Malgré un prix d’entée raisonnable (29€), l’Ancienne Belgique est loin d’être comble ce soir. Elle a d’ailleurs été configurée en Box/Ballroom. Pourtant P.I.L. est un rares groupes-phare qui soit parvenu à naviguer entre punk (NDR : logique, puisque Johnny Rotten est dans la place), post-punk (la ligne de basse tracée par Jah Wobble n’a pas totalement disparue, même s’il ne figure plus dans le line up) et disco (pour l’aspect dansant).
Un bref historique, d’abord ! Après avoir sévi chez les Sex Pistols, comme chanteur, le turbulent John Lydon, surnommé ‘Rotten’, fonde P.I.L., en 1978. Ou si vous préférez Public Image Limited. Les débuts sont prolifiques, puisque la formation publie trois albums en quatre ans, soit l’année de sa fondation, « First Issue », « Metal Box » (NDR : considéré comme le meilleur par la critique, il constitue une référence pour tout bassiste, à cause de cette ligne dub reggae), en 1979, et « Flowers of romance », en 1981. Mais en 1984, juste avant d’enregistrer « This Is What You Want... This Is What You Get », Jah Wobble est remplacé par Keith Levene. Ce dernier n’y fera d’ailleurs pas long feu. Entre 86 et 92, le combo grave encore quatre opus d’honnête facture, sans plus. D’ailleurs, il va prendre une longue pause entre 1992 à 2009. Une période au cours de laquelle, Lydon va amorcer une brève carrière solo, avant de reformer les Pistols, pour sans doute renflouer sa situation financière. Puis, P.I.L. se reforme et part en tournée, se produisant notamment, en Belgique, dans le cadre du Rock Zottegem en 2010 et, déjà, à l’AB, en 2011.
Le décor est sobre. En fond de podium, une toile représentant un mur de briques, sur lequel figure le logo de la formation, est tendue. « Warrior » est un titre destiné à faire danser l’auditoire ; mais il reste impassible. John éprouve des difficultés à trouver sa voix (NDR : voie ?). En outre, il semble avoir perdu une partie de sa mémoire, puisqu’il doit s’aider de copions, disposés sur un chevalet, pour restituer les paroles de ses chansons. Il les quittera d’ailleurs, rarement des yeux. Vêtu d’une chemise à carreaux et chaussé de lunettes, on dirait qu’il sort de l’hospice. Le début de set est manifestement laborieux. Avant d’attaquer le quatrième morceau, « The one », John empoigne une grande bouteille de bourbon, boit au goulot, et recrache une partie du liquide. Le show démarrerait-il enfin ? « Death disco » semble confirmer cette impression. Une version ‘extended’ au cours de laquelle, la ligne de basse, le drumming tribal, les riffs de gratte saccadés et la voix spasmodique de Lydon font bon ménage au sein d’un climat carrément disco…
Evidemment, c’est lors du méga tube « This is not a love song » que le public sera le plus réactif. D’ailleurs, de timides pogos (NDR : les spectateurs ne sont plus tout jeunes, non plus) se déclenchent. Et tout au long de « Rise ». Ce qui provoque l’intervention d’un garde du corps particulier du band qui doit calmer un gars un peu trop agité, dans la fosse. Dommage d’ailleurs qu’il faille attendre ces tubes pour que celle-ci décide enfin de se remuer.
Le groupe va quand même accorder un bref rappel, en délivrant l’inévitable « Public Image Limited », et pour clore la prestation, « Open up/shoom », dont les lyrics se bornent à une succession d’injures, rappelant un certain passé punk (NDR : ou la hype plus contemporaine des Sleaford Mods). A la demande de Johnny, la foule est invitée à scander en chœur, des ‘fuck off’. Au bout d’une heure trente, après la présentation des musicos, le spectacle s’achève…
Si la discographie de P.I.L. est toujours aussi incontournable, FACE au public, il fait vraiment pâle figure…
Set list : Warrior, Memories, The Body, The One, Corporate, The Room I Am In, Death Disco, Cruel, I’m Not Satisfied, Flowers of Romance, Fishing, This Is Not a Love Song,Rise
Rappel : Public Image, Open Up, Shoom
Pour les photos, c’est ici
(Org: Greenhouse Talent)