La formation canadienne Dead Ghosts effectuait un petit crochet par la Belgique, jeudi dernier. L'occasion d'aller écouter en live un des très bons groupes de garage du moment. Interprétant intégralement leur deuxième album, l'excellent « Can't Get No », elle nous a replongé dans les atmosphères des sixties pendant une bonne heure pour notre plus grand plaisir.
Une trentaine de fidèles des concerts JauneOrange, ne connaissant pour la plupart pas le groupe de Vancouver, ont fait le déplacement. Ils ne le regretteront pas.
La soirée débute par un set des Bruxellois de Mountain Bike, un ensemble fondé récemment par des membres de Warm Toy Machine et Thee Marvin Gays. Une très bonne surprise ! D'abord parce que peu de combos belges proposent du garage ; ensuite, parce qu'on assiste rarement à des premières parties de cette qualité. La section rythmique assure méchamment, les compos sont efficaces, garage 60's bien-sûr, mais tout en se référant généreusement à l'indie-rock des années 90. Et si le chant paraît moins assuré que les guitares, en écoutant leur démo, on en conclut qu’il ne faudra pas très longtemps avant que cette voix atteigne, en ‘live’, le niveau des instruments, tant elle est agréable sur bande. Ty Segall et la scène de San Francisco ont des petits cousins au pays des moules et c'est tant mieux.
Arrive alors les Dead Ghosts, un peu timides au début devant cette salle à moitié vide. Mais habitués aux bars nord-américains, ils se détendent peu à peu. Surtout au fur et à mesure que l'assistance quitte le zinc, attirée par l'adrénaline qui se libère de la scène. On ferme les yeux et on se retrouve en 1963, au début du phénomène garage quand des adolescents américains, influencés par les groupes anglais émergents osaient se lancer dan un rock'n'roll crasseux à l'énergie débordante. Plus encore que sur le disque, on déduit que le titre de l’elpee n’est pas le seul à évoquer les early-Stones. Mais ce n'est bien-entendu pas la seule référence qui nous vient à l'esprit. On pense aux débuts des Beatles pour la qualité des mélodies, à des Shadows poisseux, aux premiers titres des Clash (la rythmique du batteur, sorte d'Animal des Muppets, tant il s'agite dans tous les sens) et à des formations plus psychédéliques (la guitare fuzz règne fatalement en maître de cérémonie). Les ‘tubes’ de l'album s'enchaînent. "Cold Stare" ouvre les hostilités tout en mélodie puis c'est l'avalanche de décibels déclenchée par "Can't Get No", "Summer with Phil" ou "I Want you Back", sans oublier la pièce maîtresse de "Can't Get No" à mon sens "Roky Said", hommage non voilé à Rocky Erickson, le leader des mythiques 13th Floor Elevators. Et pour l'anecdote, on est heureux de voir le bassiste arborer un magnifique t-shirt Sarah Records. Est-ce la raison pour laquelle, on entend dans certaines de ses notes des réminiscences de la légendaire structure anglaise? Après tout, Dead Ghosts, c'est autant pop que rock, la pop des débuts, la vraie, pas la soupe actuelle.
Jetez vous sur l'album si cet article vous a alléchés. Enregistré comme les pionniers sur un 8 pistes et par conséquent faisant fi de tout ordinateur, il nous ramène aux racines du rock ; de quoi nous ravir de retrouver un son brut, non trafiqué, plein d'humilité et de ferveur comme le sont les Dead Ghosts.
(Organisation l’Escalier)