OK Panda s’intéresse à la psychiatrie…

Après avoir publié un premier Ep intitulé "Perspectives", fin 2022, qui lui avait permis de fouler des salles comme le Cirque Royal, le Bota ou encore le Belvédère, le quintet bruxellois Ok Panda a sorti son second, "Chasing home", ce 20 février 2024. Dès la…

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Blonde Redhead

Une soirée haute en couleurs…

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Le concert de Blonde Redhead était très attendu. Pas étonnant qu’il affiche sold out. Le band ne s’était plus produit chez nous depuis un bon moment. Soit en 2018 dans le cadre du Rivienrenhof de Deurne, après 2014 et 2017 ; et chaque fois à l’Orangerie du Botanique et au festival de Dour. Son 10ème album, « Sit Down for Dinner », a également tardé avant de sortir, puisqu’il resté au stade de la composition depuis 5 (!) ans.

Ce dernier opus est plutôt introverti, inspiré de l’incertitude de l’année 2020, ainsi que des souvenirs d’enfance, vécus par Kazu Makino, multi-instrumentiste et chanteuse du groupe. On aurait donc pu traditionnellement s’attendre à une première moitié de setlist faisant la part belle aux titres de ce dernier elpee, et en final de tubes plus noisy et envolés du band. Mais c’est mal connaître Blonde Redhead qui aime innover et nous surprendre.

Le set de Blonde Redhead débute donc par des anciennes compos jouées également lors des précédentes tournées ; et « Falling man » résonne toujours comme une intro lancinante. Elle est portée haute et forte par Amadeo Pace et soutenue à la batterie par son jumeau Simeone. Kazu reste plus en retrait (mais cette attitude va vite changer). Elle quitte ses claviers, pour s’emparer progressivement du micro et vient se déhancher, parfois lascivement, au milieu de la scène.

Le jeu de lumière est époustouflant pour une salle de petite taille comme l’Orangerie. Ce dégradé, principalement de bleu et mauve, a de quoi enchanter. La tenue sexy de Kazu (NDR : une mini-jupe à paillettes) est assortie au décor de fond (deux longues toiles ornées de motifs chatoyants et féériques). Celle des frères Pace est plus sobre. Ils sont vêtus d’un pantalon et d’une chemise de couleur blanche, assortie à leur chevelure, elle aussi identique pour les deux musiciens.

« Dr. Strangeluv », « Doll Is Mine » et « Elephant Woman » s’enchaînent à merveille ; et il faut attendre le cinquième titre pour entendre une partie du dernier opus. Le public est compact (NDR : lorsque l’Orangerie affiche complet, c’est toujours le cas) et les déplacements sont difficiles. Ainsi, aller se chercher une bière au bar relève du parcours du combattant. Ce qui explique en partie pourquoi la foule n’est pas (encore) survoltée. Pour assister à davantage d’enthousiasme dans l’audience, il faut attendre « Bipolar », placé dans le dernier tiers de set, et joué en primeur au Bota (même si le titre était sur la setlist des dates précédentes, il semble, selon les fans itinérants, qu’il n’avait pas encore été joué). « 23 » va aussi ravir la plupart des spectateurs, il est vrai plutôt quinquas et fans de la première heure.

En rappel, « Here somtimes » laisse tomber les guitares. Amadeo prend place aux claviers, la batterie se veut plus tribale, et Kazu étale sa voix qui n’a pas pris une ride (tout comme son physique d’ailleurs) malgré les 30 années de carrière. La soirée se termine en douceur par deux derniers titres fraichement sortis : « Not for me » et « Kiss her kiss her ». Le public applaudit chaleureusement. Et il faut d’ailleurs plusieurs minutes à la chanteuse asiatique pour le saluer et se décider à quitter la scène. Il faut dire qu’après 5 années d’absence en live, et une tournée qui touche à sa fin, elle doit savourer ces derniers moments.

