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TORRES perdue dans une salle immense…

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Godspeed You ! Black Emperor

Lift your fists like antennas to heaven !

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Groupe atypique par excellence, GY!BE pousse le souci de l'effacement et de l'outrance à son extrême. Dans le packaging tout d'abord : double cd de 2 plages chacun (+/- 90 minutes au total). Dans le nom du groupe ensuite, uniquement imprimé en tout petit dans le livret. Dans les illustrations lugubres et morbides aussi ; des illustrations chargées d'ironie, de résignation, mais aussi paradoxalement de salut. Dans la musique enfin. Articulé donc en deux parties, " Lift… " nous entraîne dans un long voyage muet, envoûtant, hanté, transpercé de dialogues volés et désincarnés, au travers de longues étendues sèches de toute vie. Musique mélancolique sous laquelle gronde une furie, un besoin de s'élever, de repousser un certain fatalisme. Musique d'abandon aussi. Car il faut accorder à GY!BE (guitares, basses, batteries, violon et violoncelle) une confiance aveugle pour accepter d'aller là où ils nous emmènent. Pas bien loin d'une perdition tout compte fait. On rapprochera volontiers GY!BE de Mogwai et de toute une série d'autres artistes du label Kranky, mais uniquement pour ne pas tomber dans la critique purement abstraite. Au delà de ces similitudes, il faut surtout retenir que GY!BE ! compose une musique entière, dans le sens impossible à fragmenter. D'ailleurs l'écoute d'une traite de ce double cd est hautement recommandée. Et d'être surpris d'entendre d'une manière ou d'une autre des moments de sa propre vie racontés en musique.

 

Godspeed You ! Black Emperor

Bienvenue dans la quatrième dimension...

Tourcoing, c'est un peu la zone, genre bourgade désertique recouverte d'une grosse couche de grisaille. N'empêche, c'est là qu'on trouve une des salles de concerts les plus actives du Nord de la France : le Grand Mix. En quelques mois, Interpol, Jimi Tenor, TTC, Kid Koala, Eighties Matchbox B-Line Disaster et bien d'autres s'y sont succédés ; comme quoi dans la maison, l'éclectisme est de rigueur… La salle, peu profonde mais accueillante, rappelle l'Orangerie du Botanique, avec un chouette bar à l'arrière.

Ce soir, cette ambiance tamisée se révélera parfaite pour les invités du jour, les Canadiens de Godspeed You ! Black Emperor, tellement rares sur scène qu'il fallait jouer des coudes pour commander une bière et profiter du spectacle. Et quel spectacle : toujours aussi impressionnant et cyclothymique, GY!BE aura de nouveau confirmé avec classe de quel post-rock il se chauffe. Ses notes incandescentes (violons, guitares, batterie, percussions, samplers,…) tombent comme des couperets dans nos tympans tétanisés, affolent notre pouls, assèchent notre gorge : ça monte, ça monte, jusqu'à l'explosion, de tous nos sens. Fébrile, le public en redemande : on se croirait à la messe, les Canadiens distribuant leurs hosties bruitistes à leurs fidèles en transe. Derrière la console de mixage, un gros barbu haut perché balance des images crypto-anarchistes : Bush s'en prend plein la gueule. Mais sur scène, pas un mot : c'est à peine si on voit les musiciens, concentrés sur leur instrument, noyés dans leur musique exponentielle (du rock X du jazz X de la musique contemporaine X de l'électro = ?). Quant aux morceaux joués, que dire… Ces Canadiens étant des adeptes de l'impro, difficile d'énumérer les titres joués : s'agissant davantage d'une suite de déflagrations et d'accalmies sans début ni fin (ou presque), on évitera toute précision… Après deux bonnes heures de furie sonique, retour à la vie normale : voilà le genre de concert qui vous arrache vraiment au quotidien, surtout quand c'est à Tourcoing que ça se passe… Mais où sont les habitants ? En sortant du Grand Mix, pas un chat : peut-être sommes-nous coincés dans un espace-temps surnaturel, peut-être que la musique de GY!BE nous a ouvert une brèche vers une quatrième dimension qui fout un peu les boules. Coincés dans cette ville, on se croirait dans " L'invasion des Profanateurs de Sépulture ". Aargh !

Godspeed You ! Black Emperor

La quadrature du post rock…

Écrit par

Faudra quand même qu’on m’explique pourquoi un concours permettant de gagner 2 x 2 entrées pour un concert presque sold out, n’enregistre aucun participant, alors qu’il est référencé en première page sur le moteur de recherche Google. Et à la 6ème place ! Bien sûr, il n’y a eu que 5 jours de délai pour que les internautes puissent tenter de décrocher ces sésames ; mais de là à qu’aucun d’entre eux ne se manifeste, alors qu’il arrive fréquemment que Musiczine enregistre plus de 500 participants, on a le droit de se poser des questions. D’autant plus que le concert prévu au Botanique, était déjà comble depuis quelques semaines.

