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Rise Against - 05/02/2025
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Hellmut Lotti

HeLLmut Lotti Goes Metal…

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Helmut Lotigiers, aka Helmut Lotti, est né à Gand, en 1969. Il a entamé son parcours en imitant Elvis Presley, dont il est fan depuis son plus jeune âge, avant de se lancer dans une carrière de chanteur autodidacte de musique classique qui sera couronnée de succès (plusieurs disques d’or) et lui permettra de se produire un peu partout en Europe (NDR : il remplit, sans problème, le Sportpales d’Anvers) et même aux USA.

Il est cependant et également fan de heavy et de hard rock mélodique depuis son enfance, et il ne s’en cache pas. Cette nouvelle aventure a débuté par une blague, lorsque Helmut a interprété « Run To The Hills » de Maiden sur Radio Willy, une radio flamande qui cherchait à faire le buzz. Résultat, il est invité à se produire dans le cadre du Graspop Metal Meeting 2023. Et il accepte. Trois jours avant le festival, son manager et guitariste lui demande de composer un morceau, mais de métal, destiné à ce set, en particulier. Ce sera « Darkness ».  Dans la foulée, ce concert enregistré live sera immortalisé sur support, dont de nombreux titres seront interprétés, ce soir, au Cirque Royal, comme lors des dates de sa tournée.

Pour bien coller au style, Lotti avait changé son nom en HeLLmut. Et sa prestation ainsi que celle de son backing group ont agréablement surpris la foule.  

Alors là, ce soir, le public est vraiment hétéroclite et improbable. On y croise des néerlandophones, des francophones, des mammys aux cheveux gris, des papys (presque) chauves, mais aussi des métalleux barbus, tatoués et sympathiques

Il est 20h10 lorsque HeLLmut et sa troupe grimpent sur les planches. Une immense toile est tendue en arrière-plan sur laquelle on remarque la présence –dans la grande tradition des décors consacrés aux groupes de métal– des flammes de l’enfer, des éclairs et le nom de la star du soir en lettres métalliques dorées.

D’habitude, Lotti, dans son personnage de chanteur classique, de gala, de concert de Noël ou de nouvel an, est vêtu de son éternelle tenue de soirée, en queue de pie. Ce soir, elle est plus relax, car elle est constituée d’un pantalon de cuir et d’une queue de pie en cuir noir ainsi que d’un tee-shirt qui brille sous les faisceaux lumineux des projecteurs. Il est soutenu par son fidèle manager et guitariste, un bassiste, et sur deux estrades distinctes, un drummer et un claviériste.

Le set s’ouvre par « Holy Diver », une cover de Dio. HeLLmut Lotti va nous réserver les plus grands classiques du métal et du hard-rock : Kiss, Alice Cooper, Iron Maiden, ZZ Top, AC/DC, Scorpions, Metallica et Guns’n’Roses. Notamment. Bref, du lourd et de l’intemporel sur les terres sacrées et endiablées du métal. Et surtout des compos qui lui tiennent à cœur. Mais également un inédit et un titre chanté en français. Et pas n’importe lequel ! Soit « Que je t’aime » de Johnny Hallyday. Avant d’aller changer de t-shirt. Car manifestement, il l’avait bien mouillé.

Son jeu de scène est imparable. Le light show balaie généreusement le podium et l’auditoire. Après avoir attaqué d’une manière très théâtrale le « Poison » d’Alice Cooper, il embraie par l’incontournable « Smoke on the water », un titre bien rogné par l’orgue Hammond. Dans un français parfait, Lotti explique que très jeune, son frère l’a initié au hard rock en lui faisant écouter « Run To The Hills » du Maiden. Son frangin est d’ailleurs présent aux premiers rangs. Et il monte sur les planches pour épauler HeLLmut au chant. A l’issue de sa contribution, il redescend dans la fosse et accepte une bière que lui tend un spectateur.    

HeLLmut Lotti invite la foule à allumer les GSM ; et la salle se met à briller de mille feux.  Dynamiques, les musicos exécutent régulièrement des soli. Moments choisis par Lotti pour se mettre en retrait afin qu’ils puissent s’exprimer librement. Mais sa voix est toujours aussi puissante et exceptionnelle ; d’ailleurs, l’auditoire l’applaudit souvent. Pendant « I Was Made for Lovin' You » de Kiss, l’artiste ose une danse compliquée et sexy

Au cours de ce show, il a enchanté son public, mais surtout les métalleux les plus sceptiques. Et lors du rappel, il achève sa prestation par l’incontournable « Highway To Hell » d’AC/DC, que reprend en chœur tout le public du Cirque Royal, qui lui accorde une énorme ovation lorsqu’il quitte la scène, avec la satisfaction du devoir accompli et la tête haute.

Setlist : « Holy Diver » (Dio cover), « Poison » (Alice Cooper cover), « Smoke on the Water » (Deep Purple cover), « Run To The Hills » (Iron Maiden cover), «  Easy Livin' » (Uriah Heep cover), « Darkness », « Still Loving You » (Scorpions cover), « When the Lady Smiles » (Golden Earring cover), « That's Alright, Ace of Spades » (Elvis Presley cover), « Gimme All Your Lovin' » (ZZ Top cover), « Tiritomba » ([traditional] cover), « Breaking the Law » (Judas Priest cover), « Nothing Else Matters » (Metallica cover), « Paranoid » (Black Sabbath cover), « I Was Made for Lovin' You »  (KISS cover), « Que je t'aime » (Johnny Hallyday cover), « Born to Be Wild » (Mars Bonfire cover), « Here I Go Again (Whitesnake cover), « Paradise City » (Guns N’ Roses cover).

