A cinquante-sept ans, Peter Murphy poursuit la recherche de son propre absolu et nous gratifie d’un dixième elpee solo plutôt réussi.
Si cette recherche personnelle d’émancipation n’a pas toujours donné lieu à de grands disques, il faut saluer l’abnégation d’un artiste qui refuse les compromis tout autant que de se reposer sur ses lauriers.
Ainsi, « Lion » semble un excellent résumé de sa démarche intègre et de sa vision artistique.
Certes, le sentiment de claustrophobie règne encore en maître, comme une ombre menaçante, mais quelques pans de lumière qui choient ci et là en cascades, différencient nettement le travail solo de l’œuvre de Bauhaus.
Ici, l’ex-figure de proue de la mouvance Gothique se réinvente tout en usant brillamment de ses propres codes, évitant l’enlisement.
Et comme l’équilibre n’a jamais été le point fort au sein de Bauhaus, il était donc essentiel pour son leader de se retrouver seul, afin de structurer son travail, choisissant pour y parvenir, des collaborateurs sur la même longueur d’ondes.
Ainsi, produit par Youth (Killing Joke), « Lion » fait entendre la voix d’un Peter retrouvé, certes en lutte constante avec ses démons, mais suffisamment éloigné de ses fantômes que pour avoir encore, malgré le temps, toujours quelque chose à dire.
Le choix du titre de cet album n’est en ce sens pas anodin.
Le lion représentant la personnalité de notre homme, bien mieux que la chauve-souris qu’on associe volontiers à l’image qu’on s’en fait.
Bien sûr, quelques vielles guenilles traînent encore sporadiquement ; mais comparativement à certains de ces derniers travaux, on évite le piège de l’auto parodie.
Ne cachant pas son admiration pour Bowie, Murphy adapte son chant à des arrangements plus ouvertement accessibles (comme l’illustre « The Rose »), et semble surtout retrouver le plaisir tout au long de cet elpee.
Bien sûr, on reste dans un registre goudronné qui devrait séduire son cheptel de fans croassant, mais l’audace insufflée dans ces onze titres permet d’imaginer la suite de sa carrière sans l’éternelle étiquette qui lui colle à la peau depuis 79.
Après avoir apprivoisé ce « Lion », il sera donc à présent possible d’aborder Peter Murphy sans faire référence à son illustre passé.
Et c’est sans doute la plus grande réussite de cet album.