A première écoute, on a l’impression que cette musique navigue quelque part entre The Fall, Birthday Party, Pere Ubu et le Jon Spencer Blues Explosion. Faut dire qu’en regardant de plus près le line up du projet et la liste des invités qui y participent, on comprend mieux pourquoi. Au sein de cette formation milite ainsi une fameuse brochette de musiciens qui devrait vous donner une petite idée du style proposé tout au long de cet opus éponyme : Ron Ward (Speedball Baby), Norman Westberg (Swans), George Porfiris (Heroine Sheiks), Bob Bert (Chrome Cranks, Knoxville Girls, Pussy Galore, Sonic Youth) et le clarinettiste Patrick Holmes. Et parmi les guests, on retrouve James Chance (Contortions), Matt Verta-Ray (Speedball Baby, Heavy Trash), Jon Spencer (Pussy Galore, Blues Explosion, Honeymoon Killers, Heavy Trash), Jack Martin (Knoxville Girls) et Christina Martinez (Boss Hog, Honeymoon Killers). Si le chant de Ron Ward est aussi déclamatoire que celui de Mark E. Smith, la musique évolue dans une sorte de blues urbain âpre, rampant, extrême, imbibé de no wave. Parfois r’n’b plutôt que blues. A l’instar de l’obsessionnel « Mao Tse tongue » et surtout de « Conway twitty’s bag », sorte de pastiche de James Brown poussé au bord de l’apocalypse. Funk, quand même, pour agiter le convulsif « Ghost of Bob Ross ». Et si les compos reposent essentiellement sur l’instrumentation basique, le clavier vintage et la clarinette distordue viennent régulièrement ajouter leur grain de folie à l’ensemble. Un peu de theremin quand même (NDR : avec les compliments de Jon Spencer !) sur « Cunty Lou ». Imprimé sur un tempo frénétique, on a même l’impression de ressentir, tout au long de cette plage, le souffle d’un train express. Maintenant, il faut reconnaître que ce type d’opus n’est pas à mettre entre toutes les oreilles…