Rappel : « Highway to Hell » (AC/DC cover)

(Organisation Greenhouse Talent)

 

Thomas Frank Hopper

Du blues, mais pas seulement…

Écrit par

Né à Bruges, Thomas Verbruggen, aka Thomas Frank Hopper, a longtemps vécu sur le continent africain où il a pas mal bourlingué, à cause de la profession de son paternel, dont la famille devait changer régulièrement de port d’attache. Il est également le chanteur de Cheeky Jack, une formation responsable d’un seul elpee à ce jour, « Black Sheep », paru en 2014. En solo il a gravé deux Eps et deux elpees, en autoproduction, dont le dernier, « Paradize City », est paru en septembre dernier. Le Zik-Zak, c’est un peu chez lui, car il est managé par Nicolas Sand (Rock Nation).

Le supporting act est assuré par Red Beans & Pepper Sauce, un quintet issu de Béziers, dans le sud de la France, mais depuis établi à Montpellier. Il a été fondé en 2010.

Ses références oscillent du ‘new blues’ (Gary Clark Jr., Tedeschi Trucks Band) au ‘néo vintage’ (Blue Pills, Wolfmother, Saverio Macne & Double As, The Excitements) en passant par le ‘classic rock’ des seventies (Led Zeppelin, Deep Purple), mais aussi contemporain (Rival Sons, The Black Keys) ainsi que le funk. En dix ans d’existence, ce quintet hexagonal a gravé sept elpees, dont le dernier, sobrement intitulé « 7 » est paru en février dernier. Et le band va nous en proposer quelques extraits. Il vient, cependant, de publier un Ep 4 titres baptisé « Song For The Past ».

La salle est déjà blindée quand la formation monte sur le podium.

Le line up réunit Jessyka Aké au chant, Laurent Galichon à la sixcordes, Serge Auzier aux claviers, Pierre Cordier à la basse et Niko Sarran à la batterie. La musique dispensée privilégie le rock/blues pêchu et vintage ainsi que l’americana nerveux. Mais c’est toujours le blues qui sert de socle aux compos. Lorsque Jessyka parle entre les chansons on reconnait bien l’accent du midi. Le son est un peu fort mais le public apprécie.

S’étalant sur 12 minutes, « Lock U down Long », le dernier morceau, est enrichi par quelques longs solos de guitare particulièrement techniques, dispensés par Laurent. La voix de Jessyka est aussi puissante que celle de Ian Gillan à ses débuts. Vu les applaudissements nourris, manifestement le public a apprécié le concert…

Setlist : « Going Blind », « Glitter », « No Saint », « Gonna Dance », « World Is Burnin’ », « What Happens », « Holy Guest », « No Cross », « Half World », « Lock U down Long » (12’)

Ce soir, Thomas Frank Hopper est accompagné du guitariste Diego Higueras (NDR : en parallèle, Il a développé un chouette projet en compagnie du violoniste Nicolas Draps, The Lanscape Magazine), du bassiste Jacob Miller, du claviériste Maxime Siroul et du drummer Nicolas Scalliet, installé en retrait sur une estrade.  

Frank s’assied et pose sa lap steel guitar (NDR : une dobro qui a un son plus métallique) sur ses genoux, un instrument qu’il branche sur un ampli lampes. Parfois, il se sert d’un skate board en bois muni de 4 ou 5 cordes. Mais lorsqu’il se lève, c’est pour affronter Diego dans un duel de grattes. Et ce dernier possède un toucher de cordes digne de Carlos Santana. Thomas possède une voix claire, précise et parfaitement en harmonie avec les chœurs.

Au cours de ce set particulièrement intense, l’expression sonore va osciller du boogie texan (le titre maître) au rock sudiste, en passant par la roots, le funk et le delta blues dont le périple va nous entraîner au cœur des marais louisianais, poursuivi par des alligators. De Matt Schofield à Lightnin’ Hopkins, en passant par Sean Chambers et Jimi Hendrix, les références sont multiples. « A song for the devil » voyage même nonchalamment en (Led) Zeppelin. Et l’orgue Hammond infiltre suavement « Chimera ».

Enfin pour le premier morceau du rappel, Thomas et Diego s’infiltrent au milieu de la foule et nous réservent une version dépouillée et acoustique de « Dog In The Alley », chantée à deux voix…

Setlist : « Back To The Wild », « Paradize City », « Come Closer », « A Song For The Devil », « Chimera », « The Sinner », « Crazy Mojo », « Tomb Of The Giant », « Troublemaker », « Tales From The Rails », « Savages ».

Rappel : « Dog In An Alley », « Tribe », « Till The Day I Die ».

(Organisation : Rock Nation + Zik-Zak)

 

Pomme

Elle voit des champignons partout…

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Deux ans après avoir gravé « Les Failles », pour lequel elle a remporté deux Victoires de la Musique, Claire Pommet, aka Pomme, a publié un nouvel elpee en août dernier. Intitulé « Consolation », elle l’a écrit et produit elle-même. Des nouvelles chansons qu'elle présente en concert lors d'une tournée étalée de janvier 2023 à avril 2024 baptisée ‘Consolation Tour’. La salle n’est pas comble, sur les 8500 places, il en reste 3000 de libres.

Son nouvel album s’avère intimiste, mais plus lumineux que le précédent. Dans « Les Failles », elle parlait notamment de ses anxiétés, de ses souffrances du moment. Une forme de thérapie, en quelque sorte. Pomme partage beaucoup sur la santé mentale et en a fait l’un des thèmes principaux de ses chansons.