Que dire, enfin, sur la première partie plus que décevante de Núria Graham ? Il y avait pourtant de quoi être enthousiaste après avoir écouté son dernier long playing, « Cyclamen », a cours duquel elle joue quelques titres, seule, au piano ou qui intègrent différents instruments en y incorporant des touches jazzy. Mais sur les planches, l’Irlando-italienne et un acolyte pseudo-musicien se contentent d’une vieille guitare (volontairement ?) mal accordée, d’un clavier minimaliste, d’une clarinette ou d’un sax trop discrets. Résultat : le set s’avère soporifique et les spectateurs le délaissent rapidement. Dommage, mais on consentira peut-être une seconde chance, une autre fois, à cette artiste, pour autant qu’elle change sa configuration de groupe.

(Organisation : Botanique)

Blonde Redhead

Masculin Feminin

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« Masculin Féminin », dernier essai de Blonde Redhead, n’est pas vraiment un nouvel album. En fait il s’agit d’un coffret qui compile des singles, des démos, des enregistrements radios ainsi que les deux premiers elpees du band new-yorkais, l’éponyme et « La Mila Violenta ». Parus respectivement en 1994 et 1995, ces deux long playings, parus sur Smells Like Records, le label de Steve Shelley (NDR : c’est le drummer de feu Sonic Youth), sont épuisés depuis belle lurette. 

A l’écoute de la plupart des morceaux, on comprend bien pourquoi le trio (à l’époque le line up était encore constitué d’un quatuor) a été comparé, pendant de longues années à Sonic Youth. La voix de Kazu Makino rappelle clairement celle de Kim Gordon. La guitare d’Amadeo Pace évoque les triturations noisy de Thurston Moore. Et enfin, ce rock ne perd jamais le sens de la mélodie. L’une des grandes qualités de Sonic Youth. La musique de Blonde Redhead est alors essentiellement noise/rock. Elle n’a pas encore été épurée. Et on n’y recèle pas encore de prédisposition pour la dream pop.

Ces rééditions enrichies d’inédits est donc une aubaine si vous souhaitez (re)découvrir les prémices de Blonde Redhead, un combo qui deviendra culte. En outre, a contrario de bon nombre de recueils de ce type, le son ne souffre de (quasiment) aucun raté…

 

Blonde Redhead

Bipolaire…

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La salle de l’Orangerie est pleine à craquer. Pas de doute, Blonde Redhead reste une valeur sûre et attire la foule. Une foule composée principalement de quadras. Des fans de Sonic Youth, entre autres. Faut dire que le groupe a débuté sur le label Smells Like de Steve Shelley. C’est d’ailleurs durant cette époque mémorable, en 1999, que votre serviteur les avait découverts. Et plus précisément au cours d’un festival montois. Sur le label 4AD le groupe a connu des fortunes diverses. Il a rencontré ainsi un franc succès lors de la sortie de « 23 », en 2007, alors que le bien trop insipide « Penny Sparkle », publié en 2010, a reçu un accueil plus que glacial auprès des aficionados ainsi que de la presse spécialisée.

A l’instar du light show, le show s’ouvre, en demi-teinte, par « Falling man ». Cependant, « Bipolar » (NDR : c’est un extrait de l’elpee « Fake can be just as good »), remet les pendules à l’heure. La prestation est pourtant bien bipolaire. Elle souffle donc le chaud et le froid. A plusieurs reprises, Kazu Makino semble sur une autre planète, et sa voix monte trop rapidement dans les aigus. A contrario, le timbre d’Amedeo Place est toujours aussi précis. Et son frère affiche encore cette même sérénité derrière ses fûts. Malheureusement, il faudra attendre la fin de parcours pour voir enfin le public –jusqu’alors passif– commencer à s’enflammer. Faut dire que le pétillant « Spring and by summer fall » y est pour quelque chose.

En rappel, Kazu se lâche enfin. Et tout particulièrement pendant le single « 23 ». Dans la foulée, elle s’adresse même à la foule : ‘We will play a new song you probably don’t know (NDR : « Give give ») but after we will still play another songs’.

