La cavalcade de Jéhan…

Poussé par un nouvel élan poétique, Jean Jéhan a sorti son nouvel opus, « On ne sait jamais », le 18 novembre 2023. Pour ce cinquième elpee, Jéhan fait le choix de s'affranchir de ses affinités folk rock, pour aller vers des horizons plus dégagés. On retrouve…

logo_musiczine

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Search results (6 Items)

Arcade Fire

Toujours plus proche de son public…

Écrit par

Arcade Fire se produisait au Sportpaleis d’Anvers, ce lundi 12 septembre. Le concert n’affiche pas complet. Cependant il ne reste que peu de sièges libres et la fosse est pleine à craquer.  

Venu défendre son sixième opus, sobrement intitulé « WE » et paru le 6 mai dernier, Arcade Fire compte bien démontrer à travers cette tournée mondiale, que malgré le récent départ du frangin Will Butler, il reste l’un des groupes les plus impressionnants, influents et innovants de ces vingt dernières années.

« Le plat pays » de Jacques Brel résonne lorsque votre serviteur débarque dans la salle (NDR : procédure obligatoire pour les photographes). Première constatation, une petite estrade est disposée au beau milieu du parterre au Sportpaleis, sur laquelle a été installée, au centre, un piano translucide ainsi qu’une énorme caisse claire de couleur blanche. Etincelante, elle brille de mille feux sur son socle en attendant sagement de résonner. En levant les yeux, on peut apercevoir une immense boule à facettes (NDR : ‘Monday night fever... ?’) Les inscriptions ‘End of the Empire’ sont reproduites en blanc et bleu par des néons sur ce mini-podium au look particulièrement sixties.

Quant à la ‘main stage’, elle est dominée par un écran gigantesque en forme d’arcade (forcément) qui recouvre la quasi-totalité du podium.

A 21h04 précises, Arcade Fire débarque par l’entrée ‘tout public’ et s’enfonce au cœur de la fosse, fendant la foule qui, un instant, imagine que le show va démarrer sur cette ‘mini stage.’ Erreur de jugement, puisque les musicos s’installent derrière leurs instruments sur la scène principale. Régine Chassagne et Jeremy Gara se postent derrière leur drum set, la violoniste Sarah Neufeld opte pour le côté droit, tout comme Richard Reed Parry qui reprend la position… de Will. Légèrement en retrait, derrière Wim, le très discret Tim Kingsbury va se contenter de quelques interventions au piano droit. A contrario, l’auteur-compositeur-multi-instrumentiste Dan Boeckner (NDR : âgé de 44 ans, il est également de nationalité canadienne) va se révéler très productif au moog et aux synthés sur les morceaux du nouvel opus. Et ‘last but not least’, un jeune-homme aux dreadlocks à faire pâlir Bob Marley, va se consacrer aux percus (NDR : surtout des djembés) et à la sèche. Mais surtout il va apporter son grain de folie au show, déambulant d’un côté à l’autre du podium afin d’haranguer la foule, en plein ascenseur émotionnel dès le second titre, « Ready to Start », et n’hésitant pas à franchir les barrières afin de rejoindre les premiers rangs…

Le concert embraie par deux compos mélancoliques, dont le profond « Afterlife » qui, inexorablement, va déclencher des ‘oh oh oh oh’ au sein de l’auditoire. Et manifestement il ne demande qu’à reprendre refrains ou onomatopées, en chœur.  

Alors que l’arcade géante coiffant le podium ne diffusait jusqu’ici que des images très sombres, elle s’illumine de couleurs vives, pendant que des lasers balaient la fosse de haut en bas afin d’impulser le ‘survolté’ « Reflektor ». Une boule à facettes descend du plafond et ses faisceaux transforment cette immense salle en une gigantesque piste de dance ! Les spectateurs du Sportpaleis sont debout et remuent le popotin au rythme des ‘Air Dancer Sky’ (acteurs principaux du superbe clip « Unconditional (Lookout Kid) »). Wim s’autorise un bref stagediving lors du passage ultra explosif de « Here Comes the Night Time », Régine utilisant judicieusement, comme d’habitude, la boule à facettes depuis la ‘main stage’ ; puis elle se faufile au sein de la foule avant de performer seule, debout sur le piano translucide de la ‘mini stage’ pour interpréter le titre « Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) ».

