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Didier Deroissart

Didier Deroissart

mercredi, 06 mars 2024 14:45

Classieux, mais aussi expérimental…

Dorian Dumont est né à Montpellier (France), où il y a étudié le piano classique au conservatoire. Il y a décroché, en 2005, la médaille d’or dans les branches ‘piano classique’ et ‘musique de chambre’, avec la mention très bien et les félicitations du jury. S’intéressant de plus en plus au jazz et à la musique improvisée, il part en 2008 pour Bruxelles, ville qu’il ne quittera plus. Après ses études de jazz au Conservatoire Royal de Bruxelles, il y obtient son master en 2013. Musicien curieux de nouvelles sonorités, Dumont cultive l’éclectisme et refuse de se fixer sur un genre, ce qui lui permet d’explorer les multiples facettes de son jeu. Depuis quelques années, il est particulièrement investi dans le groupe ECHT ! formation qui brouille les frontières entre jazz, hip-hop et musique électronique. Dumont participe également à d’autres projets, qui tournent autour des concepts et de la poésie du ‘prodige de la musique électronique’, dont Edges, le projet de Guillaume Vierset montée en compagnie de Jim Black et Anders Christensen, Easy Pieces avec Ben Sauzereau et Hendrik Lasure ou encore le Dario Congedo Trio.

Le pianiste d’Echt ! Dorian Dumont rend ce soir hommage à Richard David James (NDR : un compositeur britannique de musique électronique, né le 18 août 1971 à Limerick, en Irlande), en adaptant sa musique pour le piano solo. Richard D. James est l’un des musiciens les plus intéressants de son temps. Mais son œuvre est aussi opaque qu’intrigante. Apparu au début des années 90 sous le pseudo d’Aphex Twin, il travaille les machines comme Stockhausen a pu le faire dans les années 50, en ajoutant à son travail de studio, la contre-culture rave qui explose alors (techno, jungle, drum n’bass). James s'est lancé au milieu des années 1980 en tant que producteur pionnier de musique ambiante, suivant ainsi les traces de Brian Eno.

Pendant 70 minutes, Dorian va interpréter fidèlement ou improviser sur les morceaux d’Aphex Twin, mais également quelques titres de son second opus, « To the APhEX », paru ce 28 février (en écoute ici). Une certaine forme de ‘release party’ pour 70 privilégiés, pour la première fois assis, dont votre serviteur. L’AB Club est donc comble.

Le maestro débarque et part s’installer derrière un grand piano à queue de couleur noire. Simple, intimiste et oscillant entre ombre et lumière, le light show émane du plafond, mais également du sol, grâce à 6 néons leds dont l’intensité varie lorsque la musique s’emballe. Toute sa famille est présente, y compris son grand-père, à qui il rend hommage. Et pour cause, il a fait le déplacement de Montpellier pour écouter son petit-fils en fan convaincu.

Après les deux premiers morceaux exécutés brillamment, Dorian empoigne un micro et signale qu’il est assez volubile et explique pourquoi il est fasciné par l’œuvre d’Aphex Twin, ses mélodies compliquées, alambiquées même, sa poésie et surtout l’harmonie étrange délivrée par ses mélodies, et enfin la perfection, selon Dorian.

Pas de setlist sur le piano ou aux pieds de l’artiste. Les titres proposés portent des noms bizarres. Jugez plutôt : « "180db_ [130] », « Windowlicker », « Avril 4 Th », « # 3 (Rhubarb) », …

Il nous réserve les compos par série de deux. Régulièrement, en improvisant, il apporte sa touche personnelle et artistique avec beaucoup d’expérimentation et de classe.

Les basses, les batteries et tous les sons d’un groupe sont rassemblés dans les touches du piano pour ne faire qu’un.

En décomposant toutes ces couches électroniques et en les recomposant pour le piano solo, il prouve que la musique d’Aphex Twin est bien plus qu’une apologie des machines. Sa relecture offre un point de vue pertinent et tout personnel sur cette musique qu’il s’approprie de la plus belle des manières, en ouvrant de nouvelles portes.

Toujours curieux de nouvelles sonorités et cultivant l'éclectisme, Dorian Dumont refuse de se fixer sur un genre pour être capable d'exploiter plusieurs facettes de son jeu et ainsi de s'exprimer dans plusieurs domaines d'exploration musicale. Une très bonne soirée hantée par la découverte d’un genre musical auquel on votre serviteur n’est pas habitué, et au cours de laquelle l’auditoire s’est montré attentif, silencieux et surtout mélomane. Cela change.

