Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

logo_musiczine

Pour Jane Weaver, l’amour est un spectacle permanent...

Jane Weaver, aka Jane Louise Weaver, est une musicienne originaire de Liverpool. Son nouvel opus, « Love In Constant Spectacle », paraîtra ce 5 avril 2024. Il a été produit par John Parish (PJ Harvey, Eels, Sparklehorse). Son disque le plus intime et le plus…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nos partenaires

Dernier concert - festival

Zara Larsson 25-02-2024
Zara Larsson 25-02-2024
Chroniques

Christian Death

Evil becomes rule

Écrit par

Fondé en 1979 par Rozz Williams, Christian Death vient de graver son 17ème elpee. Et il s’intitule « Evil Becomes Rule ». Mais l’histoire de cette formation est très complexe, puisqu’à une certaine époque, suite à des dissensions au sein du groupe, il existait deux versions de Christian Death. Soit une drivée par Rozz Williams (NDR : devenue Christian Death featuring Rozz Williams, après décision judiciaire) et l’autre par Valor Kand. C’est celle de ce dernier qui nous propose donc son nouvel opus. Rozz, lui est décédé en 1998, après avoir notamment sévi chez Shadow Project en compagnie d’Eva O et participé au projet indus Premature Ejaculation.

Réduit à l’état de trio, le band californien nous prouve, sur cet album, qu’il n’a pas perdu la pêche. En effet, non seulement cet LP libère une belle énergie, mais surtout, il s’ouvre à de nouveaux horizons sonores, perspectives qu’on avait rarement décelées sur les essais précédents. Et tout particulièrement le recours à des gammes plutôt exotiques, d’alternate tunings à la guitare et de rythmes originaux qui créent une ambiance menaçante et mystérieuse collant parfaitement à la musique du combo, une musique qui oscille du goth rock au gothic metal, en passant par le post punk et le death rock.

Cependant, elle opère également quelques incursions dans la pop, à l’instar de « Blood Moon », morceau au cours duquel la manière de traiter la guitare et le refrain lorgnent carrément vers Muse. Et puis de « Beautiful », dont l’intro est assuré par un quatuor à cordes et qui se nourrit généreusement d’électro. On a même droit à un mix entre éléments électriques et sonorités acoustiques, presque celtiques, sur « Who Am I, Part 1 ».

La production et les arrangements sont soignés (orchestrations et ajout de certaines percussions) et les titres s’enchaînent naturellement.

Coup de cœur pour « Abraxas We Are » qui s’ouvre sur un excellent duo vocal tout en donnant l’impression d’être en présence de deux personnalités en conflit. De quoi accentuer le côté maléfique du climat de ce long playing.

Un excellent album je vous recommence vivement tant pour ses compos ‘outside the box’ que pour les morceaux plus traditionnels !

Rating

Delvon Lamarr

Cold as weiss

Écrit par

Delvon Lamarr Organ Trio

Le Delvon Lamarr Organ Trio est issu de Seattle, un combo qui pratique un soul/funk, parfois teinté de jazz, dans l’esprit de Booker T. & The M.G.’s, des Meters ou de Jimmy Smith. Delvon Lamarr en est le leader et il se consacre à l’orgue Hammond B3, vous vous en doutez. C’est ce son chaud, vibrant, puissant, groovy et vintage, hérité en ligne droite des labels Motown et Stax, qui inonde cette musique instrumentale à laquelle participe, quand même, un drummer (NDR : lui est le seul blanc et il s’appelle Weiss !) et un guitariste. Cependant, ces deux musicos jouent bien davantage que le rôle de seconds couteaux. En fait, ce sont eux qui apportent les moments de respiration à cette expression sonore très en vogue au cours des sixties. 

« Cold as weiss » constitue le troisième elpee du band et recèle pas mal de reprises, dont le « Pull your pants up » des J.B.’s, les très funk « I wanna be where your are » de Leon Ware et Arthur Ross ainsi que « Keep on keepin’ on » de Curtis Mayfield.

Deux plages s’écartent quelque peu de l’ensemble. Tout d’abord le blues « Big TT’s blues » puis « Uncertainty », un slow crapuleux ou nightclubbien (NDR : biffez la mention inutile, selon que vous affichiez 1, 2 ou 3 x 20 ans).