« Everything Now » clôture en apothéose ces 17 titres enchaînés à toute allure par un groupe maîtrisant son répertoire aussi bien ancien que nouveau. Mais au lieu de rentrer backstage, les musicos descendent du podium et se dirigent vers la ‘mini stage’ en retraversant la foule. Les centaines de personnes agglutinées derrière cette estrade espèrent alors profiter de cette position quelque peu privilégiée, mais frustrante depuis le début du set. Il est vrai qu’après plus 1h de concert passé sur la pointe des pieds afin d’entr’apercevoir au loin le groupe ou de rabattre son champ de vision vers les écrans latéraux, cette ‘mini scène’ n’était pas vraiment une bonne idée. Heureusement, le groupe va plutôt se mêler à l’auditoire pour accorder un rappel de trois morceaux empreints d’humilité, et clore sa prestation par l’inévitable « Wake Up ». Mais, les musiciens ne rentrent toujours pas via les backstage. Ils quittent la salle, comme ils sont arrivés, par la sortie du public. Tout un symbole, comme si le groupe voulait adresser un message à son public en se montrant accessible…

En conclusion, un concert alternant, de manière arithmétique, des tubes issus des précédents elpees et des morceaux récents. Même si le nouvel LP est loin de faire l’unanimité, sur les planches, ces nouveaux titres viennent compléter de manière fantastique une setlist bien balancée. Un concert pour lequel on ressort rempli de joie et de bonheur, pendant que certains des hits du band résonnent encore, des heures et des jours plus tard, dans la tête...

A noter également que Régine et Wim soutiennent KANPE, une fondation qui aide les communautés rurales sous-desservies d’Haïti à devenir autonomes. Des membres de cette association accompagnent Arcade Fire tout au long de la tournée ‘WE’ et disposent d’un stand pour y proposer des t-shirts, badges et autocollants aux couleurs et dessins entièrement réalisés par Régine. 100% des bénéfices générés par la vente sont reversés à cette fondation. Après avoir longuement échangé avec ces Québécois, on peut affirmer qu’ils ont un cœur grand comme ça ! Et sont d’une gentillesse incroyable. Des infos ? C’est ici.

Setlist :

Intro : Le plat pays (Jacques Brel)
1. Age of Anxiety I
2. Ready to Start
3. Deep Blue
4. Afterlife
5. Reflektor
6. Put Your Money on Me
7. Age of Anxiety II (Rabbit Hole)
8. The Lightning I
9. The Lightning II
10. Rebellion (Lies)
11. Keep the Car Running
12. The Suburbs
13. The Suburbs (continued)
14. Unconditional (Lookout Kid)
15. Here Comes the Night Time
16. Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)
17. Everything Now

Encore :

  1. End of the Empire I-III
    19. End of the Empire IV (Sagittarius A*)
    20. Wake Up

(Organisation : Live Nation)

Voir aussi notre section photos

 

 

Arcade Fire

WE

Écrit par

On ignore si le départ des violonistes Sarah Neufeld ainsi que –plus récemment– de William Butler (NDR : le frangin de Will) a déforcé Arcade Fire, mais manifestement, ses derniers albums deviennent de moins en moins intéressants. Parmi les défections, on pourrait également citer celle du multi-instrumentiste Owen Pallett, même s’il n’a jamais réellement figuré au sein du line up. Et pourtant, Will Butler et Régine Chassagne sont toujours au commandement, mais l’inspiration commence à faire défaut.

