs compos adoptent un profil glam. Que ce soit dans l’esprit de la formation londonienne ou de David Bowie époque Tony Visconti. Si les interventions de guitare sont toujours présentes, se révélant même dans ses moments les plus intéressants, carillonnantes voire tintinnabulantes, les synthés ‘vintage’ s’immiscent naturellement dans l’expression sonore, un peu comme chez The Tubes ou The Cars. Engagés, les textes s’inquiètent de la passivité de la population canadienne face aux idées dictatoriales de l’Amérique de Trump. Enfin, on épinglera encore le superbe artwork de la pochette, dont le images auraient pu émaner de la plume d’un.e cartooniste belge…

Wolfheart

Constellation Of The Black Light

Écrit par

Ce band finlandais réunit Tuomas Saukkonen (guitare, chant), Mika Lammassaari (guitare solo), Joonas Kauppinen (drums) et Lauri Silvonen (basse, chœurs). « Constellation of the Black Light » constitue son quatrième opus. Il succède à « Tyhjyys », paru en 2017. Son style ? Le death métal mélodique.

Découpé en 7 pistes, cet opus s’inspire de la beauté et la froideur du pays natal des membres du groupe. Tuomas signale que la détermination et la persévérance ont été nécessaire pour graver cet LP, et qu’il a fallu franchir certains obstacles afin d’y parvenir. Le quatuor est cependant fier du résultat.

D’une durée de 10’, « Everlasting Fall » s’ouvre par des sonorités de cordes semi-acoustiques, au sein d’un climat paisible. Le ressac arrive peu à peu et le death metal revient au galop. Les percussions explosent et le chant hurlé de Tuomas nous prend à la gorge. Et pour « Breakwater » (voir vidéo ici), ce sont des notes d’ivoires qui amorcent discrètement la piste. Un riff de gratte suscite l’inquiétude avant que les cordes ne se fracassent sur la digue au cœur de laquelle le chant guttural finit par trouver l’ouverture.

« Forge With Fire » se répand comme une coulée continue…

Particulièrement mélodieux, « Defender » est hanté par le démon des ténèbres…

« Warfare » prône un black métal originel, torturé et sauvage.

Caractérisé par ses riffs ronflants, « Valkyrie » est d’une efficacité militaire, un morceau sur lequel vient se poser quelques accords de piano. Dynamisée par une batterie dévastatrice, la ligne rythmique sert de tremplin à des envolées de 6 cordes acrobatiques.

Wolfheart se produira en concert au Biebop de Vosselaar le 18/11/2018

 

Wolfgang Flür

Conny Plank, le producteur de Kraftwerk, a été aussi important que George Martin, celui des Beatles…

Wolfgang Flür est un des membres légendaires de Kraftwerk, groupe allemand considéré comme pionnier et créateur de la musique électronique. Flür a été le batteur de la formation emblématique, de 1973 à 1987, soit pendant l'âge d'or des génies teutons.

Avant d'entamer l'interview, une petite piqûre de rappel s'impose. Florian Schneider et Ralf Hütter fondent Kraftwerk (traduction : centrale électrique) en 1969, à Düsseldorf. Entre '71 et '73, ils gravent « Kraftwerk », « Kraftwerk 2 » et « Ralf und Florian », des elpees qui proposent une musique avant-gardiste, une forme de krautrock classique, organique, alimentée par des batteries, guitares, etc. Ces long playings rencontrent un succès plutôt mitigé. Militant à cette époque au sein du line up, Michael Rother et Klaus Dinger abandonnent le navire et partent créer Neu !, une autre formation importante dans la genèse de la musique wave, mais face punk et post-punk.

En 1973, poussé par leur producteur, Konrad ‘Conny’ Plank, Kraftwerk se concentre sur la musique électronique basée sur les synthétiseurs et enregistre « Autobahn », le premier morceau 100% electro-pop de l'histoire musicale contemporaine. Le single devient un énorme hit aux Etats-Unis et le duo recrute un batteur/percussionniste, Wolfgang Flür. C'est lui qui développe le premier drum-pad électronique, une invention 100% originale. Le trio part ensuite en tournée, aux States.

Grâce à l'argent d'« Autobahn », Kraftwerk monte ensuite son propre studio, le Kling Klang, laisse tomber Conny Plank et enregistre « Radio-activity », un LP et un 45trs qui font un véritable tabac. Ils permettent au groupe d’acquérir une notoriété certaine à travers toute l'Europe, consacrant ainsi le style dark electro-pop qui sera la source de la new wave popularisée par Depeche Mode, Ultravox, Human League, Gary Numan et plus tard également de la house et de la techno.

Le groupe recrute ensuite un 4ème musicien, Karl Bartos, et publie « Trans-Europa Express » en 1977 et « The Man-Machine » en 1978. En 1981, la nouvelle étape passe par « Computerworld ». Issu de cet opus, le simple « Computer Love » entrera dans l'histoire pour deux raisons : d'abord parce que le riff au synthé a été réutilisé par Coldplay dans son hit « Talk ». Ensuite, car la face 'B', « The Model », se transforme en tube, dès 1982. Cinq ans plus tard, lassé par le despotisme de Hütter et Schneider, Flür quitte le groupe après les sessions de l'album « Electro-City ».

L’album suivant, « The Mix », paru en 1991, compile les hits du band remixés dans le style electro-dance de l'époque. Il faut attendre 2003 pour que Kraftwerk sorte un nouvel LP, « Tour de France Soundtracks », une œuvre qui trahit la nouvelle grande passion de Hütter et de Schneider : le cyclisme. Aujourd'hui, Kraftwerk ne compte plus qu'un membre original, Ralph Hütter, et se concentre surtout sur les concerts ainsi que les performances visuelles et artistiques.

Quant à Wolgang Flür, après 10 ans de divorce avec la musique, il a fondé Yamo dans les années '90, un projet solo qui s’appuyait sur ses compositions personnelle et des collaborations musicales. Aujourd'hui, il se produit sous son propre nom et a gravé « Eloquence », en 2015, un disque au cours duquel il en revient aux fondements de l’electronic-pop d’un Kraftwerk mais en l’élargissant à l'EBM, la house ou la techno, suite à différentes coopérations. « I Was A Robot » est même devenu un hit alternatif (NDR : il a également choisi ce titre pour son livre qu’on vous conseille vivement)…

Wolfgang Flür nous a gentiment consacré plus de 30 minutes d’entretien, lors du festival Winterfest, à Gand. Entrons donc dans le vif du sujet… 

Kraftwerk a évolué d’un krautrock acoustique et organique vers un genre 100% électronique qui l'a rendu célèbre. Est-il exact que Conny Plank, le producteur, a joué un rôle majeur dans ce processus ?