A l’issue du spectacle, les puristes –et tout particulièrement les nostalgiques de la noisy issue des 90’s– estimaient que c’était mieux avant (NDR : dicton devenu tellement populaire !). Pourtant, le parcours de Blonde Redhead mérite le respect ; car la formation a toujours cherché à évoluer, à expérimenter, tout en conservant une même classe…

Set List :

Falling Man
Bipolar
Elephant Woman
Mind to Be Had
No More Honey
Where Your Mind Wants To Go
Three o' clock
Doll Is Mine
Dr. Strangeluv
Dripping
Spring and by Summer Fall

Rappel :

23
Give Give
Pink Love
Equus

Echo Beatty assurait le supporting act. Originaire d’Anvers (NDR : entre les titres, les musicos ne s’expriment que dans la langue de Vondel ou de Shakespeare), le trio a bonne presse au Nord du pays (NDR : De Morgen en fait une valeur montante). Pas étonnant que le public soit au rendez-vous et l’accueil, si chaleureux. Leur style est à la fois introverti et intriguant. La voix de la chanteuse évoque… Chelsea Wolfe. Une voix qui nous entraîne au cœur de paysages inattendus, se muant parfois en onomatopées. Annelies n’hésite pas à se saisir d’une gratte électrique ou d’une sèche pour extérioriser ses cris… A gauche de la scène, un bassiste/bidouilleur au look d’hipster injecte des sonorités électro ou plus pop/rock. Alors qu’au centre, le batteur semble bien concentré sur ses fûts, en imprimant un tempo soutenu aux compos. L’ensemble tient donc bien la route, même s’il est difficile de se forger un avis sur une prestation aussi courte (25 minutes).

(Organisation : Botanique)

 

 

Blonde Redhead

Un long dimanche qui pue…

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Après avoir passé ce long dimanche pluvieux à chercher une activité pour mes deux petites filles et été dissuadé par les nombreuses averses de toute activité extérieure, j'attendais de cette soirée qu'elle pimente enfin cette fin de week-end maussade.

Arrivé légèrement en retard pour la première partie, c'est, muni d'un gobelet king size de ma boisson jaune favorite, que je pénètre dans une Orangerie déjà bien remplie pour satisfaire ma curiosité et écouter Yuko. Malgré une certaine maîtrise technique et une bonne présence scénique, le groupe originaire de Gand n'est pas parvenu, malgré quelques titres, à captiver mon attention et à m'éloigner de ma passion pour la boisson houblonnée. Je m'en allai donc prendre l'air, histoire d'économiser ma concentration et mes tympans, en vue d'assister à la prestation du groupe phare de la soirée : Blonde Redhead.

Il y a quelques années déjà, « Misery is a butterfly » faisait partie de mes disques de chevet ; mais, relativement déçu par les opus qui ont suivi, je dois avouer que mon intérêt pour ce groupe s'est lentement effiloché. C'est cependant avec une certaine impatience que je m’apprête à les voir en live pour la première fois, regrettant toutefois de ne pas avoir eu l'occasion d'assister à leur concert lors de la sortie de mon album fétiche.

Attendus de pied ferme par une salle comble, les frères Pace et la chanteuse Kazu Maeakaimio entrent enfin en scène. Après un départ chaotique dû à des problèmes techniques, le groupe enchaîne, pour mon plus grand bonheur, par une excellente version de « Falling Man ». Les patterns rythmiques originaux et les arrangements subtils de guitare, basse et guitare baryton ne parviennent toutefois pas à me captiver out au long de ce show. Motif ? la setlist mélange anciennes compos et morceaux plus récents. Et puis, pas assez de rock ou d'énergie et trop de retenue à mon goût. Certes, les titres « Melody » et « Misery is a butterfly » constituent les meilleurs instants au cours desquels Kazu nous fait profiter de sa voix douce mais assurée.

Après une dizaine de titres, je succombe néanmoins à l'appel de la bière sans doute précipité par l'ennui qui grandissait en mon for intérieur.

Les fans inconditionnels du trio New Yorkais étaient certainement été plus emballés que votre serviteur, puisqu'ils ont réclamé un rappel, d’ailleurs  rapidement exécuté par un band assez distant.

Bref, malgré mes espoirs, Blonde Redhead n'a pas réussi à clore ce dimanche qui pue par une note excitante. Trop doux, trop propre ou trop ‘arty’, je n'arrive pas à en comprendre les raisons... 