Bref, venons-en au spectacle de ce jeudi soir. L’Aéronef est donc bondé pour accueillir Godspeed You ! Black Emperor, une référence majeure dans l’univers du post rock. La formation canadienne est repartie en tournée, pour défendre son dernier album paru fin mars, « Asunder, Sweet and Other Distress ». Perso, ce style de musique n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais une telle opportunité se reproduit rarement deux fois.

Carla Bozulich assure le supporting act. Ex-Geraldine Fibbers et Scarnella, elle milite toujours chez Evangelista ; mais elle mène également, en parallèle, une carrière solo. Lorsqu’elle monte sur les planches, elle est armée de sa guitare électrique et est uniquement soutenue par un second gratteur, qui se charge également des bidouillages électroniques et des samples. La musique est aride, gothique, expérimentale, et la voix de Carla, puissante mais bien timbrée. Un peu dans le registre de Patti Smith. Elle est même parfois déclamatoire. Et en fin de parcours, elle va même interpréter un chant traditionnel celtique, a cappella. Au milieu du set, qui durera quand même 40 minutes, deux membres de Godspeed, aux drums et à la basse, viennent renforcer le duo et surtout donner de la percussion au titre proposé. Cette fille a un énorme potentiel ; mais vu la forme expérimentale de sa musique, je crains fort qu’elle ne végète encore longtemps dans la zone crépusculaire de l’underground…

Dès la fin du concert, Carla et quelques roadies démontent leur matos, alors que les musicos de GY !BE viennent réaliser leur soundcheck à tour de rôle.

A 9h30, les lumières s’éteignent. Il ne reste que 6 spots rouges blafards qui vont éclairer tout le spectacle. Autrement dit, les photographes vont morfler ! Un long drone de 10 minutes se répand dans l’atmosphère. Passé cette intro, les musiciens viennent prendre place. Un peu comme s’ils formaient un cercle. En chercheraient-ils la quadrature ? Ou tout simplement à y concentrer l’esprit du post rock ? Les trois guitaristes sont assis. Deux à gauche et un à l’avant-plan, à l’extrême droite. Mais tous semblent observer une machine insolite placée au milieu de l’estrade. Un des drummers est presque caché derrière des amplis et des baffles. Enfin, de l’endroit où je me trouve alors. L’autre, par les deux bassistes (l’un des deux joue également de la contrebasse ou du violoncelle sur ce qui doit sans doute être une double basse), qui se produisent devant lui. Il reste la violoniste, Sophie Trudeau, placée à la droite de la scène, et manifestement c’est elle qui remue le plus sur les planches (NDR : difficile de ne pas bouger les bras, quand on doit se servir d’un archet !) Des images sont projetées sur l’écran, en arrière-plan, sur lequel revient régulièrement le mot « Hope », c’est le titre de la compo. Des compositions très longues, orchestrales (NDR : normal, il n’y a pas de chanteur !), construites, pour la plupart, sur le même schéma. C’est-à-dire en crescendo, permettant à l’un ou l’autre instrument d’apporter de la variation, surtout le violon, dont les sonorités oscillent entre les plus feutrées et les plus frénétiques, avant que l’ensemble n’atteigne une intensité épique, mais ténébreuse, puis de retomber progressivement vers un climat plus paisible. Une intensité qui prend même une forme orientaliste sur « Mladic », un peu dans l’esprit du Led Zeppelin (pensez à « Kashmir »). Le plus souvent en noir et blanc, les images qui défilent nous proposent, tour à tour, des paysages hivernaux, des dossiers manuscrits ou tapés à l’aide d’une vieille machine à écrire, épinglant une photographie, des images tournées depuis un train qui circule et passe en dessous d’un tunnel, ces dernières dédoublées mais enregistrées à des moment différents… mais quand même quelques fleurs… surprise elles sont en couleur. Ces projections véhiculent toutes des messages sociopolitiques spécifiques et engagés. Il ne faut pas oublier que les membres du collectif sont ouvertement anticapitalistes et son leader, Efrim Menuck, a participé aux manifestations du printemps érable. Hormis la violoniste et dans une mesure toute relative, le contrebassiste/violoncelliste, sans doute les moins statiques, tous les autres membres se concentrent sur leur instrument. Pas de show, rien que de la musique. Au bout de près de deux heures, un nouveau drone, clôt le concert, moment choisi par les musicos de Godspeed You ! Black Emperor de quitter le podium, l’un après l’autre, après avoir fait un petit signe de la main, pour prendre congé de l’auditoire. A cet instant, votre serviteur est placé près de la table de mixage dont les curseurs montent encore à 105 db. Pas étonnant que le lendemain, mes portugaises étaient encore ensablées…

(Organisation Aéronef)   

Setlist

1. Hope Drone
2. Rockets Fall on Rocket Falls
3. Mladic
4. Moya
5. ?
6. Peasantry or 'Light! Inside of Light!
7. Lambs' Breath
8. Asunder, Sweet
9. Piss Crowns Are Trebled 

 

Godspeed You ! Black Emperor

L’atelier du chaos !