C'est exact. Ralph et Florian travaillaient déjà en sa compagnie avant que je ne les rejoigne. Plank était ingénieur du son pour les groupes américains qui venaient se produire en Allemagne pour les forces armées. J'ai eu l'occasion de parler longuement avec lui et sa femme Christa, y compris après l'aventure Kraftwerk et j'ai appris des choses que je ne savais pas parce que Ralf et Florian ne parlaient jamais ni de Conny Plank ni de son influence. En fait, Plank avait construit son studio dans une ferme en pleine campagne, dans les bois, non loin de Düsseldorf, un très bel endroit, et ses premières productions sont celles de Kraftwerk, et tout particulièrement « Autobahn ». C'est à ce moment-là que j'ai intégré le band et développé un drum-pad électronique en utilisant une petite boîte à rythmes, une drum box automatique incluant des presets valse, bossa nova etc. Kraftwerk ne disposait pas de batteur, parce qu’à l'époque les batteurs jouaient trop fort et trop rock ; en outre, Conny Plank voulait absolument éviter ce côté rock made in USA. Les Américains avaient l'habitude de se moquer des Allemands qui utilisaient des instruments rock et dénigraient cette musique en la qualifiant de ‘krautrock’, de rock ‘choucroute’. Donc, Plank prévenait : ‘Ne jouez pas du rock. Vous ne pourrez jamais égaler les Américains dans cet exercice. Faites votre propre truc.’ Il a donc incité Kraftwerk à réaliser « Autobahn », « Morgenspaziergang », etc. Il a aussi plaidé pour le recours au chant, car auparavant, la musique du groupe était uniquement instrumentale. Et il a insisté pour qu’il soit en allemand plutôt qu'en anglais. Quand j'ai rejoint Kraftwerk, mon jeu minimaliste correspondait parfaitement à ce nouveau style. Un an plus tard, Ralph et Florian ont engagé un autre percussionniste, Karl Bartos, ce qui a donné naissance au quatuor Kraftwerk 'classique'.

Conny Plank a-t-il également influencé l’approche mélodique de Kraftwerk ?

Non, pas au niveau des mélodies mais bien des sons. Plank les proposait pour « Autobahn », notamment en se servant du synthé Moog. Ils imitaient les bruits de l'autoroute, comme celle d’un camion qui passe. Il enregistrait tout sur bande et c'était un peu comme du sampling avant la lettre. Ralf et Florian sélectionnaient les sons et les inséraient dans la composition. C'est alors que j'ai compris le rôle de Plank dans la création de ce premier hit. Dans sa maison, Conny Plank possédait plusieurs disques d'or, remportés pour les productions qu'il avait réalisées. Dans l'histoire, il a été aussi important que Georges Martin, le producteur des Beatles.

Pourtant, Kraftwerk n'a pas continué à travailler avec lui après « Autobahn »...

Ralph et Florian se sont séparés de Conny Plank après « Autobahn » et ils n'ont jamais reconnu ouvertement son importance. Pour « Autobahn », qui a décroché un hit aux USA, il a reçu 5 000 DM ; une somme ridicule. Il n'avait pas signé de contrat ; c'était juste un accord tacite. Et sur le disque, ne figure que la mention : 'Enregistré dans le studio de Conny Plank'. Son travail de production n'était même pas reconnu. Ce mauvais traitement a rendu Conny Plank littéralement malade. C'est ainsi que j'ai découvert la véritable personnalité de Ralph et Florian ; ce qui m’a fortement attristé.

Kraftwerk a-t-il été influencé par Tangerine Dream ? On pourrait le penser vu que les deux formations ont commencé à peu près en même temps à se lancer dans la musique électronique.

Non, je ne crois pas. Nous avons assisté au fameux concert de Tangerine Dream, diffusé par la chaîne WDR. Leur musique était très différente. Ce n’était pas de la pop music, mais plutôt des soundscapes, des B.O. pour films. Perso, je préfère la musique pop qui tient compte de la structure classique couplet/refrain.

Pourquoi « The Model » est-il devenu numéro un en Angleterre ?

Le titre est paru originalement en 1978 sur « Man-Machine ». Plus tard, en 1981, pour promouvoir « Computer World », Kraftwerk a publié la plage titulaire en ‘simple’ et la compagnie de disque a ajouté « The Model » en face B, quasi par hasard. Et c'est cette ‘flip side’ qui est devenue un énorme hit en 1982, pour finalement culminer au sommet des charts anglais. Le thème de « Computer World » n'était pas destiné aux masses, « The Model » bien. En gros, les paroles disaient : ‘Elle est mannequin et elle est jolie et je veux l'avoir’. C'était presque de la musique ‘Schlager’ (NDR : un terme qui désigne la musique allemande populaire de variétés).

Par contre, « Radio-activity » a surtout marché en France. Pour quelle raison ?

J'ai une théorie pour ce phénomène : c'est parce que la chanson est très mélancolique. Au début, le thème n'était pas la radioactivité mais bien l'activité à la radio, le fait que la musique de Kraftwerk était largement diffusée sur les ondes, aux Etats-Unis. Même dans les coins les plus reculés, les réserves indiennes, les stations passaient « Autobahn ». La musique de « Radio-activity » était très semblable à la chanson française, celle de Charles Aznavour ou de Gilbert Bécaud, qui se distingue par sa mélancolie romantique. Et dans « Radio-activity », cette mélancolie est créée, entre autres, par le Vako Orchestron. Acheté aux USA, ce synthé fonctionnait à l’aide de disques de cellophane et était capable de reproduire des samples de violons, d'orgues, des choeurs de voix humaines, etc. C'était le successeur du célèbre Mellotron. Le Mellotron utilisait des bandes dont le temps d’action était limité. Le Vako Orchestron, par contre, exécutait les sonorités en loop de façon illimitée. Kraftwerk a exploité cet instrument pour les voix humaines, ce qui a communiqué un ton très mélancolique à « Radio-activity ». En outre, la manière dont Ralph Hütter chantait, sans émotion, comme un robot, accentuait le côté triste de l'ensemble.

Cette mélancolie émane sans doute aussi de la musique classique française : Debussy, Ravel, caractérisés par des harmonies en accords mineurs. 

Bien sûr ! La chanson française aborde souvent des thèmes relatifs aux amours déçus ou perdus. Comme dans la chanson « Nathalie... » de Gilbert Becaud. « Radio-activity » baigne dans ce même climat...

L'interview audio est disponible via le podcast de l'émission WAVES (Radio Vibration) ici. 

