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Les décibels de Chatte Royal…

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dimanche, 02 août 2015 01:00

Lokerse Feesten 2015 : dimanche 2 août

Cette troisième journée des Lokerse Feesten est très particulière, puisqu’elle se focalise sur le métal. Sont programmés ce dimanche 6 groupes du style : Skindred, Epica, Channel Zero, Black Label Society, Rob Zombie et Soulfly. Le début des hostilités est prévu pour 16h15. Pourtant, malgré l’heure précoce, le Groote Kaai est déjà bien peuplé…

Et Skindred respecte le timing. Un quintet réunissant le chanteur Benji Webbe (coiffé de dreadlocks, il a noué un drapeau anglais sur son pied de micro), le gratteur Mikey Demus (il porte une longue barbe, digne de Billy Gibbons, le guitariste de ZZ Top), le bassiste Dan Pugsley, le drummer Arya Goggin et enfin Dan Sturgess derrière les platines. La formation compte déjà 5 albums à son actif : « Babylon » en 2002, « Rooots Rock Riot » en 2007, « Shark Bites And Dog Fights » en 2009, « Union Black » en 2011 et « Kill The Power » en 2014. Le métal de Skindred est teinté de ragga et de reggae. Mais également de punk. A cause de la rythmique et des riffs qui découpent les différents morceaux.

« The Imperial March » de John Williams (Stars War) ouvre le bal. Une brève cover qui met la barre très haute dès le début du set. Benji salue le public et demande de se bouger les mains et surtout le cul. Ainsi, dès « Kill The Power », un morceau sculpté dans l’électro-indus et le dubstep, les menottes et les popotins remuent allègrement. Détonnant, le cocktail ravit l’auditoire. Il n’y pas encore cinq minutes d’écoulées que la foule est déjà en effervescence. Et elle jumpe tout au long de « Domm riff », un extrait de « Union Black ». Faut dire que de nombreux Français ont débarqué ; et très accros au genre, ils participent activement à faire monter l’ambiance.

« Jump Around » est une cover de House Of Pain, déjà adaptée par Snoop Dogg. Le Dj cherche à faire monter la pression. Mais Benji n’et pas satisfait, l’interrompt et lui demande de recommencer. Une bonne idée, car la version va prendre une toute autre dimension. Le son est puissant. La basse ronfle, un peu comme chez Korn. Le guitariste et le bassiste se relaient dans leurs déplacements, pour ne pas faire retomber l’ambiance. L’auditoire est davantage réceptif à droite de l’estrade. Benji l’a remarqué. Endiablé, le set aligne quelques classiques, dont « Rat Race », « Ninja » et « Nobody ». Et réserve une reprise d’enfer du « Breathe » de The Prodigy. Benji se paie une tranche de bon sang en compagnie des spectateurs aux premiers rangs. Et le show de s’achever par « Warning ». Franchement, Skindred aurait mérité de se produire en soirée… Il s’agit de son premier spectacle en Belgique, et à mon avis, ce ne sera pas le dernier. Mais 30 minutes, c'est un peu court...

Responsable d’un rock métallique symphonique et mélodieux, Epica est actuellement en tournée, un périple baptisé ‘The European Enigma Tour’. Et il transite par les Lokerse Feesten. Le line up implique quatre mecs chevelus (NDR : les deux gratteurs, le drummer et le bassiste), un claviériste (NDR : il n’a plus un poil sur le caillou) et une chanteuse, en l’occurrence Simone Simons. Rousse, énigmatique, c’est une soprano. Malheureusement, la puissance du son couvre sa voix. Tout comme celles, plus rauques, des backing vocaux qui la relaient. Ce qui rend leur prestation peu convaincante…  

Place ensuite à Channel Zero. Des vétérans considérés comme un des meilleurs combos ‘live’ en Belgique. Ils avaient fait un tabac lors de leur show accordé à l’AB, dans le cadre de la sortie de leur elpee « Kill All Kings ». C’est leur seule date ‘électrique’, avant une tournée des clubs, prévue en automne, en mode unplugged. Lors du soundcheck, Franky nous présente un jeune fan qui se consacre déjà à la six cordes. Sympa !  

Des bouteilles d'eau sont disposées à la gauche du drummer. Des munitions dont va se servir Franky pour arroser la foule. C’est un rituel. Le set s’ouvre par « Suck My Energy », « Unsafe » et « Bad To The Bone », trois brûlots issus de L’LP « Unsafe ». Franky est heureux d'être à Lokeren, et nous le signale. Il assure le show. Il nous informe que Tino, le bassiste, vient d’être papa… « Fool's Parade » (« Black Fuel ») en revient aux choses sérieuses. C’est au tour de Mikey Doling d’assumer le spectacle. Ses solos sont précis et énergiques. Depuis la disparition du drummer Phil Baheux, Chris Antonopoulos a bien intégré le groupe. Les anciens aficionados ont certainement toujours une pensée pour lui. Encore une reprise, surprenante d’ailleurs, celle du « The Tropper » de Maiden. Le concert se termine alors par l’incontournable « Black Fuel ». Franky prend un bain de foule, bien mérité. Et rappelle Mikey, en backstage, pour venir déguster une canette ensemble…