Et c’est une nouvelle fois le cas sur « WE », le sixième opus du band canadien qui à l’instar du précédent, « Everything now », manque de bonnes chansons, et surtout de mélodies. En lieu et place, on doit se farcir des morceaux hymniques, qu’on imagine facilement repris en chœur au sein d’un stade ou lors de festivals. Or, il faut reconnaître que torcher de bonnes chansons et de superbes mélodies, c’était la force du combo. En outre, les synthés envahissent un peu trop l’expression sonore. Pour la rendre plus dansante, et même parfois virer carrément au disco ; les musicos ne lésinant pas sur les arrangements sophistiqués, luxuriants, parfois même symphoniques.

Présenté sous la forme d’un concept album, produit par Nigel Godrich (Radiohead), ce long playing propose deux parties : une face ‘Je’ et l’autre ‘Nous’ (« We ») ; et le tout est subdivisé en 7 sections. Une formule pompeuse qui rappelle la prog des 70’s. Tiens curieusement, Peter Gabriel participe aux backing vocaux sur « Unconditionnal II ».

Finalement, le plus intéressant procède des textes qui font, en quelque sorte, un état des lieux de notre monde fracturé, tourmenté et malade de la violence…

Arcade Fire

Un concert épique accordé au cœur d’un théâtre antique...

Écrit par

Tout mélomane possède, quelque part dans le coin de sa tête, le souvenir d’un groupe ou un artiste particulier qui a bercé son adolescence et donné envie d’approfondir ce magnifique art qu’est la musique. Pour votre serviteur, il s’agit d’Arcade Fire. En septembre 2004, la formation canadienne publiait « Funeral », un bijou de rock baroque considéré comme l’un des meilleurs albums des années 2000. Alors depuis la sortie de cette pépite, comment ne pas la suivre à la trace. Jalonnée de trois opus d’excellente facture. Ne pas encore l’avoir applaudie en ‘live’ créait, quand même, un manque. Treize années après les débuts du collectif, l’opportunité s’est donc présentée. Et pas n’importe où. Au Théâtre Antique de Fourvière. Existe-t-il meilleur endroit que cette splendide arène limitée à 4 000 âmes ? pas sûr ! Une chose est sûre, la course a été impitoyable pour se procurer le précieux sésame ; car la billetterie s’est vidée en moins de 5 minutes. Quel bonheur d’être passé à travers les gouttes.

Mais bref, revenons au spectacle. L’excitation est évidemment à son comble. Plus de 4 heures avant le début de la représentation, une file se forme déjà devant l’entrée du site. A 19h, on y pénètre enfin. Vers 22h15, alors que le soleil se couche, la bande à Win Butler entre en scène. Discrètement. Alors que les haut-parleurs crachent une version moderato d’« Everything Now », son dernier single, gravé quelques jours plus tôt ! Le band attaque le set par « Wake Up », l’hymne qui sert de finale pour tous ses concerts, depuis plus de 10 ans ! Audacieux ! Et surprenant. Le public est déjà au bord du délire et nul doute, il est constitué de connaisseurs.

Après un départ aussi inattendu, place à la version normale d’« Everything Now ». Et celle-ci surclasse, manifestement, celle du studio. D’ailleurs, au cours de tout le concert, ce sera une quasi-constate : les adaptations en ‘live’ magnifient les originaux. Sauf peut-être pour « Haïti », titre un peu trop paisible, à mon goût. Mais dès « Here Comes The Night Time », la machine reprend de plus belle. La foule reprend le refrain du classique « No Cars Go ». De quoi vous flanquer des frissons partout.  