Rating

Black Cat Biscuit

The way it is

Écrit par

Black Cat Biscuit est une formation issue du Nord de la Belgique impliquant le chanteur/guitariste (rythmique) ‘Yasser’ Arnauts, le bassiste/contrebassiste Patrick ‘P. Daddy’ Indestege, l’autre sixcordiste (soliste) Raffe Claes, l’harmoniciste Mark ‘Mr. Mighty’ Sepanski et le drummer Jeff ‘Junior’ Gijbels.

Ce quintet avait remporté le ‘Belgian Blues Challenge’, en 2018, et décroché la 4ème place lors de l’‘European Challenge’, en 2019. Son inspiration, il la puise dans un éventail particulièrement large de blues (Texas, shuffle, swamp, boogie, jump, etc.), mais également dans le jazz et le funk.

Lorsque les lignes de contrebasse entrent dans la danse, les compos libèrent un maximum de swing. Mais quand l’harmo se déchaine, il déchire littéralement tout sur son passage. Comme sur « Mean is just an average », un boogie à la Canned Heat au cours duquel la voix de ‘Yasser’ se révèle paradoxalement déclamatoire. En général, les plages sont allègres voire bien rythmées. Et puis, à la slide, Bart laisse gémir ses cordes, comme si elles allaient y passer. A l’instar du fiévreux « Heart is burning ».

Rating

Terry Allen

Smokin the dummy

Écrit par

Terry Allen & Panhandle Mystery Band

Terry Allen fêtera ses 80 balais en mai de l’an prochain. Ce chanteur, compositeur, peintre, sculpteur et artiste conceptuel est considéré comme une référence dans l’univers de l’alt-country. Surtout à travers ses deux premiers elpees, « Juarez » (1975) et « Lubbock (On Everything » (1979). De nombreux artistes ou groupes ont interprété ses chansons, et notamment David Byrne, Lucinda Williams, Ricky Nelson ou encore Little Feat.

Enregistré à Lubbock, sa ville natale, « Smokin the dummy » est paru en 1980. Pour la circonstance, Terry avait reçu le concours d’un backing group baptisé Panhandle Mystery Band, au sein duquel figuraient, notamment, l’harmoniciste Joe Ely et les frères Maines.

L’elpee s’ouvre par « The heart of California », une compo qui rend hommage à feu Lowell George, décédé en 1979, le leader de Little Feat, formation dont le spectre plane sur la plupart des morceaux.

Fondamentalement country, la musique de Terry Allen se teinte, suivant les pistes, de folk, cajun, tex-mex, blues, boogie, rock, jazz, funk et on en passe. Outre la guitare, le piano et l’harmo, l’instrumentation se nourrit également de violon, de mandoline, de violoncelle, de pedal steel, de dobro, de banjo, d’accordéon, de percus, de cuivres (dont du tuba sur « Cocaine cowboy » et « Red bird ») et la liste est loin d‘être exhaustive.

De l’album on épinglera encore « Whatever happened to Jesus (and Maybeline) ? », qui se mue en reprise de Chuck Berry à mi-parcours. « The night cafe » et ses changements de rythme, voguant entre blues et ballade country. L’exubérant « Roll truck roll » et enfin « The Lubbock tornado (I don’t know) » au cours duquel Terry se transforme en prédicateur, dans un climat de gospel gothique.

Rating

Vincent Delerm

L'attrape-cœurs (single)

Écrit par

A travers ce single, Vincent Delerm revient sur son expérience de scène, de vie.

Il s’interroge sur le sens de sa démarche artistique sous la forme d’une mise en abyme dans le roman l’‘Attrape-cœurs’, signé par l'Américain J. D. Salinger et publié le 16 juillet 1951. C'est un récit formulé à la première personne relatant trois jours dans la vie d'un adolescent, Holden Caulfield en l’occurrence, lors de son errance solitaire à travers la ville de New York.

Dans son beau clip (à découvrir ici), Vincent traverse un pont, tel le célèbre ouvrage d’art américain ; les images retraçant sa vie artistique en incrustation.

De sa voix nonchalante et typique, il dresse un bilan de 20 ans de carrière et raconte une histoire d’amour adolescente de manière douce.

Sa musique agréable, aux arrangements délicats, nous plonge au sein d’une ambiance légère, sucrée, qui nous fait du bien.

L'histoire est touchante de sincérité.

