Le dernier combat de Malween…

Malween est le projet emmené par Julien Buys, auteur, compositeur et interprète, originaire de Nantes. Julien a quitté le monde de la finance, sans regret, en 2017 pour devenir comédien voix-off le jour et chanteur/guitariste a sein de différents projets…

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Dernier concert - festival

Vive La Fête - 11/04/2024
Manu Chao - Bau-huis
Concerts

Xavier Rudd

Un cow-boy rasta dans la peau d’un kangourou…

Écrit par

Xavier Rudd est programmé trois jours à l’AB. Et tous les concerts sont sold out. Ce lundi 17 septembre constitue sa première date. Pour cet Australien, le monde est sa maison. Engagé et sensible à l’environnement, il a conscience que notre planète, à qui il voue un profond respect, doit nous survivre pour toute une éternité. Multi-instrumentiste, il joue aussi bien des percus, de l’harmo, de la gratte (NDR : de préférence une Weissenborn) que du didgeridoo (NDR : plus exactement le yirdaki). Il vénère d’ailleurs la culture aborigène…

Newton Faulkner assure le supporting act. Ce Londonien milite dans la tradition de troubadours, comme Jackson Brown ou James Taylor. Mais il est davantage atypique. D’ailleurs, il lui est arrivé de jouer dans une montgolfière.

Seul sur les planches, il se sert de deux guitares semi-acoustiques et d’une loop machine. Sa voix est capable d’osciller du grave à l’aigu. Son humour décontracte instantanément l’auditoire. Barbu à dreadlocks, il pratique le picking à 3 doigts. C’est sa spécialité ! Il est venu défendre son dernier et sixième opus, « Hit The Ground Running ». Tout au long des deux premiers morceaux, il étale sa technique à la six cordes ; et son toucher est imparable ! Il frappe sur le bord de sa gratte et l’insère dans une boucle pour « Smoked Ice Cream », et en couches, le résultat est impressionnant. C’est d’ailleurs suivant cette méthode qu’il construit chaque piste, à tel point qu’on a parfois l’impression qu’il est soutenu par un véritable orchestre. Dans un français hésitant mais tellement touchant, il lance ‘Bruxelles, bonjour, ça va, une petite chanson. OK.’  Ce qui déclenche l’hilarité dans la fosse. Le sommet de son set est atteint lors de sa version du « Bohemian Rhapsody de Queen (voir vidéo ici)

A vous flanquer des frissons partout ! Une excellente mise en bouche… (Pour les photos, c’est là)

Trois musicos montent sur l’estrade. Terepai Richmond, une jolie drummeuse (percus organiques et pads électroniques), le bassiste Yosef Haile et le claviériste/ Ian Peres. Avant que ne débarque à son tour Xavier Rudd, pieds nus, sous un tonnerre d’applaudissements. Tout au long de ses 2h40 de show, il va nous entraîner au cœur des déserts et bush australiens, mais également sur les plages ensoleillées de Kingston ainsi qu’au Far West. En quelque sorte un cow-boy rasta dans la peau d’un kangourou…

« Honeymoon Bay », extrait de « Storm Boy », son dernier album, ouvre le concert. La scène est plongée au sein d’une pénombre bleutée, mais passe au rouge dès les premiers accords de gratte. La foule frappe déjà dans les mains. Chaleureux, souriant, Xavier attire immédiatement la sympathie, et lui demande : ‘How are you feeling ?’. Les faisceaux lumineux inondent alors la fosse. En fin de morceau, il empoigne un didgeridoo, l’exhibe devant l’auditoire qui s’enthousiasme déjà, et en extrait des sonorités sourdes ou stridentes. Xavier lève le poing vengeur. Terepai et Yoseff frappent sur des percus. Rudd semble cependant apprécier les moments de pause. « Rusty Hammer » nous transporte vers les plages ensoleillées de la Jamaïque, et ce morceau met ‘La Faya’. Et lorsqu’il souffle dans son harmo, alors que Ian tapisse l’ensemble de son orgue Hammond, on ne peut s’empêcher de penser au regretté Bob Marley, flanqué de ses Wailers. L’auditoire reprend le refrain en chœur, alors que Rudd cale sa gratte dans son dos et invite le public à battre des mains. Dans le même registre, mais sur un tempo plus paisible, direction Kingston pour « Come let go ». Le natif de Torquay s’assied, pose sa gratte sur les genoux et la joue en slide, l’harmo toujours au bord des lèvres. Un titre qui communique de bonnes vibrations et l’artiste le souligne. Il demande alors de lever les bras…

En général, ses compos originales sont étirées et les versions ‘live’ peuvent atteindre 8 bonnes minutes. Faut dire que les musiciens improvisent régulièrement. L’expression sonore dérape même parfois dans le psychédélisme. Et lorsqu’elle est découpée dans les riffs graisseux et huileux, le spectre de Jimi Hendrix se met à planer. Outre Bob Marley, c’est une des ses références majeures, Ben Harper et Jack Johnson constituant ses deux autres. Tout au long du set, le bassiste va brandir un drapeau aborigène. Xavier profite de « Follow The Sun », morceau de clôture, pour présenter ses musiciens, moment choisi par chacun d’entre eux pour se réserver un long solo. Mais également, au cours duquel la claviériste s’installe derrière les fûts, alors que Terepai exécute une danse africaine en se consacrant au djembé.

Lors du premier rappel, Rudd va démontrer que c’est un virtuose du didgeridoo, mais qu’il est également capable de jouer des drums en même temps, tout au long de « Lioness Eyes » (NDR : pour vous en rendre compte, vous pouvez cliquer ici). Un concert dont l’intensité émotionnelle atteint alors son paroxysme et vous communique une bonne dose de bonne humeur pour le reste de la semaine… (Pour les photos, c’est ici)   

Setlist : « Honeymoon Bay », « Rusty Hammer », « Come Let Go », « The Mother », « Feet On The Grand », « Come People », « Fly Me High », « Storm Boy », « Messages », « Gather The Hands », « True Love », « Walk Away », « Bow Dawn », « Follow The Sun ».

Rappel : « Lioness Eyes », « Best That I Can », « Spirit Bird ».   