(Organisation Botanique)

 

Blonde Redhead

Penny Sparkle

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Les trois têtes chercheuses de Blonde Redhead n’en finissent plus de nous étonner en innovant constamment album après album. Le groupe new-yorkais a fortement adouci le ton depuis la sortie du superbe « Misery Is a Butterfly ». Une métamorphose coïncidant avec leur signature chez 4AD. Définitivement oubliées les dissonances et expérimentations noisy de l’elpee éponyme ou de « La Mia Vita Violenta » ? Il semblerait que ce soit le cas, car le combo persiste et signe dans la même direction tout au long de cette nouvelle livraison qui devrait décevoir les fans de la première heure, mais probablement en conquérir bien d’autres…

Si Kazu Makino et les jumeaux Pace aiment se faire violence en enfonçant de nouvelles portes, ils nous préservent de toute brutalité en décidant de nous cajoler les oreilles. Encore plus doux, « Penny Sparkle » épouse cependant une forme plus électronique et vaporeuse, probablement inspirée par les mois les plus froids de l’hiver new-yorkais ou par leurs nouveaux producteurs suédois (Henrik von Sivers et Peder Mannerfelt du duo Van Rivers & The Subliminal Kid). Si les 10 chansons synthétiques –au tempo parfois trop plat– concoctées par Blonde Redhead s’avèrent souvent un peu lisses par rapport à leurs productions précédentes (les soporifiques « My Plants Are Dead » ou « Penny Sparkle »), certains titres hypnotiques sont de toute beauté comme le plus énergique « Not Getting There » ou le très mélodique « Everything is Wrong ». Et puis malgré quelques baisses de régime, il y a la voix en apesanteur, toujours aussi mystérieuse et délicieuse de Kazu. Qui paradoxalement prend toute son amplitude lors d’un magnifique duo échangé en compagnie d’Amedeo Pace, sur « Black Guitar ».

L’excitation n’est toutefois plus au rendez-vous à l’écoute de cette dream-pop aux réminiscences cold-wave, déjà entendue en mieux chez The XX ou Cocteau Twins. On se demande pourquoi de si nombreux groupes s’évertuent à lisser leur son au fil du temps. Dans le cas d’un groupe aussi aventureux et défricheur que Blonde Redhead, on ne peut s’empêcher de regretter ce choix…

 

Blonde Redhead

Atmosphère, atmosphère…

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Blonde Redhead revenait en Belgique, ce samedi dernier, à l’Ancienne Belgique, afin d’y présenter son nouvel opus –très réussi par ailleurs– « Penny Sparkle ». Après 20 années de parcours, une évidence s’impose : le trio cosmopolite n’a toujours pas vécu de baisse de régime et encore moins de panne d’inspiration, même si le ton se fait de plus en plus paisible et le feeling romantique… Moins expérimentale que par le passé, la musique de Kazu Makino et des jumeaux italiens, Simone et Amedeo Pace, s’est adoucie et revêt, depuis la confection du chef-d’œuvre « Misery is a Butterfly », de très heureux accents pop.

Ce soir, le public semble conquis d’avance bien qu’il ne soit pas très nombreux. L’ambiance est bon enfant et un climat paisible semble baigner la salle bruxelloise. A l’instar du décor planté sur la scène, aménagée en jardin japonais parsemé de parapluies dorés et de torches électriques. Kazu est affublée d’un masque blanc arborant de mystérieuses… moustaches félines ! L’influence de CoCorosie ? Dès les premières notes, on se rend compte que leur musique sera essentiellement atmosphérique. Faut dire aussi que la présence d’un quatrième musicien, un claviériste, accentue cette impression, tout en apportant davantage d’amplitude aux compos. Des titres comme « Here Sometimes » ou « Dr. Stangeluv » transportent l’audience au cœur d’un univers sonore voluptueux alors que les morceaux plus énergiques (« SW », par exemple), nous rappellent que Blonde Redhead était, à ses débuts, influencé par Sonic Youth. Amedeo et Kazu alternent au chant mais notre préférence va, bien entendu, à la voix suave de la petite Japonaise. Le clou du concert sera atteint lors du magnifique « Spring and by Summer », parfaitement exécuté. Un bémol, s’ils ont alternés les ambiances les plus calmes et les belles, mais trop rares, montées bruitistes, les New-yorkais se sont contentés de ne jouer quasiment que des plages issues de leurs deux derniers elpees.