Elle s’achève par la lecture du roman par l’artiste. La boucle est bouclée.

https://methodechanson.com/

 

Rating

Alex Cameron

Oxy Music

Écrit par

C’est en 2014, suite à la réédition de « Jumping the Shark » que votre serviteur a découvert Alex Cameron. Personnage attachant, ce crooner australien au célèbre déhanché est parvenu depuis à s’imposer, en enchaînant les albums sentant bon les 80’s. Assumant un goût prononcé pour le kitsch, il n’a jamais reculé devant le recours (excessif ?) des synthés et des boîtes à rythmes.

Pour ce quatrième opus intitulé « Oxy Music », Alex Cameron reprend les choses là où il les avait laissées. On retrouve cette pop sucrée, caoutchouteuse, et cette voix de crooner. Il a de nouveau reçu le concours de plusieurs collaborateurs (NDR : on se souvient que sur « Forced witness », son second elpee, il avait partagé un excellent duo en compagnie d’Angel Olsen). Dont son camarade, Roy Molloy, au saxophone, et tout particulièrement sur le single « Sara Joy ». Mais aussi, le rappeur californien Lloyd Vines, qui vient poser sa voix sur « Cancel Culture » ainsi que Jason Williamson (Sleaford Mods) pour le titre maître. Car finalement, musicalement, « Oxy music » baigne au sein d’un climat fort proche du précédent long playing, « Miami Memory » …

L’unique changement procède des thèmes abordés. Malgré un semblant de légèreté qui semble planer sur les compos, l’elpee traite de sujets aussi sérieux que la solitude, la vulnérabilité, l’échec, la peur de l’avenir et les excès.  

Alex Cameron poursuit son petit bonhomme de chemin sans prendre trop de risques. Faute d’étincelles, ce quatrième long playing, même s’il est de qualité, ne trônera toutefois pas au faîte de sa discographie.

Rating

Alanis Morissette

The Storm Before the Calm

Écrit par

Le dernier opus d’Alanis Morissette s’intitule « The Storm Before the Calm », un exercice de style dont l’inspiration est née lors de la pandémie causée par la Covid.

Tout l’album consiste en une longue ballade atmosphérique, particulièrement épurée, impliquant un minimum d’instruments. Des vagues de synthés et des effets vocaux ont probablement été créés pour favoriser l’introspection. Sur quelques morceaux, il y a de réelles parties de batterie et de vrais beats, mais ces interventions sont plutôt rares. En fait, bien trop longues et sans réels repères, les pistes de cet LP sont destinées à la méditation.

Les expérimentations d’Alanis Morissette sont fréquentes. C’est une artiste dont l’audace peut déstabiliser l’auditeur. Elle pense différemment. Elle n’a pas peur de s’aventurer dans des univers sonores inexplorés jusqu’alors. Elle est créative. Mais à l’écoute de « The Storm Before the Calm », il y a de quoi perdre le fil et même ne jamais le retrouver…

Rating

Emily Wells

Regards to the End

Écrit par

Texane de naissance mais établie à Brooklyn, Emily Wells a déjà accompli un sacré parcours. Quasiment inconnue chez nous, cette multi-instrumentiste, auteure-compositrice et vidéaste vient pourtant de graver son douzième opus, outre les nombreuses collaborations auxquelles elle a participé.

Tout au long de « Regards to the End », Emily Wells n’a rien de réjouissant à nous raconter… Et pour cause, elle explore des thèmes aussi brûlants que la crise du SIDA et le réchauffement climatique. Et elle ose même établir un parallèle entre les militants qui ont porté à bout de bras ces deux luttes. Ainsi, l’artwork de la pochette emprunte un cliché da photographe new-yorkais Alvin Baltrop qui dans les 70’s et 80’s a immortalisé sur pellicule les entrepôts de West Side Manhattan, lieux désaffectés mais fréquentés par bon nombre d’homosexuels. Et certains morceaux sont dédiés à des artistes et autres activistes de ces deux causes. « Come on Kiki » rend ainsi hommage à Kiki Smith, une artiste américaine. « Arnie and Bill to the Rescue », à Bill T. Jones et Arnie Zane, un couple de danseurs. « David’s got a problem », à David Wojnarowicz, artiste qui a dénoncé la passivité du gouvernement face à la crise du SIDA. Enfin, « Love saves the day » est dédié à David Buckel, avocat des droits civiques et militant écologiste qui s’est auto-immolé, pour attirer l’attention sur la crise écologique.

L’Américaine déverse ses incantations lyriques sur une pop sombre et magistralement orchestrée. Elle vient superposer des synthés, des nappes de chants ainsi que des instruments à vent et/ou à cordes. Lors des sessions, elle a cependant reçu le concours de quelques collaborateurs. Dont son père, préposé à l’orgue sur « Come on Kiki ».