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Comparé aussi bien à Prince que Jimi Hendrix, aussi bien pour l’univers musical que dans la presse spécialisée, Léon Courbot avait publié son premier elpee, « Vatic Vintage » (révélation Jazz Magazine 2021), en 2021. Il livrera son second, « Passion At A Distance », ce 22 mars 2024.

Lors des sessions, il a reçu le concours d’une flopée de batteurs : Michael Bland (Prince, Vulfpeck), Gene Lake (Meshell Ndegeocello, D’Angelo), Stéphane Galland (Joe Zawinul, Aka Moon) et Pat Dorcean (Ida Nielsen, Jef Lee Johnson).

A l'image de la pochette du disque dessinée par un pionnier de la science-fiction des 70s, Philippe Caza, l'album « Passion At A Distance » parcourt l'espace à la recherche de nouvelles planètes où porter son groove torride et ses riffs de guitares à la distorsion captivante.

Après avoir extrait un premier titre, « Cantique Des Quantiques », sous forme de clip (voir ici), il nous en propose un deuxième, enregistré avec Stéphane Galland, « The Quantum Quake » (la vidéo est à voir et écouter ) et qui a bénéficié du concours du drummer Pat Dorcean, une compos qui  devrait séduire les fans de Prince et de  Funkadelic

En neuf titres funk-rock originaux, cet LP met en scène la quête interstellaire d'un amour authentique. D'une chanson à l'autre, les textes s'appuient sur les vocabulaires cosmique et quantique pour poser le décor : ‘nuages d'électrons’, ‘corps célestes’ et ‘trous de vers’ y décrivent les distances infimes et infinies où se jouent le désir, les plaisirs et les peines amoureuses.

mardi, 12 mars 2024 11:14

En hommage à Charlie Segar ?

J.J. Milteau est un grand voyageur musical devant l’Eternel : l’harmonica se prête au voyage et le blues raffole des croisements.

Du Paris populaire où il est né aux dorures de l’opéra Garnier, du cercle arctique à l’Afrique du Sud, de Shanghai à La Havane en passant par le Nice Jazz Festival avec B.B. King, du blues à la country et des mélodies celtiques à la soul de Memphis, Jean-Jacques Milteau a toujours montré que les frontières célèbrent des différences qui dessinent l’humanité. Ce périple, il le doit à l’harmonica qui lui a permis d’enchaîner les rencontres : Gil Scott-Heron, Eddy Mitchell, Terry Callier, Barbara, Little Milton, etc.

En une vingtaine d’albums et deux Victoires de la Musique, Milteau a su traduire le monde en mettant sa virtuosité au service de l’émotion pure. Son nouveau recueil, « Key To The Highway », ne fait pas exception à la règle. L’art de Milteau, intemporel et universel, nous entraîne le long d’une route lumineuse dont l’harmonica est la clé.

Un demi-siècle sépare ce nouvel album de ses premiers enregistrements, Jean-Jacques Milteau s’interroge sur les facéties du destin. Comme notre Toots Tilemans national, un petit instrument, presque anodin, d’à peine dix centimètres lui a permis de visiter tous les continents et d’enchaîner les rencontres improbables, dans la sphère musicale comme dans sa vie personnelle. On ne s’étonnera donc pas que ce recueil le voie poser un regard songeur sur ce parcours imprévisible. On trouvera ici toutes les musiques qui l’ont poussé à s’improviser musicien : la poésie de Bob Dylan, le blues qui a construit sa science de l’harmonica, la country venue nourrir son imaginaire, la soul qui lui laisse en héritage ses inspirations harmoniques. Cet éclectisme trouve son unité dans la proximité du souffle et les sonorités brutes de cet enregistrement. Mais n’allez pas croire que ce disque soit une ode à la nostalgie. C’est tout l’inverse. En privilégiant une alchimie originale qui allie la grâce du Wurlitzer (c’est une entreprise américaine qui fabrique et commercialise des instruments de musique notamment des pianos, des orgues et même des juke-box), une basse fondatrice et des percussions, il nous offre un son intemporel. Sans oublier les voix de Mike Andersen, Harrison Kennedy, Carlton Moody et Michael Robinson, avec lesquelles il poursuit un dialogue passionné. Pour ce périple musical, il est accompagné de musicos chevronnés : Johan Dalgaard : Wurlitzer, B3, Clavinet, Laurent Vernerey à la contrebasse, David Donatien aux perçus, le drummer Raphaël Chassinrie et d’un second drummer Toma Milteau.

« Key To The Highway » sortira ce 29 mars 2024.