Safia Nolin assure le supporting act. Une Québécoise connue et reconnue au Canada, mais méconnue sur le Vieux Continent. Blonde, un peu enrobée, elle (en)chante de son fort accent canadien, il fallait s’est douter ! Armée d’une sèche, elle est soutenue par un guitariste électrique. Suave, son folk chargé de spleen véhicule des textes engagés, interprétés dans la langue de Voltaire, à l’instar de « Lesbienne » …

Pomme est vêtue d’un pantalon noir et d’un body brillant orné de longues cordes blanches retombant sur ses pieds. Le décor ressemble à une immense champignonnière parsemée –bien évidemment– de champignons, mais lumineux et de tailles diverses, mesurant de 20 cm à 2 mètres de hauteur. La scène est divisée en deux parties. Le côté gauche est réservé à Pomme, sa guitare semi-acoustique, son micro et son clavier. Elle est épaulée par un quatuor, soit Elodie (mandoline), Corentin (clavier/guitare), Michelle (bassiste/guitariste), et Zoé (batterie). Ils sont tous coiffés de chapeaux en forme de champignon, mais suivant l’angle d’éclairage, ces chapeaux ressemblent alors à de grands couvre-chefs coniques tonkinois. Pomme va nous entraîner au sein d’une forêt enchantée. Mais la surprise est à chercher du côté de la droite du podium sur lequel est échafaudé une estrade de trois paliers accueillant une douzaine de musiciens classiques. Le premier réunit les violonistes, le deuxième les violoncellistes ainsi que le contrebassiste et le troisième, les cuivres (2 trombones à coulisse, 1 hautbois, 1 flûte traversière et une à bec). Toute la petite troupe est dirigée par une chef d’orchestre.

Le set débute par « Nelly », une chanson inspirée par Nelly Arcan, une écrivaine canadienne féministe qui s’est suicidée en 2009. Pomme se couche au sol pour déclamer son texte empreint de sensibilité. Dès les premières notes de « Dans Mes Rêves », toute la salle est émue, mais chante en chœur le refrain : ‘Ah minuit est là, ah je ne dors pas’. Malgré certaines chansons tristes qui parlent de la mort, elle est très interactive et attentive à l’auditoire. Avant la covid 19, elle devait accorder un set acoustique au sein d’une crypte du cimetière de Laeken (NDR : votre serviteur y était invité), mais entretemps, la pandémie est passé par là et le récital a été annulé. Elle incite la foule à chanter, danser et participer. Sa version acoustique de « Les Séquoias », en solo, constitue un moment fort de cette première partie de concert. Pendant « La Rivière », les sonorités du piano manquent parfois de clarté et de précision, ce qui perturbe le sentiment de quiétude et de sécurité que peuvent procurer les chansons de Pomme. Au milieu du spectacle, elle fait passer un appareil photo argentique, dans la fosse, afin d’immortaliser les visages de celles et ceux qui l’écoutent. Des souvenirs qu’elle publiera sur un compte Instagram dédié, pendant toute sa tournée.

Pomme alterne sans cesse entre mélancolie heureuse et désespoir doux ; son timbre clair conte les amours et tristesses d’une jeune femme de son époque. Elle est follement attachée à la nature et à ses paysages, mais aussi particulièrement engagée dans la communauté LGBTQ+. Elle va ainsi leur dédier une de ses compos. Comme elle aime improviser dans la setlist, elle y glisse une chanson douce qu’elle interprète en japonais. D’une sensibilité extrême et de toute beauté elle touche les cœurs délicats.

Mais le point d’orgue du set se produira lors du rappel. En rendant hommage à Barbara, à travers « B. », et en solitaire. Surprenant ! Et même déroutant. A cause de ce recours aux voix fausses et du vocodeur.

Le Secours Populaire est présent dans le hall de Forest National pour organiser une collecte de jouets destinée aux enfants défavorisés. Une belle initiative !

Un concert de près de 120 minutes, lumineux, parfois déconcertant, délicatement humoristique, détendu et cosy…

Setlist : « Nelly », « Dans Mes Rêves », « Septembre », « Un Million », « Les Séquoias » (Pomme solo), « RDV », « My Baby » (Julia Stone cover), « Ceux Qui Rêvent » (Pomme solo), « Soleil Soleil », « La Rivière », « Je Sais Pas Danser », « Jardin », « Anxiété », « La Lumière », « On Brûlera » (Pomme solo), « Bleu ».

Rappel : « B. » (Pomme solo), « Grandiose » (Pomme solo), « Very Bad », « Une Minute ».

(Organisation : Live Nation)

Juicy

Juste avant la pause…

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L’AB Box est ultra complet pour accueillir Juicy, un duo bruxellois qui réunit Julie Rens et Sasha Vovk. Il n’existe pas d’endroit, dans la capitale européenne, où elles ne se sont pas produites. Plus de 600 concerts en 9 ans ! La paire va prendre une pause, car Sasha attend un heureux évènement.

Après avoir publié un dernier elpee, baptisé « Mobile », en 2022, elles ont sorti un Ep intitulé « Cruelles formes », ce 3 novembre. Pour innover, non seulement elles ont interprété leurs compos dans la langue de Voltaire, mais elles ont aussi reçu le concours du groupe Echt (NDR : de vieux amis du Conservatoire) afin de l’enregistrer. Ce sont des musiciens accomplis, tous issus du monde du jazz, mais qui cassent les frontières en s’ouvrant à l’électro.

Les lumières s’éteignent à 20h30. Une petite estrade sur laquelle sont entreposés 2 synthétiseurs et 2 micros a été installée devant la table de mixage. Et votre serviteur part se planter juste à côté. Qu’est-ce que Juicy nous a encore préparé ? Vêtues de leurs uniformes rouge, ornés d’épaulettes d’officier, déjà pas mal étrenné lors des festivals, elles se dirigent vers cette plate-forme étriquée où elles vont nous réserver six morceaux en mode piano/voix, une expérience déjà réalisée, ici, à l’Ancienne Belgique, et au VK.