Retour néanmoins réussi pour ce groupe aventureux et attachant, dont l’expression sonore originellement minimaliste, évolue de plus en plus vers une forme quasi-ambient…

(Voir aussi notre section photos)

Organisation AB, Bruxelles 

Blonde Redhead

23

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Qui ne connaît pas Blonde Redhead ? Qui n’a pas vécu sur terre ces 10 dernières années ? Que vous ayez accroché au groupe ou fredonné un de leurs airs, ce trio a dû passer à un moment ou à un autre par votre vie. Dans la négative, il est grand temps d’y remédier. Habitués aux mélodies puisées dans l’intimité, les New-yorkais ont décidé d’adopter un son plus ‘abordable’ par la communauté ‘tout public’. Passant du label Touch & Go Records (Butthole Surfers, Calexico, CocoRosie,…) à 4AD (Pixies, Beirut, TV On The Radio,…), ils y préservent leur talent. La guitare et la batterie des frères Pace subliment, comme à leur habitude, les cordes et la voix de Kazu Makino (toujours aussi charmante qu’à ses débuts). Amadeo Pace, la rejoint souvent afin d’exprimer, lui aussi, au travers d’une grille de micro, toute la douceur de son timbre suave. On est certes loin de l’époque de « In an Expression of the Inexpressible » –4ème opus du groupe– où l’évasion complète dominait l’atmosphère souvent étrange du groupe. Mais dès les premières notes de « 23 », on se sent en terrain connu. Le cachet n’a pas changé de couleur, les écritures ne se sont pas délavées, juste un peu transformées. On viendrait à regretter un tantinet l’envie d’expérience qui exaltait les précédents albums ; mais justement, après tant de recherches, tant de chemins parcourus n’ont-ils pas eu envie d’accrocher au mur un tableau plus accessible ? Ou peut-être est-ce là, à contrario des expériences musicales actuelles, un bond vers l’avenir. Les puristes seront peut-être un peu déçus, les autres certainement ravis. Un album bien à sa place, très juste et entraînant.

 

Blonde Redhead

Vole papillon, vole

Comme c'est étrange… Blonde Redhead, trio nerveux qu'on croyait coincé à la case noisy-rock, se voit pousser des ailes dans le dos et s'amuse à butiner sur les terres plus fertiles de la pop de chambre, le temps d'un nouvel album, l'épatant " Misery is a Butterfly ". Que s'est-il donc passé dans la tête de ces abonnés du riff tendu et du cri primal, alors que dehors s'agitent encore pas mal de jeunes détraqués, pour qui les Stooges et PIL semblent être l'issue de secours ?

" C'était quelque chose qu'on a toujours voulu faire ", s'exclame Kazu, cernée par la fatigue après d'incessantes interviews. " Un album avec de beaux arrangements, et plus de synthés ". On a beau chercher, on se demande en effet où sont passées les guitares, autrefois synonymes chez le groupe de colère et de rage. Le temps les aurait-il eues à l'usure ? " En fait elles sont là, mais elles sont bien cachées ! ", s'amuse la Japonaise. " Elles ressortent moins parce qu'elles sont davantage mixées aux autres instruments, surtout aux synthés ", confirme Amadeo, un des jumeaux, celui qui chante et qui joue de la… guitare, justement. Le synthé, donc, toute une histoire, qui nous rappelle parfois celle de Melody Nelson : " On adore Serge Gainsbourg ", répond d'ailleurs Amadeo, stoïque. Gainsbourg, Legrand, et même Bucharach, tant qu'on y est : pour la première fois, la musique de Blonde Redhead prend des allures de bande-son onirique d'un film couleur sépia, dont le scénario met en scène l'histoire d'un trio d'amis qui décide de changer de vie et d'apparence parce qu'il est dans l'impasse. 'Je t'aime moi non plus'? Sans doute, mais c'est encore ainsi qu'on les préfère : dans l'intimité de douces mélodies, au détour d'une pulsation érotique, à l'ombre d'un clavecin élégiaque, soupirant d'aise malgré leur passé tumultueux d'adolescents mal dans leur peau. Comme une chenille qui brise l'écorce brunâtre de sa chrysalide pour devenir papillon majestueux, Blonde Redhead a terminé sa mue, et vole maintenant haut dans la stratosphère, bien au-dessus de la mêlée. Comme l'explique si bien Kazu, de sa voix mutine, " Personne n'attend rien d'une chenille, mais beaucoup d'un papillon ".