Dans le domaine du métal yankee qui écrase tout sur son passage, les musicos de Black Label Society sont de véritables dinosaures. Jeff Fabb se réserve les drums. John DeServio, la basse et Dario Lorina, une des grattes. Ces deux derniers vont arpenter les planches de long en large, en changeant constamment de position, tout au long du show. Mais c’est surtout Zakk Wilde qui focalise tous les regards. Il s’est perché sur une estrade au centre du podium. Chevelu, barbu, il me fait penser au gorille King Kong, au sommet de l’Empire State Building. Il harangue la foule et se frappe violemment le torse, quand il ne triture pas sa guitare. Car il en change à chaque morceau. Ses solos sont précis et s’autorisent des envolées bien huileuses. Ca sent la sueur du rock'n'roll. Un peu trop lourd quand même à mon goût, mais de bonne constitution…

Changement de décor. De grands panneaux décorés par des photos de monstres sont placés en arrière-plan, et trois estrades disposées en avant-scène. Il déjà 22h00 quand déboule Rob Zombie, un stetson sur le haut de ses dreadlocks et un blouson à longues franges. Et il va nous en mettre plein la vue et les oreilles, pendant plus de 60 minutes. Rob est réalisateur de films d'épouvante ; et à l’instar d’Alice Cooper, sa mise en scène est théâtrale. Et sans le moindre artifice. Il qualifie son rock indus burné de barnum heavy metal psychédélique (NDR : pourquoi pas ?) Il est soutenu par John 5 (NDR : un gratteur qui a notamment bossé en compagnie de Manson et Piggy D) ainsi que de Ginger Fish. Ils sont tous les 3 déguisés en 'Anonymous'. Les influences de Zombie sont multiples. Elles oscillent de Kiss à Manson, en passant par les Ramones, Sabbath et Alice Cooper. Pas étonnant qu’il adapte à sa sauce le « Get Up (I Feel Like Being a Sex Machine) » du grand James Brown. C’est-à-dire sous un format électro-metal-indus, mais bien contaminé par le funk. Encore une cover, mais bourrée de testostérone, le « Blitzkrieg Bop » des Ramones. Et puis celle, absolument superbe du « School's Out » de l’inévitable Alice Cooper. A cet instant on se sent d’ailleurs transporté dans l’univers extravagant et angoissant du natif de Detroit. Tout comme son maître, Zombie est une véritable bête de scène. Et il est parvenu à tenir son auditoire en haleine de bout en bout, tout en n’oubliant pas d’épingler ses tubes incontournables. Un show magique ! Bref, Marilyn Manson peut remballer ses doudounes noires, sa perruque, ses containers réfrigérés à 17 degrés et ses attitude de gothique frigide…

Pas de Soulfly pour votre serviteur. Déjà vu et écouté. Je regagne mes pénates. Il y a encore une semaine de festival…

(Organisation: Lokerse Feesten) 

 

 

(Voir aussi notre section photos ici)

 

 

 

 

vendredi, 31 juillet 2015 01:00

Lokerse Feesten 2015 : vendredi 31 juillet

C’est le début des Lokerse Feesten. Dix jours de programmation éclectique. De quoi satisfaire un public, le plus large possible. 15 000 spectateurs par jour pour recevoir des artistes confirmés ou jeunes talents (NDR : 109 en tout sur toute la période), issus de Belgique et du monde entier. Il s’agit déjà de la 37ème édition. La dixième année à laquelle votre serviteur participe ; et pas un seul jour, les dix. Un peu ses vacances annuelles. Le Groote Kaai va accueillir ce soir Nouveau Riche All Stars, Janez DETD, Milow, Mika et en point d’orgue, le Dj Martin Solveig. Une première journée sold out.

19h00. Nouveau Riche All Stars monte sur l’estrade. Deux Dj's triturent leurs platines alors que quatre Mc’s arpentent les planches de long en large. Et ils s’expriment dans la langue de Vondel. De quoi mettre tout le monde de bonne humeur. L’assistance est clairsemée, mais au fil du set, elle va progressivement croître. Ces petits jeunes pratiquent un hip hop teinté de rap, de drum&bass, de techno et d'électro. A l’instar d’AKS, de The Opposites ou de Kraantje Pappie, ils sont venus pour nous faire passer un bon moment sans se poser de questions ni se prendre la tête. Il y a trente personnes sur l’estrade, lorsque les 45 minutes de prestation prennent fin…

Janez DETD, diminutif de Janez Determited, embraie. Originaire du Nord de la Belgique, ce quintet est responsable d’un punk/rock basique. Un peu comme si Blink 182 remettait au goût du jour le répertoire des Ramones. Fondé en 1995, le band a publié 13 elpees de 96 à 2008. Puis, rideau. C’est suite à un pari lancé par un fan sur Facebook que l’aventure va reprendre. Encouragé par ‘3000 likes’ enregistrés au bout de 48 heures, le combo décide de se reformer. Et de repartir en tournée. Outre « My Life, My Way » et « Deep », la set list nous réserve une cover survitaminée du « Mala Vida » de Mano Negra et une autre très musclée du « Take on me » de A-Ha. Et sur les planches, les musicos ne tiennent pas en place. Bref, un show efficace et dynamique qui a bénéficié d’un chouette light show et de projections adaptées aux morceaux.