Pour en savoir davantage sur cet artiste, cliquez sur son nom, dans le cadre ‘Informations complémentaires’, ci-dessous, vous y retrouverez ainsi les liens vers ses réseaux sociaux.

vendredi, 01 mars 2024 15:54

Un set raffiné et intense…

Trois noms sont programmés à l’AB Club, ce vendredi 1er mars : Mimi Parks, Noisy et Yonaka. Mais la grande salle, accueille, le même jour, Bizkit Park. Bref, ce soir, il y en a pour tous les goûts. En outre, tout est sold out ! Résultat des courses, c’est la cohue à l’entrée ; et il faut patienter une bonne dizaine de minutes, avant de pouvoir emprunter l’escalier qui conduit à l’étage.

En l'espace d'un seul single, « Run », Yonaka a attiré l'attention des médias anglais, du public et de la toile. La réaction après la sortie de ce premier titre sur Soundcloud a été phénoménale, une compo dont les distorsions regorgent de tension dans les moments de passion lourde pour ensuite redescendre dans une exhalaison de répit électronique. Depuis, il a sorti quelques Eps, dont le dernier, « Welcome To My House », est paru fin juillet 2023, et deux albums, « Don't Wait 'Til Tomorrow », en 2019 et « Seize The Power », en 2021.

Issu de Brighton, la band transforme la pop, le punk et le hip-hop en un hybride de rock alternatif hypnotique avant de le teinter d’emocore revivaliste à coloration eighties.

Pénélope Braune, aka Mimi Banks, ouvre les hostilités, une rappeuse allemande originaire de Bochum. Elle s’intéresse, depuis sa plus tendre jeunesse, aux styles de musique alternatifs tels que le métal, le hip-hop et le punk. On comprend, dès lors mieux, pourquoi cet ADN est bien marqué dans sa musique. Elle a d’ailleurs squatté la scène ‘Jupiler’ de l’édition 2023 du Graspop Metal. Sa discographie recense un long playing, « Deadgirl » (2022), un Ep 7 titres, « Enter The Void » (2019) et son dernier single « FSU », paru en février dernier.

Dissimulant son visage sous une cagoule parsemée de clous, elle débarque revêtue d’un long manteau de cuir noir et chaussée de boots à semelles compensées ; mais elle se débarrasse rapidement de ses attributs quelque peu menaçants. Elle est accompagnée d’un DJ. Derrière sa table, il jongle entre ses platines et différentes machines. Mais les sonorités de son matos couvrent les cris gutturaux de la vocaliste. Belliqueuse, elle va au contact de la foule, micro en avant. Cependant, lorsque ce microphone tombe en panne, elle peste face à la situation.

Non conventionnel et sans concession, son ‘doom trap’ combine indus, hip-hop, metal et électro âpre. Les parties de rap ressemblent très souvent à des cris sauvages empruntés au métal extrême, un peu comme chez les formations de trap metal américain Ghostemane ou XXXTentacion. On ne peut néanmoins lui reprocher son manque d’énergie car elle en regorge ; mais ses compos sont beaucoup trop similaires.

Setlist : « Klingen & Stitches », « Mad Hoe », « RAD », « Sonic », « BACK OFF », « SAW », « Banshee », « Suicide », « FSU », « Big Ass Chains ».

Après ce déluge de décibels, place à Noisy (?!?!?!). Les musiciens sont issus de Worthing, une petite ville du sud de l'Angleterre, et tentent, tant bien que mal, de se faire une place au soleil en réinventant les sonorités de ses glorieux aînés. Deux albums au compteur : « Fast FWD To Friday (Vol.1) », sorti en 2023, ainsi que « NOISY_Pre’s », en février dernier ; et puis un single, « All Of U », paru fin du même mois. C’est la première fois qu’ils se produisent en Belgique et apparemment, ils ont fêté cet événement en éclusant quelques bières…

Lunettes de soleil et baskets Adidas, ils grimpent sur le podium. Tignasse rousse, Cody Matthews, le chanteur, a emmené un drapeau noir sur lequel figurent les signes cabalistiques, mais en blanc, de la pochette du dernier single. Survolté, avant d’entamer le premier titre, il invite déjà la foule à créer un circle round ; mais elle reste impassible. Le line up implique également un bassiste, un préposé à la guitare et aux synthés, ainsi qu’un drummer, planté en retrait. L’expression sonore puise aussi bien dans la britpop (les mélodies), l’électro (Chase & Status, Prodigy), le punk/garage insulaire (The Streets), la house que le drum&bass ; et le tout est parcouru de sonorités de guitares planantes et saupoudré d'un esprit rock'n'roll juvénile et sincère. La setlist va puiser dans les deux elpees du combo et s’achever par le dernier né, « All Of U ».