On n'en attendait pas tant de Blonde Redhead, qui jusqu'ici ne nous avait jamais vraiment offert l'album parfait… D'autant que l'enregistrement de ce disque ne fut pas une sinécure : " Cela fait plus d'un an qu'on avait terminé l'album, mais on a eu pas mal de complications, explique Amadeo. D'abord notre producteur a perdu sa mère, ce qui fait qu'on a tout postposé, puis une fois de retour en studio, Kazu s'est cassée la mâchoire. Cerise sur le gâteau : on s'est fait éjecter de notre local de répétition, parce qu'à New York on n'aime pas trop avoir comme voisins des musiciens… ". Il en faut pourtant plus à Blonde Redhead pour se laisser abattre : au contraire tous ces tracas auront renforcé leur volonté de se renouveler et de tourner la page, d'où leur arrivée chez 4AD, label culte des Cocteau Twins et des Pixies. " Après tous ces problèmes, on avait vraiment envie de bouger, de prendre un nouveau départ. Au fond de nous, on ressentait un besoin de changement…", raconte Amadeo. "Changer de label, c'était pour nous une façon de changer d'air, de repartir à zéro. C'est comme quand tu ne te sens plus bien chez toi et que tu déménages, pas seulement pour changer de cadre de vie mais de vie tout court ".

Et il est vrai que la réputation vaporeuse du label anglais sied bien aux nouvelles aventures du trio new-yorkais, qui semble trouver ces ambiances surannées des plus confortables. Avec 'Misery is a Butterfly', Blonde Redhead vient d'accoucher d'un album splendide, chargé d'enivrantes émotions et de gracieuses mélodies. On dit souvent que les papillons ne vivent qu'un an, voire moins… Blonde Redhead devrait pourtant sans mal résister aux dommages du temps, grâce à ce disque hors modes, d'une beauté captivante.

Blonde Redhead

Misery is a butterfly

Écrit par
En l’an de grâce 2000, un chroniqueur laissa sur ce même site un humble avis à propos de « Melody of certain damaged lemons ». Il termina par cette phrase : « Finalement le plus surprenant devient le label... » (le respect du travail d’autrui oblige à replacer cette constatation visionnaire entre guillemets). Abordant l’année de ces 30 ans, ce même chroniqueur arbora son plus beau sourire en recevant ce nouvel album de Blonde Redhead. En constatant immédiatement...un nouveau label. Hum, hum. Quel nez ! Quelle pertinence! Bon, d’accord, de l’eau a coulé depuis 4 ans et cessons cette autosatisfaction déplacée. La vie n’a pas épargné notre trio new-yorkais mixte préféré. « Elephant woman » démarre la galette et déjà Kazu offre toute son humanité en couchant sa mésaventure équestre qui lui a valu quelques vertèbres en désordre. Le type d’événement qui vous bouscule un calendrier de carrière. On imagine également les soucis administratifs pour la naturalisation de frères Pace. Lorsque le groupe retourne en studio, l’ambiance doit être au soulagement. Et si un groupe n’est jamais aussi meilleur qu’après quelques ‘soucis’, nous en venons à remercier ce cheval. Car Blonde Redhead tient ici son propre miracle musical. A la première écoute, vous êtes séduits; à la deuxième vous êtes intrigués ; à la troisième, littéralement envoûtés. Pas de hasards ici. En décortiquant un tout petit peu, les raisons de cette réussite tiennent en peu de mots. D’abord : piano et corde; ensuite : mélodies. La texture musicale s’enrichit considérablement par l’apport de ces instruments utilisés pour chaque titre. Une technique qui donne des couleurs et ajoute une dimension mélancolique bluffante. Et de se mettre à rêver. Nous savions que Blonde Redhead aimait Gainsbourg. Voilà qu’ils lui piquent ses violons. « Misery is a buttefly » calque ces sections sur le génie français. Nous ne savions peut-être pas que Blonde Redhead aimait l’album « Kiss me kiss me kisse me » des Cure. « Anticipation » en est la preuve. Voilà qu’ils leur piquent ses synthés d’après minuit. Depuis leurs tout débuts, Blonde Redhead cherchait toujours une qualité de mélodies. Cet album vous fait chanter, pas fredonner. Etonnant, 4AD sort « Equus » en single, titre le plus rock de l’album, comme pour nous rassurer de la bonne santé du band. Las, placé en fin de disque, le titre aurait pu tout simplement être gommé de l’opus. Simple remarque en passant pour ceux qui s’en tiennent qu’à ce qu’ils peuvent entendre en radio. Récapitulons : groupe gainsbourgien de la scène cold wave contemporaine new-yorkaise, Blonde Redhead marque au fer rouge son retour parmi les esprits assoiffés de hype. Allez, je me lance : finalement le plus surprenant devient la taille des salles...