Remerciements : Wolfgang Flür, Winterfest Radio Vibration, WAVES & Musiczine.net

Photo: Wolfgang Wiggers

Wolf Parade

Il ne faut pas deux loups pour diriger une meute…

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Il y a déjà quelques années qu’on n’entend plus guère parler de Wolf Parade. Faut dire que depuis la pause que s’est réservée le band Canadien, en 2011, les deux chanteurs, Dan Boeckner et Spencer Krug ont développé ou participé à des projets parallèles. Le premier a notamment milité chez Divine Fits et Operators, alors que le second s’est essentiellement focalisé sur son aventure en solitaire, baptisée Moonface. Ce n’est qu’en 2016, que le groupe a repris le collier, publiant alors un Ep. Et dans la foulée, il a enregistré un excellent nouvel elpee, intitulé « Cry, cry, cry » Il se produisait au Botanique, dans le cadre de l’édition 2017 de l’Autumn Falls 2017. Il était donc intéressant de voir et surtout d’écouter la transposition en live de ce dernier opus…  

Après une première partie assurée par le groupe torontois, FRIGS, les membres de Wolf Parade débarquent sur les planches. Le public qui a rejoint l’Orangerie, est plutôt clairsemé.  Armé de sa gratte, Dan Boeckner se plante à gauche, et siégeant derrière son piano, Spencer Krug, a opté pour le côté droit. Le chanteur s’installe au milieu. Pas un inconnu, puisqu’il s’agit de l’ex-chanteur de Hot Hot Heat, Dante DeCaro. Après avoir participé aux sessions d’enregistrement pour plusieurs albums, il a rejoint définitivement le line up. En arrière plan, Arlen Thompson campe derrière ses fûts. Sous les applaudissements, le groupe entame le set par le single issu du dernier opus, « Lazarus Online ». Krug se concentre sur ses ivoires, tout en chantant de sa voix si caractéristique ce morceau qu’il a composé dans son style lyrique. Et les autres instrumentistes, lui emboîtent aussitôt le pas. Boeckner reprend ensuite le flambeau. Echafaudées sur les lignes de gratte, ses compositions adoptent un profil davantage punk et direct. A l’instar du dernier LP, que la formation va reprendre quasiment dans son intégralité, les deux leaders prennent la direction des événements, à tour de rôle. Malheureusement, malgré le talent des musicos et des titres, il faut bien reconnaître que les deux artistes ne parviennent pas à entrer en osmose. Y compris sur le répertoire précédent. Ainsi, la magie ne parvient pas à opérer pour les, pourtant superbes, « You are a runner and I am my fathers son » et « Modern World ». Wolf Parade est confronté à un problème de luxe : il a deux chefs de meute, et aussi talentueux soient-ils, il ne sont pas complémentaires, en ‘live’. De quoi susciter une déception bien légitime, quand on connaît le potentiel du combo. Le concert aurait pu ou dû être exceptionnel, il n’a été que satisfaisant…

(Organisation : Botanique)

Wolf People

Ruins

Écrit par

Wolf People nous vient des Iles Britanniques, du Bedfordshire très exactement. A son actif, quatre elpees, dont le dernier, « Ruins ». A l’origine, le groupe puisait ses sources d’inspiration majeures chez Captain Beefheart, Grateful Dead, Jimi Hendrix, Black Sabbath, Jethro Tull, Led Zeppelin, The Incredible String Band et Fairport Convention. The Black Mountains également, pour citer un band contemporain. Fondé en 2005, le combo semble digérer, progressivement, ses influences. Progressivement, le mot est bien choisi, car sa musique continue d’osciller entre prog, folk insulaire, hard rock et psychédélisme. Il est même parfois étonnant de retrouver sur un seul morceau un feeling pastoral très susceptible de se réserver des envolées bucoliques ainsi que des turbulences bien métalliques chargées de groove. Ces duels de grattes, ce mellotron, cette flûte, ce saxophone et ces synthés font ainsi bon ménage. Même au sein d’un climat exotique. Parfois on pourrait imaginer le résultat d’un bœuf entre Black Sabbath et Steeleye Span. Encore qu’en prenant un peu de recul, c’est surtout à Dream Theater, qu’il faudrait penser. On a même droit à un blues (NDR : le morceau d’ouverture « Ninth night », qui se réfère à l’ésotérisme historique). N’empêche pour des « Ruins », il faut reconnaître que les morceaux ont encore fière allure… 

 

Chelsea Wolfe

Les lentes vagues d'un post-metal lancinant…

C'est une double affiche d'enfer que nous propose l’AB pour Halloween. Au programme, deux formations américaines qui explorent un univers très 'dark'. Mais dans les deux cas, il s'agit d'une noirceur propice aux scintillements de lueurs brillantes, aveuglantes même. Les 'anciens' de Low, chantres du 'slowcore', et la ‘petite jeune’ Chelsea Wolfe, étoile montante d'un style qu'on pourrait qualifier de 'doom-folk', vont se succéder sur le même podium. Les deux bands son réunis pour cette seule date ; un évènement unique qui souligne une admiration réciproque. La salle est en configuration ‘box’ (sans les étages) et le programme commence tôt, car deux longs sets sont annoncés.

C'est donc à 19h30 que Chelsea Wolfe monte sur les planches. A ses côtés, on retrouve son comparse Ben Chisholm (basse, synthés), Dylan Fujioka (batterie) et une guitariste. Tout de noir vêtue, à l'exception un patch blanc cousu sur son pantalon, la jeune Californienne focalise tous les regards. Elle porte au cou un superbe collier affublé d'une croix carrée. Etablie à Los Angeles, Chelsea Wolfe est responsable, à ce jour, de cinq albums de très bonne facture. Aujourd'hui, elle vient présenter le 'petit dernier'. Paru récemment sur Sargent Records. « Abyss » constituera donc, tout naturellement, l'épine dorsale de la setlist.

En grande prêtresse de la soirée, Chelsea Wolfe entretient une atmosphère mystérieuse et envoûtante, déroulant les lentes vagues d'un post-metal lancinant... Le son est puissant, et la guitare de Chelsea, très saturée, donne à l'ensemble une tonalité presque noisy. Après le spectacle, Chelsea nous confiera avoir rencontré des problèmes pour régler l'ampli, loué pour l'occasion.