Milow, aka Jonathan Vandenbroeck, c’est le James Taylor belge. Issu du Nord du pays, on lui prête la plus belle voix du Royaume. Rasé de près (NDR : c’est le cas de le dire !), il n’a plus un poil sur le caillou. Malgré son succès, il n’a jamais chopé le melon, et demeure fondamentalement humain. Le décor est plus luxuriant que d’habitude. Des énormes spots à led se focalisent sur les artistes. Des palissades en bois sont disposées à l’arrière-plan, afin de nous plonger au sein d’un climat paisiblement country. Une petite estrade est exclusivement réservée au drummer. Milow s’est planté devant et à sa droite, son ami et fidèle guitariste (sèche, électrique ou dobro). Dans son dos, le claviériste se sert d’un Hammond. Et enfin, une percussionniste/choriste –une jolie blonde– niche à droite. Elle a une superbe voix au grain soul. Milow est armé d’une guitare semi-acoustique. Sculptée tour à tour dans le folk, la country, le bluegrass ou l’americana, la musique évoque les grandes plaines de l'Ouest Américain. Les States ont d’ailleurs énormément influencé cet artiste. Le Zim, notamment. Mais également l’Albion ; et tout particulièrement Donovan.

Il puise ce soir largement dans son troisième LP, « North And South ». Paru en 2011, ce disque lui avait permis de se forger sa notoriété. Il en interprète les tubes « Never Gonna Stop », « You And Me (In My Pocket) » et « Little in The Middle ». Du quatrième long playing, il extrait « Silver Linings », « Learning How To Disappear » et « Echoes In The Dark ». Une set list au sein de laquelle il n’oublie pas d’inclure la cover humoristique du « Ayo Technology » de 50 Cent, un titre qui l’a propulsé sur la scène médiatique. Nonobstant son interaction avec le public, Milow n'est pas un entertainer. Mais il a toujours un bon mot ou un ‘merci’ entre chaque chanson…

Changement de cadre pour le show de Mika, puisque le podium est envahi de maquettes en carton représentant des maisons ou des buildings. Un immense piano à queue trône en avant-plan. C’est là que doit siéger l’artiste. En retrait, on remarque –à nouveau– la présence d’une charmante percussionniste. Sans quoi le line up implique trois claviéristes, dont deux doublent aux guitares et un à la basse. Sans oublier le gratteur soliste (également préposé aux cuivres) coiffé d’un chapeau mou qui s’isole à droite de l’estrade.

Après quelques accords aux ivoires, Mika attaque une version dépouillée du hit « Grace Kelly ». A la fin du morceau il est successivement accroupi, couché, puis debout sur son instrument, tout en haranguant la foule. Le nouveau single, « Talk About You », sent un peu le réchauffé. Mais en ‘live’, la compo prend une toute autre dimension. C'est le premier extrait du quatrième opus, « No Place In Heaven ». Si la section rythmique est bien en place, la percussionniste est phénoménale. Mika à une voix haut perchée qu'il est capable de moduler, surtout dans les aigus. Un peu comme Freddie Mercury. Tout au long de « Big Girl (You Are Beautiful) », le coeur de Mika balance entre ivoires et avant-scène. Non seulement, il parcourt les planches de long en large, mais il multiplie les mimiques. Ce qui rend son show interactif.

Saxophone et percus ouvrent « Popular Song », issu du troisième opus, « The Origin Of love ». A ce moment, la foule est en délire. Ca jumpe et danse partout sur le site, une bonne dose d’électro à l’appui. Mika gigote comme un possédé ; il mouille sa chemise et l’auditoire aussi.

« Rain » (The Boy Who Knew Too Much ») calme le jeu et permet au public de donner de la voix. Un nouveau titre : « Staring At The Sun », un morceau de pop bien sucrée. Il aborde ses hits « Underwater » et « Relax, Take It Easy », en mode piano/voix. Puis le contagieux « Origin Of Love », une chanson qu'il dédie à son compagnon. Elle parle d’amour, mais aussi de religion. Par dérision et à plusieurs reprises, il s’agenouille devant la foule. Il ajoute même parfois quelques mots en latin. « Elle Me Dit » est une chanson écrite dans la langue de Voltaire. Et elle est superbe !

Après la jolie ballade « Happy Ending », place à « We Are Golden », un titre chargé d’intensité. Pour clore le set, « Last Party » et « Love Today » sont salués par une volée de confettis. Et ce sont des étoiles plein les yeux que les festivaliers acclament Mika et sa troupe, au terme de leur concert ; car manifestement, ils sont parvenus à nous transporter dans un univers de rêve… Pour rappel, Mika se produira à Forest National ce 23 septembre.

Pour clôturer cette première journée, les organisateurs avaient parié gros –et cassé leur tirelire– et invitant le meilleur Dj du moment, Martin Solveig. Heureusement, car succéder à Mika n’est pas une mince affaire. Pas une âme n'a quitté la Groote Kaai ; et pourtant il est plus d'une heure du matin. Et franchement, après le set qu’il va nous accorder, Guetta peut retourner à ses études. Car Martin est un véritable maître des platines. Le décor est grandiose. Une table est décorée par un écran où apparaît un smiley bleu, derrière laquelle est installé le Dj. En arrière-plan, une immense toile est destinée à la projection de vidéos, plus cocasses les unes que les autres. Dès son arrivée, Solveig provoque la foule, dans un néerlandais parfait. Et il fait fort pour commencer, en livrant « Intoxicaded », un tube international qui fait actuellement trembler les dancefloors. Quatre ans après avoir publié l’elpee « Smash », le Parisien prépare son cinquième, un disque précédé par un autre hit « Toxicaded », qui a été enregistré sous la houlette du duo issu de Miami, GTA (Good Times Ahead - Van Toth et JWLS). Il est partout Martin. Devant, derrière, à gauche ou à droite ou encore debout sur sa table.