En 30 minutes, Noisy va mettre le souk ; surtout grâce au chanteur qui tient littéralement le public en haleine. Il est constamment au contact des premiers rangs. Coups de poing, pouces levés ou demande d’allumer les lumières pour voir combien il est laid ; mais également, à mi-parcours, plongeon dans le round circle, dont il avait reformulé la demande…

Setlist : « Young Dumb, « Green Like « Rude Boy », « Alligator », « I Wish I Was A… », « Put A Record On », « Desire », « All Of U »

Place, enfin, à la tête d’affiche. Un trio réunissant la chanteuse Theresa Jarvis, tout de noir vêtue, le bassiste Alex Crosby et le guitariste George Werbrouck-Edwards. Pour la tournée, le line up est renforcé par un batteur, qui s’installe en retrait.

Il est déjà 21h30 ; et si le concert va au-delà de 22h30, les spectateurs qui ont choisi les transports en commun pour se déplacer (NDR : la SNCB, en particulier) vont manquer la fin du show ou le train qui doit les ramener chez eux. Dilemme !  

Le show s’ouvre par « By the Time You’re Reading This ». Trépidante, Jarvis occupe tout l’espace scénique. Son charisme naturel lui permet d’attirer la sympathie du public.

Outre les morceaux puisés au sein de sa discographie antérieure, la setlist va piocher généreusement dans son dernier Ep. Un nouveau titre, quand même, le single « PREDATOR » !

Tout au long d’« Ordinary », le light show est agressif. Jarvis rappe sur « Hands Off My Money » avant d’attaquer la compo mélancolique qui les a fait connaître, « Panic ». Crosby empoigne une gratte semi-acoustique pour accompagner le tendre « Give Me My Halo ». La foule devient hystérique pendant « Rockstar ». Et « PREDATOR » libère encore plus d’énergie. Les deux gratteurs ne restent pas en place et n’arrêtent pas de se stimuler. Pendant « Seize The Power », deux fans montent sur les planches. Ce titre met en exergue l'évolution du post punk de la formation britannique. Son indie rock ludique est devenu plus électronique, plus dur et plus tranchant.

A bout de 60 minutes de set raffiné et intense, Yonaka prend congé d’un public participatif et ravi de la soirée…

Setlist : « By the Time You’re Reading This », « Greedy », « Punch Bag », « Ordinary », « Creature », « Hands Off My Money », « PANIC », « Lose Our Heads », « Call Me A Saint », « Give Me My Halo », « Welcome To My House », « PREDATOR », « Clique », « Rockstar », « Seize The Power »

(Organisation : Gracia Live)

 

mercredi, 06 mars 2024 17:54

Les mondes romantiques de Jane Weaver…

Juste avant la sortie de son nouvel elpee, « Love In Constant Spectacle », qui arrive le 05/04/2024, Jane Weaver a partagé un nouveau clip.

« Romantic Worlds » est une chanson d'amour élaborée où des synthés assez exubérants explorent de brèves rencontres et nos perceptions de la romance moderne.

‘Il s’agit d’une chanson basée sur un rendez-vous dans la ‘vraie vie’, après une rencontre en ligne, comment cela change de génération en génération, et comment la romance est perçue aujourd'hui’, explique Jane Weaver.

Accompagné d'un nouveau clip romantique et brumeux d'inspiration fantastique, il voit un couple transporté dans une autre dimension où ils sont mis au défi dans un univers surnaturel d'utiliser leurs compétences de personnage pour s'échapper.

Le clip de « Romantic Worlds » est disponible

 

dimanche, 25 février 2024 15:24

La Beyoncé scandinave ?

À l'âge de dix ans, Zara Larsson remportait le concours ‘Got Talent’ dans son pays d'origine, la Suède ; mais personne n'aurait pu prédire que des années plus tard, elle deviendrait l'une des plus grandes pop stars d'Europe. Agée de 26 ans, Larsson est une artiste qui se distingue par son style musical axé sur la pop et l'électro-pop. Ses chansons sont souvent caractérisées par des mélodies énergiques, des rythmes entraînants et des paroles audacieuses. Ses influences variées et sa voix puissante, vibrante et unique lui confèrent une sonorité contemporaine. Décrochant une multitude de disques de platine, elle a généré des milliards de streams (son album « So Good » est devenu deuxième album le plus écouté de tous les temps sur Spotify). Elle se produisait ce dimanche 25 février à l’Ancienne Belgique, pour défendre « Venus », son quatrième elpee, dans le cadre d’une tournée mondiale. Le concert est sold out.

Le supporting act est assuré par Hänna Yaeger. Née à Vaxholm, également en Suède, elle affiche 26 printemps. Pour l’anecdote, Zara l’avait contactée, par téléphone, deux semaines avant sa tournée, afin d’assurer sa première partie.