Écrit par

Après un hiatus de dix ans, le mythique collectif montréalais est de retour. Il vient de publier un album qui retrouve la furie de sa performance scénique : « Allelujah ! Don’t  Bend ! Ascend ! ». Godspeed You ! Black Emperor –titre d’un documentaire japonais des années 50 sur des bikers nippons– parvient enfin à s’y réconcilier avec son public. Un vide sonique attendu par les fans transis du plus grand groupe de post-rock du monde en manque de nouvelles discographiques depuis le controversé « Yanki U.X.O » (produit en 2002 par Steve Albini). Un cinq titres qui avait d’ailleurs divisé les puristes par son caractère jugé trop conventionnel (son trop travaillé, structure plus classique…), bref excessivement produit ! Un simple regard jeté sur le titre de ce cinquième opus, ‘Alléluia ! Ne ployez pas ! Soulevez-vous !’, suffit à nous en convaincre : le combo canadien n’a rien perdu de sa rage, de son mordant politique et de son radicalisme artistique. Un engagement furieux mais tacite, inexprimé –pendant et entre les morceaux– qui s’incruste, se sculpte, s’inscrit avec force dans les titres, les images et les atmosphères étourdissantes du son des instruments. Plus qu’un groupe, GY!BE est une œuvre d’art.

Après un interminable silence ponctué simplement de quelques prestations scéniques restées timidement dans les tympans en 2010, il va sans dire que l’octet canadien était attendu sous les feux de la critique d’un public exigeant pour nous livrer quelques fragments de son cinquième opus (sans compter « Slow Riot for New Zero Kanada ») sur les planches du Cirque Royal de Bruxelles.

Silence on tourne ! C’est dans un décor minimaliste peuplé d’une armée d’instruments (deux batteries, trois guitares, deux basses, un violoncelle et un violon), une scène  plongée dans le noir, illuminée de faibles lumières rouges et surplombée d’un écran géant que les huit musiciens de Montréal prennent place. Sans un mot. Pas de bonjour, pas de merci. Pas une syllabe prononcée durant tout le concert. Inexpressivité absolue s’ouvrant une voie de silence vers le sublime de l’inhumain au-delà des paroles. Ici, les musiciens quasi inexpressifs s’effacent singulièrement pour que seuls transparaissent et parlent les instruments dans un espace unique consacré à l’art brut et abstrait. Bientôt, le voyage sonore et visuel plonge la salle dans un silence fasciné et hypnotique. Tandis que les artistes se taisent, se murent dans un mutisme têtu et infrangible, les instruments grondent, les images vomissent. La photographie et la musique se mêlent et s’entrecroisent dans un parfait crescendo, parfois avec douceur, parfois avec colère, elles subliment l’espace et arrêtent le temps. Une greffe  littéralement chirurgicale entre les deux nous assomme d’une symphonie des temps modernes où les guitares et les cordes se répondent dans le tumulte des révolutions arabes et de l’érable. Les foudres, mises en image et en son, s’abattent sur un système capitaliste dévastateur. Tandis que l’écran affiche ‘HOPE’ en lettres tremblantes, les guitares grognent puis se renforcent du violon alarmiste de Sophie Trudeau. L’âme même s’asphyxie face à ce paysage dévasté et post-apocalyptique. La synchronisation entre image et musique est magistrale et frôle le sublime qui s’ouvre sur le chaos.

Un nihilisme cinématographique qui garde un degré d’abstraction suffisant pour que chacun puisse créer sa propre imagerie mentale. Les lettres imprimées (‘HOPE’, ‘HIV’, …) Les images défilent (maisons délabrées, visages de prisonniers, rouages de mécanisme, images de dossiers classés, terrains vagues, lieux désaffectés, usines en flamme…) en parfaite symbiose avec la musique, laissant filtrer pourtant sans ambiguïté l’idéologie anticapitaliste des huit artistes canadiens.

Deux heures de spectacle pour cette œuvre dont les fondations alternent une succession de crescendos et de plages plus calmes qui, parfois –faut-il l’avouer ?– pourtant concentrés en cinq morceaux (!) tirent en longueur.

Rétif à toute règle, GYBE ! termine son spectacle, non pas par de nouveaux morceaux, évitant ainsi toute promotion, mais par de vieux succès revisités. Ainsi, « Behemoth » (chanson jamais sortie sur album) hausse le ton pour une claque musicale de trois-quarts d’heure. Une épopée qui tarde à laisser place aux 23 minutes de « The Sad Mafioso », compo figurant sur le deuxième elpee, « fa∞ », publié en 1997. D’une mélancolie obsédante, ce titre libérerait le groupe de ses angoisses politiques vécues à cette époque. Il est illustré par une vidéo qui affiche les chiffres de la bourse en rouge sang et des manifestants au pas. Le message final semble désormais clair.

Godspeed You ! Black Emperor, un groupe qui ne laisse pas indifférent et conduit vers des destinations atypiques sans retour.

(Organisation Botanique)