La foule jumpe et met les bras en l’air. Quel spectacle, ce Groote Kaai, noir de monde, qui réagit comme un seul homme. On dirait une savane au sein de laquelle 150 00 springboks sont poursuivis par un guépard. Tiens, Martin porte une belle moustache ; ce qui rend son univers très ‘cartoonesque’, davantage malicieux…

Sans jamais se prendre au sérieux, le Dj réunit tout à tour un explorateur fan de pole dance, une boule disco, des tennismen en costards et des demoiselles vêtues de robes XXL. Explosif, le mélange est haut en couleurs. La bonne humeur est contagieuse.

Dès le second morceau « Kelly Wants Stars », c’est le boxon dans l’auditoire. Un chaos que Solveig maîtrise à la perfection. Il nous réserve son nouveau clip « +1 ». Et n’oublie pas de balancer « Hey Now », « Hello » ou encore « The Night Out ». Les fumigènes et les nombreux effets spéciaux sont parfaitement assortis au light show. Car le spectacle s’adresse à la fois aux yeux, aux oreilles et aux jambes. Franchement, je ne suis pas près d’oublier cette soirée. Il est 2h00 du mat’ ; il est temps de rentrer au bercail. Il me reste encore 1h30 de route à parcourir…

Organisation: Lokerse Feesten

 

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vendredi, 31 juillet 2015 01:00

L'Alchimie Des Monstres

Quand on évoque la scène musicale contemporaine du Québec, on pense le plus souvent à Lisa LeBlanc, Marie-Pierre Arthur ou encore Béatrice Martin (Coeur de Pirate). Faudra bientôt y ajouter Chloé Pelletier-Gagnon, aka Klô Pelgag, une jeune artiste âgée de 25 printemps.

Klô puise son inspiration aussi bien dans la peinture (Botero, Dali, Magritte), la littérature (Boris Vian) le théâtre (Ionesco), le cinéma (André Forcier, Jean-Claude Lauzon) que la musique (Vigneault, Debussy, Brel, King Crimson, Zappa, Chopin et Klaus Nomi). À l'oeil ouvert, l'oreille brillante et l'esprit déjanté –juste ce qu'il faut– elle s'évertue à confondre musique et mots. Souvent déroutants, ses lyrics abordent des thèmes graves comme la mort, la maladie, l'absence, l'abandon. Un peu comme une conteuse des temps modernes. Elle aurait aussi pu incarner un personnage de dessin animé. Plus dans un manga ou un Cobra que chez Disney, donc sans fées, ni prince charmant ; car elle veut communiquer un message réaliste, quoique parfois à prendre au second degré. 

A la fois magique, lyrique et énigmatique, son premier opus nous plonge au cœur d’un voyage mystérieux et subliminal. Le charme prend sa source au bord du fleuve Saint-Laurent, plus exactement à Rivière-Ouelle, petite bourgade à l'est du Québec. Les arrangements –piano et cordes (violon, violon alto, violoncelle et contrebasse)– sont signés par son frère Mathieu.

Chaque chanson se déroule comme un court métrage. Et les scenarii tiennent parfaitement la route. « Comme Des Rames » s'adresse aux célibataires. « Le Dermatologue » constitue une déclaration d'amour déguisée. « La fièvre Des Fleurs » aborde le sujet du cancer…

« Les Corbeaux » paraîtra en single juste avant son spectacle au BSF, qu’elle accordera ce 19 août. C’est le troisième issu de l’elpee. Cette chanson est bien balisée par les cordes. Et nous dépeint une lune envahie de corvidés. « Tunnel » nous entraîne au cœur d’un monde fantastique à la rencontre de sorcières, monstres et elfes ; une compo au cours de laquelle sa voix me fait penser à celle de Lisa LeBlanc voire de Marie-Pierre Arthur.

Exécuté sous la forme d’un duo piano/contrebasse, « Le Silence Epouvantail » est illuminé par des harmonies vocales somptueuses. Abordé dans l’esprit de Gilles Vigneault, « Rayon X » raconte l'histoire d'un savant fou. Entre Stars Wars et les époux Curie (Marie et Pierre Curie), il y a le radium. Plus expérimental, « Le soleil incontinent » est à appréhender au troisième degré.

Tout au long de « Taxidermie », elle pousse sa voix dans les aigus, afin de traduire les sentiments éprouvés par ses personnages. Après le remarquable « Les mariages d’oiseaux », le long playing s’achève par le ténébreux et mélancolique « La Neige Tombe Sans Se Faire Mal ».