Les membres du band (NDR : ils sont 10 sur les planches) adoptent tous une attitude différente. Si Win, le leader, se révèle particulièrement introverti, son frère Will se déchaîne littéralement. Il harangue l’auditoire constamment. La violoniste Sarah Neufeld est plutôt discrète, mais efficace. Mais mon coup de cœur s’adresse néanmoins à Régine Chassagne, l’épouse de Win. Son charisme et sa sensualité sont tout bonnement incroyables. Tout au long de « Sprawl II », le public semble médusé par sa performance. A tel point, qu’il est resté silencieux. Cette petite brune piquante se saisit même de guirlandes offertes par les spectateurs et s’en sert pour entamer une danse. Et pendant « Neon bible », elle se dirige derrière la troupe, afin de feuilleter une bible lumineuse, qu’on peut voir à travers des vitres translucides…

Moment particulièrement intense pendant l’interprétation de « Reflektor ». Et pour cause, feu David Bowie y avait apporté son concours au chant, en studio. Et lorsque Win doit interpréter le passage qui était réservé au légendaire Londonien, on le sent clairement bouleversé. Une émotion bien palpable, même si le titre est dansant…

Le set s’achève en puissance par le mégatube « Rebellion (Lies) ». Et le band accorde en rappel « In The Backseat », une composition également émouvante, mais chantée par Régine. De quoi clore une soirée, parfaite en tous points. Un concert épique accordé au cœur d’un théâtre antique ; que demande le peuple ? Et votre serviteur, pour qui il s’agissait d’une première. Arcade Fire revient à Werchter. Ce sera donc la deuxième. Et pas la dernière… 

(Organisation : les Nuits de Fourvière)

Arcade Fire

The suburbs

Écrit par

Il existe de nombreux points communs entre les enfants et les amateurs de Rock, et ce, mis à part une certaine part d'immaturité revendiquée. Notamment ce plaisir sans cesse renouvelé de se faire peur.

Dans ce domaine ludique, nous, adorateurs de ce qui fût à une époque pas si lointaine encore appelé la musique du diable, nous excellons dans un petit jeu macabre. Proclamer haut et fort que le Rock est mort (ou la Pop, sa sœur sucrée, selon les tendances). Et de lui trouver urgemment un sauveur. Foncièrement voué à l'échec, cette quête n'en revêt pas moins une importance de taille. Il permet au genre d'aller de l'avant, à défaut de le renouveler. Et de lancer les étoiles dans le firmament, tel un feu d'artifice teinté des couleurs de l'espoir. O la belle bleue, o la belle rouge. Et en l'espace de quelques instants, la star pâlit, jusqu'à disparaître bien souvent complètement. Ou parfois, une légère aura continue de scintiller dans le ciel. Ou parfois, mais c'est beaucoup plus rare, l'étoile s'accroche à un pan du ciel, et grossit, grossit, et se mue en astre. Alors, durant l'éclipse, tel ou tel autre groupe est appelé à nous sortir des ténèbres. Ironique si l'on pense que le noir nous va si bien. Ainsi soit-il !

Aujourd'hui, que descende donc l'aura de lumière des flamboyants Arcade Fire, nouveaux fers de lance proclamés et encensés aux quatre coins de la planète. Et voyons si le salut du Rock passera par eux. Pour ce faire, je chausse mes lunettes teintées, met ma crème indice protection 3, pas plus. Point trop n'en faut. Je ne fais pas partie de la horde sans cesse grandissante des aficionados du groupe, je n'attends donc rien de particulier de cet opus, et encore moins il est vrai qu'il nous sauve de quoi que ce soit. Allez hop! C'est parti.