Après trois titres tirés de « Abyss » (« Carrion Flowers », « Dragged Out » et « Iron Moon »), elle opère une incursion dans « Pain Is Beauty », le chef d'oeuvre sorti en 2013, en interprétant « Kings ». Ici, la musique devient plus complexe, s'autorisant des touches de trip-hop et d'électronique, un peu comme si Dead Can Dance faisait un boeuf avec  Portishead. « We Hit A Wall » propose un mur... du son sur lequel nos tympans viennent se fracasser pour notre plus grand bonheur. « After The Fall » (« Abyss ») constitue peut-être le point culminant de la prestation. D’abord fragile, plaintive, la voix de Chelsea devient déchirante, lors du final particulièrement bruitiste, survolant un maelstrom de guitares et de percussions. Un grand moment, à (re-)découvrir ici

Pendant « House of Metal », Chelsea Wolfe abandonne sa guitare, empoigne son micro et vient au devant de l’estrade. Que de chemin parcouru depuis le début de sa carrière où, trop timide, elle se cachait derrière des voiles noirs et restait statique sur scène. A l'origine, « House of Metal » figurait dans le répertoire du projet électronique de Chelsea Wolfe et Ben Chisholm, Wild Eyes, un projet finalement intégré dans 'Chelsea Wolfe', en 2013. Comme la plupart des compositions, ce titre acquiert une toute nouvelle dimension en 'live'. On est comme hypnotisés par le balancement de la rythmique et les mélodies.   

Après le paisible « Simple Death », c'est par « Survive », une longue plage de près de 6 minutes, que la formation achève sa prestation ; et en affichant une belle maîtrise ! Quasi-tribal, ce final atteint un sommet de puissance et d'intensité. Les musiciens se retirent après une heure de concert et, oh surprise, les lumières de la salle se rallument. L’auditoire est étonné, déçu même, de ne pas pouvoir bénéficier d'un rappel. Un problème d'organisation ?

Setlist : Carrion Flowers, Dragged Out, Iron Moon, Kings, We Hit a Wall, After the Fall, Maw, House of Metal, Simple Death, Survive

A 21h, c'est au tour de Low d’investir des lieux. Alan Sparhawk et Mimi Parker, membres fondateurs de la formation américaine, sont accompagnés par Steve Garrington à la basse et au synthé. Formé en 1993, en pleine vague grunge, Low s'est démarqué d'emblée, en pratiquant une musique tout en retenue, à contre-courant, articulée autour d'harmonies vocales et de rythmes lents. Son style est alors taxé de 'slowcore'.

Venu présenter son dernier opus, « Ones and Sixes », publié cette année, le trio va en proposer pas moins de 8 plages. La qualité des compos montre, si besoin en est, que Low n'a rien perdu de son inspiration. Assise derrière ses fûts, qu'elle caresse doucement de ses baguettes, Mimi Parker chante à la perfection. Sa voix est très classique, dotée d'un très beau tremolo, dans la tradition des chanteuses américaines folk/pop, oscillant entre Joan Baez et Jennifer Warnes. Alan Sparhawk évoque plutôt Neil Finn (Split Enz, Crowded House), surtout lors des chansons les plus pop, comme « Plastic Cup » ou « What Part of Me ».

L'atmosphère générale suscite une certaine forme de recueillement. Le public, venu en grande majorité pour Low, écoute religieusement. On entend les mouches voler pendant la plupart des morceaux. Seuls deux titres permettent à Sparhawk d'enclencher l'overdrive sur sa guitare. « On My Own » et « Landslide » lorgnent en effet judicieusement vers le doom et dans ces moments, trop rares à mon goût, on a bien senti la filiation entre les deux combos à l'affiche.

Bref, on a passé une superbe soirée, baignée dans un univers ténébreux, spectral et proche de l’ensorcellement ; mais également d'une terrifiante beauté...

(Organisation : Ancienne Belgique)

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Russell and The Wolf Choir

The Ivy Leaf Agreement

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Un drôle de sentiment vous envahit en écoutant ce « The Ivy Leaf Agreement ». Déjà rien que le titre…

Entre les cordes cristallines et les accès de basse saturés, à la limite indécents, vient se glisser une pedal steel aux relents prog et une rythmique aux accents post-mat’. De quoi se poser des questions…

Bien sûr, cet étonnement se muerait en approbation, si les pièces du puzzle parvenaient à s’assembler pour mettre en exergue une voix agréable.

Or, les compos de cet elpee n’ont pas vraiment de fil conducteur. Les mélodies sont pop. Sucrées, également. Ou cherchent à épouser un profil post punk. Une valse-hésitation qui me laisse perplexe. D’autant que la durée des titres oscille entre 2’30 et 8’30. Sur les 5 plages,

Russell and the Wolf Choir essaye d’étaler son large spectre musical. Mais en s’éparpillant, il ne parvient ni à nous décevoir, ni à nous enthousiasmer.

Et faute de comprendre la démarche du groupe, on range le disque dans le tiroir de l’oubli…

Suivant…

 

The Wooden Wolf

Nocturnes & other songs Op.2

Écrit par

Comme son titre l’indique, « Nocturnes & other songs Op .2 » constitue le deuxième opus de ce songwriter alsacien. Il fait suite à « 14 Ballads Op.1 ». Peu d’infos circulent au sujet de cet artiste. A tel point qu’on se demande s’il n’est pas sorti directement de sa tanière pour nous conter ses histoires de cœur. Ecorchée et frémissante, sa voix est bien mise en valeur par une instrumentation à la fois variée (lap-steel, guitare acoustique, violoncelle, …), subtile et discrète. L’univers de The Wooden Wolf est à la fois mélancolique et boisé. Si certains morceaux peuvent paraître plus longs comme « Something in the Ground » ou « Black Velvet » qui dépassent tous les deux les 7 minutes, le Français a le bon goût d’enrichir ses compos folk de refrains pop ; ce qui les rend d’autant plus efficace. Certaines plages flirtent tout simplement avec la perfection. Et tout particulièrement « Palace of Sin », « When your Body Takes », « Only Someone Burning » ou encore « Your Drinking Shoulders ».

Cet opus est hanté par les spectres d’illustres folk singers, tels Will Oldham (NDR : il est encore vivant !) ou Elliott Smith voire Jason Molina (NDR : eux sont passés dans l’autre monde). D’ailleurs, Alex Keiling rend hommage à ce dernier sur l’ultime plage de l’opus, « Molina’s Blues ». La classe !

 

Oscar & The Wolf

Qu’elle est belle la jeunesse !

Écrit par

Une rencontre improvisée sur le parvis de l’AB.
Un échange de bons procédés.
Une noire chevelure tombant sur le brun d’une veste en cuir, une ombre noire qui s’avance vers elle.
Un soleil radieux à ses côtés.
Des sourires de contentement et nos pas qui pénètrent dans l’antre.
Merci SophieSophie, car sans toi, je n’aurais apprécié qu’à moitié ce qui suit.
Et ce serait bien dommage…

C’est au trot que je saisis les Horses par les rennes.