L'album vient d’être réédité en édition de luxe. Habillé d’une couverture en impression or, il recèle un livret de 36 pages, au sein desquelles 16 dessins originaux ont été réalisés par autant d’auteurs différents. Et il est enrichi de 4 inédits.

vendredi, 31 juillet 2015 01:00

Wilder Mind

En écoutant pour la première fois cet elpee, je me suis demandé s’il s’agissait bien de Mumford and Sons. Après vérification, il s’agit bien de « Wilder Mind », leur troisième album. Mais (mauvaise) surprise, leur folk/rock endiablé, autrefois alimenté par du banjo, de l’accordéon, de la mandoline, de la contrebasse et des grattes acoustiques, a cédé le relais un rock plus classique et très électrique. Il y a bien sûr toujours la voix, reconnaissable entre mille, de Marcus. Leurs spécificités originelles n’ont pas été totalement gommées, notamment en seconde partie de disque. A l’instar de « Broad-Shouldered Beasts », « Hot gates » et « Cold Arms ». Mais on n’y retrouve plus la magie de « Sigh No More » et « Babel ». Markus Dravs, qui avait opéré une mise en forme géniale sur les deux premiers opus, a été remplacé par James Ford (Arctic Monkeys, Florence And The Machine) ; ce qui explique peut-être également ce virage à 180°.

Sur le single, « The Wolf », les guitares sont ronflantes et énervées. « Believe » aurait dû figurer au répertoire de Kings Of Leon. Et « Ditmas » bénéficie d’une très jolie mélodie. C’est tout ! Une petite déception… 

 

vendredi, 31 juillet 2015 01:00

Need A Change

Cette formation est née à Genève. En 2004. Le line up impliquait trois frères : le guitariste/chanteur Edward, le chanteur François et le drummer Mathieu Hay. Ainsi que le bassiste Yves Mabillard. La formation n’a vécu aucun mouvement depuis le début de son aventure. Elle avait enregistré une démo 8 titres en 2005. Deux ans plus tard, elle signe chez Blacksmithmusic. Et en 2008, elle y publie l'album « Ascent ». Les concerts se multiplient au sein de leur Suisse natale, ce qui va lui permettre d’acquérir une certaine notoriété locale. Et elle grave son second LP, « The Burden Of Absence », en 2012.

Pour concocter ce troisième long playing, le combo a fait appel au crowdfunding (NDR : c’est à la mode !) Et a décidé de se charger de la mise en forme, avant de lancer la soumission sur la plateforme helvète Wemakeit. En un temps record, la somme est récoltée. Ce qui permet à « Need A Change » de voir le jour ce 15 avril 2015.

« Broken Angel » est une compo électrique est sauvage. La voix lorgne manifestement vers Robert Plant. Langoureux, « There Is No Reason » est une incitation à rejoindre le dancefloor. « I Still Want Your Desire » est une jolie ballade. « The Seafarer », un titre bien musclé.  

Lors des sessions, le combo a invité deux dames. Tout d’abord Doris Sergy, dont la voix mélancolique berce « By All The Things You Learned ». Puis, Danila Ivanov. Son violoncelle communique un sentiment de nostalgie à « Everyone Is Right », une ballade empreinte de tendresse. En fait, les deux vocalistes ont des organes totalement différents. L’un a une voix sculptée pour le métal, capable de la pousser dans ses derniers retranchements. L’autre, plus fragile, colle mieux aux chansons qui privilégient les arrangements complexes et les harmonies accrocheuses.

Bien balisée par la section rythmique, « Need A Chance » affiche un haut potentiel radiophonique. « Every Single Day », c’est le premier single qui a précédé la sortie du long playing. Il est sur la toile.

Sculpté dans le rock mélodique, « Eager For Rock » remue les tripes, même s’il concède un goût de gruyère très prononcé. « Unbelievable Dreams » nous replonge au début 70’s, un morceau atmosphérique incrusté des sonorités de gratte expérimentales, ondoyantes, fulgurantes, et lustré par de superbes harmonies.

« Hopeless » et « Calypso Cries » nécessitent plusieurs écoutes avant d’être appréciés à leur juste saveur. Mais dès que votre matière grise les a bien assimilés, il est difficile de s’en débarrasser, tellement ils deviennent contagieux. 

 

vendredi, 31 juillet 2015 01:00

Holding Up Balloons (Ep)

Graham Candy est né à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Il y a grandi. C'est le plus jeune d'une famille de 4 enfants. Peu studieux, il rêve déjà de se consacrer à la musique, au cinéma et à la danse. En 2012, il est repéré par un label allemand. Qui le signe et l’invite à rejoindre Berlin, pour donner une nouvelle impulsion à sa carrière. 

C'est donc en Allemagne que l’artiste commence à prendre ses marques. Il y rencontre les Dj's Parov Stelar et Alle Farben aux studios Riverside de Kreuzberg. Il apporte son concours aux vocaux à deux compos du second cité, en 2014, « She Moves » et « Sometimes ». Elles deviennent d’énormes tubes outre-Rhin.

Graham possède une voix particulière. Androgyne et légèrement ébréchée. Un peu dans le registre d’Asaf Avidan, mais sans –ou très rarement– la teinte soul.

Pour concocter cet Ep 4 titres, il a reçu la collaboration du groupe teuton… « Holding Up Ballons » est une compo pop sucrée et lumineuse. Ce titre a comptabilisé 5 millions d'écoutes sur la seule plate-forme. C'est fou !