Janelle Monáe

Hanté par le petit Prince, mais pas de Saint-Exupéry…

Écrit par

De son véritable nom Robinson, Monáe est née le 1er décembre 1985 à Kansas City. Son maître ? Feu Prince. Et elle le revendique ouvertement. Cette auteure-compositrice-interprète de soul américaine s’est construite un personnage ultrasophistiqué, entre androïde arty et sex symbol émancipé. Il suffit d’écouter « Make Me Feel », le tube de son dernier album, « Dirty Computer », sorti en avril, pour retrouver la patte du Kid de Minneapolis, qui aurait pu poser une ligne de basse, pour communiquer le groove à la compo. Et le clip (voir ici) ne fait que confirmer cette impression. En 2011, elle s’était produite à l’Orangerie du Botanique et dans le cadre du festival Couleur Café. Depuis, elle a acquis une nouvelle maturité, sans pour autant négliger ses revendications féministes.

L’AB est comble pour accueillir la diva dont on attend un show futuriste boosté par son sacré tempérament. Inévitablement, tout au long du spectacle, elle va proposer des extraits de son dernier opus.

Le rideau est tiré. Pour l’instant rien à voir, circulez ! Les lumières s’éteignent et les haut-parleurs crachent la B.O. du ‘Star Wars’, alors que les rideaux commencent à s’ouvrir. Deux figurants apportent une civière sur laquelle est couchée Janelle. Elle est immobile. Au bout de 5 bonnes minutes, tout le monde disparaît, alors que la musique de « Crazy, Classic, Life » retentit. La scène s’éclaire et on découvre un backing group essentiellement constitué de musicos féminines. Deux claviéristes (NDR : qui reproduisent également les sonorités de cuivres), une bassiste bien en chair, sans oublier les 4 danseuses. Mais aussi un drummer et un excellent gratteur, qui doit tout avoir appris de Slash. Le show est réglé comme du papier à musique. A l’américaine, si vous préférez. Sexy, les danseuses et Janelle remuent sensuellement leurs corps et surtout leurs popotins. A quatre niveaux, l’estrade –de couleur blanche– va les voir constamment monter ou descendre, suivant la chorégraphie à exécuter. Si les ballerines (?!?!?) ont enfilé des tops blancs et un shorty lilas affriolant, Janelle change de tenue tous les trois morceaux, optant pour le pantalon à damier noir et blanc, tout au long de « PYNHK ». Bien que la musique semble tour à tour influencée par Michael Jackson, Tina Turner, James Brown, Nile Rodgers et bien sûr Prince (NDR : en particulier « Prime time » et naturellement la cover de « Purple Rain »), Janelle Monáe affiche une palette vocale impressionnante qui va de la new soul au funk profond. Interactive, Janelle Monáe va galvaniser la foule, pendant deux heures. Une véritable bête de scène !

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Death Grips

Malmener les sens sans pourtant parvenir à émouvoir...

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Une salle pleine à craquer –hormis les balcons latéraux et la tribune assise– attend le concert de Death Grips, une formation d’afro/punk annoncée comme très susceptible de plaire aux aficionados de Bad Brains, Ho99o9, Crass et Anti-Pop Consortium. L’auditoire est assez jeune et plutôt féminin pour accueillir ce crew de hip hop californien (NDR : il est issu de Sacramento) considéré, depuis début 2010, comme un hype dans l’univers de l’underground, tout en entretenant une forme de mysticisme. 

Pas de supporting act, mais une musique d’ambiance couverte progressivement par un bruit de fond qui atteint son sommet vers 20h30, horaire prévu pour le début du show. Pourtant, c’est le moment choisi par un roadie pour opérer le soundcheck des microphones. Drôle d’idée ? Pourquoi ne pas l’avoir réalisé en lieu et place de ce bourdonnement inopportun ? Il faudra même encore attendre un bon quart d’heure avant que le band ne débarque sur les planches.

« Beware », une longue plage de 5 minutes, prélude l’arrivée des musicos. Le line up implique Andy Morin, préposé aux machines, derrière laquelle il se place, Zach Hill, le drummer, installé en retrait –qui ôte rapidement son marcel, vu la chaleur ambiante– et le chanteur MC Ride. Torse nu, ce dernier va déblatérer, tout le set, des paroles gutturales complètement incompréhensibles, tout en arpentant l’estrade de long en large. Finalement, c’est le drummer qui sert de fil rouge. Pourtant, ses interventions sont sauvages, instinctives et tribales, mais remarquables et surtout bien organiques. Death Grips est venu défendre son sixième elpee, « Year Of The Snitch », mais n’en oublie pas pour autant les titres qui ont fait son succès. La setlist réunit 21 morceaux oscillant entre 2 et 3 minutes. Des compos qui baignent dans une forme de trip hop indus, stimulée par des percus afro/punk et toujours susceptibles, de virer à une forme plus expérimentale. Enfin, pas tellement, ce soir…

Les premiers rangs se balancent au rythme des percussions, comme s’ils étaient envoûtés par une forme de chamanisme. De nombreux spectateurs se lancent dans le crowdsurfing, qui déborde légèrement la sécurité alors que d’autres créent deux interminables round circles ; mais jamais la situation ne dégénère. Une situation qui semble plaire à MC Ride. Lorsque le band attaque le hit « Death Grips Is Online », multicolore, le light show nous en met plein les mirettes. Il en devient même aveuglant. Avant que le set ne reprenne son cours sur un même ton. Malmenant les sens sans pourtant parvenir à émouvoir... Après trois-quarts d’heure, votre serviteur en a vu et entendu assez. Il tire sa révérence, regrettant, en outre, que l’aspect noise/rock, plus jouissif, n’ait pas été suffisamment exploré…