Les animaux semblent calmes.

Ils sont jeunes. Très jeunes. Et affichent déjà pas mal de maturité.

Ce qui dans notre paysage musical n’est vraiment plus incompatible, du reste.

Charmant sans être incisifs, je les trouve plutôt agréables.

Me laisse bercer par la mélancolie contenue qui s’échappe de leurs mélopées.

Puis dans un élan fugace, les montures s’emballent subitement et partent au galop sous un tonnerre d’applaudissements.

C’est qu’effectivement, quand les Horses se la jouent sauvage, il est difficile de rester insensible à ce type d’envolées où mélancolie et désespoirs s’unissent dans une montée fulgurante.

Une recette certes éculée, mais qui fonctionne toujours quand elle est pertinemment appliquée.

Petit bémol : vu la banalité du nom de scène, il sera bien difficile de les distinguer dans la masse des chevaux fous et ils seraient bien avisés, au moins, d’ajouter un adjectif devant celui de leur canasson.

Dans l’interlude permettant au staff technique de s’affairer, je distingue difficilement quelques rides dans l’assistance, au milieu de tous ces visages prépubères.

Des filles, des filles, des filles.

L’aura de Max Colombie n’est donc pas une histoire qu’on lit aux enfants.

Si Pierre criait au loup intempestivement, Oscar l’a depuis longtemps apprivoisé de sa voix capable de percer les mystères bleutés des amours ombragées.

Ainsi, presque sur la pointe des pieds (à pas de loups, bien sûr !), aussi naturellement qu’une brise d’été se posant sur une nuque dorée, la musique d’Oscar And The Wolf se déploie magistralement dans l’air confiné de l’AB Club, qui soudain prend des allures de chapelle.

La gravité solennelle de quelques notes éparses enveloppant cet organe vocal et ce n’est plus de musique mais d’ensorcellement dont il est question.

Alors que les nouvelles compositions offrent de nouvelles pistes à suivre, pistes suavement sinueuses et tortueuses, les extraits de « Summer Skin », la seule trace réellement tangible d’une discographie encore balbutiante, amarrent nos cœurs qui chavirent dans un port d’oubli et d’abandon où l’on revient inlassablement une fois goûté ce fruit vénéneux.

« Ribbons », « Orange Sky », « All We Want », comme autant de potales où viennent se nicher les rêves et illusions  d’une jeunesse éternelle.

C’est sans artifice que le groupe se livre, sans ambages. 

Avec un naturel frondeur et déconcertant.

Sans attacher d’importance aux choses futiles, en se concentrant sur l’essence de sa musique, tournoyant autour de l’incroyable voix de son chanteur charismatique qui malgré un look improbable, capturerait un lion à mains nues, ce groupe est l’un des trésors les mieux gardés de notre si excitant vivier, et son album à paraître va sans doute les positionner un peu plus près de la place qu’ils méritent. A savoir le firmament.

Au final, les onze titres joués ce soir n’ont rien dévoilé que je ne savais déjà.

Je le crie haut et fort, à qui veut l’entendre : 'Au loup !!!!!!!!'

(Organisation : AB)

 

Oscar & The Wolf

Summer skin (Ep)

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Oscar and the Wolf pourrait bien être une des révélations belges en cette année 2012. Après avoir publié un premier Ep (NDR : « Imagine Mountains », sur lequel figure le single « Pastures ») en avril 2011, les quatre Gantois remettent le couvert en gravant « Summer Skin ». Depuis un an, les musiciens ont acquis de l’expérience. Ils ont, en outre, signé sur le label Pias (NDR : ils se produiront d’ailleurs, ce samedi 25 août, au Pias Nites en compagnie de Lisa Hannigan ou encore Josh T.Pearson). Oscar and the Wolf a également assuré les premières parties de Warpaint, Ben Howard, Villagers, Julia Stone et même Lou Reed à l’occasion de ses derniers concerts accordés au Benelux et en Angleterre. La formation était à l’affiche du dernier Pukkelpop et figure sur celle du Leffingeleuren, ce sera pour ce 15 septembre. La classe donc…

Les cinq titres de cet Ep ont été enregistrés au sein d’une église désaffectée à Lommel, sous la houlette de Robin Proper-Sheppard, le leader de Sophia. Ce qui explique sans doute pourquoi il règne une atmosphère quasi-religieuse tout au long du disque. Une atmosphère entretenue par les arpèges et les harmonies vocales. « Crossroads » qui ouvre l’Ep et « Orange Sky », traduit en single, en sont les plus belles illustrations. « All We Want » trempe davantage dans l’univers du folk. Introduit par un piano langoureux, « Ribbons » élève ensuite le tempo, démontrant que le combo gantois est aussi capable de varier son répertoire. Sur ce morceau, la voix de Max Colombie s’élève même dans les aigus.

Superbe, cet Ep augure un futur victorieux pour Oscar and The Wolf. On attend d’ailleurs impatiemment la sortie de leur premier album. En attendant, les cinq mélodies pop de ce band gantois risquent de hanter encore pendant de longues semaines nos esprits conquis…

 

Chelsea Wolfe

Chelsea Wolfe : la sorcière bien aimée...

Pour assister à un concert le vendredi 13, il ne faut pas être superstitieux. Mais lorsqu’il est organisé par Cheap Satanism Records et que la vedette principale est associée à la vague ‘witch-house’, on craint quelque peu d'y perdre son âme. Mais finalement, on a passé une excellente soirée, grâce à Chelsea Wolfe, bien sûr, mais aussi aux deux groupes qui lui ont ouvert la voie : Unison et Cercueil.

Unison, un combo originaire de la région Poitou-Charentes, nous a séduits par sa musique captivante, hypnotique, caractérisée par son ‘mur de son’ d'inspiration shoegaze, noise, voire drone, au-dessus duquel plane la voix fragile et envoûtante de Mélanie Moran. On pense à Portishead, My Bloody Valentine ou encore Cocteau Twins ; mais Unison possède une tonalité propre, qui frise la perfection, surtout lors de l’interprétation du très beau "Brothers And Sisters" (en vidéo ici). En fin de set, le groupe a repris le célèbre hit new-beat "Rock To The Beat" de 1o1, ‘en hommage à la Belgique’ (à voir ici). Un excellent choix! En un mot, la prestation s’est révélée convaincante, et devrait nous inciter à se précipiter sur leur opus éponyme, paru récemment chez Lentonia Records.