« Worth It All » baigne au sein d’une forme de trip hop. Envoûtante, troublante, cette plage fait la part belle aux chœurs, nappes de synthé complexes et samples…

« Addictive Personality » est contaminé par quelques beats électro. Une piste indolente qu’interprète Candy d’un timbre délicat, instinctif… Langoureux, « Don't You Worry » incite à rejoindre le dancefloor. Plus soul, sa voix est ici la plus proche d’Asaf Avidan. 

A conseiller, si vous appréciez Two Kids In Holiday. « Plan A », son premier véritable album, devrait paraître en septembre 2015.

vendredi, 31 juillet 2015 01:00

Black Mirrors (Ep)

Marcella Di Troia a une fameuse voix. Probablement hantée par Janis Joplin. Elle affiche un look improbable. De Sioux, pour être plus précis. Ses plumes, ses grelots et la fine bande noire sur les yeux et le nez accentuent le côté sauvage et mystérieux de la chamane. C’est aussi la chanteuse de Black Mirrors, un groupe issu du Brabant wallon, au sein duquel militent également le gratteur Pierre Lateur, le bassiste Gino Caponi et le drummer Edouard Cabuy.

Le quatuor pratique un stoner boosté à la testostérone. Mais un stoner susceptible de déraper dans le blues, le rock, le garage ou le métal. L’influence de Queens of The Stone Age est palpable. Mais aussi de Jimi Hendrix. A cause de ces riffs de guitare incandescents, incendiaires, volcaniques même, et puis de cette frénésie électrique. 

Des accords de guitare qui donnent le ton dès « The Mess ». Derrière son micro, Marcella vous remue les tripes.

La section rythmique balise un train d’enfer à « Make The Same Old Day ». Les années Woodstock refont surface…

Plus classique, « Something », permet au chant de Marcella d’adopter des intonations plus douces et rocailleuses.

Une voix qui exprime tout son potentiel sur « Mind Shape ». Les riffs de guitare son précis. Les drums métronomiques.

Et « Drop D » de clore ce superbe Ep dans un climat bien stoner.

vendredi, 31 juillet 2015 01:00

Valium Tremens (Ep)

Valium Tremens est issu des Hauts-de-Seine, en région parisienne. Fondé en 2013, son line up impliquait alors le drummer Djo, le chanteur Martin, le bassiste Matt ainsi que les gratteurs Chris et Nikooz. Depuis, trois des musicos ont quitté le navire.

« Post Coïtal Blues » ouvre l’Ep. Un titre de stoner gras, huileux même. Lourds, métalliques, les riffs évoquent Black Sabbath. « Ta nuit » est davantage incisif. Nonobstant une intro paisible, « Chambre 2220 » est plus écrasant. Et l’envol des guitares atteint même un point de saturation qui exclut tout retour en arrière. « Lâche pas l’morcif » est une piste imprimée sur un tempo plus rapide. Et manifestement, il ne faut pas lâcher le morceau que l'on tient bien entre les dents.

Valium Tremens s’inspire des seventies, mais les adapte sous une forme contemporaine. La voix de Martin est aussi puissante et percutante que celle du chanteur d’ AqME, Vincent. Et les lyrics sont également interprétés dans la langue de Voltaire.

Quatre titres, c’est un peu court pour se faire une bonne idée de leur potentiel ; mais cet Ep augure un futur intéressant…

jeudi, 30 juillet 2015 10:13

A l’instinct…

Elle est belle, rousse et a des yeux noisette. Une jeune artiste pleine de talent. Elle est timide aussi, mais capable de se transcender sur les planches. Et nous vient de Lyon. Joe BeL se produira dans le cadre du Brussels Summer Festival le 18 août 2015 et le 29 janvier 2016 au Club de l'Ancienne Belgique. Chaude, sa voix campe un hybride entre Nneka, Selah Sue, Nina Simone, Norah Jones et BJ Scott, le grain soul de Sarah Carlier, en plus. Elle a accordé une interview à Musiczine, dans le Château du Parc d'Enghien, lors du festival LaSemo.

Alors que tu suivais des cours d’histoire de l’Art, tu as quitté prématurément tes études, pour te lancer dans l’univers de la musique. Pas de regrets ?

Pas du tout. Mais, il est vrai que j’ai pris un risque. Ce monde m’était totalement inconnu. J'écrivais déjà beaucoup de chansons. A un certain moment, j’ai voulu partager cette passion avec d’autres ; et je n’ai plus eu le choix. C'est le point de départ.

Par quel hasard as-tu rencontré Asaf Avidan ?

Un coup de bol. Son producteur de spectacles lui avait proposé plusieurs artistes pour assurer le supporting act. Je figurais dans la liste. Je l’ignorais. Deux semaines avant de partir, j’ai reçu un coup de fil pour me signaler qu’Asaf m’avait choisie pour l’accompagner sur sa tournée. J'ai accepté et tout annulé tout ce que j'avais prévu. Et je l’ai suivi. C'était en 2013.

Quel est ton parcours musical ? Et à partir de quel moment as-tu décidé de t’entourer de collaborateurs ?

Je me suis produit sous différentes formules. D'abord, en solo avec ma guitare acoustique et ma voix. Puis en duo. Il y a deux ans. Benoît Richou alterne alors entre guitare et basse. Enfin, en trio. Lorsque Jean Prat est venu nous rejoindre pour assurer les drums. Nous sommes tous issus de Lyon. Je me consacre également au piano et Jean au synthétiseur. Fin janvier 2016, c’est sous ce line up que nous nous produirons au Club de l'Ancienne Belgique.