Juicy propose une version tamisée de « You Don't Have to Know ». Parce qu’elles sont si proches du public, il ne reste plus qu’à vous ouvrir à ce qui se passe sous vos yeux et en prendre plein les oreilles. Elles nous plongent dans un univers r‘n’b qui leur est propre, en adaptant le « Candy Shop » de 50 Cents. Mais tout au long de ce spectacle, Juicy va nous inviter à parcourir tous les chapitres de sa carrière. Des reprises à leurs premières chansons, en passant par « MOBILE », « Cruelles Formes », « Cast A Spell » et « Crumbs » avec, avant tout comme fil conducteur, l'alchimie instinctive entre Sasha et Julie. Elles terminent les phrases de l’autre, ne sont plus capables d’identifier leurs propres voix quand elles chantent et vivent les états d’âme de l’autre par procuration. En bref, elles sont fusionnelles.

Pendant que le duo quitte la petite scène pour se rendre sur la podium principal, Dorian Dumont vient terminer la chanson aux claviers.

On aperçoit en ombre et lumière, 13 musiciens disposés à des hauteurs différentes : saxophones, trompettes, trombones à coulisse ainsi qu’un impressionnant sousaphone. C’est le brass band idéal pour accompagner le duo et enrichir sa musique de cuivres lumineux et étincelants. Ce concert, annoncé plein de surprises, est aussi l’occasion de montrer une autre facette d’un binôme qui s’est toujours réinventé. Peu de mots, mais beaucoup d'actions (Julie l’avait signalé au début du set) ; ce qui semble être la philosophie de ce dernier show de Juicy. Ensemble, Sasha Vovk et Julie Rens naviguent à travers différentes influences et genres musicaux. Grâce à leur recette magique, que nous décrirons comme être la sauce Juicy, tout s'emboîte parfaitement. Le « Bug In », sensiblement plus lourd, pourrait facilement être l'intru, mais pas sous la stricte surveillance de la formation bruxelloise. Un jeu de lumière épuré sublime les créations musicales et tous ces éléments réunis font monter rapidement la température dans l'AB. L'ambiance conviviale montre que tout le monde a ici le même objectif et il y a donc aussi de la place pour danser. Le discours explosif de Juicy crée une atmosphère excitante et l'AB Box se transforme bientôt en une célébration de masse (messe ?) alternative sous la conduite de Julie et Sasha comme grandes prêtresses de la scène musicale belge. Par exemple, le déjanté « Treffles », dans lequel l’alchimie entre les deux est remarquablement forte, constitue le point culminant d’un spectacle aux nombreux sommets et aux rares creux.

On passe au dernier Ep, « Cruelles Formes », enregistré en compagnie d’Echt. C’est alors l’envolée jazz-électro, les percus encadrant le r’n’b de Juicy. Boosté par le single « Lolo », et son texte à tiroirs qu’il est conseillé de prendre au troisième degré, les filles se lâchent. Témoins lucides de notre époque fragile, elles nous interrogent sur les inégalités sociales à travers « G pas l’argent ».

Sasha Vovk et Julie Rens reviennent une dernière fois pour un rappel, en compagnie de la fanfare pour le point d’orgue du show : la cover déjantée de « La Boulette » de Diams. C’est la reprise préférée de votre serviteur, même si celle d’Aloïse Sauvage n’est pas mal, non plus.

Elles nous ont fait danser pendant 2 heures, sans jamais jouer aux donneuses de leçons. Elles vont nous manquer pendant quelques mois. Sasha passe un bel accouchement et Julie prépare nous de nouvelles compos géniales ou fait nous vibrer avec tes projets parallèles. Juicy on vous aime !!!

Setlist :

Piano voix : « You don't have to know », « Something is gone », « For hands on ass », « Candy shop fifty cent », « Truth », « 6 Branche-moi »

Sur scène + cuivres : « Late night », « Common future », « Seed and ride », « BUG IN », « Haunter », « Treffles », « See me now », « Call me », « Count our fingers twice », « Youth »

+ Echt (sans cuivres) : « Bruit qui court », « G pas l'argent », « Javanais », « LOLO »

Rappel : « GHB » (+ cuivres), « La boulette » cover Diam’s (+ cuivres)

(Organisation : AB)

Rodrigo y Gabriela

Une symbiose parfaite entre guitare électrique et acoustique…

Écrit par

C’est la 23ème fois que Rodrigo y Gabriela se produisent en Belgique, et ce depuis 2006, soit après la sortie de leur premier elpee, un éponyme. Et ce lundi 30 octobre, le duo mexicain est programmé au Cirque Royal de Bruxelles. Le concert est sold out.

Le light show est constitué de quatre rectangles lumineux en arrière-plan. Deux placés sur le petit côté et les autres sur leur grand. Le logo du dernier opus est projeté sur une toile de fond. En grand ! Quatre rampes de leds d’une hauteur de trois mètres encadrent les artistes. De couleur bleue, ils clignotent constamment. Une autre aux mêmes coloris forme un demi-cercle derrière la paire. Et lorsque ces rangées de spots s’allument, elles forment un dôme lumineux virtuel.

Gabriela Quintero se sert d’une gratte semi-acoustique flamenco et Rodrigo Sánchez d’une électrique. La musique est quasi-exclusivement instrumentale. Gabriela s’exprime en espagnol, nous adressant également quelques ‘muchas gracias’ et « ti amo », mais entre « The Eye That Catches The Dream » et « Egoland », elle baragouine dans un anglais approximatif. Quant à Rodrigo, il a prodigué quelques mots dans la langue de Shakespeare, après le solo de Gabriella.

Lors de ce set, la paire va nous réserver de larges extraits de son dernier long playing, « In Between Thoughts… A New World » et quatre nouvelles compos, « Astrum In Corpore », « Monster », « The Simurgh » et « Dublin » qui figureront sur le futur nouvel opus.