Nous attendions également avec intérêt le concert de l’ensemble lillois Cercueil. Vu le patronyme, on peut être sûr qu'il enterre ses concurrents (NDR : bon, la vanne est placée, un peu de sérieux maintenant). Formé en 2009, le band compte déjà deux plaques à son actif, dont l'excellent "Erostrate". Leur style est difficile à décrire. En extrapolant, on pourrait imaginer un cross-over entre cold-wave, noise, electronica et trip-hop, qui évoque tour à tour Velvet Underground, Nine Inch Nails, Portishead (à nouveau), Kate Bush ou Kraftwerk. La voix de Pénélope Michel évoque Nico mais aussi Liela Moss (The Duke Spirit) voire Grace Slick, la lumineuse vocaliste de Jefferson Airplane (NDR : à quand une reprise de "White Rabbit"?) Sur scène, la formation installe son univers sonore malgré de petits problèmes techniques et la magie s’installe, surtout lors du superbe "After Dark", tiré du dernier album (voir ici). Seul petit bémol, Pénélope Michel est un peu statique derrière ses claviers et sa voix peine parfois à s’extraire des arrangements un peu bruyants propagés par les autres musiciens. Je suis impatient de les revoir lors d’un concert pour lequel ils seraient tête d'affiche!

Après quelques minutes d'attente, c'est le moment de découvrir la grande prêtresse de la soirée, Chelsea Wolfe. Décidément, cette période de l'année est propice aux (jolies) sorcières. Après Florence Welch, The Jezabels ou encore il y a quelques mois, Zola Jesus, c'est en permanence Halloween, pour notre plus grand bonheur! La scène est sombre, les musiciens habillés de noir et elle arrive, mystérieuse et envoûtante... Basée à Los Angeles, elle a été révélée par deux albums de très bonne facture. Et elle nous emmène dans son univers folk aux accents 'drone'. On a un peu l'impression de voir la petite sœur gothique de PJ Harvey. La formation qui l'accompagne est d'une efficacité redoutable, alternant les fulgurances noisy et les moments calmes, où le silence se fait l'écrin de la voix plaintive de Chelsea. Dans la setlist, on retrouve tous les meilleurs morceaux de "The Grime And The Glow" et "Apokalypsis", du brutal "Moses" au terrifiant "Demons" en passant par le fantomatique "Movie Screen". Dans "Pale On Pale", les accents de voix prennent une forme arabisante et on se rappelle une certaine Lisa Gerrard (Dead Can Dance).

Les trois concerts programmés ce soir nous ont baignés dans un univers ténébreux, fantomatique et ensorcelant, mais également d'une terrifiante beauté...

Voir ici la vidéo en 'live' de "Pale On Pale"  et celle de "Widow" 

(Organisation: Cheap Satanism Records)

 

 

Peter Wolf Crier

Garden of Arms

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Un an après avoir commis un album intriguant, mais malheureusement passé relativement inaperçu (« Inner-Be »), Peter Wolf Crier nous propose son second elpee. P.W.C. est une formation américaine, issue du Wisconsin et tout particulièrement de la mystérieuse ville d’Eau Claire (NDR : c’est également de ce patelin que sont issus, entre autres, Bon Iver et The Daredevil Christopher Wright). Et franchement, on aimerait que le combo yankee parvienne à sortir de l’anonymat au sein duquel il végète depuis deux ans. Parce que sa musique tient la route. Mais, notre souhait n’est pas prêt d’être exaucé, car le duo, réunissant Peter Pisano et Brian Moen, pratique une musique folk plutôt expérimentale, et donc pas toujours facile d’accès.

« Inner-Be » recelait quelques pépites, mais la production lo-fi et la carence en mélodie n’était pas de nature à accrocher le mélomane, malgré d’évidentes qualités. Il faut l’avouer, malgré une production plus soignée, « Garden of Arms » souffre du même syndrome. Pourtant, le travail opéré par Brian Moen aux drums est à nouveau remarquable. Et la voix tellement fragile de Peter Pisano colle parfaitement à l’ensemble, une voix dont le timbre rappelle même Jim James de My Morning Jacket. « Garden of Arms » est manifestement un elpee de toute bonne facture. Il recèle même quelques moments de grâce, à l’instar d’« Hard Heart », une plage enveloppée de chœurs éthérés. C’est donc, derechef, au niveau du sens mélodique que le bât blesse. Elles sont parfois interchangeables. Aussi, hormis le bouleversant et moins cérébral « Cut a Hand », plus aucun autre titre ne sort pas vraiment du lot… 

Quoique doués, les deux loups solitaires de Peter Wolf Crier ne composent donc pas de véritables hymnes destinés à être célébrés dans leurs contrées boisées du Wisconsin, mais bien des chansons obliques, destinées aux fans de musique folk américaine obscure voire claustrophobe, expression sonore qu’on pourrait peut-être qualifier de trip-folk…

 

Wolf Gang

Suego Faults

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Ce Wolf Gang-là préfère assurément la pop plutôt que la musique classique ; mais à l’instar de son illustre référence, il avance des arguments symphoniques irrésistibles. Ce jeune
britannique pratique une musique sise quelque part entre celle de MGMT (« Lions in Cages ») et de Patrick Wolf (« Stay and Defend »). Hédoniste et luxuriante, elle a un pied dans les années 80 et l’autre dans les 70’s. Encore que parfois, elle me fait penser aux expérimentations baroques (NDR : qui a dit boursouflées ?) opérées par Luke Steele chez The Sleepy Jackson et Empire of the Sun.

Pour enregistrer cet opus, Max McElligott (NDR : c’est l’âme de Wolf Gang !) a reçu le concours de Lasse Petersen (ex-The Rakes) et Gavin Slater (ex-Ghosts). Le potentiel commercial du projet de cet artiste insulaire est tel, qu’il a débouché par une signature chez Atlantic. Ecurie sur laquelle est donc sorti son premier elpee.

« Suego Fault » se décline en 10 morceaux de toute bonne facture. Des compos découpées dans une pop sucrée. Un peu trop peut-être. Mais un opus peuplé de hits potentiels. Parfois même irrésistibles. A l’instar de l’imparable « Lions in Cages », qu’un Mika reconverti dans l’indie aurait pu concocter. De « The King of all his Men », davantage électro. Ou de « Planet ». La plage finale. Une ballade hyper-mélodique. Un tube en puissance.