Ta chanson « Ten » abord le thème des premiers amours difficiles. Soit ça passe ou ça casse. Du vécu ?

Tomber amoureux une seconde fois est de l’ordre du possible. Souvent on imagine qu’on ne pourra jamais retrouver une relation aussi intense. Dans la vie, en général, on peut vivre des tas de premières fois. Mais ces histoires seront systématiquement différentes. Elles peuvent même devenir aussi fortes, si pas plus. Mais pas la peine de se faire de fausses idées, en amour, on ne revivra jamais le même scénario.

« Stronger » est une compo fragile. Est-ce le reflet de ta personnalité ?

Oui, je suis fragile et je l'assume. Nous avons tous des faiblesses. Ce qui va nous rendre plus fort, c’est de s'en rendre compte et les assumer, au lieu de les cacher, à soi-même est aux autres, pour paraître invincible. Il est important de bien connaître ses propres failles, et ne pas craindre de les révéler à autrui. C'est cela la vraie force. Et c’est le thème de cette chanson.

Lors de tes concerts, et je l’ai encore remarqué aujourd’hui, certains spectateurs son inattentifs et bavardent. C’est dérangeant ?

Au début de ma carrière, cette attitude m'indisposait quelque peu et surtout me déconcentrait. Comme je n’avais pas encore suffisamment de planches, j'étais perturbée. Lorsque j’assiste personnellement à un spectacle, il m’arrive de causer avec mon entourage, tout en écoutant la musique. Parler ne veut pas dire que les spectateurs s’ennuient. Peut-être ont-ils envie d’échanger leurs impressions. Mais lorsque certains individus se mettent à élever la voix ou à hurler, c’est parce qu’ils se fichent royalement du concert. En plein air, l’agitation apporte de la vie au show. Les conversations. Les mouvements de la foule. Certains spectateurs débarquent, d’autres partent, puis reviennent. Certains écoutent ou dansent, d’autres pas. C'est animé et ce remue-ménage me plaît.

Apparemment, tu apprécies le public belge, et c’est réciproque…

Effectivement, je l’ai encore signalé au cours du concert. Et j’y pensais encore, il y a 5 minutes. Qu’a-t-il de si différent ? Peut-être l’envie d’être heureux ensemble. De partager certains moments. D’être là et de ne pas constamment juger. Je ne sais pas. Je ne veux pas émettre de comparaison avec d'autres endroits ; mais simplement qu’humainement, il en émane quelque chose de beau.

De festif surtout, tu ne penses pas ?

Absolument. J'espère revenir le plus souvent possible en Belgique. Chaque fois, l’ambiance y est particulière. Les Belges ont une envie de kiffer la vie.

Ce qui explique pourquoi tu te produis à LaSemo, puis à Louvain-La-Plage, au BSF et en fin à l'AB. Tu ne vas plus nous quitter ?

C’est parce que je me m’y sens bien. Et pas seulement à cause des concerts. J’ai déjà eu envie de m'y installer. J'y réfléchis. L’état d’esprit et la relation entre les gens me plaisent. C'est la base de l’existence.

Tu aimes te produire sur les planches ?

Oui, c'est l’endroit où la musique prend vie. Enregistrer en studio est passionnant. Ecouter un disque chez soi aussi. Mais le live contribue au partage. Se produire devant un auditoire, c’est ce qu'il y a de plus beau. C'est sûr.

Tu as assuré les premières parties d'Ayo et Milow. Tu en gardes de bons souvenirs ?

Que de bons souvenirs. Milow est un mec super, génial, hyper généreux et particulièrement sympa.

On en arrive à la question bateau, celle des influences. Elles sont surtout américaines, insulaires ou françaises ?

Perso, le dieu absolu, c’est Stevie Wonder. « Innervisions », son album paru en 1973, constitue le disque de référence. J’apprécie également la pop anglaise. La plus mélodieuse. Qui a l’air simple, mais pas si simple qu’elle ne paraît. Paul McCartney est mon autre idole. Je suis plus Paul que John. Mais les Beatles demeurent la source de la musique contemporaine. L'afrobeat me botte également. Surtout lorsqu’elle prend une coloration funk. Celle de Fela Kuti, par exemple, qui a marqué les années 70. La musique africaine est très chaleureuse. Elle me transporte. Ses rythmes endiablés m'inspirent, m’hypnotisent. Je n’ai jamais mis les pieds en Afrique profonde, et je ne sais pas pourquoi. J'aimerai beaucoup m’y produire et assister à des concerts…

Ton dictaphone t’accompagne partout. C’est pour immortaliser les bruits de la vie ?

C’est exact. Dès que j'entends un bruit qui m'intéresse ou qui m'interpelle, je l'enregistre. Mon inspiration se manifeste le plus souvent quand je marche dans la rue. Ou lorsque je me déplace en bus, en camion ou en voiture, pendant une tournée. Sans son concours, mes idées s’envolent…

Un premier elpee en préparation ?