Des mèches blondes, des collant roses, des jambières d’hiver jusqu’aux genoux, un body jaune et un chapeau masquant ses boucles, elle déboule sur scène, sourire aux lèvres, et flanquée d’un guitariste ainsi que d’un préposé à la batterie électronique, au MPD et au synthé. Ils vont s’installer dans des niches de forme carrée, surmontées d’un podium qui s’étend sur toute la longueur de la scène, accessible par 2 escaliers latéraux comportant 11 marches. Sur cet échafaudage, en arrière-plan, un grand écran rectangulaire est destiné au défilement de vidéos. Pour la première partie, son nom apparait en lettres lumineuses.

Au cours du set, elle va nous réserver 5 des 6 titres de son Ep, « Jaguar », et deux nouvelles compos, dont « Superfan » qui ouvre le set et « Desert Island ». Elle occupe bien l’espace scénique. Et de bonne facture, son électro/pop dansante transforme la fosse en dancefloor…

Setlist : « Superfan », « Ciao », « Use Your Words », « Jaguar », « Water Pistol », « Desert Island », « Lupins In Blue ».

Place ensuite à Zara Larsson. Quatre danseuses perchées sur la scène supérieure poussent vers le centre 2 demi-boîtes lumineuses et coulissantes qui enveloppent Zara. Elle surgit alors et entame immédiatement « Venus », le titre maître de son dernier long playing. Elle descend les escaliers pendant que ses danseuses lui font une haie d’honneur. Constamment en mouvement, elles vont entourer la star, tout au long du show, en respectant une chorégraphie particulièrement soignée. Une guitariste, une drummeuse et une claviériste sont abrités dans les fameuses cases.

Le spectacle est partagé en deux parties. Lors de l’entracte, elles vont en profiter pour changer de tenue. Lors de la première, Zara avait opté pour un body rose et un short à frou-frous.

Elle embraie par son titre phare de 2017, « I Would Like » (de l’album « So Good »). Le public, dans la fosse, devient carrément hystérique. Elle nous réserve des morceaux moins connus, comme « Escape » et « Look What You've Done », mais en ‘live’ ils prennent la dimension de hits. Bien sûr, ses tubes, elle ne les néglige pas. A l’instar de « Girls Like » et « Words ». Pendant « Girls Like », la sixcordiste quitte son box pour balancer un solo particulièrement envoûtant, face à Miss Larsson.

Lors du deuxième acte, elle revient vêtue d’un body de teinte rouge, alors que ses partenaires ont troqué les pantalons pour des jupes courtes et des convers noires. Et la reprise débute par le « Symphony » de Clean Bandit, dont le clip a cartonné sur la toile. Mais la version est plutôt éthérée et plus calme (NDR : un peu de calme, cela fait un peu de bien !). Et on allait l’oublier, mais tout au long du spectacle, des vidéos sont projetées sur l’écran qui sert de toile de fond, sur l’estrade surélevée. La voix de Zara est parfaite et sa présence sur les planches, incroyable.

Lors du rappel, sa parure est passée au noir. Elle démarre cet ‘encore’ par « On My Love », partagé sur la toile avec le roi d’Ibiza, David Guetta. Bref, en 75 minutes, Zara Larsson nous a accordé un show coloré et dynamique tout en communiquant de bonnes vibrations et sensations. On comprend mieux pourquoi elle est souvent comparée à la Beyoncé scandinave. Elle sera à l’affiche de l’édition 2024 de Rock Werchter…

Setlist :

Set 1 : « Venus », « I Would Like », « Escape », « Look What You've Done », « Girls Like, Words », « Never Forget You », « Ruin My Life », « The Healing ».

Set 2 : « Symphony » (Clean Bandit cover), « Uncover », « Wow », « None Of These Guys », « Ammunition », « You Love Who You Love », « Ain't My Fault », « End Of Time ».

Rappel : « On My Love » (Zara Larsson × David Guetta cover), « Lush Life », « Can’t Tame Her ».

(Organisation : Live Nation)

Photos Dieter Boone ici

 

jeudi, 15 février 2024 15:59

Des tas d’invités en fin de concert…

En réinventant le romantisme transalpin sur fond de guitares sautillantes, Ada Oda s’est imposé comme l’un des meilleurs groupes de scène, en Belgique. Au point de la représenter la Belgique à Euro Sonic, le supermarché de l’industrie musicale qui s’est déroulé à Groningen la semaine dernière.

Le groupe pratique un rock binaire et up-tempo qui combine l'aplomb post-punk des eighties et les grandes envolées mélodiques typiques de la variété italienne (sicilienne ?). Initié en 2020, pendant le premier confinement, par César Laloux (The Tellers, BRNS, Italian Boyfriend), le projet est rapidement rejoint par Victoria Barracato, la fille de Frédéric François… Au crédit del Gruppo, un long playing, « Un Amore Debole », un condensé de chansons émouvantes, interprétées dans la langue de Verdi, balancées avec joie et exaltation. Bref, un excellent remède contre la morosité.