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Julien Baker

Une maturité nouvellement acquise

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Nonobstant son prénom, Julien Rose Baker est bien une fille. Elle est originaire de Memphis, dans le Tennessee. Cette auteur, compositrice, interprète et guitariste, milite également chez The Star Killers (NDR : jusque 2015, le band répondait au patronyme de The Forristers), un groupe de rock alternatif, qu’elle a formé en compagnie de Matthew Gilliam. Elle a également décidé de se lancer, en parallèle, dans une carrière solo. Et a publié son premier elpee, il y a deux ans. Intitulé « Sprained Ankle » (Trad : cheville foulée), il a été bien accueilli par la critique. Elle vient de sortir un second album « Turn Out The Lights », plus personnel. Une sorte de tourbillon d’émotions pour cet album écrit sous le signe de la sincérité, de la force et de la délivrance. Et elle se produisait au sein de l’Orangerie du Botanique, ce lundi 3 septembre…

Le supporting act est assuré par Becca Mancari. Mais lorsqu’elle entame son set, l’auditoire est encore clairsemé. Née à Staten Island, New York, d’un prédicateur italo-irlandais et d’une mère portoricaine, Becca Mancari a pas mal bourlingué. Fan de Big Thief et Kevin Morby, elle voue une profonde admiration pour Alabama Shakes et a partagé la scène avec la chanteuse du groupe Brittany Howard (qui est également celle d’Alabama Shakes), dans le cadre de son side-project, Bermuda Triangle. 

Si Becca joue de la steel guitar, ce soir, elle va se consacrer uniquement à la gratte semi-acoustique ou à la Fender bien électrique. Sur les planches, elle est soutenue par un guitariste. Un barbu qui assure également les backing vocaux, et lorsque leurs voix se conjuguent en harmonie, c’est vraiment superbe ! Elle est toute vêtue de rouge, mais sa veste est décorée de motifs finement bordés, représentant des cactus, des palmiers et des guitares. Becca est venue défendre son premier elpee, « Good Women », paru en octobre 2017, dont elle va nous proposer de larges extraits. C’est son premier passage en Europe. Sa musique est le fruit d’un cocktail entre country, folk et indie rock et ses chansons sont empreintes de mélancolie douce, une mélancolie particulièrement perceptible dans la voix. Le duo est interactif. Les interventions aux cordes sont subtiles. « Arizona Fire » ouvre le show, une piste qui nous entraîne immédiatement au milieu du désert. Elle se réapproprie le « Never Tear us Apart » d’INXS, une compo qui avait notamment été reprise par Ben Harper. L’adaptation est plus paisible et surtout dépouillée. A contrario, « Devil Mouth » est un titre rock bien nerveux. Une bonne première partie !

La salle est bien remplie, quand Julien Baker grimpe sur l’estrade. Ce petit bout de femme se sert d’une Fender, d’un synthé et d’une loop machine, afin de restituer les sonorités de percus, de basse, de piano et d’orgue Hammond. Le temps de six morceaux, elle reçoit le concours de la violoniste, Camille Faulkner. Paru en single, « Appointements » entame le concert. Délicates, subtilement appuyées par les tonalités du piano, les cordes sont manifestement hantées par The Edge (U2). Julien (Prononcez : ‘JOO’ - ‘lee’ - ‘uhn’) a acquis de la maturité. Ce n’est plus la jeune fille de 20 ans qui chantait d’un timbre monocorde, en novembre 2017, au sein d’une Rotonde pleine à craquer. Elle est capable de monter sa voix dans les aigus, à la limite de se rompre ses cordes vocales. Claire, lumineuse, tendre ou puissante, elle est chargée de spleen. Mais bien mieux maîtrisée, elle la module de manière judicieuse. Ses yeux se ferment pour permettre de se concentrer sur ce chant. Elle n’est cependant pas du genre à crier sa joie de vivre sur tous les toits ou à nous raconter des contes de fées. Elle semble avoir le vécu d’un vétéran de 50 balais. Outre la vie et la mort, elle aborde des sujets comme les relations humaines, les désillusions, l’addiction ainsi que la foi. Elle a simplement décidé d’en parler ouvertement, d’une manière désarmante, sans cacher sa sensibilité et sa profonde sincérité. Quand Julien chante à 50 cm du micro, a cappella, on en a des frissons partout. Tout au long des 75’ de prestation, on aurait pu entendre un moustique voler, tellement l’auditoire était concentré et buvait ses paroles, comme du petit lait. Pas de déclaration pendant le set, sauf un petit speech avant d’attaquer, lors de la finale, son hit, « Turn Out The Lights ». Et puis, elle est repartie, comme elle est venue, sans un mot. Si vous appréciez Gabriel Aplin et Agnès Obel, vous risquez fort de tomber sous le charme de cette artiste promise à une grande carrière…

(Organisation : Botanique)

Youssou N’Dour

Un show authentique, généreux, coloré et particulièrement exaltant.

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Ce soir, il fait très chaud. Très chaud même ! La canicule sévit chez nous depuis plus d’un mois. Non seulement il est de plus en plus difficile de respirer sous ce soleil de plomb, mais alors, imaginez, si en lieu et place, on s’enferme dans une salle de concert. Au Palais 12, très exactement. Il est en configuration club, et peut donc accueillir 3 000 personnes. Et bonne surprise, quand on y rentre, on se sent beaucoup mieux. L’endroit est climatisé ! Et face à la scène, un carré d’or a été délimité. Une barrière le sépare même du reste de la fosse. Et votre serviteur a la chance de faire partie de ces privilégiés situés aux avant-postes… La foule a attiré de nombreux Africains. Issus de l’Afrique de l’Ouest, du Congo, mais surtout du Sénégal. La diaspora de cette population est d’ailleurs bien représentée. Même si de nombreux autochtones se sont déplacés…

Le supporting act est assuré par trois artistes africains. C’est Youssou N’Dour qui les a choisis. Mais le casting est serré, car Sister Yaki, Cécile Djunga et Lubiana Kepaou ne disposent que de 10 à 20 minutes pour s’exprimer. Et c’est la très belle Yvoire de Rosen, Miss météo sur la chaîne BX1, qui est préposée à la présentation de la soirée.