« Astrum In Corpore » ouvre le set et se charge progressivement en intensité, dévoilant alors déjà la technique complexe de Gabriela. Energique, « True Nature » est imprimé sur un tempo enlevé. La réaction de l’auditoire est enthousiaste, comme elle le sera tout au long du shwow. Le duo change régulièrement de place, mais se fait souvent face à face. Entre les compos, les musicos disparaissent de la scène, moments au cours desquels on assiste à des projections de lumières, chaque fois différentes. Pendant « Egoland » le light show vire au rouge vif ! Et une sirène retentit. La performance de Rodrigo est particulièrement dynamique. Tout en bondissant, il invite le public à applaudir. À chaque accélération de tempo et au cœur des crescendo, on entend des cris d’exaltation dans la foule. Un sampler sonore épique emballe le rythme alors que Gabriela triture ses cordes tout en frappant le caisson de sa guitare pour simuler des pecus.

Pendant « The Monster » on imagine la présence d’un grand monstre dans la salle. Le climat d’épouvante est entretenu par des sonorités électroniques. Après les courts « Seeking Unreality » et « The Ride of the Mind », Rodrigo s’autorise des solos de gratte métalliques et inévitablement lors de compos plus longues.

Rodrigo traite sa sixcordes en slide à la fin de « The Simurgh », et son jeu devient tellement épique qu’on ne peut que penser à celui de David Gilmour au sein du Floyd. Les smartphones s’allument. Gabriela se réserve également un solo à la sèche, mais le plus surprenant c’est sa capacité à en extraire des sonorités bizarres. Rodrigo chante brièvement pendant « Finding Myself Leads Me to You ». Lors du dernier morceau, Rodrigo y Gabriela viennent se produire au cœur de la fosse.

Et c’est exclusivement en acoustique que le rappel consacré à « Dublin » est interprété…

Setlist : « Astrum In Corpore », « True Nature », « The Eye That Catches The Dream », « Egoland », « Monster », « Seeking Unreality », « The Ride Of The Mind », « The Simurgh », « Gabriela Solo », « Broken Rage », « Finding Myself Leads Me to You », « In Between Thoughts… A New World ».

Rappel : « Dublin »

(Organisation : Live Nation)

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Bob Vylan

Gym tonique…

Écrit par

Bob Vylan est un duo londonien qui réunit le chanteur/guitariste Bobby et le drummer Bobbie. Et il se produit ce vendredi 27 octobre à l’AB Club de Bruxelles.

Il pratique un mix entre hip-hop et rock’n’roll musclé voire brut de décoffrage. Son dernier elpee, « Bob Vylan Presents the Price of Life », est paru en avril 2022. Il a décroché le prix Kerrang (NDR : cérémonie organisée par cet hebdomadaire britannique de musique rock et heavy metal)

On peut lire sur sa page Bandcamp : ‘The internet is dead, see us in the flesh !’ ; ce qui se traduit par : ‘Internet est mort, regardez-nous en chair et en os !’

C’est est un tandem engagé. Ses textes dénoncent les injustices : pauvreté, Brexit, inégalités raciales, coupes dans le secteur de la santé... Et dans sa musique, il s’évertue à rapprocher et mélanger les genres et les sous-cultures. C'est ce qui lui permet d’être apprécié par les amateurs de rock, de rap, de punk, de dance et de musique alternative.

Le concert est sold out.

Issue du Nord de la Belgique, et plus précisément de Bruges, SPACEBABYMADCHA, aka Maya De Zutter, assure le supporting act. C’est une artiste multidisciplinaire, compositrice et rappeuse. Sa musique se nourrit de trap et de soul alternatifs, d’ambient, de r’n’b ainsi que de hip-hop électronique. Cette année, elle figure parmi les neuf finalistes du concours ‘De Nieuwe Lichting’, organisé par StuBru.

Sur les planches, elle est soutenue par une autre fille, casquette de rappeur vissée sur la tête. Postée derrière une table, elle bidouille ses manettes. Maya est vêtue d’un pantalon et d’une veste sombres et s’est enfoncé un bonnet sur le crâne. Malgré leurs couvre-chefs, on distingue leurs cheveux bouclés. Plutôt jolies, elles ont le teint mat. Le set va se concentrer sur des extraits du dernier opus, « New Era », paru en 2021. Maya possède une voix imposante, mais samplée ou vocodée, elle en devient ondoyante. Elle remue constamment, se déplace de gauche à droite et inversement, bondit et grimpe même sur les deux haut-parleurs sis aux extrémités du podium. Très interactive, elle plonge dans la foule, et l’incite à lever les bras ou à jumper.

Franchement, sa réputation de show-woman responsable de concerts vibrants et énergiques, n’est pas usurpée.

Place ensuite à la Bob Vylan. Bobbie est planté à droite sur une estrade, derrière un kit de batterie imposant, dont 5 cymbales et un MPD. Bobby a enfilé un training couleur bleue et ses dreads sont ramenées en couettes tressés sur le devant.

Le chanteur entame le show, suivant un même rituel, par une série d'échauffements de style militaire sur des rythmes tonitruants.

Les nouveaux singles « Dream Big » et « Here A Man » constituent un avant-goût de la manière dont les Britanniques se rapportent à notre société de consommation occidentale. Pendant « I Heard You Want Your Country Back », un spectateur tend à Bobby, déjà torse-nu, un drapeau palestinien. Il le colle à gauche sur un empilement de 3 boxes en bois placé, en arrière-plan. Le public en profite pour cracher son venin. Ce morceau figure sur la B.O. de la série Netflix ‘The Bastard Son & The Devil Himself’. Le chanteur déclare : ‘Nos vies auraient pu finir dans les bennes à ordures. Ne le tenez pas pour acquis. Soutenez Warchild’. Il recommence à effectuer ses exercices d’éducation physique avant d’attaquer le titre maître de son second long playing, « We Live Here ». Des mosh pits éclatent régulièrement.  