Evoluant toujours à la limite du mauvais goût –tant pour son chant souvent trafiqué que pour les photos illustrant la pochette– Max Elligott est un romantique. C’est vrai qu’il manque encore de personnalité ; mais de toute évidence, il marche sur les traces de Patrick Wolf. Enfin, celui de ses débuts…

 

Wolf People

Steeple

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Wolf People est la dernière signature de l’écurie Jagjaguwar. Mais, pour la circonstance, le label américain a traversé l’Atlantique pour sortir de sa tanière, cette nouvelle perle issue du pays du Fish & Chips. Et suivant leur bonne habitude, ils ont encore tapé dans le mille. Après Black Moutain, Okkervill River, Besnard Lakes, il faudra dorénavant compter avec ce quartet londonien, une formation fondée en 2005, par Jack Sharpe,

« Steeple » constitue leur premier opus. Il fait suite à « Tidings », un premier Ep paru récemment. A première écoute, on a l’impression d’avoir opéré un bond dans le passé de quatre décennies. Manifestement, le spectre de Led Zeppelin doit hanter leurs nuits. Mais aussi Jethro Tull (le titre maître !). A cause de la présence d’une flûte traversière. Sous un angle plus contemporain, les harmonies vocales me font davantage penser à Midlake, alors que leurs références psychédéliques lorgnent plutôt du côté de Black Mountain. On baigne parfois même dans une ambiance mystique, malgré le crissement des cordes de guitares. La plupart des plages sont imprimées sur un tempo enlevé, mais certaines d’entre-elles épousent un rythme plus lent. A l’instar de l’excellent « Morning Born » ou de « Banks of Sweet Dundee », morceau découpé en deux parties. Et ce qui ne gâte rien, les mélodies sont soignées et envoûtantes.

Wolf People se produira le 19 avril dans le Limbourg. A Zichem, très exactement.

Peter Wolf Crier

Inter-Be

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Décidément, le Wisconsin s’érige en tant que nouvelle Mecque du folk-rock indie américain. Après Bon Iver et The Daredevil Christopher Wright, l’inestimable maison Jagjaguwar, et la mystérieuse scène musicale d’Eau Claire par la même occasion, nous présentent Peter Wolf Crier. L’instituteur, guitariste et chanteur Peter Pisano, accompagné du discret Brian Moen, batteur et arrangeur, forment ce duo accroché à une époque révolue bien qu’intemporelle dans l’imaginaire collectif. Si leur premier album, « Inter-Be » avait été composé il y a 50 ans, le résultat aurait probablement été identique. Esprit vintage quand tu nous tiens… Sur les traces de M. Ward, Peter Wolf Crier nous offre, sur cet opus, 11 morceaux pastoraux et mélodieux, bercés d’harmonies vocales, trempés dans la reverb’ et souligné par des accords de piano réminiscents des 60’s. Un concept dissimulant un manque de moyens souvent touchant. La sous-production comme gage d’authenticité ? Certains titres comme « Crutch & Crane », « Down Down Down » ou « For Now » manifestent un charme décalé et vous flanquent parfois de petits frissons. « Inter-Be » est un album à découvrir absolument sous le casque, afin d’y déceler les trésors d’arrangements dont ceux concédés par la batterie fantomatique et austère de Brian Moen. Des interventions remarquables, il faut le souligner.

Si on rêve parfois que Peter Wolf Crier s’émancipe de ses trop évidents penchants indie, le duo américain s’épanouit toutefois quelque part entre Justin Vernon et M. Ward. Un premier essai très intéressant, inégal mais souvent bouleversant. En toute intimité, leurs chansons de folk-blues bourrées de feeling, semblent sortir de la vieille radio qu’écoutait Johnny Cash, enfant, dans « Walk The Line »…

Wolf Parade

Expo86

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Le deux tarés de Wolf Parade sont de retour ! Et pourtant, ils sont déjà débordés par leurs projets parallèles. Que ce soit chez Handsome Furs, Sunset Rubdown, Swan Lake ou Frog Eyes. Spenser Krug (chant et claviers) et Dan Boeckner (chant et guitare) ont quand même trouvé le temps de donner un successeur à « A Mount Zoomer », le 2ème album du groupe, sorti en 2008. Malgré sa référence à l’exposition universelle de Vancouver, « Expo 86 » est un album relevant parfaitement de son époque. En plus ou moins une heure, il nous invite à participer à une véritable orgie sonore dans la droite lignée d’Arcade Fire. A moins que ce ne soit de Destroyer. Ou plus exactement de Frog Eyes. Suivant un rituel bien déterminé, le combo montréalais aligne des hymnes sis aux antipodes de l’épure chère à The XX. Les morceaux dépassent les 5 minutes et les mélodies se cachent, le plus souvent, sous un déluge de guitares et de claviers vintage. Si parfois la formule est indigeste (« Little Golden Age »), la plupart du temps, elle se révèle séduisante et lyrique. A l’instar des superbes « Ghost Pressure » et « Yulia ». Jamais à cours d’inspiration, les Canadiens ne se refusent aucune digression sonore, aussi progressive soit-elle ; ils étaient même probablement hantés par l’esprit de Bowie, lorsqu’ils ont composé « Palm Road ».

S’il est à craindre que Krug et Boeckner ne parviendront plus jamais à concocter une œuvre aussi remarquable que leur « Apologies To The Queen Mary » (NDR : c’était aussi leur premier opus) ; le tandem déploie tout de même bien souvent plus d’idées en un morceau que bien d’autres artistes tout au long d’un album. Très particuliers, leur timbres vocaux, peuvent finir par lasser ; mais le duo libère tellement d’énergie et de créativité tout au long d’« Expo86 », que le résultat finit par impressionner. Evidemment, la musique de Wolf Parade n’est pas toujours facile à assimiler. Elle se révèle parfois répétitive. Voire excessive. Cependant, non seulement elle déborde d’imagination, mais elle atteint parfois des moments de pure grâce, ponctués de sublimes envolées lyriques.

Si les deux compères se partagent équitablement l’écriture des morceaux, on a l’impression, que tout au long de ce troisième elpee, Wolf Parade incarne enfin un véritable groupe. Parce qu’il est bien plus cohérent et accessible que ne l’était le trop inégal « Mount Zoomer ».

Wolf Parade se produira au festival Leffingeleuren, le 17 septembre prochain !

Lone Wolf

The Devil And I

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En 2007, Paul Marshall sortait de l’anonymat en concoctant un premier opus intitulé « Vultures ». Tout au long de cet elpee, il dispensait une musique épurée, mais bourrée de feeling. Trois années ont passé et le natif de Leeds a signé chez Bella Union (Laura Veirs, Department Of Eagles, Beach House, …), puis décidé de se choisir un pseudonyme : Lone Wolf. A première écoute, on se rend compte que « The Devil And I » ne nous incitera pas à faire la fête. Et « Dead River », « This Is War » ou encore les deux fragments éponymes en sont les plus belles illustrations.