Sister Yaki ouvre les hostilités. Elle a du bagout. Sénégalaise, elle s’est établie en Belgique, depuis quelques années. C’est une véritable star, dans son pays ! Cette excellente showwoman a milité au sein du groupe de rap, Tim Timol de Pikine, en compagnie d’Alioune Guissé. Sa voix est captivante. Elle annonce la chanson de l’été, « Femme Chic », un morceau dont les lyrics traitent de coquetterie de la femme sénégalaise, tant recherchée par les hommes, dans ce pays. Sculpté dans une forme de rap hardcore, plutôt original, « Jongue Rek » aborde le thème de l’amour (‘Jongue’). Sister Yaki se penche sur des sujets contemporains, auxquels la jeunesse est confrontée. Elle encourage les jeunes à se mettre au travail, à accomplir des efforts et à faire preuve de créativité pour relever les défis. Comme quoi, « La vie fleurit par le travail »…

Place ensuite à Cécile Djunga, Miss Météo sur la RTBF ! Décidément, on ne parle que du temps, pour l’instant. Elle a suivi le célèbre Cours Florent. Elle déboule désarticulée, sur une bande son qui diffuse le « Single Ladies » de Beyoncé. C’est une humoriste ! Mais son humour est noir, sanglant même… Elle nous réserve quelques extraits de son spectacle, « Presque Célèbre ». Hilarant ! Et bien sûr aborde le sujet de la météo. Mais revient également sur son origine, ses humeurs, ses parents, son parcours… Elle vise un de mes voisins, Baudouin. Et demande aux hommes de se frotter les côtes. Elle s’exclame en s’adressant à un mec, ‘Toi c’est tout nu sur les baffles, devant moi !’ Pas froid aux yeux, la donzelle… Elle entame une tournée dès cet automne…

Belgo-camerounaise, Lubiana Kepaou s’est également établie dans la capitale de l’Europe. Elle a participé au télécrochet ‘The Voice Belgique’. Elle se sert d’un instrument de musique à cordes, issu d'Afrique de l'Ouest, baptisé kora, qu’elle pose sur un trépied. Une sorte de harpe-luth mandingue à 10 cordes, utilisé au Sénégal, au Mali, en Mauritanie, Gambie et Guinée. Elle chante, tout en ondulant le corps, dans la langue de Shakespeare, d’une voix soul légèrement jazzyfiante, mais qui ne manque pas de groove. Elle va nous proposer quatre compositions, dont le single « Feeling Low », en s’aidant de cet instrument, et en final, « King Of My Kingdom », en se consacrant au synthétiseur.

Youssou N’Dour est une star planétaire. Il compte plus de 35 albums à son actif, dont le dernier, « Suni Valeurs », est paru en 2017… En 30 années de carrière musicale, ses collaborations musicales sont innombrables. Certaines sont même prestigieuses (NDR : Peter Gabriel, Tracy Chapman, Sting, Neneh Cherry, Axelle Red, etc.) Patron d’un organe de presse, il s’est aussi investi au sein de différentes associations humanitaires. Mais également en politique. Ainsi, il a été brièvement Ministre de la Culture et du Tourisme avant d’être nommé ministre/conseiller du président Macky Sall. Mais rentrons dans le vif du sujet…

Youssou pratique ce qu’on appelle, le mbalax, c’est-à-dire la musique la plus populaire du Sénégal, un style propice à la danse (le ventilateur), alimenté généreusement par les percussions. Sur les planches, il est soutenu par neuf musiciens, dont deux guitaristes, un bassiste, deux claviéristes, un drummer, deux percussionnistes et un saxophoniste, ainsi que deux choristes et trois danseurs/acrobates. Lorsque toute l’équipe est en place, un des percussionnistes (NDR : excellents, par ailleurs) annonce l’arrivée de Mr le Conseiller du Président du Sénégal. Youssou est revêtu d’un costume bleu. Il nous souhaite la bienvenue et nous incite immédiatement à danser. Pas de setlist en vue. Les morceaux sont chantés tour à tour en anglais, français ou wolof. L’artiste a baptisé son spectacle, ‘le grand bal’, un show qu’il a initié au Sénégal, en compagnie de son band, le Super Etoile de Dakar.

Humble mais particulièrement interactif, il se poste régulièrement en retrait pour laisser ses musicos improviser. Des moments au cours desquels il en profite pour s’éponger la tête. Lorsque le tempo s’accélère, il (quand ce n’est pas son chauffeur de salle) s’adresse à la foule pour lui demander si elle n’est pas fatiguée. Son hit planétaire, « 7 Seconds », va se prolonger au-delà des 15 minutes. Les acrobates bondissent au-dessus d’un des djembefolas. Colorée et sympathique, la foule danse et communique cet élan à l’ensemble de l’auditoire.

Et cette fête africaine va se prolonger au-delà de deux heures. Un laps de temps au cours duquel on oublie tout : la fatigue de la route, les tracas de la vie, la chaleur étouffante.

Un show authentique, généreux, coloré et particulièrement exaltant. 

(Organisation : Phrenos et Dakar Company).

Amenra

Replacer l’humain au centre de la terre…

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1918-2018 : cent ans que les ultimes balles de la Première Guerre mondiale ont cessé d’arracher des vies. Pour la circonstance, la province de Flandre-Occidentale a planifié ‘GoneWest’, un événement culturel commémoratif programmé à Poperinge, Furnes, Nieuport, Dranouter et Diksmude. C’est dans cette dernière ville, sur la Grand-place, qu’Amenra a imaginé un specacle tout à fait atypique. Compositions originales écrites pour l’occasion, projection de clichés sélectionnés par le photographe Dirk Braeckman et la sculptrice Tine Guns, sans oublier une démonstration de Buto, danse mystique japonaise, interprétée d’une main de maître par Imre Thormann. Tentative de mise en mots d’une puissante expérience sensorielle.

