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Archive

Archive en pleine lumière !

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Sans verser dans le tragique à deux balles, on peut dire que le futur d'Archive semblait relativement compromis, suite au départ du vocaliste Craig Walker. On connaissait l'importance que celui-ci avait prise au sein de ce groupe qui, en quelques années, est passé par toutes les couleurs (musicales, s'entend !). Heureusement, et le nouveau cd « Lights » est là pour le démontrer, il n'en est rien. Au contraire même, le collectif Archive, recentré autour du noyau initial Darius Keeler / Danny Griffiths, semble se porter mieux que jamais et son nouvel album n'est vraiment pas loin d'atteindre les sommets d'un « You All Look The Same To Me ». En plein forme et de passage à Bruxelles, Danny Griffiths nous confirme d'emblée qu'Archive n'est pas mort, très très loin de là même…

Non, nous n'avons jamais pensé à arrêter le groupe après le départ de Craig. D'ailleurs pourquoi aurions nous dû le faire ? Depuis que nous avons lancé le groupe (NDR : il y a douze ans déjà !), nous avons toujours travaillé en compagnie de personnes différentes ; et il ne fait aucun doute que c'est ce que nous continuerons de faire. Archive n'est pas la propriété créative d'une seule, ni même de deux personnes. Nous fonctionnons même de manière complètement opposée à ce concept. Nous sommes très ouverts et tout ce qui peut apporter quelque chose de vraiment positif au groupe est le bienvenu.

C'est clairement le cas de Pollard Berrier, ex-vocaliste au sein du groupe autrichien Bauchklang, un jeune type originaire des USA et dont les prestations vocales sur « Lights » sont remarquables…

Je trouve aussi. Ceci dit, Dave Penney et Maria Q sont excellents, également, sur certains titres de l'album. Mais il est vrai qu'avec Pollard on s'est vraiment trouvés très très vite et c'est réellement de ce genre de symbiose, de déclic dont profite Archive pour avancer au niveau créatif.

Sans faire de mauvais jeu de mots, « Lights » est un album sensiblement plus lumineux que ses prédécesseurs.  Vous avez voulu tabler sur le contraste ?

Nous souhaitions en tout cas proposer un album plus positif, plus clair que « Noise » et notre cd « Unplugged ».  Sur ces deux disques, nous avons bien abordé le côté tortueux et sombre d'Archive. Il aurait été inutile, je pense, de pousser le bouchon encore plus loin. Pour « Lights », nous voulions laisser s'exprimer à nouveau la dynamique, l'énergie positive qui est aussi en nous, forcément. Pollard nous a bien aidé à y parvenir.

Il y a tout de même encore des moments très profonds, intérieurs et mélancoliques sur l'album ; comme la plage titulaire, longue de plus de dix-huit minutes ou le « I Will Fade », magnifiquement chanté par Maria Q.

Bien sûr, mais d'un autre côté, il y a de nombreux titres plus pop, plus toniques (comme la plage initiale « Sane », par exemple), et ils confèrent une coloration très contrastée à l'album, c'est vrai. « Lights » est un cd qui nous a autorisé à expérimenter pas mal de choses ; mais aussi imposé de travailler parfois sur des bases inconfortables.  Nous avons eu du mal à élaborer de vraies compositions au départ de certains rythmes. Mais c'est ce qui a, aussi, rendu l'exercice intéressant. En tout cas, on a pris un sacré pied en bossant sur l'album.

Vos textes restent, globalement, assez troublés, tristes parfois…

C'est vrai. Les chansons de l'album sont, pour la plupart, des petits témoignages des comportements des gens, dans des domaines divers. Leurs actes, leurs sensations, leurs états d'esprits sont abordés de manière très naturelle ; sans voyeurisme mais sans complaisance non plus. L'expression était notre priorité ; ce n'était pas un travail sociologique.

Comme toujours, il y a un côté visuel très imposant et complémentaire aux (magnifiques) mélodies…

Exact. Mais nous-mêmes fonctionnons ainsi. Quand on travaille sur des chansons, on voit des images qui vont avec. C'est une dimension qui nous attire beaucoup et qui donne, je pense, plus de relief encore à nos compos.

Est-ce la raison pour laquelle quelqu'un comme Luc Besson vous a proposé de travailler sur la bande son de 'Michel Vaillant' ?

Sans doute, oui. Cet exercice a été intéressant pour nous. Ce fut un bon apprentissage, en fait, de travailler en fonction d'un certain contexte ; de devoir observer une discipline. Jusqu'alors nous avions toujours bossé de façon très libre. On aimerait bien refaire quelque chose du genre mais pour un meilleur film, si possible… (il rigole)

Vous vous lancez dans une vaste tournée. En ce qui nous concerne, vous participerez à différents festivals cet été, en Belgique, et puis on vous retrouvera aussi en salle, le 6 octobre à l'Ancienne Belgique de Bruxelles.

On se produira au festival de Dour et puis aussi à l'Octopus festival, en effet. On participera à toute une série de festivals cet été ; un peu partout. On apprécie ce type d'exercice. Plus tard, vers l'automne, on accomplira une tournée des salles. Ce sera la plus longue qu'on ait entreprise. On est ravis. On a une pêche d'enfer et une envie furieuse de la partager… 

Catherine Feeny

Séduction: mode d'emploi

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Originaire des plaines de Pennsylvanie, Catherine Feeny revient en Belgique pour nous présenter « Hurricane Glass », son deuxième album. Cette fois, la charmante demoiselle dépasse les clichés associés à l'imagerie du folk. Désormais, Catherine Feeny n'est plus seul avec sa guitare. Accompagnée de ses musiciens, elle nous livre un disque fragile, à classer entre Norah Jones et Joni Mitchell. Attachée à la Belgique par d'inextricables liens, Catherine Feeny n'a donc pas terminé de séduire son auditoire... 

Quelles sont les principales différences entre ton premier album et « Hurricane Glass » ?

Il y a énormément de différences. Mon nouvel album jouit d'une production plus fouillée. Ces deux disques correspondent à deux expériences fondamentalement différentes. Sur mon nouvel album, il y a davantage de variations entre les chansons. Ainsi, nous avons opté pour l'utilisation de plusieurs instruments afin de créer des ambiances éclectiques. Mais si quelqu'un me demandait de choisir entre mon premier album et « Hurricane Glass », je me contenterai de lui répondre par cette question : « Quelqu'un vous a-t-il déjà demandé de choisir entre vos enfants ? ». Pour l'instant, j'accorde peut-être plus d'importance à « Hurricane Glass ». Pourquoi ? Essentiellement, parce qu'il s'agit d'un tout nouvel enregistrement : un disque dans lequel je me suis fortement impliquée et ce, à tous les niveaux de la prise de décisions. 

En prenant une tournure plus orchestrée, ton nouvel album s'éloigne des clichés associés à la musique folk. Etait-ce ta volonté de départ ?

Sur « Hurricane Glass », les chansons sont plus lyriques, moins orientées vers la musique folk. Quand j'ai composé mon premier album, il n'était pas impératif de réaliser un album folk. Au final, le disque s'est ancré dans la tradition de ce genre musical car, à l'époque, nous nous étions limités à des choses rudimentaires. La simplicité dans l'instrumentation et dans la production a dessiné les contours d'un enregistrement typiquement folk. Avec du recul, je dois admettre que les chansons du premier album sont moins contemporaines, l'orchestration est dépouillée. Je ne rejette pas les ambiances folks sur « Hurricane Glass ». Mais on y retrouve un côté plus moderne. Ce qui explique sans doute cette dissipation du folk... Pourtant, il est toujours bien présent.

Ton nouvel album a été mixé par Dave Way. Par le passé, il a travaillé avec Sheryl Crow, Fiona Apple, Macy Gray et Paul Mc Cartney. Cette collaboration a-t-elle changé ta propre façon de travailler ?

Pas dans ma façon de composer puisque le mixage des chansons intervient toujours dans les dernières étapes de la création discographique. Néanmoins, je pense que son apport a été essentiel dans la tenue définitive de certaines chansons. Dave Way a apporté un regard extérieur, une indubitable fraîcheur. C'est un expert du son. Et puis, c'est fascinant de le voir à l'œuvre. Quand d'autres professionnels essaient de vous faire converger vers un son déterminé, Dave Way ne modifie pas l'essence première de votre son. Il ne tente jamais de changer l'image associée à votre musique. Il a un sens incroyable du détail ! 

Tes chansons parlent des gens, évoquent les aléas des relations humaines. Pourquoi fais-tu de ces thèmes ton sujet de prédilection ?