Blonde Redhead

Melody of certain damaged lemons

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De cet album, je préfère retenir " continuité d'une démarche artistique plutôt que ‘nouvelle direction musicale’. Longtemps Blonde Redhead a été taxé de Sonic Youth du pauvre, à mon humble avis, c'est un faux débat ! L'aspiration authentiquement pop est bien présente chez Blonde Redhead depuis leurs débuts, les déflagrations sonores chères au (plus tout jeune) gourou new-yorkais venant en quelque sorte parasiter ce caractère. L'affranchissement de cette étiquette permet ainsi à Kazu et aux frères Pace de déployer un spectre d'émotions soit banni, soit intellectualisé chez Thurston Moore et sa bande ; d'offrir calmement, en toute sérénité, un vécu. En amenant plus de chaleur, aussi bien dans ses propos que dans sa musique, Blonde Redhead brise ainsi le cocon noisy qui réduisait le trio à un rôle de faire-valoir. Au grand dam des fans de la première heure qui confondent parfois évolution et " traîtrise ", Blonde Redhead a grandi. Le groupe est maintenant prêt à assumer.

Finalement le plus surprenant devient le label...

 

Blonde Redhead

In an expression of the inexpressible

Kazu Makino est née au Japon. Elle joue de la guitare, compose et assure la plupart des parties vocales. Les frères jumeaux Simone et Amadeo Pace ont vu le jour en Italie. Le premier se réserve les drums et les claviers, le second tient également la guitare tout en collaborant au chant. Ils se sont rencontrés à New York et ont décidé, après avoir constaté qu’ils partageaient les mêmes affinités pour Sonic Youth, Slint, Ganger, Big Black et surtout DNA, de fonder un groupe. Choisissant pour nom Blonde Redhead, titre d’une chanson de ce même DNA, ensemble quintessentiel de la no wave. C’était en 1993. Depuis, la formation a déjà enregistré quatre albums. Son dernier " In an expression of the inexpressible ", constituant le plus accessible commis à ce jour. Co produit par John Goodmanson et Guy Picciotto (Fugazi), cette œuvre libère une tension musicale monochrome, née du flux et du reflux de l’instrumentation délicate et puissante. Alors que la conjugaison des guitares jacassantes, carillonnantes, tisse une riche tapisserie aurale chamarrée par la voix gémissante et organique de Kazu, les drums s’agitent dans un groove aride et syncopé. Excellent !

 

Blonde Redhead

Amour et simulation…

Blonde Redhead est un trio new-yorkais réunissant les frères jumeaux Amadeo (guitariste/chant) et Simone (batterie/chant) Pace, ainsi que Kazu Makino (chant/guitare rythmique). Fondée en 1993, la formation a longtemps été comparée à Sonic Youth, avant d’emprunter, progressivement, un style plus personnel. Ce sont les frangins qui se sont prêtés à l’exercice de l’interview, en particulier pour nous parler de leur dernier album en date, « Fake can be just as Good », un disque épanoui et enfin affranchi.

Amadeo : Quand nous écrivons ou jouons ensemble, nous explorons énormément d’idées consciemment et inconsciemment. A nous trois, dans Blonde Redhead, nous partageons une sorte de conscience commune qui ne se développe pas seulement quand nous nous produisons, aussi quand nous sortons ensemble que ce soit chez des amis, au cinéma ou au théâtre...