Ponctuels comme d’habitude, les musiciens prennent place. Les mines sont graves et concentrées. Une épaisse fumée enveloppe le podium. Le silence est de rigueur et est empreint d’autant de respect que de recueillement face à la prestation qui va se dérouler. Après un moment suspendu dans l’air, au cours duquel les artistes semblent s'accorder à l’unisson, sans pour autant se concerter, le mur de son s’élève et s’abat sur la foule. Vêtu de sa longue chemise noire à col Mao, Colin van Eeckhout rompt momentanément avec son habituelle chorégraphie en s’exécutant face à l’auditoire. Son corps n’est qu’un catalyseur de sentiments et de sensations : ses hurlements nouent l’estomac, ses chants clairs psalmodiés ou récités, mais toujours à fleur de peau, figent sur place. Les illustrations abstraites observées en arrière-plan –supports visuels pour entrer en transe– sont aujourd’hui accompagnées de photos de la Première Guerre mondiale, projetées sur des écrans géants, situées de part et d’autre de l’estrade. Les ressentis face à la musique, généralement refoulés au niveau de l’inconscient, sont ici cristallisés par des fragments de mémoire, froidement concrets. Des hommes envoyés au front, des tranchées, des masques à gaz défiant une mort certaine, des regards dévorés par la peur, des instants de fraternité, clope à la main, avant d’expirer un dernier souffle sur le champ de bataille. Les compositions sont lourdes, les corps se balancent frénétiquement d’avant en arrière. Il se produit quelque chose, au-delà des mots.

Puis du côté gauche de la scène apparaît une forme courbée, qu’on devine humaine. Vêtu uniquement d’une ample couverture beige, les mains liées dans le dos, le danseur Imre Thormann s’avance lentement, à pas saccadés, vers l’avant du podium. Le crâne entièrement rasé et maculé d’une substance blanchâtre, les yeux perdus dans le vague, l’artiste déforme son visage au gré des émotions qui le traversent. Un accoutrement qui ne peut que faire penser aux prisonniers de guerre. Il parvient finalement à se détacher les bras, puis enlève sa couverture. Seul un léger pagne lui recouvre l’entrejambe. Son corps –qui n’est que peau, muscle et os– est transpercé par la peur, la joie, l’excitation, la tristesse, le désespoir ou encore l’abandon. Certains gestes défient la gravité. Il tombe, se relève, est à nouveau happé par le sol. Ses épaules claquent sur les planches. Si certains spectateurs avaient osé un trait d’humour ou un petit cri blagueur à son arrivée, toutes et tous ont à présent adopté le lourd silence. La tension est palpable. On ne peut s’empêcher de penser à toutes ces émotions qu’ont dû vivre ces hommes et ces femmes en 14-18. À celles et ceux qui sont tombés là, à l’endroit même où on assiste à ce concert, cent ans plus tard.

La guitare et la basse accompagnent les mouvements étirés de l’interprète ; ses pas sont guidés par des impacts de batterie. À l’arrière de l’estrade, le vocaliste psalmodie, joue de sa voix tel un instrument, participe à l'ambiance macabre. Une transe ‘pluriaristique’ s’opère entre les artistes. Soudain, le rythme s’emballe. Amenra retrouve la violence de ses compositions. Imre Thormann est frappé de plein fouet. La démence se lit désormais sur son visage. Cette forme de folie lorsque tout est perdu, qu’il n’y a absolument plus rien à espérer. Le fil est rompu, la plongée dans le vide est inéluctable. Il s’empare de la corde qui retenait la couverture à sa taille et l’enroule autour de son visage. Violement, avec force et détermination. Les liens lacèrent ses joues, son cou, son front, ses yeux. La folie de la Grande Guerre a finalement eu raison de lui, comme l’ont été des milliers d’autres personnes. Après avoir exécuté cette Danse des Ténèbres (autre nom de la danse Buto), pendant une grosse demi-heure Imre vide les lieux en chancelant (pour les photos, c'est ).

Seconde partie du set. Place au répertoire classique du band. Colin van Eeckhout s’agenouille sur les planches, inondé par un faisceau de lumière. Série de deux coups métalliques. Les aficionados savent qu’il s’agit de l’intro du « Boden », issue de l’album « Mass V ». En lettres dorées, apparaissent en fond : ‘To all people from the colonized countries, who died protecting their homeland’. La commémoration se poursuit. Alors que les écrans latéraux diffusent en discontinu des clichés d’archive immortalisés sous l’occupation, l’arrière-plan devient le théâtre de l’injustice mondiale actuelle : des images de bateaux de migrants pleins à craquer, prêts à tout pour sauver leur peau, des familles palestiniennes chassées de leurs propres terres, des enfants enlevés à leurs parents, dont un père embrasse pour la dernière fois son fils. La puissance de la musique d’Amenra devient dénonciatrice de cette justice bafouée aux quatre coins du monde. Les applaudissements du public résonnent désormais comme des actes de résistance.

C’est sur « Diaken », issu de son dernier LP, « Mass VI », que le band courtraisien prend finalement congé de son audience. Un par un défilent les noms des personnes dont la vie a été soufflée pendant ce premier conflit mondial, à Diksmude. Malgré l’aspect atypique de ce show, les musiciens se retirent, suivant le même rituel, dès que le dernier morceau est achevé. Les acclamations sont nourries. L’auditoire semble conscient d’avoir assisté à une prestation hors du commun, aussi unique que poignante. Les mines sont hagardes. Certains regards sont perplexes, d’autres pensifs ou encore émus. Le genre d’expérience qui remue, provoque un tourment intérieur qui nécessitera quelques jours avant de pouvoir être maîtrisé. Chacun en tirera une leçon, une pièce du puzzle à ajouter sur la table. Désormais, malgré l’hétérogénéité du public présent, toutes et tous seront reliés de manière invisible grâce à ce vécu au-delà des mots d’une heure et demie. C’est pourtant loin de ses principes, mais Amenra s'est, ce soir, engagé politiquement, au sens noble du terme, en replaçant avec force et vigueur l’humain au centre de la terre… Pour les photos, c'est ici

La formation aversoise Flying Horseman assurait le supporting act ; pour en découvrir le reportage photo, c'est

(Organisation : 4AD + GoneWest)

NB : les photos figurent sur la partie néerlandophone de Musiczine (ici pour le show d'Amenra, pour une sélection avec Imre Thormann)

Dorja

Du metal conjugué au féminin…

Écrit par

Un peu plus de 150 âmes s’étaient déplacées pour le concert de Dorja, une formation féminine au sein de laquelle milite Mylène Letertre, à la batterie. Originaire de Silly, elle a choisi pour nom de scène, Anna Mylée, et s’est entourée de quatre autres filles. Une Californienne (NDR : issue de Los Angeles) et trois Britanniques, partenaires qu’elle a rencontrée au gré de ses pérégrinations, aux States et en Angleterre. Le combo a donc accepté de revenir sur les terres de sa drummeuse, pour y accorder un show au Salon. Une belle preuve de reconnaissance pour le public régional. A ce jour, le band a publié un Ep (« Target Practice »), et un album (« Gemini »), qu’il va défendre ce soir.