D'entrée, « The suburbs », le premier morceau donne le ton. Les Canadiens savent y faire. On le savait déjà. Une chanson Pop parfaite, sans trop de sirop d'érable. Ne reste plus qu'à tenir la longueur. Et quelle longueur! Une heure à se dorer la pilule. L'exercice risque d'être périlleux. Car si l'album venait à faiblir, les nuages de l'ennui ne tarderaient pas à venir nous faire de l'ombre. Après un peu plus de cinq minutes, les voilà « Ready to start ». Ah bon? C'était pas déjà commencé? S'enchaînent pêle-mêle un « Modern man » à la rythmique subtilement syncopée-atrophiée, un « Rococo » dont le titre pourrait faire craindre le pire (qu'il évite fort habilement) dont les guitares shoegaze annoncent le morceau suivant, un « Empty room » aux sonorités 90's, improbable rencontre entre Kevin Shields et... Abba. Assurément un moment clé de l'album. Ça tape fort. Le ton se fait ensuite plus ouaté. Toujours aussi lumineux. Qu'à cela ne tienne! Inutile de se brûler les ailes trop rapidement. Demandez à Icare ce qu'il advient quand on s'approche trop du soleil. Puis, déjà, vient le dixième morceau, « Month of May ». Là, le pouls s'accélère. La sueur perle. Les genoux s'entrechoquent. Efficace. Trop efficace. Debout sur ma serviette de plage, je m'apprête à me remuer, je suis lancé, le sable est trop chaud, je veux en découdre. La machine est lancée. Mais au lieu de cette débauche de décibels que j'attends avidement, je suis convié à m'assoir et balancer la tête gentiment sur une paire de ballades, certes, fort agréables, mais un rien frustrantes. Allez, quoi, c'est quand qu'on se bouge? J'attends impatiemment de pouvoir me remuer à nouveau. Las. Je ne quitterai plus le sol. Mes rêves de lévitation s'évaporant dans les arrangements synthétiques et vaporeux de « The suburbs », en version onirique, qui clôt le chapitre. Entre temps, des morceaux comme le très 80's « Sprawl II » ou l'entêtant « We used to wait », au tempo de plus en plus soutenu, m'auront convaincu du talent indéniable du combo à rallonge de Montréal. Mais point de coup de soleil. Tout juste un coup de chaleur.

Un album Pop de haute tenue, magnifiquement orchestré, un poil trop poli (ah! Cette obsession pour les productions léchées), bref, un des albums de l'année, pour les amateurs du genre. Mais cela n'empêchera pas le Rock de mourir à nouveau. Pour mieux renaître de ses cendres. L'apocalypse est pour demain, et après-demain, et ainsi de suite... Et c'est très bien comme ça. Bon, allez, c'est pas tout ça, moi, je retourne dans ma cave.

Arcade Fire

Neon Bible

Écrit par

Le nouvel album d’Arcade Fire est enfin paru. Et il est très bon, excellent même. Mais pas toujours accessible. Six à sept écoutes ont d’ailleurs été nécessaires pour pouvoir enfin m’en imprégner. Première constatation, si « Funeral » traduisait une douleur toute personnelle (le décès de proches), « Neon bible » aborde des thèmes beaucoup plus universels. Quoique engagés. Et sur un ton empreint de colère, d’amertume ou d’emphase. Prenant pour cible le gouvernement, les religions, le pouvoir militaire et même l’industrie du divertissement. Vous me direz, ce n’est pas neuf. Mais c’est quand même mieux de se pencher sur la situation de notre monde que de faire l’apologie du banditisme ou d’écrire des textes qui n’ont ni queue ni tête.