J'ose espérer qu'en vieillissant, mes textes prendront une nouvelle tournure. Il faut pouvoir évoluer, c'est important. Mais les relations humaines sont interdépendantes de la vie. Et, en ce sens, je n'arrêterai jamais d'écrire sur les relations humaines. Elles présentent tant de facettes différentes qu'il me semble impossible d'épuiser cette thématique. Parler des gens, des liens qu'ils entretiennent entre eux, c'est une part non négligeable du quotidien de chacun. Ne pas en parler me paraît impossible...

Doit-on chercher une signification dans l'intitulé de « Hurricane Glass » ?

« Hurricane Glass » renvoie l'auditeur à quelque chose de très doux. Nous cherchions un titre marquant. Un « hurricane glass » est une sorte de verre à cocktail. Ce verre ne présente pas la même taille que les autres verres, il est très différent. Ce verre, c'est aussi notre carapace, l'obstacle qui protège notre cœur et nos rêves du monde extérieur. Il est très difficile de trouver un titre adéquat à son album. Ce choix doit faire l'objet de multiples discussions et de nombreuses propositions.

Tu es américaine. Pourtant, tu joues régulièrement en Belgique. Comment expliques-tu ce lien particulier avec notre pays ?

La Belgique a été le tout premier pays européen à accorder une attention particulière à ma musique. J'explique très difficilement l'engouement suscité par ma musique en Belgique. C'est assez particulier et symptomatique de la configuration de votre pays. Ma musique plaît essentiellement à la partie francophone du pays et ce, sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi. En Wallonie, les gens semblent plus sensibles aux voix féminines. Vos radios passent mes chansons, les quotidiens nationaux me proposent des interviews. C'est un peu surréaliste... Aux Etats-Unis, ma musique ne touche qu'une minorité de mélomanes, essentiellement dans la région de Los Angeles. Dans mon cœur, la Belgique restera toujours le premier pays à être venu vers ma musique. C'est une relation très forte, toujours plus intense...

Ta musique se veut intimiste. Pourtant, tu ne joues pas que dans des petits clubs. Il t'arrive de jouer en plein air lors des festivals d'été. Quel est le lieu idéal pour la musique de Catherine Feeny ?

J'aime me produire dans les salles de concerts. Mais l'idée de focaliser l'attention des festivaliers ne me déplaît pas. Dans les deux cas, le partage de la musique est essentiel. A première vue, l'atmosphère de mes chansons se prête mieux à l'ambiance des petits clubs. Je me sens à l'aise quand je joue dans ces endroits. Mais cela ne veut pas dire que c'est mieux ! En jouant, j'essaie toujours de captiver mon auditoire et ce, aussi bien en salle qu'en plein air.

 

 

Tool

Tool : intense et magnétique !

Écrit par

La principale qualité de Tool procède de sa capacité à rassembler en un seul groupe un nombre considérable d'approches musicales et d'éléments sonores divers qui lui confèrent une identité aussi étendue qu'impressionnante. Au gré de ses albums, on le découvre successivement alternatif, sombre, trashy, complexe, pointu, esthétique, progressif, mélodique, percutant, visuel, aéré,... Et si on doit le rapprocher à des références connues, on pense à King Crimson (dont Maynard Keenan, le mentor du groupe est d'ailleurs un fan avéré) ; mais aussi à Jane's Addiction pour le côté troublé, ainsi qu'à Korn pour les aspects métalliques épais et noirs qui nappent le tout. Ce qui explique peut-être pourquoi, à sa façon et sans faire énormément de remous, Tool parvient à captiver autant de monde et à créer, à chaque sortie d'album, une saine curiosité et une sensation d'urgence. Et probablement également pourquoi il vend autant de disques ; même si ceux-ci sont livrés avec énormément de parcimonie : quatre albums en treize années de carrière, ce n'est tout de même pas un rythme frénétique (en fait, Tool a sorti un nouveau cd tous les cinq ans depuis « Aenima » en 1996). Lors d'un récent passage de Tool à Luxembourg, Justin Chancellor, le bassiste du groupe, nous a confirmé :

Nous tournons beaucoup. Cela prend du temps. Et nous ne sortons un album que lorsque nous en sommes vraiment satisfaits. L'important pour nous n'est pas d'être présents coûte que coûte mais d'apporter quelque chose et de concocter des disques qui valent la peine d'être entendus.

Et vus aussi ! « 10.000 Days », votre dernier cd, est un véritable modèle à ce propos (NDR : on raconte même que le groupe a poussé l'industrie du disque dans ses derniers retranchements pour fabriquer un boîtier de cd aussi magnifique que complexe. Rien que sa paire de lunettes intégrée et son feuillet peuplé de magnifiques images à découvrir en 3D valent le coup d'oeil). Souhaitiez-vous voulu marquer les esprits ?

On cherchait surtout à proposer autre chose que nos têtes pour illustrer le disque ! Non, sérieusement, on a voulu créer à travers ce digipack, une sorte de relation particulière avec la musique, via une expérience visuelle sensiblement élaborée et fine. En réalité, c'est Adam (Jones, le guitariste du groupe) qui a imaginé ce concept (il est d'ailleurs crédité en tant que 'art director' pour l'album). Nous avons toujours eu, néanmoins, un penchant pour les côtés visuels associables à notre musique. L'un de nos plus grands souhaits est d'ailleurs d'avoir, un jour, l'occasion de travailler sur une bande son pour un film. Je pense que ce serait un exercice très intéressant pour le groupe.

Revenons en à la musique : comme toujours, vous avez enregistré un disque à la fois conforme à ce que l'on peut attendre de vous ; c'est-à-dire susceptible d'aller plus loin et destiné à surprendre ; mais également hors normes dans la mesure où ce que vous jouez ne peut l'être que par Tool et ne s'entend que grâce à vous...

L'essentiel pour nous, quand nous travaillons sur un nouvel album, est de pouvoir matérialiser ce que nous avons en tête et qui est le résultat, à la fois de ce que nous avons appris et de ce que nous avons envie de découvrir et de développer. C'est la raison pour laquelle « 10.000 Days » est aussi bien un album qui contient quelques bases de Tool entendues sur les premiers albums ; mais aussi des éléments différents, dans la mesure où nous avons pu oeuvrer dans de très bonnes conditions, entre nous, et que cela a certainement favorisé le foisonnement d'idées. Nous étions tous dans un excellent état d'esprit, lorsque nous avons élaboré l'album ; et la communication au sein du groupe n'a jamais été aussi bonne...

« 10.000 Days » est un disque très intense...

C'est un bon terme pour qualifier l'album. Nous avons, nous, ressenti à l'intérieur, en tout cas, cette sorte d'intensité et ce 'magnétisme' qu'on nous rapporte aussi souvent. On ne peut qu'en être satisfaits, évidemment...

On sait que vous vous remettez invariablement et régulièrement en question. Est-ce un mode de fonctionnement élaboré ou un processus plus naturel ?

Il est vrai que nous prenons soin de nous 'challenger' nous-mêmes mais nous avons, aussi, c'est clair, des attraits innés pour ce genre de pratique. Je pense également que, comme nous ne sommes pas à la base des gens prétentieux, nous nous posons facilement des questions sur la valeur et les contours de ce que nous réalisons. Ce qui est toujours très sain. Quoi qu'il en soit, cela nous pousse à aller de l'avant et nous réussit bien.

On parle beaucoup de vous en Europe, en ce moment : d'une part parce que vous êtes à l'affiche de quelques gros festivals (dont le Rock Werchter, où le groupe se produira le 29 juin, juste avant les Red Hot Chilli Peppers et...  Manu Chao !) ; mais aussi parce que votre firme de disques à mis la gomme pour la promotion de l'album.

Nous sommes venus passer trois semaines en Europe, en février, pour nous présenter et exposer l'album aux gens de SonyBmg. Cette rencontre a eu des effets bénéfiques : ils ont bien compris qui nous sommes et ce que nous pouvons faire. Tant mieux pour nous, donc, s'ils 'poussent' Tool aujourd'hui.

Votre programme des prochains mois, ce sont ces festivals d'été en Europe et puis des shows aux States ?

Exact. Et puis nous reviendrons ici pour tourner en salle. Nous adorons les concerts car ce sont, à chaque fois, de vrais moments de vie, de partage. Nous sentons les gens de près, c'est enthousiasmant. A l'inverse, une phase d'enregistrement d'album est assez statique et ne permet aucun retour en arrière à partir du moment où tout est mis en boîte. Quand tu joues tes morceaux en concert, même dix ans après, tu peux encore les faire évoluer ! 