Blonde Redhead appartient-t-il à une scène musicale précise ou bien vous considérez-vous plutôt comme hors de tout mouvement ?

Simone : On se considère plutôt comme des indépendants. En tout cas par rapport à la scène de New-York. Nous nous sentons bien plus proches de ce qui se passe à Chicago, point de chute de notre label Touch and Go. Et plus à Washington DC.
A :
Nous entretenons une véritable relation d’amitié avec Fugazi (Guy Picciotto a notamment travaillé pour eux, lors de l’enregistrement d’un single). Il existe une sorte de communauté, on s'invite les uns les autres soit pour un repas, pour une fête ou pour simplement boire un verre. L’esprit est très différent de celui de NY, où les gens sont frileux, ont peur d'approfondir les rapports humains, comme s'ils craignaient toujours d'y perdre quelque chose.

De la Sicile A New York

La tension constamment présente dans votre musique reflète-t-elle cette difficulté de rencontrer les New-yorkais ou l'expression du choc que vous avez dû ressentir quand à 13 ans vous avez débarqué aux USA?

A : Le moins qu'on puisse dire est que New- York et la Sicile sont vraiment deux endroits différents ou vivent deux sociétés très distinctes. Au niveau des valeurs, il n'existe aucune similitude. Les Américains ne sont pas aussi chaleureux, la famille n'existe quasi plus aux USA, les parents ‘s'en foutent’ et laissent leurs enfants seuls. La chose est inimaginable en Italie.
S :
Plus généralement, les Européens manifestent plus d'excitation à vivre, ils n'ont pas peur d'exprimer leurs sentiments, leurs émotions... Mais on ne peut contester l'énorme sentiment de liberté qu'on respire aux States, dès qu'on y débarque. C'est pourquoi, entre autres, que Kazu (elle nous le confirmera plus tard dans la journée), qui est arrivée aux States il y a 9 ans, s'y sent tellement bien. Elle aspirait à cette liberté après avoir souffert du sexisme japonais. Aux States, elle se sent l'égale à tous, acceptée par tous. Au Japon, la société est déjà très dure pour les femmes en général, alors pour celles qui tentent de jouer du punk rock, c'est presque invivable!

De qui est la phrase reprise dans le livret du CD : ‘I love exactly everyone the same amount’ ?

A : Elle est de Vern, le bassiste d’Unwound, qui a enregistré l'album avec nous. Il est très modeste et très honnête. Si on y réfléchit, on peut voir cette phrase comme très positive mais le contraire est vrai également, puisqu'il est impossible d'aimer exactement tout le monde de la même manière, à moins justement de simuler (‘fake’).
S :
Grandir, c'est un peu ça, c'est apprendre à faire semblant, à simuler. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce sont les enfants qui sont les plus honnêtes. Pour en revenir au titre « Fake can be just as Good », c’est un extrait du morceau « Bipolar », écrit par Kazu. Elle y exprime la sensation que si on aime réellement un être, on peut accepter que celui-ci puisse seulement faire semblant en retour.
A :
Dans un certain sens, nous aussi sommes occupés de simuler aux Etats-Unis, car nous n’appartenons pas réellement à la société US. Nous ne sommes pas des Américains dans l'âme. C'est comme si nous commencions à jouer du jazz. Nous aimons beaucoup ce style, mais nous ne pourrions jamais que faire semblant d'en jouer. Notre musique, ce n'est pas du jazz, c'est du punk rock.

Deux titres de l'album, « Pier Paolo » et « Futurism vs Passeism » se réfèrent à deux grands noms de la culture italienne du XXème siècle.

A : Nous avons lu les livres de Marinetti (auteur du manifeste pour une littérature futuriste en 1909). Il y a de bonnes idées. En ce qui concerne Pasolini, nous avons vu presque tous ses films. C'est quelqu'un que nous respectons. Sa démarche est honnête, très réaliste aussi ; c'est un professeur pour nous.
S :
Son génie réside dans la manière de concilier les extrêmes : l'amour et la haine, la beauté et la laideur, le silence et le son... Nous aussi, nous essayons de définir les extrêmes, en passant du bruit à la mélodie, de la mélodie au bruit.

(Article paru dans le n°57 du magazine Mofo d’octobre 1997)