Programmé à l’AB Box, le concert est archicomble.

Le supporting act est assuré par Plush Baby, un duo art pop anversois réunissant Caitlin Talbut (BLUAI, BLOND) et Nicolas Anné (Saving Nico).

Caitlin est vêtue tout de blanc : robe, tee-shirt, chapeau stetson et genouillères de type ‘Convert’. Elle se charge du micro, des machines et synthés. Nicolas a enfilé un costume de teinte verte et est coiffé d’un chapeau de couleur rouge. Il se consacre à la basse, les synthés et le MPD ; parfois, il donne de la voix, à travers un vocoder. Celle de la fille est plutôt sucrée mais énergique ; et c’est particulièrement évident tout au long du single, « Run Run » (le clip, enrichi d’un jeu vidéo, est à voir et à écouter ici

L’indie pop de Plush Baby est à la fois fraîche, cinématographique, contagieuse et empreinte de nostalgie. Mais elle véhicule des textes un peu détraqués qui finalement, forment une sorte de comédie musicale. Très interactif, le tandem va nous réserver deux nouveaux morceaux : « Green Light » et « You And Me ». Le meilleur moment du set ? « Electricity ». Les aficionados des synthétiseurs eighties, de guitares colorées et de punchlines incisives, ont certainement dû apprécier… 

Setlist : « Green Light », « Taxi Driver », « Run Run », « More », « You And Me », « Electricity », « Plush Baby Anthem »

Place ensuite à Ada Oda.

Victoria, la vocaliste, a enfilé un short et une tunique de couleur verte. Elle est tout comme Caitlin, chaussée de genouillères, mais de teinte noire. Coupe mulet, Aurélien Gainetdinoff (Almost Lovers, Yolande Bashing) porte des lunettes orange ! Tout comme César Laloux, il se charge des parties de guitare. Longs cheveux qui lui cachent régulièrement les yeux, Alexandre De Bueger (Alaska Gold Rush, Gros Cœur) se consacre aux drums. Et Clément Marion se charge de la basse.

La formation est venue défendre, mais aussi rôder son premier elpee, « A Amore Dabole » paru en 2022. Car dans un mois, elle débarque aux States pour participer au célèbre festival ‘SXSW’ d’Austin.

Le concert s’ouvre par « Stanca Di Te ». La foule, qui connaît le refrain par chœur, le reprend à l’unisson. Trépidante, Victoria va au contact du public et descend de temps à autre dans la fosse. Sa voix est puissante. « Mi Guarda » est dans la même veine. Tout au long de sur « Si Fermerà », les trois guitares se révèlent addictives et entêtantes, et parfois, les sonorités bifurquent vers le surf.

Sauvage, « Mai Mai Mai » oscille entre post punk et le rock garage. Puis, surprise, le père de Frédéric, le bas en écharpe, monte sur les planches, pour interpréter « La Maschera », en compagnie de sa fille, Victoria. Un beau moment rempli d‘émotion. Une partie du public devient même hystérique. Sur « Figlia », un titre, pour le moins festif, César mène la barque et chante, dans la langue de Verdi…

La banane aux lèvres, les musicos semblent prendre du plaisir sur les planches.  

En fin de show, Marc Pirard, le premier bassiste du combo, rejoint le team, pour attaquer « Domani », alors que Clément a empoigné une six cordes. A cet instant, il y a quatre guitaristes sur le podium ! De quoi nous permettre de savourer une version speedée « Niente Da Offrire » et de l’hypnotique « In Piazza ». Au terme d’un « Avevo Torto » de feu, de nouveaux invités se joignent au groupe pour boucler le set principal. Dont Caitlin, qui a enfilé un jeans et s’est enfoncé in bonnet sur le crâne, pour partager le vocaux sur « Il Caos », mais également Romain Benard (Ropoporose, Primevère) qui s’installe derrière les fûts, réduisant Alexandre à jouer du triangle.

Un set bien réglé de 60 minutes. On attend impatiemment le second opus !

Setlist : « Stanca Di Te », « Mi Guarda », « Bobbio », « Un Amore Debole », « Si Fermerà », « Mai Mai Mai », « La Maschera », « Figlia », « Vino Naturale », « Niente Da Offrire », « In Piazza », « Domani », « Avevo Torto », « Il Caos ».