 

 

Montevideo

Plus sexy que Malibu Stacy !

Écrit par

Le nom est sur toutes les lèvres : Montevideo. Assurément, LA révélation 2006 de notre contrée. Fort d'une réputation scénique qui n'est plus à refaire, le quatuor le plus en vue du moment se confie à l'occasion de la sortie d'un disque éponyme risquant fort bien de secouer les fondations du rock belge actuel.

Pouvez-vous nous raconter comment Montevideo est né et quel a été son parcours jusqu'aujourd'hui ?

Manu : Montevideo s'est formé en décembre 2003. Auparavant, Julien et moi jouions dans un groupe qui s'appelait Sherlock. Jean et Pierre, respectivement chanteur et batteur, sont venus nous rejoindre. Au départ, c'était moi qui chantais avant que Jean ne m'usurpe ce rôle ! Et de son côté, Pierre a viré le batteur de Sherlock...

Pierre : Ca s'est un peu fait dans la violence !

Manu : ... Donc on a commencé à bosser. Jean avait un vrai potentiel vocal et il a pris la voix 'lead'. Puis, il y eu une démo sur laquelle on a enregistré « Groovy Station », également premier morceau de notre album. C'est ce titre qui a été décisif pour l'évolution du groupe. On a continué dans la voie qui a été tracée par « Groovy Station ». C'est à ce moment là que Sherlock est devenu Montevideo.

Pourquoi avoir choisi ce nom là ? (NDR : ils détestent la question mais nous n'avons pu nous en empêcher !) Vous avez également une chanson qui s'intitule « Boys From Brazil ». Une affinité avec l'Amérique du Sud ?

Julien : C'est juste une question de sonorité, rien de plus. Tu ne trouves pas que ça sonne bien ? Ensuite, « Boys From Brazil », c'est une référence cinématographique et littéraire. C'est l'histoire d'un nazi réfugié au Brésil (NDR : Dr Mengele) clonant des petits Hitler afin de les envoyer un peu partout en Europe pour qu'ils créent le mal (NDR : « Ces garçons qui venaient du Brésil », film de Franklin J. Schaffner, 1978) !

Manu : Pour 'Montevideo', on s'imagine aussi une ville ultramoderne au milieu d'une jungle sauvage...

Julien : ...C'est cette tension nature/culture qui est intéressante.

Comment vous vous situez dans le paysage rock belge actuel ? Qu'est ce qui vous distingue des autres ?

Jean : A priori on ne se situe pas trop, ce qui nous a valu des soucis au début puisque, au moment de la création du groupe, on ne s'identifiait en rien avec le courant rock belge du moment. On était un peu isolé, en tentant tant bien que mal de produire un disque et de se faire un nom. C'est par la scène que Montevideo est devenu ce qu'il est aujourd'hui. D'ailleurs, la grosse difficulté était de reproduire sur l'album l'énergie libérée uniquement en ‘live’, mais jamais expérimentée en studio. Je n'ai pas l'impression que beaucoup de formations belges actuelles fonctionnent de la même manière. On a eu la chance d'appartenir à un groupe bien avant la création de l'album. Il y a trois ans, il existait déjà un projet. On disposait d’un répertoire ; on manifestait une énergie scénique… C’est un peu la raison pour laquelle John Stargasm (Ghinzu) a signé Montevideo.

D’où la question : comment s'est passé votre collaboration entre lui et vous en studio ? Avez-vous dû faire des concessions ou aviez-vous une totale liberté créative ?

Jean : Absolument aucune concession. C'est ce qui a été agréable avec John. Il a vraiment respecté l'identité du groupe du début à la fin, en demandant l'avis et l'aval de chacun d'entre-nous afin que Montevideo reste ce qu'il est. Les deux mois de studio qu'on a vécus ont été assez intenses. Maintenant, Ghinzu, c'est devenu en quelque sorte une famille et jouer le titre ensemble a été un réel plaisir. En compagnie de Mika et John, il a un petit côté fraternel qui s'est installé...

Manu : Faut pas oublier non plus le travail de Christine ‘Strawberry Girl’ et de Mika qui nous ont beaucoup aidé lors des arrangements...

Jean : Ils ont eu un rôle majeur dans la production du disque. Christine avait déjà travaillé sur les deux albums de Ghinzu. C'est une femme d'expérience qui, pour moi, est en train de devenir une solide référence en Belgique.

Si vous deviez convaincre quelqu'un qui n'a jamais écouté votre musique d'acheter votre album, quels seraient vos arguments ?

Pierre : De venir nous voir en concert.

Jean : Ouais, effectivement, de venir nous voir en concert...

Julien : Par exemple si on rencontrait cette personne devant le rayon et qu'elle hésitait entre Malibu Stacy et Montevideo, on lui dirait que notre album est quand même vachement plus sexy !

Jean : Voilà, excellent ! C'est la phrase du jour ! (rires)

On vous compare un peu facilement à The Rapture ou encore The Strokes, mais quelles sont vos véritables influences ?

Jean : Moi, je trouve ça bien qu'on nous compare à The Rapture, c'est un bon groupe. Du côté de nos premières influences, je crois que chacun a individuellement apporté les siennes. Chacun a ainsi amené sa touche personnelle au groupe, c'est ça qui est chouette.

Manu : Ados, on écoutait des choses très différentes. Jean était plutôt funk jazz, Julien plutôt brit-rock. On écoutait The Smiths, Velvet Underground, Pixies, The Cure, etc.

Jean : Il est normal de coller une étiquette. Maintenant, il est agréable de ne pas se voir comparer à des mauvais groupes.

Manu : Ce sont des formations qu'on apprécie, en plus.

Jean : Artistiquement, on a quand même fait attention à ne pas tomber dans les clichés du rock anglais actuel.

Sur scène, vous reprenez The Clash. On sent bien leur influence sur votre son.

Jean : Absolument...

Manu : The Clash est une influence majeure et commune à chacun des membres de Montevideo.

Julien : C'est un grand modèle. Il y a ce côté punk, dansant, expérimental, bruitiste et un chanteur un peu arrogant...

Jean : Ils ont aussi un côté ska. Les premiers morceaux de Montevideo étaient un compromis entre cet aspect ska et la forme plus rock.

Vous composez tous ensemble au même moment ou est-ce que chacun amène des éléments au fur et a mesure ?

Julien : Tous ensemble. Chacun amène son truc, en répétition. On fait ça sur le tas.

Jean : Au début, généralement, le texte était un détail sur lequel on ne s'attardait pas. On n'essaie pas de faire passer un message en particulier. C'est plutôt impulsif. Pour le reste, on compose à quatre. C'est assez éprouvant mais le résultat en vaut la chandelle.

Julien : On n'est pas un groupe à message mais on va le devenir. Sinon on ne sera jamais engagé au Band-Aid ! (rires)

La compo à 4, ça implique beaucoup de prises de tête ?

Jean : Si si, on a eu beaucoup de prises de tête mais maintenant ça va un peu mieux...

Julien : Là, c'est parce qu'on est plus en compo mais ça recommencera.

Jean : Ouais, ça recommencera mais au moins là, on aura une expérience de studio derrière nous. On fonctionnera beaucoup plus dans l'optique 'album'. Ce qui n'a pas été le cas au début.

Manu : Le studio nous a permis de réaliser pas mal de choses quant à notre fonctionnement, à déceler nos avantages, nos défauts. On est maintenant beaucoup plus lucides ; alors qu'avant c'était très instinctif, ce qui provoquait parfois des problèmes de gestion.

Votre meilleur souvenir scénique ?

Jean : Difficile à dire... Il existe beaucoup de bons souvenirs.

Julien : Moi, le premier soir à Cannes, j'ai bien aimé. Je me demande même si cet événement n'a pas dépassé la fête du progrès...

Manu : Les Nuits Botanique cette année, c'était pas mal, non ? (Ils acquiescent tous) La fin du concert, c'était quand même quelque chose !

Jean : Et aussi la première partie de Supergrass. Rencontrer le groupe et, surtout, le fait de se retrouver devant un public attendant la tête d’affiche qui reste dans la salle, écoute très attentivement et applaudit sincèrement.

Vous jouez de plus en plus en France. Comment ça se passe pour vous, de l'autre côté de la frontière ?

Jean : Très bien ! En fait, on réitère ce que Montevideo réalise en Belgique jusqu'à présent ; c'est-à-dire tenter de faire perdurer un 'buzz', qui démarre depuis quelques mois à Paris. Mais c'est évidemment sur scène que le groupe fait ses preuves. Il est clair également que le parrainage de Ghinzu facilite les choses pour le démarchage auprès des labels...