Le supporting act est assuré par Recall, un sextuor tout à fait local, au sein duquel figure le papa de Mylène, essentiellement préposé à la gratte. Le line up implique un second sixcordiste, une chanteuse, un bassiste et un claviériste. Votre serviteur n’est pas très passionné par les covers bands, même s’ils attirent du peuple. Néanmoins, il faut reconnaître que le set va se révéler de bonne facture, grâce à la prestation très solide et tempétueuse de la vocaliste. En rappel, la formation va même nous proposer une étonnante reprise du « Helter Skelter » des Beatles, au cours de laquelle Mylène va nous en mettre plein la vue, derrière les fûts…

Outre Anna, le line up de Dorja réunit aujourd’hui la guitariste Sarah Michelle (une Irlandaise !), qui a remplacé Holly Henderson, en mai 2017, la chanteuse Aiym Almas, la seconde gratteuse Rosie Botterill et la bassiste Becky Baldwin.  

Dorja Band puise ses influences essentiellement dans le hard rock des seventies et des eighties, et tout particulièrement chez Led Zeppelin et Guns N’ Roses, même si on recèle dans sa musique des accents de garage/rock plus modernes, adoptés dans l’esprit d’un certain Royal Blood. Mais la sensibilité féminine en plus.

La section rythmique est puissante. Le sens mélodique, soigné. Les guitares sont huileuses, graisseuses. Singulière, graveleuse, capable de passer des aigus aux graves avec une facilité déconcertante, la voix d’Aiym rappelle parfois celle de Janis Joplin ; elle est même capable de talonner l’instrumentation…

Des ventilateurs sont installés au sol devant les artistes. Et pas seulement parce qu’il fait chaud. Cette technique permet de souffler les cheveux de la vocaliste, en arrière, un peu comme Robert Plant.

Le set s’ouvre par « Reaching Out », morceau au cours duquel la section rythmique démontre toute son efficacité. Bien cadencé, « Limitless » met déjà bien en exergue les deux grattes. Les backing vocaux ont soutenus. Les interventions de Becky à la six cordes sont complexes tout au long de « Gemini », un titre qui oscille entre grunge et alt rock.

Une ligne de basse flemmarde amorce « Use You », avant que Mylène ne s’emballe derrière ses fûts. Et elle va étaler tout son talent sur le judicieusement intitulé « Drum solo ». La version métallique du « Give In To Me » de Mickaël Jackson, est paradoxalement hantée par… Slash. Et le set de s’achever par le flamboyant « Fire », compo qui a permis au groupe de se faire connaître.

En rappel, on aura droit à une autre reprise du « Helter Skelter » des Beatles ainsi qu’à celle –et c’était prévisible, vu la passion de Mylène pour ce mythe– du célèbre « Whole Lotta Love » du dirigeable. Un set énergique, excitant et chargé de bonnes vibrations. Que demander de plus ? Sans doute davantage de notoriété. D’ailleurs, prochaine étape du quintet : se produire dans de grandes salles et des festivals majeurs… C’est tout le mal qu’on lui souhaite.   

Setlist : « Reaching Out », « Limitless », « Too High », « Gemini », « Uninvited », « Far Gone », « Silence », « Drum solo », « Target Practice », « Give In To Me » (Michael Jackson), « Use You », Chainbreaker », «  Fire »

Rappel : « Helter Skelter », « Whole Lotta Love »

(Organisation : Le Salon de Silly)

Photo Dawn Bowery

Bryan Adams

Un Bryan brillant !

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Bryan Adams est un rocker à succès. Il a vendu plus de 100 millions d’albums dont 15 elpees studio –le dernier en date, « Get Up », remonte à 2015, un disque produit par Jeff Lynne (ELO)– et quelques compiles, parmi lesquelles on épinglera « Ultimate », un long playing publié l’an dernier qui recèle par ailleurs deux inédits, « Ultimate Love » et « Please Stay ». Sans oublier 7 Dvd et 4 elpees ‘live’, dont le « MTV Unplugged », paru en 1997, ainsi que 12 collaborations à des B.O. de films. En outre, on ne peut passer sous silence son engagement en faveur de l'environnement, la lutte contre le cancer du sein ainsi que ses campagnes en faveur de la protection animale, à travers l'association PETA.

Pas de supporting act. La salle est comble pour accueillir le Canadien. En attendant le spectacle, l’artwork du dernier LP est projeté sur un immense écran. Une grue virtuelle vient y plaquer la tête de Bryan, de profil. Différents personnages apparaissent sous la forme d’hologrammes et viennent le saluer, dépoussiérer son image, lui remettre un GSM, qu’il jette derrière lui. Fun ! Au cours du set, cet écran va alterner prises ‘live’ du concert, prises de vue de la foule qui y assiste, vidéos consacrées au morceau ad hoc ou encore les paroles qui défilent, comme lors d’un karaoké. Interdiction de prendre des photos ou de filmer. La sécurité veille !

Sur les planches, Bryan –qui débarque bien sûr, le dernier– est flanqué de quatre musicos. En l’occurrence Mickey Curry aux drums, planté sur une estrade, Gary Breit au piano à queue, le fidèle Keith Scott à la gratte électrique et… un bassiste… Adams se consacre tour à tour à la sèche ou à l’électrique.

