Dans la grande salle loin d’être pleine (entre 600 et 700 spectateurs), mais réunissant des véritables amoureux de la musique post punk, l’Aéronef de Lille accueillait la formation londonienne Shame, ce vendredi 7 novembre 2025. Entre énergie brute, communion électrique et nouveaux titres incisifs, le groupe londonien va démontrer qu’il reste bien l’un des plus captivants de la scène britannique.
En septembre dernier, le quintet a gravé son quatrième elpee studio, « Cutthroat ». Produit par John Congleton, il marque un retour à un son plus brut et puissant, proche du premier opus, « Songs of Praise », tout en intégrant des influences new wave et des sonorités plus sombres.
Shame débarque sur les planches, et dès les premières notes d’« Axis of Evil », la frénésie hante déjà les musicos. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort : « Nothing Better », « Cowards Around » où un circle pit s’organise à la demande de Charlie Steen, le frontman charismatique. Torse-nu sur veste sans manches, lunettes fumées et col romain, Steen harangue la foule, grimpe sur les retours de scène, et n’hésite pas à bander ses muscles, après avoir enlevé sa veste, quand il ne prend pas son pied de micro pour cibler la foule, tout en chantant. Régulièrement, à la fin des chansons, Steen remercie le public en français.
Le bassiste Josh Finerty bondit et court sur toute la largeur du podium ; il accomplit même des cumulets, avec son instrument ! Tandis que les guitares de Sean Coyle-Smith et Eddie Green déchirent littéralement la solution sonore. Charlie Forbes martèle ses futs. Et après quelques morceaux, il est aussi torse-nu. Le public chante en chœur sur « Fingers of Steel » et « Spartak », pogote et s’arrose de bières, fidèle à la tradition punk.
Les nouveaux titres du dernier album « Cutthroat » côtoient les classiques comme « Concrete » et « Tasteless ». Steen, parfois arrogant, toujours magnétique, alterne entre gimmicks parlés et refrains fédérateurs. Il interprète la majorité de « Lampião », en portugais, tandis que les sixcordes crépitent de funk blanc sur « Born in Luton ».
Moment fort : avant « One Rizla », Steen entoure son pied de micro d’un keffieh et clame ‘free, free, Palestine’, sous les applaudissements. Pas étonnant qu’un drapeau palestinien soit accroché à un haut-parleur, depuis le début du set, symbole d’un engagement qui dépasse la musique.
Le bouquet final explose lors de « Cutthroat ». Steen se laisse porter par la foule, le dernier refrain résonne comme un manifeste épicurien : ‘Ils aiment les garçons, et les filles, Ils aiment s'amuser avec tout le monde Et pourquoi pas ? Faites ce que vous voulez faire’. Pas de rappel, le groupe disparaît aussi vite qu’il est arrivé, laissant derrière lui un auditoire conquis.
En ‘live’, la musique se révèle plus aride, plus brute ; ce qui n’empêche pas la communion avec le public. Et si même dans une salle à moitié pleine, le set s’avère très convaincant, il faut reconnaître que ce type de concert aurait déclenché davantage de folie au club.
(Photos Ludovic Vandenweghe ici)
Setlist : Axis of Evil, Nothing Better, Cowards Around, Concrete, Tasteless, Fingers of Steel, Six Pack, To & Fro, Alphabet, After Party, Quiet Life, Spartak, Lampião, Born in Luton, Adderall, Water in the Well, Snow Day, One Rizla, Cutthroat
(Organisation : Aéronef, Lille)