Manu : Oui, mais au niveau de ce qui se passe en France, côté 'buzz' et 'live', ça n'a rien à voir avec John, en fait. Le point de départ a été un concert accordé au 'Festival des inaperçus' où Montevideo a remplacé Starving au pied levé.

Jean : Mais ça nous fait quand même une référence en plus. On a un album auquel Ghinzu a participé et tout le monde en France n'a pas été indifférent à leur succès. Et pour le disque, on est encore en période de démarchage là-bas. Il n'y a rien d'officiel mais quelques maisons de disques sont intéressées.

Vous ouvrez le bal à Dour, en partageant la scène pour des artistes tels que Primal Scream, Maxïmo Park ou Infadels...

Jean : Art Brut, Maxïmo Park et Infadels, surtout. Et bien, ça nous excite comme n'importe quel concert mais ce n'est pas celui qu'on attend le plus ...

Julien : En backstage, il ne se passe pas grand-chose généralement. On ne se parle pas beaucoup entre artistes. Chacun à sa manière de préparer son concert et tu n'as pas vraiment le temps d'en profiter. Tu dois absolument assurer ton concert.

Jean : Mais comme disait Christophe, notre ingénieur son, cette grande scène, ça va être la plus grosse sur laquelle a joué Montevideo jusqu'ici.

Quel est le plus beau compliment et, à contrario, la pire insulte qu'on pourrait proférer envers votre musique ?

Julien : La pire insulte ? Qu'on nous dise que l'on fait du sous-Franz Ferdinand !

Jean : Oui, tout à fait. Et le plus beau compliment, je sais pas...

Manu : Simplement, 'j'ai vraiment adoré'...

Jean : ... Ou qu'on révolutionne le rock ?

Julien : Bé oui, tout à fait. C'est ce que tous les groupes rock veulent. L'autre jour, il y a un DJ parisien qui m'a dit que j'étais un bassiste hors-pair. Cette déclaration m'a tellement fait plaisir que j'ai failli en pisser dans mon froc ! (rires) 

Pascal Comelade

La Star Academy, c'est une tragédie…

Écrit par

Rendez-vous était donc pris ce jeudi 4 octobre au bar ‘La Quarantaine’, à quelques encablures de la place Flagey. En fait de bar, ‘La Quarantaine est plutôt une librairie achalandée en livres, Cds et Dvds plutôt underground. On me demande si partager l’interview avec une autre journaliste ne me dérange pas trop. Je réponds par la négative, mais suis un peu déçu quand même. Pour faciliter la rencontre, un Dvd relatant une interview vidéo très intéressante (NDR : il retrace le parcours de Comelade) a été transmis aux journalistes en même temps que le CD promo de « Mètode de Rocanrol ». La première question concerne donc cette vidéo.

S’agit-il un moyen d’éviter les promotions ?

Il s’agit d’un produit promotionnel… je me souviens du tournage…

Il existe une dimension humoristique dans ta musique. Eprouves-tu une aversion pour la musique triste ?

C’est une question de caractère. C’est aussi la question de savoir où on place son nombril. J’ai eu le temps de relativiser en 30 ans de carrière. Je sais exactement ce que je fais et où je vais. Je ne suis pas dans la situation d'un type en train de construire une carrière. J’ai 52 ans. Je vis de ma musique et mon besoin de représentation est très léger. C'est une musique instrumentale, totalement anonyme, qui doit se suffire à elle-même. Je suis beaucoup plus proche du musicien de jazz, de musique traditionnelle ou de musique classique. Je n'ai pas de posture pseudo-intellectuelle. Je garde mes idées sur la cuisine et la politique. Je suis capable de parler du processus d’écriture de ma musique, de son histoire, des gens que je côtoie. Les événements sont d'une simplicité infantile. Je les aborde d'une façon très humaine. Je jouis d’une certaine réputation, même si elle est très réduite. J'estime vivre dans un luxe. Tu te rends compte, pour éditer ce disque, je n'ai pas dû rechercher une maison de disques. Je n'ai jamais concocté de maquettes de ma vie. A cause de mon passé, et parce que j'ai marné pendant vingt ans.

Est-il plus facile, pour un artiste, de se faire connaitre aujourd'hui?

Il y a beaucoup plus de poudre aux yeux aujourd'hui. Regarde les castings : il y a 25 000 gamins qui se battent pour être la star d'après-demain. La Star Academy, c'est une tragédie… Donc il n’est pas très rigolo pour un jeune d’y arriver aujourd'hui. Paradoxalement, il y a une chape de plomb culturelle. Tout se ressemble. Comment comprendre qu’on soit retombé aussi bas. On demande du clone. Prends pour exemple, la chanson française. A partir du moment où un mec fonctionne, 50 répliques sont balancées sur la marché. Ils ont dépassé la politique du clonage à la japonaise. Ca va très loin… C'est la nouvelle politique des maisons de disques. Compare un peu les directeurs artistiques d’aujourd'hui et ceux de Tamla Motown ou d’Island… Alors peut-être, si c'est hors norme et hors sujet, ça peut fonctionner.

Où le rock intervient-il dans ta musique?

Le rock c'est la façon de jouer, de présenter sur scène. Ce que je fais est éloigné du rock, mais toute ma vie je n'ai écouté que ce type de musique. C'est une culture qui continue à me passionner, comme la BD. Je suis resté sur des trucs du siècle dernier…

Mais ton batteur est un ancien membre d'OTH?

Oui, mais il a conservé une manière spontanée de jouer sur scène. C'est la façon de s’y produire, d'enregistrer. Je me sens proche de gens comme Jonathan Richman (Modern Lovers).

Qui ça?

Jonathan Richman.

Dans ‘Rock & Folk’, Nicolas Ungemuth a chroniqué « Monofonicorama ». Il t’y qualifie de Tom Waits muet et méditerranéen, de négatif total de Yann Tiersen. C’est plutôt sympa ?

(Rires) Ce n'est pas de la critique. C'est que du positif là…

En même temps, il est très méchant pour les autres. Il casse "Young Marble Giants" que tu cites dans tes références…

Il ne peut pas aimer ce type de musique. Je vois le gars. Il chronique surtout des rééditions de rock et rythm'n blues. Quand ce disque est sorti au début des années 80, je vivais à Montpellier et étais très lié au milieu punk. Tu ne serais pas parvenu à faire écouter 10 secondes de YMG à ces mecs là. C'était des hippies pour eux. Par rapport à Tom Waits, il a tout à fait raison. Mais il m'arrive de réaliser des choses plus décaféinées.

A propos de décaféiné, tu as composé la musique du film "Espace Détente" (long métrage basé sur la série "Caméra Café")

Alors là je dis aïe aïe aïe, et en trois temps. Tout d'abord, il faut savoir qu'en matière de musique de films, la production prend l'édition et sort la B.O. du disque. C'est un coup de poker car si le film marche, 8% du public achètera les produits dérivés, dont la B.O. Il faut que cette BO soit dans les bacs avant la sortie du film. Ce sont généralement des films qui ont fait 4 jours en salle. Pour moi, c'était du pur alimentaire, une œuvre de commande. Mais c'est un disque chroniqué nulle part, qui est passé au pilon direct…

Chez moi, j’ai un concert enregistré à Barcelone et à Lisbonne d’un musicien danois qui s'adresse au public en danois… le rock européen, ça existe réellement?

On était le plus interlope des orchestres, on avait là un groupe réellement européen. Tu connais la fameuse phrase de John Lennon: "Le rock français… et le vin anglais".

Le catalan est ta langue maternelle?

Oui, et Barcelone est une ville que je préfère vivre, de loin à Paris, où je me suis jamais vu. Ce n'est pas une ville pour piétons. A Barcelone, on se perd, les cafés sont mieux que les brasseries parisiennes. J'aime bien Bruxelles pour cette raison également.

Pourquoi toutes ces sonorités différentes?

Ce que tu entends sur mes disques, c'est la bibliothèque imaginaire d'un type qui ne voyage pas (NDR: Pascal n'aime pas voyager, surtout en avion). Il y a des instruments que je n'arrive pas à nommer. Il faudra peut-être utiliser un Dvd pour tous les montrer. Mon travail, c'est de produire le plus d'informations sonores.

Connais-tu l'œuvre d'un certain Paul Dodu. Elle est publiée sur internet, et on t’y compare à Georges Jouvin?