Le show s’ouvre par le rock’n’roll puissant « Ultimate Love », un morceau qui adresse un clin d’œil à ZZ Top. Le son est bon. Le light show est déjà impressionnant. Il y a des stroboscopes qui pulsent un peu partout : une quinzaine délimitent le tour du podium, d’autres sont suspendus au plafond où on remarque également la présence de néons multicolores ; et tout cet éclairage monte ou descend en fonction des compos. L’auditoire reprend les paroles en chœur ; et 20 000 personnes à l’unisson, c’est impressionnant ! A la fin du titre, Bryan pointe sa gratte en l’air. « Can't Stop This Thing We Started » embraie. Adams et Scott chantent en duo. Ce dernier arrache littéralement ses cordes. Régulièrement, il vient à l’avant-plan pour s’autoriser de longs solos. Sur la toile tendue en arrière-plan, une femme en hauts talons court dans la rue d’une grande ville. Les deux compères s’affronteront régulièrement manche contre manche. Plusieurs micros sont disposés à l’avant du podium, afin de permettre à Adams de se balader sur les planches, tout en continuant d’assurer les vocaux. Les lumières blanches émanant du plafond mettent en exergue les costumes des artistes et entretiennent ainsi une ambiance… monochrome. Breit a troqué ses ivoires contre une gratte pour le plus paisible « Run To You ». Idéal pour enlacer sa partenaire, sur la piste de danse. La planète bleue arbore toutes ses facettes sur l’écran. Un cosmonaute plane autour d’une navette. Bryan a empoigné, pour cette circonstance, une sèche. Il incite la fosse à participer, en exécutant des gestes de la main. Il prend une pause et salue l’auditoire et après avoir s’être présenté, signale qu’il s’agit de son show. Il rend hommage à Tina Turner… et à cet instant, on imagine qu’elle va débarquer sur le podium. C’était une vanne... Néanmoins, elle hante littéralement « Go Down Rockin' » et « It’S Only Love ». Il adresse un mot particulier aux femmes. Et puis, salue également la victoire des Belges au Mondial. Et lorsqu’il entonne le « Seven Nation Army » des White Stripes, la foule reprend le refrain en chœur.

Les hits défilent et le public semble ravi. Une belle interactivité s’est établie entre l’artiste et l’auditoire, depuis le début du concert. Lorsqu’il se consacre en solo à la semi-acoustique, on n’entend pas une mouche voler. Pendant, « (Everything I Do) I Do It For You », Bryan, Scott et le bassiste font face au drummer, dos au public. Ils balancent tous les trois, le popotin. Bryan ose une claque sur les fesses de Scott, ce qui déclenche l’hilarité générale.

Assez long, le rappel va proposer trois titres acoustiques et puis surtout la cover des Crickets, « I Fought The Law », immortalisée par The Clash, ainsi que « Straight From The Heart », morceau au cours duquel Bryan Adams –en grande forme, malgré ses 59 balais !– va briller à l’harmonica. Au bout de 120 minutes, la setlist aura parcouru l’intégralité des titres –pour la plupart des hits– qui figurent sur cet « Ultimate Love »… entre autres… et permis au public de vivre un bon moment, mais surtout d’oublier les tracas de l’existence ; et ça, c’est l’essentiel…

Si vous voulez revivre l’intégralité du concert, ici

Setlist : « Ultimate Love », « Can't Stop This Thing We Started », « Run To You », « Go Down Rockin' », « Heaven », « This Time », « It’S Only Love », « Cloud #9 », « Young Belong To Me », « Summer Of 69 », « Here I Am », « Lonely Nights », « (Everything I Do) I Do It For You », « Back To You », « Somebody », « Have You Ever Really Loved a Woman? », « The Only Thing That Looks Good On Me Is You », « Cuts Like a Knife », « 18 Til I Die », « I'M Ready », « Brand New Day ».

Rappel : « I Could Get Used To This », « I Fought The Law », « Whiskey In The Jar », « Straight From The Heart », « When The Night Comes », « All For Love ».

(Organisation : Live Nation)

Billy Idol

Un Billy chasse l’autre…

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De son véritable nom William Broad, Billy Idol a sévi brièvement au sein des Banshees de Siouxsie. Il rejoint ensuite le groupe punk Chelsea en 1977, comme guitariste, qui change alors son patronyme en Generation X. Après le départ de Gene October, il en devient le leader et chanteur. C’est en 1981, qu’il entame alors une carrière solo, une carrière qui va s’avérer fructueuse, tout au long des eighties. Outre ses huits elpees publiés à ce jour, il a gravé quelques tubes dont les incontournables « Rebel Yell » et « Flesh for Fantasy ». En 2014, il a sorti son neuvième album studio, « Kings & Queens of the Underground », et l’an dernier réédité « Cyberpunk », bien évidemment après remasterisation…  

Vu la rencontre de football opposant la Belgique au Panama, dans le cadre de la ‘Coupe du monde’, en Russie, le concert a été retardé, afin que le public puisse assister à la retransmission du match. Le show débutera donc à 21h15. Pas de supporting act.

Il doit y avoir plus ou moins 2 000 âmes pour accueillir l’artiste britannique et sa troupe, dans un Forest National qui paraît vide… Pendant, l’intro préenregistrée, les musicos viennent s’installer. Billy possède toujours sa tignasse peroxydée et a enfilé son inévitable long manteau de cuir noir. Son backing group implique le bassiste Erick Elenius, le drummer Erik Eldinius (NDR : installé sur une estrade en retrait et protégé par une paroi en plexiglas), le préposé au synthé (NDR : parfois à la gratte) Paul Trudeau, et deux guitaristes dont Billy Morrison et le légendaire Steve Steevens. Pour tout décor, une toile zébrée par le célèbre éclair rouge et surmontée d’une couronne a été tendue en arrière-plan. 