Une partie des sessions d’enregistrement se sont déroulées dans leur pays natal. A l’église St Jean-Baptiste de Montreal, très exactement. Ce qui leur a permis d’utiliser les grandes orgues. Tout d’abord sur « Intervention ». Enrichi de backing vocaux spectraux, cette plage me fait penser à des Go-Betweens qui auraient bénéficié d’arrangements ‘philspectoresques’. Exécutés par Owen Pallett (également impliqué dans le projet Final Fantasy) et Régine Chassagne, ces arrangements (principalement de cordes) sont, vous vous en doutez, somptueux. Ou solennels, selon. Le morceau final, ensuite, « My body is a cage ». Plus biblique, presque gothique, il est imprimé sur un tempo martial. La plupart des titres de cet opus baignent d’ailleurs, en permanence, au sein d’un climat mystique (construits en crescendo aussi). Littéralement balayée par des vocaux incantatoires, « Black mirror » en est probablement la plus belle illustration. Des vocaux toujours partagés entre le timbre gémissant, intense de Win Butler et le soprano de Régine. Pas la peine de vous faire un dessin. Personnellement, « (Antichrist television blues) » me semble le morceau le moins en phase avec cette œuvre. Trop inspiré de Bruce Springsteen, à mon goût. Par contre, la nouvelle version de « No cars go » (elle figurait sur le premier Ep éponyme) est une véritable perle. Contagieuse, hymnique, un peu plus uptempo, elle se conjugue dans un tourbillon majestueux de chœurs, de cordes et de cuivres. Des cuivres qu’on retrouve sur « Ocean of noise ». Guitare surf et ligne de basse empruntée à la samba s’ébranlent à la manière du ‘petit train rébus’ (signé Clyde Otiset/Brook Benton et interprété par Marc Taynor et son orchestre,  ce thème musical assez léger servira d’Interlude à la RTB, à partir de 1963), avant que le climat ne vire au mariachi, en fin de parcours. Et pour cause, les trompettistes de Calexico, Martin Wenk et Jacob Valenzuela sont de la partie. Puisqu’on en est au stade des invités, signalons encore la collaboration de Hadjii Bakara (Wolf Parade). Si le titre maître se révèle la chanson la plus confidentielle de la plaque (la subtilité de ces arrangements de cordes est un véritable régal !), deux fragments lorgnent manifestement vers la new (cold) wave. Tout d’abord l’hypnotique « Keep the car running ». Win y va tellement d’inflexions à la Ian Mc Culloch, qu’on se croirait revenu à l’époque de « Rescue » d’Echo & the Bunnymen. Et puis le curieux « The well and the lighthouse ». Paradoxalement allègre, il trahit de fortes réminiscences empruntées à Joy Division. Et dans le registre de mauvaise augure, l’envoûtant « Black wave » (une réflexion sur le Tsunami asiatique) implique une rythmique électro. Instrumentalement, Arcade Fire a mis le paquet : orgue d’église et de barbarie, cuivres et cordes (on en a parlé), accordéon, harpe, chœurs militaires, sans oublier la participation d’un orchestre issu d’Europe de l’Est, outre la panoplie à laquelle a recours habituellement le collectif. Pas la peine d’en rajouter une couche, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

 



Arcade Fire

Funeral

Écrit par
A l’instar de Blanche, Arcade Fire a vécu toute une série d’événements douloureux peu de temps avant d’enregistrer son premier album. Mais si la formation de Detroit a exorcisé ces épreuves à travers l’humour, A.F. cherche, nonobstant le titre de son premier album, à véhiculer avant tout un message d’espoir. Une formation qui nous vient de Montréal, au Québec. Un sextuor de multi-instrumentistes qui se partage guitares acoustiques et électriques, pianos, synthés, basse, drums, accordéon, orgue, xylophones, contrebasse, et percussions et que drive un couple (NDR : comme chez Blanche, il faut le rappeler) : Win Butler et Régine Chassagne. Qui se réserve également les parties vocales. S’il possède un timbre vocal rappelant tantôt David Byrne ou Ian Mc Culloch, celui de Régine me fait plutôt penser à Catherine Ringer des Rita Mitsouko. Quand ce n’est pas à Kate Bush. Mais en moins démonstratif. Pour enregistrer leur premier album, A.F. a fait appel à de nombreux musiciens de studio. Préposés aux cordes, pour la plupart. Sur certains titres, ils sont parfois quinze ! Ce qui donne parfois l’impression d’aller à la rencontre d’une pop orchestrale, dans l’esprit de Broken Social Scene. Mais si les orchestrations sont fouillées et les arrangements particulièrement soignés, les mélodies ne se noient jamais dans la solution sonore. Elles se révèlent même très souvent contagieuses, parfois baroques et glamoureuses, voire allègres, comme si elles étaient nées d’un croisement improbable entre les Flaming Lips, les Sparks et Roxy Music.