Des samples pré-enregistrés reproduisent des sonorités de guitare, de basse, de claviers et de bruits divers. Tonitruantes, sauvages et tribales, les percus de Bobbie communiquent à la foule une forme de frénésie, qui danse sur chaque battement et reprend chaque mot. Bobbie se lance dans un crowdsurfing tout en continuant de chanter. Dans la fosse, ça pogote sec. On se croirait presque lors d’un concert de métal. A la demande du vocaliste, la scène est envahie par le public pendant « Wicked & Bad ». Mais aussi c’est la compo qui achève le show…

Setlist : « Down », « Big Man », « I Heard You Want Your Country Back », « CSGB », « Take That », « We Live Here », « Pulled Pork », « England's Ending », « The Delicate Nature », « Pretty Songs », « Dream Big », « Wicked & Bad ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

Deadletter

Un peu court, mais percutant !

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Deadletter est un sextet issu du sud le Londres qui, selon les médias les plus perplexes, se contente de faire revivre le post punk des eighties, alors que les plus ouverts estiment qu’il appartient à la nouvelle vague du rock qui s’abat depuis quelques années en Grande Bretagne. Certains le considère même comme une révélation sur la scène contemporaine insulaire. Lors du dernier festival BRDCST, qui s’était déroulé à l’AB, le public avait été conquis par sa prestation. Et puis, c’est quand même la dixième fois que la formation se produit en Belgique… Ce dimanche 22 octobre, il est programmé au club de l’AB. Et le concert est sold out.

Le supporting act est assuré par Nona Problemo. Originaire de la région de Louvain, il s’agit d’un des lauréats de l’édition 2021 du concours Sound Track, en Flandre. Ce quatuor implique un guitariste, un claviériste, un drummer et un chanteur/bassiste, dont la voix évoque Robert Smith. Il n’est donc pas étonnant que son post punk soit influencé par The Cure, même s’il est teinté de psychédélisme.

La salle est blindée lorsque Deadletter grimpe sur l’estrade : Zac au micro, George à la basse, Poppy (une fille) aux saxophones, Will et James (il mesure plus de 2 mètres !) aux guitares, et enfin Alfie à la batterie.

Le show s’ouvre par « Mysterical ». Les interventions de Poppy au saxophone sont envoûtantes. C’est manifestement ce qui fait l’originalité de la musique du band. Dès le deuxième morceau, Zac a trop chaud et enlève sa chemise, geste que va imiter Will, un peu plus tard. Le vocaliste est constamment au contact des premiers rangs. Il prend régulièrement des bains de foule. Elle est tout aussi enthousiaste, s’agite et on se bouscule à l’avant de la fosse. Un spectateur audacieux monte sur le podium puis se lance dans le vide, mais les mains des spectateurs lui permettent de crowdsurfer jusqu’au milieu de la salle.

 Efficace, la section rythmique se distingue par une ligne de basse cotonneuse et souvent plus puissante que les autres instruments. Et même de la voix de Zac. Les compos ne manquent pas d’énergie, mais elles sont régulièrement tramées sur une même structure. On en oublierait presque les paroles qui reflètent l’engagement sociopolitique du groupe.

Plus pop, « Degenerate Inanimate » permet un peu à tout le monde de souffler.   Avant le retour à l’intensité électrique, qui parfois évoque celle que dispensait Franz Ferdinand à ses débuts.

Pendant « Madge's Déclaration », les tambourins et les cymbalettes s’invitent et dynamisent le show, alors que Zac, déambule au milieu de l’auditoire, lui demande de s’accroupir, puis de se relever pour vivre un pur moment de folie. Zac peine alors à revenir sur les planches.

« Zeitgeist » achève un show d’à peine 50 minutes dont plusieurs titres ont été puisés au sein de l’Ep « Heat », paru l’an dernier. Pas de rappel. Un peu court, mais percutant !

Setlist : « Mysterical », « The Snitching Hour », « Murdered », « Hero », « Degenerate Inanimate », « Madge's Declaration », « Haunting », « Fit for Work », « Credit », « Binge », « Deus Ex Machina », « It Flies », « Zeitgeist ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

Haru Nemuri

Expérimental, excitant et inventif…

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Haruna Kimishima aka Haru Nemuri est l’une des artistes émergentes les plus passionnantes du Japon. Sa musique est le fruit d’un mélange unique entre J-rock, noise pop, punk, hardcore et hip-hop. De quoi faire tourner les têtes. Elle chante, bien sûr, dans sa langue natale. Elle se produit ce mardi 17 octobre, à la Rotonde du Botanique. Paru l’an dernier, son dernier elpee, « Shunka Ryougen », recèle de nombreux bangers (NDR : de puissantes sonorités de basse qui incitent à la danse). Elle incarne la parfaite ambassadrice improbable de la scène alternative nippone, riche et fertile qui y a prospéré depuis des décennies.

Dorothy Gale assure le supporting act. C’est une des 5 finalistes du Concours-Circuit qui se déroulera ce 8 décembre au Bota. Il n’y a pas grand monde dans la salle, lorsqu’elle grimpe sur l’estrade. Dorothy Gale est un personnage de fiction dans l'univers imaginaire d'Oz, inventé par l'auteur américain L. Frank Baum. C’est également le patronyme choisi par une jeune Bruxelloise responsable d’une musique électro. Derrière elle s’installent deux collaborateurs qui bidouillent des machines face à une table : Alwis et Jordan Le Galèze.