Le set s’ouvre par « Shock To The System ». Déjà, Billy vient affronter la foule, sur deux petits tréteaux placés à hauteur des retours de scène. La setlist embraie par la cover du « Dancing With Myself » de Gen X. Grave, la voix de Billy est toujours aussi puissante. Billy brandit un poing revanchard vers l’auditoire et l’invite à danser. Pour la circonstance, Trudeau a abandonné ses claviers pour une six cordes. Mais c’est Steven qui assure le show. Agiles, ses doigts se déplacent sur le manche, à la manière de Satriani, Vai, Slash voire Bonamassa. En outre, il semble avoir tout appris de l’attitude de Jimi Hendrix, quand il joue de son instrument dans le dos ou mord dans les cordes. La foule et même Billy l’applaudissent régulièrement. Le climat baigne cependant davantage dans le hard que dans le punk. L’ambiance monte graduellement en puissance. Billy enlève son t-shirt, enfile une veste plus courte et s’accoutre de ses colliers fétiches autour du cou. Il se pavane et grogne, convaincu que le rock guérit toutes les maladies. Le combo reprend subtilement le « L.A. Women » des Doors. Un roadie file une gratte électrique à Billy. Les quatre manches sont en ligne rapprochée. Quand le tempo ralentit, le spectre des Doors, et surtout de Jim Morrison, rôde. Steve nous réserve un long solo, talonné par une section rythmique lancée au galop. Le light show devient aveuglant. Billy parcourt les planches de long en large en criant « Scream », à tue-tête, tout au long de ce morceau nerveux et percutant. Puis, Billy s’éclipse, laissant Steven de nouveau tirer son épingle du jeu, tout au long du paisible « John Wayne ». Il va y étaler toute sa virtuosité à la sèche, un exerce de style de 7 bonnes minutes virant même au flamenco et que les claviers atmosphériques de Trudeau vont conduire vers un climat prog/rock. De retour pour quelques morceaux, le natif de Stanmore avoue adorer l’inévitable « Rebell Yell ». Le public également, apparemment. Billy Idol ôte son nouveau tee-shirt et bande les muscles, laissant apparaître de fameuses plaquettes de chocolat. A l’issue de ce morceau, le band se retire sous les acclamations de l’auditoire.

En rappel, toute l’équipe va nous réserver « White Wedding » et la cover du « Mony Mony » de Tommy James and The Shondells. Ce soir, le concert semi/punk, semi/metallique nous en a mis plein la vue et les oreilles. Ce qui change d’un autre Billy (Bragg), qui la veille, nous avait presque anesthésiés…

Setlist : « Shock To The System », « Dancing With Myself », « Daytime Drama », « Can’t Breack Me Down », « L.A. Women » (Doors Cover), « Scream », « John Wayne », « Eyes Without The Face », « Guitar Solo », « World’s Forgotten Boy », « Whisky And Pills », « Blue Highway », « Rebell Yell ».

Rappel : « White Wedding », « Mony Mony »

(Organisation : Gracia Live)

Voir auszi notre section photos, ici

 

Billy Bragg

Bragg a pris un solide coup de vieux…

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En mai 2018, c’était le cinquantenaire de la révolte étudiante parisienne qui a secoué toute l’Europe (le fameux Mai 68). L’Ancienne Belgique s’empare volontiers de cette thématique et joue la carte de la musique contestataire, qui trouve (malheureusement) un terreau fertile dans le climat politique et social actuel. L’AB creuse le sillon du ‘Sound Of Protest’ et fait résonner les voix de la révolte sociale turque, du grime londonien, du mouvement Black Lives Matter et des icônes du Punk, le tout porté par l’appel à un monde (et une musique) sans frontières. Ce soir, l’Ancienne Belgique accueille une figure emblématique de la contestation insulaire de la seconde moitié des eighties : Billy Bragg.

Musicien solitaire et respecté, Billy Bragg fait figure de vétéran du combat social dans un pays où le rock ne sait plus être un instrument de contestation. Chroniqueur régulier des disparités de la société britannique et fondateur du Red Wedge, exemple historique de mobilisation artistique en soutien aux mineurs grévistes en 1984, ce redresseur de torts impénitent a aussi le bon goût de parler politique avec légèreté et esprit. Bien entendu, il vénère Clash, une autre icône du punk engagé sous l’angle sociopolitique.

Ses revendications, quand il n’aborde pas des thèmes plus romantiques, il les traduit à travers des textes, qu’il dispense sur une musique qui mêle folk urbain et punk rock. Au cours de ses trente années de carrière, il a publié 16 albums et collaboré, entre autres, en compagnie de Johnny Marr, Michelle Shocked, Less Than Jake, Kirsty MacColl, des membres de R.E.M. et Wilco.

Pas de supporting act de prévu. La salle est comble. Dépouillé, le décor se limite à deux guitares électriques, une pedal steel, autant d’amplis Marshall, une table basse et un tabouret.

La setlist va proposer des titres issus des albums « Life’s a riot with spy vs spy » (83), « Brewing up with billy bragg » (84), « Talking with the taxman about poetry » (86) et « Workers playtime » (88), ainsi que quelques plages plus récentes.

Le set s’ouvre par « Sexuality ». Le son est excellent. Billy est armé d’une semi-acoustique et son partenaire, d’une électrique. Et en début de parcours, le public semble enthousiaste. Billy va même saluer des spectateurs aux premiers rangs, tout en continuant à interpréter cette chanson au refrain accrocheur. Billy a des messages à faire passer, et il ne va pas s’en priver. Il parle des guerres au Moyen-Orient, du Brexit, des déplacements de population, des migrants, de la mondialisation, etc. Chacune de ses interventions précède la chanson et elles semblent parfois interminables. Au début ça passe, mais à la fin, ça lasse ! Billy est passé à la gratte électrifiée pour « The Warmest Room », une compo paradoxalement nerveuse et molle. Pourtant, c’est sous cette configuration qu’il se révèle le plus performant. Pour attaquer le « I ain’t go no home » de Woodie Guthrie, il a récupéré sa sèche, alors que son compère se consacre à la pedal steel ; un titre qui baigne dans l’americana, suggérant des images des grandes plaines de l’Ouest américain. Pendant que Billy blablate, son collègue s’éclipse. Il ne reviendra cependant sur l’estrade que 40 minutes plus tard. Entre-temps, outre ses bavardages, il va proposer des titres tour à tour folk ou punk. Enfin un punk bien sage, comme s’il le destinait aux pensionnaires d’une maison de retraite. Le concert commence à tirer en longueur, et adopte un ton de plus en plus monotone. Assis, votre serviteur commence à s’assoupir et gagné par l’ennui, décide de quitter les lieux, au bout d’une bonne heure. Plusieurs spectateurs prennent d’ailleurs la même décision.

Le punk de Billy Bragg a pris un solide coup de vieux. Pour lui insuffler un peu d’énergie, il aurait sans doute fallu, au moins, une section rythmique…

(Organisation : Ancienne Belgique)

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