(rires) Il a raison! L'histoire de la musique instrumentale en Europe, c'est la musique post-guerre, la muzak, les grands orchestres de violons (dont Georges Jouvin fait partie), Pop-Corn. Georges Jouvin a enregistré plus de 200 albums. Il y a toujours cette femme de couleur noire sur la pochette, dans toutes les situations possibles : aux sports d'hiver, à la mer, devant son frigo (rires) En fait le dernier groupe instrumental en date c'est Pop Corn, si on évacue la techno et l'électro. Et aussi Bimbo Jet (?)

L'interview s’achève. Le temps d'installer son grand ‘toy piano’ et d'offrir ce fameux ‘showcase’, trop court à mon goût, mais qui permet de se rendre compte du talent de ce mec. On attend fermement un vrai concert…

Pearl Jam

Eddie Vedder : gloire immense mais esprit torturé ?

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Dans le sillage de Nirvana et en compagnie de groupes comme Soundargen ou Alice In Chains, Pearl Jam restera, à coup sûr, un combo dont l'aura sera associée à celle de la vague 'grunge'. Même si le groupe mérite sans doute plus que cela. Son vocaliste, Eddie Vedder, n'a eu de cesse de vouloir 'casser le moule'. La preuve encore aujourd'hui via un nouveau cd éponyme tranchant à tous les points de vue... 

Alive ! 

Alors que le balancier rock amorçait son mouvement de retour, au tout début des nineties, secouant au passage des ténors tels que Simple Minds ou The Cure, Eddie Vedder (de son vrai nom Edward Louis Seversen, né le 23 décembre 1964 à Evanston, dans la banlieue de Chicago) bossait comme pompiste dans une station service à San Diego, en Calfornie. Un pote à lui avec lequel il vide des verres, Jack Irons, par ailleurs batteur de Red Hot Chilli Peppers (NDR : le monde est p'tit, hein ! Surtout qu'on le retrouvera plus tard chez Pearl Jam), lui file une cassette d'un type nommé Stone Gossard et lui dit sans doute quelque chose du genre : "Tiens mec, ça c'est bon pour tes insomnies !" (car Vedder souffre déjà de ce mal chronique). Vedder écoute la bande, qui contient cinq instrumentaux, dont un certain 'Dollar Shot' l'inspire plus particulièrement. Il colle un texte dessus, y plaque sa voix et renvoie le truc à Gossard, dont le groupe, Mother Love Bone, vient de splitter, suite à la disparition de son vocaliste, Andrew Wood, décédé des suites d'une overdose. De 'Dollar Shot', Vedder a fait 'Alive', en racontant son histoire, à savoir celle d'un gosse qui apprend sur le tard qui est son vrai père (un ami de la famille qui s'est tiré sans demander son reste) et voit ce père biologique mourir (d'une sclérose en plaques). Un gosse sur lequel sa mère reporte toute son affection car la ressemblance entre le fils et le père est énorme. En entendant "Alive", Gossard tombe de son sofa et appelle illico cet inconnu providentiel, Eddie Vedder, pour lui demander de rappliquer aussi sec à Seattle. Vedder accepte mais prévient qu'il n'a pas beaucoup de temps à perdre et qu'il viendra directement au local de répet'. Une semaine plus tard, Pearl Jam est devenu un vrai groupe et Gossard, le bassiste Jef Ament, l'autre guitariste Mike McCready et le batteur Dave Kruse, flanqués de Vedder donc, se mettent au boulot. En quelques mois, le groupe s'est taillé un album et a fait 'flamber' quelques clubs. A Seattle, un label, Sub Pop, fait solidement parler de lui. Evidemment attentives, les 'grosses pointures' suivent 'l'affaire' et Epic fait rapidement les yeux doux à Pearl Jam. Mi 91, le groupe sort son premier album, 'Ten', sur ce label.  Au début, le succès commercial n'est guère au rendez-vous. Il faudra, en fait, qu'un certain Nirvana sorte son 'Smells Like Teen Spirit' pour que la vague grunge se transforme en raz de marée véritable et qu'elle emmène Pearl Jam dans son sillage.  Du coup, début 92, "Alive" se retrouve catapulté dans les charts et, dans la foulée, 'Ten' se met à cumuler les ventes pour finalement culminer à près de treize millions d'exemplaires ! 

L'histoire de Pearl Jam a commencé ainsi. La suite sera à l'image du groupe : remarquable, inégale, sincère, faite de luttes et de combats. En 93, Pearl Jam est un groupe énorme. Son second cd, 'VS', se vend à plus d'un million d'exemplaires dès sa sortie, aux States, en une... semaine ! Tout lui réussit et même Kurt Cobain semble jaloux de ce succès (il allume Pearl Jam dans la presse, lui dont le 'In Utero', sorti quasi en même temps, n'a guère marqué les esprits). Par contre, "No Code", paru en 96, passe (relativement) à travers, comme on dit.   

'I fought the business and...' 

A ses débuts, en tout cas, Pearl Jam a, immédiatement, voulu prendre ses distances avec certains aspects du business qui ne cadraient pas avec sa philosophie (quand il parle de l'évolution du groupe, Vedder met toujours en avant le fait que "Ce band est sincère et que c'est ça qui compte !"). Depuis quelques années, il semble s'être 'un peu calmé', à ce propos; on le sent en tout cas moins vindicatif et rebelle concernant certaines pratiques... Il a, en tout cas, clairement, trouvé sur sa route, plus fort que lui !  Découragé ?  

- les abus du business 

Pearl Jam n'a jamais apprécié les abus commerciaux qui eurent lieu dans son dos. Ainsi, en pleine gloire, en 94, le groupe annule sa tournée US d'été et poursuit la société Ticketmaster, initialement en charge de la tournée, en justice parce que celle-ci profite de manière abusive, selon le groupe, de son statut pour faire pression sur les promoteurs locaux pour qu'ils augmentent le prix des tickets. Le combat est beau, mais la justice américaine refuse, un an et demi plus tard, de condamner Ticketmaster pour ses pratiques commerciales. N'empêche, Pearl Jam a clairement affirmé sa philosophie. "Je suis un fan de musique, moi aussi, et je n'ai pas toujours eu du fric. Je sais ce que c'est de devoir sortir vingt dollars pour acheter un ticket de concert" (Vedder). 

Le groupe avait aussi refusé que le moindre 'single' soit extrait de l'album 'VS', avant la sortie du disque, en 93. Il avait aussi insisté pour jouer dans des salles de taille raisonnable, début 94, troquant même des concerts dans des stades contre des shows organisés sur des campus universitaires ! 

- la surexposition médiatique 

Contrairement à un paquet d'autres, les mecs de Pearl Jam n'ont jamais cherché à défrayer la chronique, à profiter de leur gloire pour prendre des attitudes de divas. Au contraire, même. "J'en ai vraiment marre de voir ma tronche partout  et je suis certain que plein de gens partagent ce sentiment. Ce business ne devrait pas se focaliser autant sur les personnalités mais plutôt se concentrer d'avantage sur l'apport musical des groupes. C'est cela qui compte. On ne devrait pas vénérer des personnalités. Malheureusement, certains fans sont déçus lorsque je leur dis que je ne suis pas un messie" (Vedder) ou encore "Je suis un fan absolu des Who, mais il ne me serait jamais venu à l'idée de demander un poil du nez de Pete Townsend ! " 

Le groupe semble même entretenir une sorte de relation amour/haine avec son propre succès. "J'aurais préféré que nos vidéos ne soient jamais passées sur MTV", assène Vedder, en 94. Quelques semaines plus tôt, le groupe avait obtenu quatre MTV Videos Awards, au cours d'un grand show, à Los Angeles.

Vedder s'en est même pris à Bono, de U2, sur scène, lors d'un concert à Rome, en support-act des Irlandais.  Agacé par le 'gigantisme' de l'organisation, Vedder était monté sur scène affublé d'un tee-shirt sur lequel il était écrit 'Paul Is Dead' (Paul est le vrai prénom de Bono qui, parait-il, n'a pas trouvé cela drôle !). 

Près de quinze ans après l'avènement de Pearl Jam, le business a encore accentué sa 'pression commerciale' sur les fans de musique (le prix d'un ticket de concert n'a cessé d'augmenter, le prix des cds est resté élevé), MTV reste un must pour se payer une tranche de succès et le culte de la personnalité des musicos n'a certainement pas diminué. Seul le MP3 et le piratage dans son ensemble font trembler le business de la musique, aujourd'hui. Les efforts du groupe n'ont donc pas été payants. Mais, au moins, il a dit ce qu'il avait à dire...

Torturé, Vedder ? 