Rappel : « Gioventù », « Non So Che Cosa Ne Sarà Di Me »

(Organisation : Ancienne Belgique)

vendredi, 26 janvier 2024 17:45

L’art de créer des boucles…

Née en Italie et révélée en Belgique, Elisabetta Spada a écrit son histoire entre Rome et Bruxelles. C’est sous le pseudo Kiss & Drive qu’elle a remporté le Concours Circuit, en 2010. Elle s’est ensuite affirmée sur scène aux côtés d’artistes comme Lianne La Havas, Puggy, Ane Brun ou Sinéad O'Connor. En 2013, elle avait gravé un Ep 5 titres baptisé « My Mood Changes ». Elle a pris une pause dans sa carrière artistique pendant 7 ans. Elle a donc décidé de repartir à zéro en 2023, sous son propre nom. Elle s’est également entourée de nouveaux musicos, dont le drummer Franck Baya (Cloé Du Trèfle, Sarah Carlier, Fugu Mango, Alaska Gold Rush, Mièle, Les Amazones d’Afrique) et le bassiste Ruggiero Catania (Romano Nervoso, Africa Unite), qui lui ont appris à jouer d’autres instruments. Son album, « Home Again », est paru ce 10 novembre 2023. Concentré d'authenticité, ce nouvel opus constitue un exercice ultra pop empreint d’humanité. En phase avec sa passion, totalement libérée, l’artiste italo-belge met le cap sur des morceaux qui lui ressemblent. La release party se déroulait ce vendredi 26 janvier 2024. La salle est archi-comble. Et le lendemain Betta elle remettait le couvert dans le cadre du Bota Kid, à 10h00.

Le supporting act est assuré par Elvin Byrds. Soit le projet solo de Renaud Ledru, la moitié du duo Alaska Gold Rush. Il grimpe sur le podium, armé d’une sèche et d’un harmonica. Chez AGR, la musique s’enfonce profondément dans le Bayou. Sous l’appellation Elvin Byrds, elle nous entraîne à travers les grandes plaines de l’Ouest américain. Oscillant entre americana tendre et évocateur et folk old school elle véhicule des textes poétiques qui invitent au voyage et à la réflexion. Passionné par l’héritage culturel américain, Renaud développe un style de jeu et d’écriture unique imprégné de ses découvertes, de Ramblin’ Jack Elliott à Charlie Parr. Un texte, une mélodie, et l’aventure commence.

Le set s’ouvre par « Water ». Un extrait de son Ep gravé en 2021. En 30 minutes, il va nous en réserver l’une ou l’autre plage, ainsi que des morceaux issus de son album, « Riot », paru en 2019. Entre les compos, il explique le sens de ses chansons poétiques. Il remercie également Betta, le public et demande si celui-ci aime bien les chiens. Une histoire qui se termine mal, car le canidé meurt à la fin du récit. Ce qui déclenche l’hilarité générale. Une intro qui lui permet d’attaquer « The Animal Run ». La corrélation entre musiques et images s’avère essentielle chez Elvin Byrd. Une prestation cool face à un auditoire attentif et connaisseur.

Setlist : « Water », « The Animals Run », « Passers-By », « Old Blue », « Poison Control Centre », « Us Five », « The Window ».

Place ensuite à Elisabetta Spada. Elle est vêtue d’une veste et d’un pantalon de couleur d’un bleu azur qui tapisse le ciel ensoleillé de l’Italie. Elle est soutenue par sa section rythmique constituée du bassiste Ruggiero Catania et du batteur Franck Baya.

Le concert débute par « In Hale Exhale ». Un morceau de pop/folk léger au cours duquel elle roule spontanément les ‘r’, d’une voix et d’un accent reconnaissables entre mille. Elle semble heureuse d’être sur les planches, se sert alternativement de deux guitares semi-acoustiques aux sonorités différentes, et bien sûr de sa loop machine, qui lui permet de disposer ses inflexions vocales ou les sonorités de ses instruments, par couches successives. Un art à créer des boucles qu’elle continue à exercer, avec un même brio. Et les deux comparses enrichissent le tout de leurs intervenions à la basse et aux drums, mais également de leurs chœurs.

Empreintes de douceur, les mélodies sont belles et accrocheuses. « Home Again » coule de source. Petite perle hyper pop sautillante, « Don’t Say No » est une compo que Franck caresse de ses baguettes feutrées et qui replonge dans l’univers de Kiss & Drive. « Tigress » évoque les petits soucis féminins qui se produisent tous les 21 jours. Ce qui provoque rires et sourires dans la fosse

Après « My Mood Change », Elisabetta clôt le concert par le « Don’t Be So Hard » de Kiss & Drive, dans un style reggae et ragga, en accompagnant uniquement sa voix au ukulélé. De quoi nous transporter, le temps d’une chanson, du côté de Kingston…

En rappel, on aura droit à deux morceaux : « Sister » et de nouveau « Home Again », mais dans une version épurée et acoustique…

Setlist : « Inhale Exhale », « Home Again », « Dont Say No », « The Whale », « No One », « Smoke And Mirrors », « She’s Full », « I Go, I Go, I Go », « Tigress », « My Mood Change », « Don’t Be So Hard ».