J'ai tourné dans un film en France. Il sortira fin 2015. J’y joue le rôle d’une chanteuse. Et j’y interprète mes propres chansons. Ce premier album devrait paraître au printemps 2016, juste après le lancement de ce long métrage.

Joe, utilises-tu ta voix comme un instrument ou te sert-elle à simplement accompagner les mélodies et des harmonies? Elle est sableuse, rocailleuse, un peu soul également, tu la travailles ou est-elle naturelle ?

Difficile de répondre à cette question. Je pense que j'utilise ma voix comme un autre instrument. Je compose tout de a à z pour tous les instruments : la ligne de basse, les guitares, les claviers et la batterie. La voix, c’est un instrument qui se sert de mots. Il apporte ainsi un. Je dois t'avouer que je ne la perfectionne pas du tout. Maintenant que c’est devenu mon outil de travail, je devrais y penser…   

Es-tu instinctive, intro ou extravertie ou encore passionnée ?

Tout ce que tu as dit sauf extravertie. Monter sur les planches exige un effort pour moi. Ce n’est pas comme si j’allais faire des courses. Je dois me dépasser, affronter les regards de la foule. Ce n'est pas un comportement naturel. J’ai le trac. C’est une épreuve. Pourtant, vu de l’extérieur, cette démarche semble normale. Je ne suis pas extravertie de nature. Mais il faut que je fasse violence, car j'aime partager ma musique. Si je suis passionnée ? Absolument, sans quoi, je n’aurais pas embrassé cette carrière. Il faut vraiment de la passion pour exercer ce métier. Il exige beaucoup de travail. C'est parfois un peu difficile. Surtout quand on reste longtemps sans jouer. Et on est frustré. J’ai un petit garçon de 3 ans, et quand je pars 15 jours, loin de lui, c’est une souffrance. Instinctive, c'est le qualificatif qui me va le mieux. Je bosse constamment à l'instinct et dans l'impro. Toutes les chansons que j'ai écrites son accidentelles. Elles sont nées par hasard. Je me suis arrêtée et je me suis dit: ‘Là, c'est bien!’. Je vais l'enregistrer. Les textes émergent et je commence écrire. Cet instinct, je ne voudrais surtout pas le perdre. Dans ce domaine, réfléchir et calculer, ce n’est pas dans ma nature…

Envisages-tu un jour d’écrire tes textes dans la langue de Molière ?

J'adore la langue française. J'ai accompli des études en littérature et lettres modernes. Ce n'est pas du tout un choix que je rejette et qui ne m'intéresse pas. Comme je te l'ai dit, je travaille suivant mon instinct. Et cet instinct m’a poussé vers l'anglais. J'ai de plus en plus envie d'écrire aussi en français. Je ne dresse pas de barrière entre les langues. Cette option s’inscrit dans un processus d’évolution naturel...

 

 

lundi, 27 juillet 2015 21:00

Oh Desire

Jonathan est auteur/compositeur/interprète. Chanteur également. Il possède une voix de baryton irrésistible. Un crooner dans l’esprit de James Taylor, Frank Sinatra, Scott Walker, John Martyn ou Elvis Presley. Et puis il excelle à la guitare, dont il a appris à jouer depuis l’âge de 5 ans.

L'histoire de Jonathan est marquée par la conquête perpétuelle de son inspiration. Jonathan est parti aux States pour vivre son 'Américan Dream'. De New York à Los Angeles, il a parcouru les grandes plaines. Ses chansons, il les a écrites sous un arrêt de bus ou dans un pub à burgers. Un peu déçu de ce voyage initiatique, il rentre dans son île natale et enregistre son premier opus, A Solitary Man », qui paraît en 2011. L'album est très bien accueilli par la critique et le public. Son deuxième, « Gold Dust », est publié en 2012. Et il est savoureux.

« Oh Desire », son troisième, est sorti en mars dernier. Les sessions se sont déroulées au sein du studio londonien de Ray Davies des Kinks.

Jonathan est un amoureux des cordes. On avait déjà pu le remarquer sur ses œuvres précédentes. Aussi, après avoir bénéficié du concours de l’ex-Suede Bernard Butler, il a reçu celui du London Heritage Orchestra. Songwriter redoutable, Jonathan est aussi à l'aise dans la ballade folk que sur des titres orchestrés.

Deux instrumentaux ouvrent et clôturent l’LP : « One » et « Thirteen », des plages enrichies par les arrangements de cordes du London Heritage Orchestra. Plus country, le titre maître nous replonge au cœur des grands espaces de l’Ouest américain. « Rising Up » et « Phoenix Ava » sont contaminés par la soul. Tout comme « Smiling », qui aurait pu sortir d’une session inédite d'Otis Redding. « Rosario » baigne dans le trip hop. Accrocheuse, « Wild fire » est une chanson pop sise aux confins des univers de Nick Drake et Cat Stevens. Le L.H.P. illumine le second single « Arms », une piste paisible et langoureuse (voir la vidéo ici).

« The Birds » et « Walking On Air » sont deux morceaux atmosphériques. Jolie ballade folk, « The Devil's Hillside » rend hommage à ses parents. Anglo-indien, son père lui a communiqué le goût de la soul et Irlandaise, sa mère, celui de la musique celtique.

« Oh Desire » est un disque soigné au cours duquel Jonathan parvient à faire passer ses émotions à travers ses chansons. Un bien bel album !

 

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