Le rock des années nonante a été plutôt sombre; normal puisque les leaders de la scène ont tous - ou presque - bouffé du malaise sans ketch up ! Trent Reznor, Jonathan Davis, Eddie Vedder, pas vraiment des 'foldinguos' et on sait ce qui est arrivé à Kurt Cobain. A croire que distribuer les décibels, ça rend vraiment malheureux ou névrosé...  

A Encinitas, son bled, Vedder était connu comme 'the man who doesn't sleep'. Insomniaque chronique, Vedder a passé, ado, énormément de temps à développer sa culture et son âme musicale. Fan des Jackson 5 quand il était gamin, il a découvert le rock via les Who et est toujours resté un énorme admirateur du groupe.  Par la suite, il s'est tourné vers des personnages comme Henry Rollins ou Ian MacKaye (Fugazi) qu'il respecte énormément pour leur volonté à sortir des sentiers balisés du business musical. Il apprécie aussi beaucoup quelqu'un comme Neil Young, avec lequel, faut-il le rappeler, Pearl Jam œuvra en véritable partenariat pour l'abum "Mirror Ball". Ses potes l'ont souvent d'écrit comme un type ayant deux facettes bien distinctes : l'une assez cool du gars timide, réservé, qui s'exprime en parlant très bas ; l'autre version âme torturée, supra-réaliste, incapable de supporter l'injustice et qui n'hésitera pas à affronter des moulins de face s'il le faut (on a pu le constater !). 

Eddie Vedder s'est méfié du succès, tout de suite ! "Ce n'est pas facile d'avoir de l'argent", a-t-il expliqué; "Cela peut être tentant d'en donner à des amis pour les aider, mais tu ne peux pas donner comme ça, sans quoi tu finis par entretenir une centaine de personnes qui arrêtent de se débrouiller par eux-mêmes et comptent seulement sur toi. L'argent peut créer davantage de problèmes qu'il en résout". 

Vedder reconnaît qu'il n'est pas quelqu'un qui est 'facilement heureux'. "Et la popularité n'aide pas", a-t-il expliqué; "Tu restes le même et tu n'es certainement pas mieux dans ta peau parce que tu es connu. Les autres membres du groupe parviennent à tirer profit de la situation, d'une certaine manière, c'est bien plus compliqué pour moi". 

Le drame de Roskilde 

Cet épisode là de la vie du groupe n'a évidemment rien amené de positif. Neuf morts dans une bousculade, en plein festival, cela ne peut évidemment pas laisser indifférent. Le groupe a très mal vécu cette tragédie. On se souvient que, à l'époque, il a annulé son passage prévu au Rock Werchter, deux jours plus tard. Au moment des faits, des rumeurs de responsabilités du groupe dans l'incident avaient été largement répercutées dans les médias.  Les conclusions tirées par la justice danoises balayeront tout cela. Mais il est évident que le 'Roskilde' aura, à jamais, marqué l'esprit du groupe. Dans "Love Boat Captain", sur "Riot Act" (sorti en 2002), Eddie Vedder a écrit ces mots : "Its an art to live with pain / Mix the light into grey / Lost 9 friends well never know / 2 years ago today / And if our lives became too long / Would it add to our regret ?" 

Engagé 

Eddie Vedder supporte activement diverses causes à travers diverses associations. Et notamment "Not In Our Name", qui mène un combat contre la peine de mort, "Surfrider Foundation USA", qui milite pour des plages propres aux Etats Unis, ainsi que "Home Alive" qui forme les femmes à l'autodéfense. 

Discographie 

Pearl Jam a sorti huit albums studio : 

"Ten" ("Alive", "Jeremy", "Black") en  1991 (Epic)

"VS" ("Go", "Animal") en 1993 (Epic)

"Vitalogy" ("Spin the Black Circle", "Not For You") en 1994 (Epic)

"No Code" ("Sometimes", "In My Tree") en 1996 (Epic)

"Yield" ("No Way", "Faithfull") en 1998 (Epic)

"Binaural" ("Breakerfalls", "Light Years") en 2001 (Epic)

"Riot Act" ("Ghost", "You Are") en 2002

et "Pearl Jam", donc, qui vient tout juste de sortir 

Citons encore quelques sorties annexes comme un très bon EP quatre titres ("Oceans"), paru en 92 et comprenant trois titres live (dont "Alive") enregistrés au Pinkpop); le live "Dissident", enregistré à Atlanta en avril 94, une collection d'inédits ("Lost Dogs", toujours chez Epic, en 2003) et le double best of "Rearviewmirror", paru en 2004. 

 

 

 

 

Jethro Tull

Rien qu'un vestige?

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Si pour les teenagers, Jethro Tull ne représente plus qu'un vestige du passé, dans l'histoire du rock'n roll cette formation constitue un véritable monument, au même titre que le Floyd, Led Zeppelin, le Who, les Kinks, Yes ou King Crimson. Fondé en 1968, le Tull n'est toujours pas prêt à déposer les armes, même si sa démarche ne colle plus tellement à l'actualité. Son leader, Ian Anderson a toujours, en tous cas, bon pied bon œil et possède un avis terriblement lucide sur le monde contemporain ; et pas seulement musical. Lors de la sortie de son album " Divinities ", il nous a accordé cette interview ; une occasion unique de lui parler de son passé, de son présent, et bien sûr de son futur…

Dans la musique de Jethro Tull, j'ai toujours ressenti une ambiguïté entre le mode de vie rural et le mode de vie urbain. Pourquoi?

Je vis à la campagne et je travaille en ville!

Au cours de la première moitié des seventies, Jethro Tull a fait partie d'un mouvement typiquement britannique que l'on a appelé rock progressif. Et des oeuvres comme "Aqualung" et "Thick As a Brick" reflètent parfaitement cet état d'esprit. Ne penses-tu pas que l'aspect cyclique du rock 'n roll pourrait, dans un futur proche, conférer à ces deux oeuvres un rôle plus indicatif?

Je ne crois pas. La différence entre la fin des sixties, le début des seventies et aujourd'hui c'est que les grands musiciens du passé, tels que Jimi Hendrix, Grateful Dead, Frank Zappa, Captain Beefheart, Yes, Emerson Lake & Palmer, Genesis dans son contexte originel, Fleetwood Mac lorsqu'il était encore drivé par Peter Green, ont apporté des éléments d'autres cultures à la musique rock. Le deuxième elpee de Jethro Tull, "Stand up", bien que basiquement partagé entre blues et folk britannique, s'inspirait de l'Orient, du Moyen Orient. Nous avons toujours tenu compte de ces éléments extérieurs pour élaborer notre création. A la fin des seventies, lors de l'explosion du punk, et tout au long des eighties, le rock a essayé de se ressourcer par l'intérieur. Mais au bout de quelques années de pauvre ballet génétique, il s'est complètement asphyxié sur lui-même. Le regard vers l'extérieur a toujours été crucial pour le rock et la pop. Depuis le début des nineties le mouvement commence à évoluer positivement. Je ne parle pas des revivalistes insulaires, comme Oasis et Blur qui se contentent de reproduire des clichés consommés il y a vingt ou trente ans en Angleterre, mais des formations américaines comme Nirvana, Pearl Jam ou Soundgarden qui ont apporté incontestablement quelque chose à la musique. Bien sûr, ils se sont inspirés des sixties, mais ils regardent également le monde extérieur. Et je pense que c'est une bonne chose pour permettre une ouverture vers de nouveaux horizons musicaux...

A l'instar de Tea Party?

Pourquoi me poses-tu cette question? Je la trouve cocasse et en même temps déconcertante. Voici quinze jours, je suis allé remettre les dernières bandes du nouvel album de Jethro Tull chez Chrysalis. Et lors de cette visite, l'attachée de presse m'a refilé deux CD dont un de Tea Party, en ajoutant: "Ecoute ce disque, tu vas certainement apprécier". J'ai été agréablement surpris. Mais en même temps, j'ai voulu en connaître davantage sur ce trio canadien. Justement, il se produisait près de chez moi, et j'ai rencontré Jeff Martin auquel j'ai demandé quelques explications sur ses sources d'inspiration. Il m'a bien sûr parlé de Bert Jansch, John Renbourn, Roy Harper, des Doors, de Led Zeppelin et puis de Davy Graham. Mais comment a-t-il pu connaître Davy Graham puisqu'il n'a jamais rien gravé sous son propre nom. Quel âge avait-il à cette époque! Il m'a simplement répondu qu'à partir de seize ans, il était très intéressé par la musique des sixties et fasciné par tous ces musiciens. Mais je trouve incroyable qu'il soit parvenu à se forger un style de phrasé de guitare sans avoir véritablement connu cette époque et puis que sa musique entretienne certains climats proche du prochain album du Tull! N'empêche, ce combo m'a beaucoup plus. Sa musique est très rafraîchissante, innovatrice, mais risque d'être frappé d'ostracisme aux States. Dangereux d'y afficher des opinions anti-fondamentalistes en se servant d'une musique à coloration orientale...