Tout au long de ce set, Dorothy chante d’une voix pop suave en racontant des histoires ou à travers un cri poignant et punk, dynamisant le tout par les productions électroniques. Face à son pied de micro, elle remue pas mal. Elle danse, sautille et invite le public à la suivre. Et il est réactif. Si la scène est dépouillée, elle se distingue par un contraste entre ombre et lumière. Malheureusement, le son est bien trop fort pour les oreilles de votre serviteur. Alors il préfère les préserver pour la tête d’affiche…

Quelques instants avant que Haru Nemuri ne monte sur le podium, la salle est comble. Elle est vêtue comme une geisha vaporeuse et froufrouteuse rappelant la mode japonaise à la lolita, fière de ses couettes. En retrait, se plante un bidouilleur devant une table sur laquelle sont posés des tas de machines électroniques. Pas de musicos ni d’instruments, seulement son collaborateur, Haru et son scratcher.

Une belle interactivité s’établit entre l’artiste et les premiers rangs, mais elle s’exprime dans un anglais approximatif que l’on comprend à peine. Il faut dire que lorsqu’elle parle, sa voix est fluette, enfantine et très chantante. Mais quand sa prose prend un ton détaché presque clinique, c’est pour mieux exploser en cris gutturaux qui tendent chaque syllabe dans une cadence grotesque. Chaque mot libère alors une certaine émotion. Sur fond de percussion tribale, elle matraque le public de ses ‘Ai ai ai ai ai’. Conquis, celui-ci lui répond en vociférant ces paroles entêtantes. Quant aux machines, elles répandent des sonorités vocales, parfois criées, de guitares bruyantes et de cordes lointaines.

Elle rit très souvent et son rire est communicatif. Elle se balance sur scène et danse comme dans un état de folie.

Une couture de sa tunique a cédé. Elle s’en amuse, mais file dans les loges, deux petites minutes, pour revenir dans un accoutrement aussi vaporeux. Elle récupérera, par la suite, sa tenue raccommodée. Elle n’en n’oublie pas « Angry Angry », une compo co-écrite avec sa compatriote Jaguar Jonze, un hymne au féminisme déterminé en réponse à la prédation et à la tentative de meurtre d'une concitoyenne, par un homme de 36 ans.

Manifestement, ses expérimentations défient le paysage pop japonais d'une manière aussi excitante qu’inventive. Belle découverte !

(Organisation : Botanique)

Adé

Entre pop luxuriante et country lumineuse…

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À la suite de l’attentat perpétré l’avant-veille au Boulevard Sainctelette, peu de monde s’est déplacé pour assister au concert d’Adé programmé ce mercredi 18, au Crique Royal de Bruxelles. Seul les sièges du bas et la fosse sont remplis.

Adélaïde Chabannes de Balsac, aka Adé, a déjà bien baroudé. Elle a milité au sein de Thérapie Taxi avant de se lancer dans une carrière solo. On aimait alors déjà, son aplomb, sa voix claire, son allant et la fougue de sa jeunesse. La chanteuse a choisi aujourd’hui d’entamer sa mue, de développer les registres musicaux de son chant. Elle est venue défendre son premier elpee, « Et alors ? », un disque aux influences folk-pop et aux mélodies entêtantes.

Le supporting act est assuré par Hélène Sio, une jeune artiste de 22 ans qui a suivi des cours au Conservatoire auprès d’Ibrahim Malouf. Autrice, compositrice et interprète, celle qui a fait succomber des milliers de followers via ses reprises, dévoile enfin ses compositions originales. Originaire de Narbonne, elle a débuté le chant lyrique à l’âge de 9 ans. Elle avoue puiser ses influences chez Alain Bashung, Franck Sinatra, Michel Legrand et Juliette Armanet. A tout juste 17 printemps, elle a participé à l’édition française de The Voice où elle a atteint la demi-finale.

Sur les planches, Hélène, tête blonde bouclée à la Blondie, est soutenue par un guitariste et un bassiste/claviériste. Elle chante tantôt au milieu du podium, face à son micro ou à sa droite, derrière ses ivoires.   

Elle possède une voix profonde, cristalline, douce et aérienne, sorte d’hybride entre Emma Louise, Louane et France Gall. Elle nous réserve de jolies ballades romantiques aux sonorités pop, à l’instar de son premier single « Je Veux Toucher Vous » ainsi que « Fin de Film ».

Solaire, sensible et particulièrement interactive, elle établit un excellent contact avec le public.

Elle nous explique brièvement qu’elle a vécu une relation amoureuse qui s’est terminée brusquement. Son ex l’avait blacklistée sur le net. Elle devait lui transférer des virements de 50 cents via PayPal. Elle a traduit cette mésaventure dans la chanson « Les Virgules », qu’elle interprète aux claviers. Une bonne première partie.

A 21 heures, les lumières s’éteignent pour dévoiler le décor. Des spots accrochés au plafond illuminent la salle d’une lumière bleue. Sur la tenture sise en arrière-plan, apparaît des parties de néons bleus qui finissent par dessiner le nom ‘ADE’ en grand. Il réapparaîtra à plusieurs reprises, au cours du spectacle.

Après une courte intro pré-enregistrée, les musicos débarquent. Les deux guitaristes se plantent aux extrêmes du podium. Les rejoignent un bassiste et un drummer qui s’installe sur une estrade. Telle une princesse des temps modernes, Adé arrive à son tour. Du haut de ses 27 ans, les cheveux de couleur geai au vent, elle est vêtue d’un tee-shirt orange sur une petite jupe portefeuille noire de type trapèze ressemblant fortement à un short court.

Le set s’ouvre par « Les Silences ». Et on est immédiatement balayé par le vent qui souffle d’ordinaire sur les grandes plaines de l’Ouest américain. Il n’y manque que les saloons où traînent les cowboys. Car la musique dispensée ce soir évolue essentiellement dans un mix pop luxuriante et country lumineuse.

Dès « J’me barre », Adé met son public en poche. Toutes les chansons sont bonnes, efficaces, touchantes ou entêtantes. Adé occupe bien la scène libère une belle énergie et affiche un naturel plus qu’assumé. Il existe une vraie fraîcheur dans les mélodies de ses compos. Sa voix, à la fois pure, sucrée et sensible, y est pour beaucoup et porte des textes qui semblent souvent focalisés sur les désillusions amoureuses et le courage nécessaire pour les surmonter (« Solitude imprévue », « Insomnies » et « Side By Side »).