Rappel : « Sister », Home Again » (reprise) 

(Organisation : Botanique)

Photo : Laetitia Bica

mercredi, 31 janvier 2024 16:07

Le venin de Judith Hill...

Chanteuse, compositrice et multi-instrumentiste, Juidith Hill, sortira son nouvel opus, « Letters From A Black Widow » le 12 avril 2024. Un album taillé en 12 pièces qui présente une histoire fascinante oscillant de la douleur privée à la transcendance communautaire et constitue son travail le plus profond à ce jour.

Le premier extrait, « Flame » est sorti ce 23 janvier.

« Flame » met en valeur une voix puissante et un arrangement musical incendiaire, tandis que les paroles de la chanson fixent l'obscurité et la douleur avec une révélation révélatrice sur les réserves intérieures de Hill : ‘Donnez-moi le chaos et donnez-la-moi douleur/mais vous ne pourrez jamais tuer ma flamme’.

La Californienne se découvre une force intérieure qui émerge plus forte et plus provocante que jamais. Elle déclare ‘Comme le fer et l'acier, mon cœur est devenu impénétrable’. Dans les jours les plus sombres, elle se branche sur l'ampli et entend la pulsation lancinante de la guitare comme une vague d'énergie qui ravive son esprit.

Bien qu'elle joue elle-même de nombreux instruments, ce nouvel LP n'est pas un projet strictement solo. S'appuyant sur une base musicale inébranlable dont elle a bénéficié pendant la majeure partie de sa vie, le groupe de Hill implique ses deux parents, le bassiste Robert ‘Peewee’ Hill et la claviériste Michiko Hill, tandis que le drummer John Staten et, Daniel Chae (6 cordes) et un groupe d'amis se joignent à elle pour les chœurs.

Le clip consacré à « Flame », extrait du nouvel elpee, « Letters From A Black Widow », est disponible

En concert le 29 mai 2024, salle De casino à Sint-Niklaas

 

dimanche, 28 janvier 2024 12:00

Living On The Wild Side

Kid Colling Cartel

Né à Bogota, cet orphelin a été adopté par une famille luxembourgeoise. Auteur, compositeur, interprète, guitariste et chanteur, dès son plus jeune âge, il a développé une fascination pour le blues et le rock’n’roll.

A son actif, un Ep, « Tomorrow’s Far Away », paru en 2014 et un album, « In The Devil’s Court », gravé en 2017. Avant d’enregistrer son second opus, « Living On The Wild Side », Kid Colling a séjourné à la Nouvelle-Orléans, afin de bien s’imprégner de l’atmosphère qui baigne la plus grande ville de l'État de Louisiane, aux Etats-Unis.

Tant en studio qu’en live, Kid est soutenu par son backing group, Le Cartel, une formation qui implique Markus Lauer à l’orgue Hammond B3, David Franco à la basse et Florian Pons aux drums.

La recherche d’une identité sonore, la volonté de garder un esprit blues sans tomber dans le cliché, d'insuffler une énergie rock, tout en affichant un solide songwriting et en délivrant des mélodies accrocheuses, font la différence. Ainsi le Kid Colling Cartel propose un cocktail sauvage et direct de soul, de funk et de rock imprimé sur un tempo groovy, sans jamais renier ses origines blues. Kid Colling donne une dimension roots à ses compostions grâce à la chaleur et la générosité de son jeu de guitare. Au-delà du cri de rébellion dans une société en déliquescence, l’alt blues de Kid Colling transmet un message d’espoir.

Titre maître qui ouvre le long playing, « Living On The Wild Side » nous rappelle que Kid est un guitariste talentueux et polyvalent aussi à l’aise à la slide électrique qu'en picking, se doublant d'un chanteur au timbre soul profond, rocailleux et chaleureux.

Les références oscillent des Black Keys (« Ain't Nobody ») à Larkin' Poe (« Living On The Wild Side », « The Storm »), en passant par Gary Clark Jr. (« Step Out Of Line », « Long Way To Go » et « All Night Long », caractérisé par son magistral solo d'orgue) et Royal Blood (« Cold Blooded », dont le clip est disponible ici). Deux plages accueillent des invités. Daniel Restrepo pour la cumbia autobiographique « El Gato ») et l'impressionnante chanteuse Johanna Red sur le splendide soul/blues « I'll Carry You », sur lequel le Kid démontre ce qu'il doit aussi à BB King.

 

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