Que sont devenus les vieux potes du Jethro Tull?

Jeffrey Hammond a quitté le groupe en 75 et mène depuis une vie de rentier. Il se consacre à la peinture. Deux fois par an, il vient s'enquérir des royalties issues du back catalogue du groupe. John Evan s'est tiré du groupe en 79 ou en 80! Mais il a dépensé son argent dans des projets foireux. Il a d'abord investi dans un chantier naval, puis dans une entreprise immobilière. Mais ses affaires ont mal tourné. Tout comme son mariage d'ailleurs. Résultat des courses. Il s'est retrouvé sur la paille. Ou presque! La dernière fois que j'ai entendu parler de lui c'était il y a deux bons mois. Il suivait, paraît-il, des cours à l'université. Barriemore Barlow a également essayé de se lancer dans le business. Il a monté un studio d'enregistrement, joué au producteur. Au manager. Mais l'an dernier, ses affaires ont capoté. Banqueroute! Glenn Cornick vit depuis plusieurs années au States. Il est toujours infecté par le virus de la musique, mais comme semi-professionel. Partageant son temps entre la vente de pitas et ses expérimentations... mais il joue encore! Finalement, tous ces gars vivent encore grâce au chiffre d'affaire du back catalogue de Jethro Tull. Cela leur permet de survivre. C'est triste, car je pense qu'ils étaient capables de faire autre chose. D'apporter un plus à la musique. J'ai été très affecté lorsqu'ils ont décroché...

Est-il facile de faire accepter au nouveau line-up du Tull, de jouer des anciennes chansons du Tull sur scène. Y a-t-il des morceaux que le groupe refuse d'interpréter?

Nous jouons des compositions plus anciennes sur scène. Mais les arrangements sont totalement différents. Ce qui souvent peut se révéler très intéressant. Mais c'est un choix opéré de commun accord. Et je respecte cette décision. Et des chansons comme "Living in the past" ou " Witches promises" ne figurent plus dans notre répertoire. Regarde Plant et Page, ils ne veulent plus jouer "Stairway to Heaven", malgré leur réunion...

Qui t'a donné l'idée d'enregistrer ce "Divinities"? Pour un artiste réputé peu conventionnel, n'est-il pas paradoxal de le voir tâter de la musique classique?

C'est Roger Lewis, manager/ directeur d'EMI département classique qui m'a demandé de réaliser ce projet, il y a un an et demi. Figure-toi qu'au même moment, Chrysalis m'a sollicité pour faire un album de blues. Un projet qui n'a pas encore été concrétisé, puisqu'il nécessitera l'engagement de musiciens spécifiques. D'autant plus que j'avais dans la tête l'idée de graver un disque plus acoustique, sans oublier la place à accorder au nouvel opus de Jethro Tull... Mais je ne pense pas m'être investi dans la musique classique. J'ai simplement écrit et mis en application de la musique pour instruments classiques. Je joue de la flûte. C'est toujours ce que j'ai joué. Mais elle figure dans un contexte orchestral à côté du violon, du violoncelle, du cor, de la trompette, etc. Je ne crois pas trop que l'on puisse parler de musique classique. Pour prétendre être un compositeur de ce style, tu dois être passé de vie à trépas depuis plus de cent ans. Et même les critiques les plus intraitables concèderont que je ne suis pas mort, il y a cent ans. Or même si cette musique possède des affinités avec le classique, elle accuse de nombreuses influences: folk, celtique, moyenâgeuse, sémitique, scandinave, jazz, africaine... et bien sûr classique. Un élément parmi les autres, qui caractérise "Divinities" comme la musique de Jethro Tull!

Quels dieux honores-tu sur "Divinities? Y a-t-il une place pour Pan?

Si j'ai voulu donner une dimension religieuse, spirituelle à cette œuvre, c'est parce que j'ai voulu afficher l'idée d'un Dieu unique. Aussi bien pour les catholiques, les protestants, les juifs et même les hindouistes. Un créateur identique pour les adeptes du monothéisme. Un seul Dieu représenté à travers douze références différentes susceptible de transcender l'imagination. Chaque culture vit sa religion suivant ses dogmes, son rituel, son folklore, sa culture. Je n'essaie pas de porter un jugement, mais plutôt d'élaborer une philosophie toute personnelle qui n'engage que moi même...

Depuis quelques années, tu sembles de plus en plus branché par les questions d'écologie. Une raison?

L'écologie est une science qui mériterait d'être enseignée dans toutes les écoles et même à l'université. Je ne crois pas d'ailleurs, qu'au cours des trois prochaines décennies, beaucoup d'améliorations soient enregistrées dans ce domaine. Ce serait même plutôt l'inverse! Pour l'instant, les mouvement écologistes sont beaucoup trop subordonnés aux idéaux politiques. Aussi bien Greenpeace que Friends of the Earth. Et à cause de cette implication, ils n'ont pas toujours l'influence positive qu'ils devraient naturellement manifester. J'ai rencontré les responsables de ces organisateurs à différentes reprises. Et je leur ai fait comprendre que si leurs objectifs étaient justifiés, leurs méthodes l'étaient beaucoup moins. Je pense que les problèmes vont se multiplier si vous entretenez des relations destructrices. Il ne faut pas se contenter d'assurer la police environnementale. Il est nécessaire d'agir à d'autres niveaux. Je n'ai aucune relation particulière avec ces mouvements, mais dans le domaine de l'écologie, je crois que j'ai mon mot à dire...

Est-il exact que tu passes tes loisirs à jardiner?

Pas tout à fait! En fait, je dispose d'une grande propriété en Angleterre entourée d'un immense jardin. Deux hommes y travaillent en permanence. Mais ma passion pour le jardinage se limite aux pipéracées. Et en particulier les poivriers du Chili. J'adore la cuisine épicée. C'est la raison pour laquelle je suis intéressé par cette culture. Mais je ne porte guère d'intérêt aux fleurs ou aux arbres fruitiers.

Même aux légumes?

Non, je préfère me rendre dans les bons supermarchés et y acheter mes légumes. Ils y subissent un contrôle drastique en Angleterre. Et je préfère consommer leur marchandise que celle des particuliers qui passent leur temps à pulvériser leur production de produits chimiques...

(Version originale de l'interview parue dans le n° 36 - septembre 95 - de Mofo)

 

 

 

 

Le Peuple de l’Herbe

Collectionneurs de sons

Écrit par

L’Audi Jazz Festival a commencé ce 22 septembre 2007 et s’achèvera le 10 décembre, au Botanique de Bruxelles. Une opportunité pour interviewer le Peuple de l’Herbe. Les Lyonnais se produisent volontiers sur la scène belge et jouissent d’une réputation d’interlocuteurs affables. Pour mieux les connaître et en savoir plus sur leur dernier album, rien de tel de les rencontrer. En me dirigeant vers les loges, Asian Z répète sur scène. Leur ‘sound check’ m’intrigue et surtout aiguise ma curiosité. Quelques volées d’escaliers et de portes entrouvertes plus loin, N’Zeng et Spagg sont d’attaque pour répondre à mes questions. Le dictaphone est enclenché, la bière est servie et trinquée, rouleeeeez jeunesse…

Vous semblez apprécier Bruxelles. J’ai assisté, auparavant, à deux de vos sets dans une autre salle de la capitale. Que pensez-vous du Bota ?

N’Zeng : On connaît bien l’Orangerie. On y a déjà joué. Le lieu est super beau. En plus si tu tiens compte de l’esprit du festival et de l’excellent choix de la programmation, c’est vraiment sympa. C’est convivial surtout ; tu te sens proche du public.

Justement la proximité, ça m’a l’air d’être un besoin chez vous. Vous ne faites pas rock star en tout cas.

Spagg : (rires) on essaye du moins… ça va peut-être venir (re-rires)

N’Zeng : la proximité c’est vraiment ce qu’on aime. On se produit également dans d’énormes salles, des festivals. Mais le public est loin. Tu sens moins leur retour ou l’ambiance réelle. On se produit dans ce genre d’événement avec modération. On préfère plus petit, on y recherche l’écho de notre énergie.

Spagg : Nous apprécions nous sentir proches des gens, c’est toujours plus intéressant

Le line up de ce soir est presque identique à la formation d’il y a 10 ans. Un seul un membre n’y est plus. Une explication ?