Lors du premier rappel, Adé va nous réserver un petit medley acoustique au cours duquel seront repris « Jolene » de Dolly Parton et « Jimmy » de Moriarty. Toute la formation se serre sur l’estrade du drummer, ce dernier se concentrant sur un petit tambourin. Pendant cet intermède country/folk, la voix d’Adé acquiert ce petit supplément d'âme qui apporte une autre dimension au concert. On l'imagine alors exceller dans un registre crooner jazzy.

Adé accorde un second encore constitué de trois nouvelles chansons : « 20 ans », « Nuit Américaine » et « Juke Box ». Elles seront intégrées à la réédition de son premier opus qui paraîtra en novembre 2023. La setlist a d’ailleurs été essentiellement consacrée à cet LP, enregistré à Paris, Bruxelles et -parce que la Parisienne rêvait de pedal steel, dobro, banjo, mandoline et harmonica- au studio Sound Emporium de Nashville, là où Emmylou Harris et Willie Nelson y ont enregistré…

Aucun titre de Thérapie Taxi n’y a été inclus lors de ce show de très bonne facture, mais malheureusement un peu court…

Setlist : « Les Silences », « J’Me Barre », « 20 Ans », « Berceuse », « Solitude Imprévue », « Nuit Américaine », « Side By Side », « Insomnies », « Juke Box », « Q », « Avec Des Si », « Tout Savoir ».

Rappel 1 : « Eh Alors », Medley « Jolene, Home, Don't Think Twice, It's Alright » (Elvis Presley cover), « America » (Razorlight cover).

Rappel 2 : « Sunset », « Si Tu Partais », « Bonne Année ».

Organisation : (Live Nation en accord avec Uni-T)

 

bdrmm

Un final un peu trop expérimental…

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Issu de Hull, au Nord de l’Angleterre, bdrmm se produisait ce mercredi 18 octobre au club du Grand Mix à Tourcoing. Le quatuor réunit les frères Smith, Ryan (chant, guitare, claviers) et Jordan (chant, basse, claviers) ainsi que Joe Vickers (guitare, basse) et Conor Murray (drums). A son actif, de nombreux singles et Eps, mais surtout deux elpees : un éponyme paru en 2020 et « I don’t know », en juin dernier. Le patronyme s’inspire de ‘bedroom’ (Trad : chambre à coucher), alors que la musique navigue quelque part entre post rock et shoegaze. Pas étonnant que la formation ait été choisie par Ride pour assurer sa première partie, lors de sa dernière tournée, et signé chez Rock Action, le label de Mogwai.

Il fait très chaud dans la salle, lorsque bdrmm monte sur l’estrade. Enfin remonte, puisque quelques minutes plus tôt, elle réalisait son soundcheck. Amusant, mais Conor, le batteur, ressemble un peu à Dany Boon, mais en plus jeune. Les musicos sont d’ailleurs très jeunes. Et cette jeunesse est bien représentée au sein de la foule. Derrière le combo, on remarque la présence d’une grande toile, sur laquelle seront projetées, durant tout le set, des images brumeuses, psychédéliques. Quant aux planches, elles sont bien garnies de pédales d’effets de distorsion.

« Alps » ouvre le set. Déjà, la voix de Ryan se révèle à la fois douce, fragile, atmosphérique, mais angoissante. En outre, il commence déjà à manipuler les potentiomètres des effets de pédales. La compo (comme la plupart de celles du concert) monte progressivement en crescendo avant d’atteindre un premier pic d’intensité. Après le très shoegaze « It’s just a bit of blood », le plus connu « Gush » recueille tous les suffrages. « We fall apart » nous offre un véritable duel de grattes. La voix de Jordan et plus puissante. Faut dire que physiquement, il en impose. Pendant « Hidden camera », alors qu’il se déchaîne sur sa guitare, Ryan renverse malencontreusement son clavier. Ce qui ne l’empêche pas d’achever le morceau, en manifestant une même exaltation. Avant de tout remonter, à l’aide de Joe. Plus de peur que de mal, le Korg fonctionne normalement. Le groupe embraie par « Pulling stitches ». Alors que le drummer imprime un tempo binaire, le light show devient aveuglant. A mi-parcours de « Mud », les musiciens s’éclatent littéralement. Ryan se consacre aux claviers au début de « Push/Pull », une compo qui change de rythme à mi-parcours ; moment choisi pour reprendre sa gratte. Les deux sixcordistes conjuguent leurs instruments pendant « Happy », libérant alors des tonalités tintinnabulantes. Des sonorités qui deviennent carillonnantes, tourbillonnantes, sur le quasi-instrumental (Un)happy ». Les deux frangins ont les genoux au sol et font varier les boutons d’effets de pédales. Puis le morceau retrouve un mid tempo, avant que la déferlante ne fasse son retour, dans un univers sonore plus expérimental, tout comme lors du dernier long titre du set, pourtant entamé sur un rythme martial, mais au cours duquel les cordes sont très (trop) souvent triturées, frappées et les boutons à nouveau sollicités. D’ailleurs, totalement déjantés, les deux derniers morceaux se sont un peu trop égarés, au goût de votre serviteur, dans une forme d’impro qui s’est soldée par un bruitisme dévastateur et un peu hasardeux. Dommage, car le reste de la prestation était vraiment de bonne facture…

Setlist

Alps
Be Careful
It's Just a Bit of Blood
Gush
We Fall Apart
Hidden Cinema
Pulling Stitches
Mud
Push/Pull
Happy
(Un)happy
Port

(Organisation : Grand Mix)

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