Ce loup solitaire préfère donc les ténèbres et la solitude. Mais Paul a délaissé son folk minimaliste pour embrasser une instrumentation bien plus étoffée, dans l’esprit de Midlake, Sufjan Stevens ou encore Fleet Foxes, tout en apportant un soin particulier aux orchestrations et aux arrangements ; d’une grande subtilité, il faut le souligner. Les deux premiers morceaux sont splendides. Tout d’abord « This Is War ». Probablement le meilleur titre de l’album. Suave, la voix de Marshall virevolte, pendant que les accès de piano font monter progressivement la tension. Et puis le morceau suivant, « Keep Your Eyes On The Road », manifestement marqué par le style acoustique de Croby, Still & Nash. Malheureusement, la suite n’est plus de la même trempe. Il y a bien encore « The Devil and I » (part I et II) ainsi que « 15 Letters », mais on reste sur sa faim… Dommage ! 

Patrick Wolf

Joyeuses Funérailles

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A l’issue de sa tournée promo pour « The Magic Position », son œuvre précédente, Patrick Wolf a annoncé ne plus jamais faire de scène dans le futur. Une résolution qu’il n’a manifestement pu tenir ; le jeune homme achevant une longue tournée européenne. Cette dernière date, il a choisi de la partager en compagnie du public belge, sur la scène de l’Orangerie du Botanique.

A 26 ans, Patrick Wolf détient déjà une discographie solide. Ce soir, était mis à l’honneur « The Bachelor », son quatrième et dernier né. Un ouvrage qui constitue la première partie d’un dyptique dont la seconde moitié, « The Conqueror », est attendue dans les bacs d’ici quelques semaines. Fidèle à son image, le Londonien débarque sur scène, vêtu de ce qui ressemblait de loin à une toge romaine en entamant d’une voix puissante « Who Will ? », premier d’une longue série de titres extraits de son nouvel opus. Balançant sa tignasse à l’aspect curieux (NDR : il annoncera plus tard dans la soirée qu’il s’agit d’extensions dont la bonne moitié s’est déjà volatilisée à force de secousses), il s’empare littéralement de la foule. Wolf se montre capable d’enchaîner, avec une cohérence folle, des titres terriblement ronflants comme « Battle » à des morceaux cristallins, tels qu’un « Tristan » durant lequel le public semble pendu à ses lèvres.

Particulièrement loquace, Patrick Wolf dévoile tout l’attachement qu’il porte à la capitale belge, parle de son petit ami, des habitudes de lui-même et de chacun de ses musiciens dans le bus de la tournée, et de la collection de peluches qu’il a récolté lors de ses tournées. Il ne fallait pas en dire plus pour que les jeunettes de l’assistance, majoritairement Anglaises, lui envoient de quoi élargir son assortiment. Hormis ces passages amusants, bien qu’un peu ‘nunuches’, Wolf, qui compare la dernière date de tournée à une espèce de funérailles, prend un ton plus sérieux lorsqu’il débat de la dépression. Ce thème récurrent traverse à merveille « The Sun Is Often Out », morceau qui se clôture par une acclamation vibrante.

Le concert s’achève par un « The Magic Position » particulièrement irrésistible. Sensation que l’on doit surtout à la talentueuse violoniste qui rehausse de ses cordes chacune des interprétations de Wolf. Après 1h30 de spectacle, les quatre musiciens et le chanteur se retirent devant un parterre surexcité. Le public en veut plus. Aucun rappel à l’ordre du jour. A sa décharge, Patrick Wolf réapparaîtra sur scène quelques secondes plus tard pour annoncer que ‘le groupe doit attraper le dernier Ferry pour rentrer au pays’. Ce dernier s’étant démené comme une bête tout au long de sa prestation, on ne peut que consentir et lui souhaiter le meilleur des voyages retour. 

Organisation : Botanique.

Wolfchant

Determined Damnation

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Les différences entre le Pagan, le Viking ou le Folk Metal sont parfois un peu trop subtiles pour votre serviteur. Surtout quand on n’a pas décroché un master en mythologie nordique. D’après sa bio, Wolfchant joue du Pagan Metal. Croyons-le sur parole !

« Determined Damnation » est donc la troisième offrande aux dieux païens de ces cousins germains des Vikings. Musicalement, il n’y a pas grand-chose de nouveau ni d’original. Wolfchant dispense un metal épique aux mélodies influencées par le folklore nordique tel que le pratiquait déjà les Suédois de Mithotyn et de Thyrfing, il y a plus de dix ans. Les vocaux en allemand et en anglais sont typés Black Metal et rappellent un peu Abbath d’Immortal ou Gunther Thijs d’Ancient Rites.

L’ensemble n’est pas désagréable à écouter, mais sonne un peu daté. On aurait aimé que quelques instruments folkloriques traditionnels viennent insuffler un peu de vie dans le jeu de quilles ; comme c’est le cas chez leurs compatriotes de Menhir, les Finlandais de Finntroll et Korpiklaani ou encore les Suisses d’Eluveitie. 

 

Wolf Parade

At Mount Zoom

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Parmi les nombreux groupes issus de Montréal, Wolf Parade est loin d’être le moins passionnant… Fondé en 2003 par Dan Boeckner (leader des Handsome Furs), le groupe s’est rapidement adjoint, en la personne de Steven Krug (qui lui mène les très bons Frog Eyes et Sunset Rubdown), les services d’une deuxième tête pensante.

Leur premier album sorti en 2005, « Apologie for the Queen Mary », avait reçu un accueil plus que favorable de la part de la critique. Produit par Isaac Brook (Modest Mouse), il consistait en un recueil de chansons pop un peu fêlées, influencées tant par les Pixies, que par Arcade Fire ou David Bowie.

Pour ce second essai, les Canadiens, maintenant signés sur le prestigieux label Sub Pop (où Isaac Brook est directeur artistique…), ont gardé l’urgence d’Arcade Fire –l’album a d’ailleurs été enregistré à Petite Eglise, la chapelle appartenant à Win Butler et sa femme– mais l’immédiateté mélodique à quant à elle disparue. Il en résulte des chansons moins faciles d’accès mais tout aussi passionnantes, toujours plus folles et plus sombres. La voix désespérée de Spencer Krug ainsi que l’utilisation de claviers obscurs y sont pour beaucoup. « At Mount Zoom » ne s’offre pas directement mais son écoute répétée vous permettront de découvrir de très belles chansons un peu dérangées comme « Language city » ou l’irrésistible montée de près de 11 minutes de « Kissing the Beehive » (l’unique chanson que Krug et Boeckner ont coécrite).

A ne manquer sous aucun prétexte le 5 décembre à l’Ancienne Belgique !!!

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