Difficile de définir l’expression sonore d’Emily Wells. On pense parfois à celle de Björk ou à alors à l’univers plus gothique d’Emma Ruth Rundle. Si plusieurs écoutes sont nécessaires avant d’assimiler les compos, elles finissent par se révéler accrocheuses et bouleversantes. Emily Wells : une personnalité qui mérite une attention particulière, tout comme sa musique, par ailleurs…

Rating

Sharon Van Etten

We've Been Going About This All Wrong

Écrit par

Sharon van Etten semble transcendée depuis la sortie de son premier elpee, le magnifique « Remind Me Tomorrow » (NDR : et sans doute aussi sa carrière d’actrice à la fois naissante et déjà prestigieuse dans des séries telles que ‘The OA’ ou ‘Twin Peaks’) !

Elle est de retour pour un nouvel opus tout aussi ambitieux que torturé. Enregistré à Los Angeles, dans son nouveau home studio, ce 6ème elpee fait en quelque sorte le point sur son existence, après son départ de New-York consécutif à une longue période au cours de laquelle elle a vécu une relation sentimentale difficile, sans oublier une pandémie qui est passée par là…

Sa voix, toujours aussi magnifique, ne s’est jamais faite aussi épique. La tension est palpable malgré la douceur des arrangements (« I’ll Try ») et la nature des paroles plus abscondes que d’habitude. Une belle manière de panser ses blessures… et une nouvelle réussite au sein d’une discographie presque parfaite !

 

Rating

-M-

Rêvalité

Écrit par

« Rêvalité », le septième opus de Matthieu Chedid, constitue, en quelque sorte, le lien entre le personnage -M-, créé il y a tout juste vingt-cinq ans, et l'homme d'aujourd'hui, un artiste qui se cherche entre réalité et imaginaire.

Fixant comme point de convergence un triptyque qui fait une fois encore la part belle au choix des mots et des mélodies, il leur communique une nouvelle saveur, et notamment à travers la profondeur de la ligne de basse tracée par Gail Ann Dorsey (NDR : elle a notamment milité au sein des backing groups de David Bowie et Tears for Fears).

Il ne s’agit d’ailleurs pas de la seule collaboration, puisque Fatoumata Diawara (chanteuse, comédienne et autrice-compositrice-interprète malienne) s'invite sur « Mais tu sais ».

Assez coloré et nuancé dans son ensemble, l’elpee permet au chanteur de prolonger ses rêves d’enfance tout en se réinventant le temps d'une histoire.

Si le titre phare apporte essentiellement des lignes funky, « Mégalo » est davantage groovy, alors que l’émotion libérée par « Mogodo » (une berceuse chantée par le paternel en 1974) est accentuée par les interventions de percus et de cuivres. Le néo-quinquagénaire se frotte même au psychédélisme sur « Dans le living » ou, à contrario, concède une chanson populaire aux accents radiophonique, sur un morceau simplement baptisé « Dans ta radio » …

Ce doux rêveur succombe à la nostalgie en plongeant dans son passé (« Petit Homme »), mais également rend un vibrant hommage au cinéaste italien « Fellini », tout en construisant la mélodie sur la symphonie n°40 de Mozart.

Plutôt iconoclaste, cette œuvre est partagée en deux parties. La première nous réserve des plages dynamiques alors que la seconde est davantage tendre, introspective et poétique. Enigmatique aussi. A l’instar de l'excellentissime « Ce Jour-Là », compo qui adresse un clin d’œil à sa grand-mère, la poétesse Andrée Chedid. Une piste enrichie de cordes et de chœurs qui se perdent à l'infini…

Des arpèges de grattes prennent leur envol sur « Home », une composition caractérisée par son refrain entêtant, alors que « Le langage des Oiseaux » clôt un des albums les plus réussis de -M-.

Si vous aimez la musique de -M-, vous l’apprécierez tantôt sur le dancefloor ou tranquillement au coin d’un feu de bois. Mais c’est surtout en ‘live’ que ces chansons risquent de prendre toute leur dimension, là où l’artiste s’exprime sans doute le mieux.

Bref, un chef-d’œuvre en treize chapitres, qui inscrit parfaitement Matthieu dans son époque tout en lui permettant de s'y évader…

Et si nous suivions ses traces ?

Rating

Page 18 sur 1071