N’zeng : DJ Stany est parti. Il a été remplacé par Spagg. Il y a plus ou moins 2 ans. Au début il y avait DJ Pee, DJ Stany et moi. Ensuite ça a été plutôt du ‘rajout’. Entre autres lors de l’arrivée de JC (JC 001) qui est apparu sur le deuxième album et a participé à la tournée. Il n’est plus reparti depuis. Sir Jean (ancien chanteur de Mei Tei Sho) a participé au morceau « PH Thème » sur « Triple Zero » (leur premier album). « PH Thème » a super bien représenté et super bien fait démarrer le groupe. Sir Jean est revenu poser sa voix sur le dernier album, et nous suit pour la tournée. C’est sympa, la boucle est bouclée comme ça.

Que représentent tous ces rajouts en termes d’efficacité ? Avez-vous besoin de vous multiplier ?

Spagg : Pour ma part je suis à la technique depuis 2002. Je n’étais pas sur les planches, mais je travaillais déjà à la conception générale.

N’Zeng : L’efficacité de ces rajouts c’est surtout le développement musical. Plus on avance plus on tend vers quelque chose d’organique, nous avions déjà amorcé ce concept sur l’album précédent, mais nous n’avions pas trop creusé. Justement Spagg est arrivé dans le groupe avec sa manière d’utiliser les machines et est parvenu à bien faire progresser l’ensemble. Après la précédente tournée on a opéré des recherches sur base de remix. Nous avons réussi à bien faire évoluer le travail, même si le principe de base est toujours le même. Nous travaillons tous les quatre. Chacun participe à l’évolution sur sa machine. Une méthode qui nous a permis de garder un équilibre sur les quatre albums. On ne souhaite pas qu’il n’y ait qu’une seule personne qui écrit dans le groupe. Ce qui pourrait mettre d’autres un peu ‘sur la touche’ quant à leur développement artistique. Tout le monde doit et veut être impliqué, on espère que ça continuera.

Spagg : Sinon au niveau de l’équipe, ce que les gens voient en concert, c’est le travail de 12 personnes, tant à la technique que sur scène. On communique très bien, on fait constamment évoluer les choses. Notre petite bande est bien soudée, en fait.

12 personnes et 4 albums en 10 ans, vous y allez calmement. N’avez-vous pas envie d’en faire davantage ? Un album live par exemple ?

N’Zeng : Il y a un live qui est sorti sous la forme d’un mini elpee. Il est paru juste avant « Cube » (NDR : leur troisième opus). Il est sorti un peu en marge. Distribué à 10 000 exemplaires, il recèle beaucoup de remixes en version live.

Votre boulot prend une autre dimension sur scène et vous semblez apprécier l’exercice. N’avez-vous pas envie de creuser davantage dans ce créneau ?

N’Zeng : Absolument. Nous avions ce projet sur la tournée précédente, mais quand Stany a quitté l’aventure, on a abandonné l’idée. On devait laisser le temps au groupe de reprendre son équilibre et ses marques. Maintenant ça tourne bien. Nous avons décidé de récupérer tous les live depuis le début de cette tournée, pour voir ce qui en sort. Mais nous avons déjà connu quelques problèmes techniques…

Spagg : Arf !!

N’Zeng : …Spagg a quitté le noyau technique, mais nous n’avons pas engagé quelqu’un d’autre pour le remplacer. En outre, l’ingénieur su son a énormément de boulot pour tout gérer à la fois. On garde l’espoir d’y arriver. Nous avons le projet d’éditer un Dvd, mais ce travail est complètement différent.

Pourquoi ? Eprouvez-vous des difficultés pour maîtriser l’image que vous souhaitez apporter à votre musique ?

N’Zeng : Ce n’est pas simple en effet. Personnellement si je me tape un dvd d’une heure trente de concert, il a intérêt à être excellent et distrayant sinon je me lasse vite.

Spagg : A mon humble avis, il n’existe aucun format capable de relater fidèlement une ambiance concert. Faut y être c’est tout ! Ce que tu ressens sur la scène et dans le public ne se fait qu’au moment présent.

N’Zeng : La priorité des 43 dates de concerts sera l’enregistrement audio. Après, si on trouve quelque chose de sympa à mettre sur un Dvd, on y réfléchira à nouveau. Vu le stock d’archives accumulées lors des précédentes tournées, on pense proposer un panel de l’évolution de nos expéditions live, en mélangeant les années.

Au fur et à mesure des albums, vous ne souhaitez pas vous détachez de l’image de consommateur de pétards. Vous l’assumez d’ailleurs depuis le début… mais vous exprimez aussi, de plus en plus un côté réfléchi. Fumeurs oui, mais pas mou du cerveau ? C’est ça ?

N’Zeng : Ben on l’a bien cherché hein ! Depuis le début on provoque cette image via le nom du groupe, du label. A la base, cette démarche était purement ludique ; maintenant les choses évoluent, on ne se prend toujours pas au sérieux mais on mute constamment.

Spagg : Il est clair que ça date déjà d’une époque ou la légalisation allait dans tous les sens. Tout ça bougeait un peu partout autour en France. La gauche était au pouvoir, on s’est dit ‘on va pousser un peu’… A présent tout a bien changé. Cette époque est révolue.

N’Zeng : Tu sais, nous ne sommes pas toujours pris au sérieux. On nous considère plus  souvent comme des amuseurs, malgré le parcours que nous avons déjà accompli. De plus, musicalement on nous catalogue plus vers le dub ou le reggae, même si on respecte complètement ce courant. C’est un peu réducteur pour nous… La conso’ c’est depuis la naissance du groupe notre marque de fabrique ; mais elle ne nous empêche absolument pas d’évoluer

En parlant d’évolution, la dernière qui n’a pas dû vous plaire, c’est l’arrivée de Sarko au pouvoir. Ca vous fout pas la trouille d’être français avec vos idées ?

N’Zeng : Ben si, ce n’est pas vraiment génial ce qu’il s’y passe !

Spagg : Nous voulons essayer de lutter de l’intérieur, on va pas se casser non plus. De toute façon pour aller où ?

Ben, chez nous en Belgique par exemple, ça reste relativement cool par ici.

Spagg : (rires) Ouais, c’est vrai ! C’est sympa la Belgique mais ce serait pas notre genre d’abandonner le navire, ce serait vraiment trop simple.

N’Zeng : Justement le ton de « Radio Blood Money », c’est une constatation. On y a intégré des références à nos idées. Les gens creuseront s’ils en éprouvent l’envie. On ne cherche pas à s’impliquer en politique, mais elle est omniprésente malgré nous. Quand tu vois ce qu’il y avait dans le passé, les luttes pour les acquis sociaux par exemple ou les droits de l’homme. Quand tu vois aussi que l’Europe a vécu des périodes sombres et que les gens font mine d’avoir oublié en votant comme ils l’ont fait ! Moi ça me fait super flipper. On tape sur l’immigration, les problèmes de réinsertion, tout est prétexte à discréditer la conscience de l’histoire. Le pire c’est que ce phénomène s’étend sur tout le Vieux Continent. Tu as vu en Suisse ? Le mouton blanc qui fout un coup de pied au mouton noir ? Ben y sont élus ces gens, c’est affreux !! Les médias français ont, eu aussi, beaucoup changé. Pour exemple, Pias notre label, avait proposé de diffuser une de nos chansons sur une radio française (NDR : que nous ne citerons pas). On leur a répondu, ‘Si Mr Sarkozy arrive au pouvoir, il n’est pas question de diffuser quoique ce soit du Peuple de l’Herbe’. Quand tu reçois une réponse semblable, tu as le droit d’être inquiet. Sans parler de la multiplication des tests ADN et du ‘fichage’ que l’on en fait. Le pire c’est qu’on essaye de te faire croire que cette situation n’est pas grave et que tu es juste un peu paranoïaque. 

Revenons à un sujet plus musical. Et en particulier vos influences. D’abord, j’imagine que vous devez y comptez un large panel d’artistes. Quels noms vous viennent d’abord à l’esprit ?

Spagg : Notre particularité est d’apprécier chacun des trucs différents et d’apporter ces influences au groupe. Nous ne sommes pas comme pas mal d’artistes, dont tous les membres  écoutent le même truc ou sont d’accord sur les mêmes choses. Pour ma part j’écoute pas mal de métal, du lourd, du hiphop aussi. Le hiphop, étrangement, rassemble tous les membres du Peuple de l’Herbe. Beastie Boys, Public Enemy entre autres. Ce ne sont pas les seuls, il y en a plein d’autres. (NDR : Spagg portera ce soir là d’ailleurs un t-shirt noir placardé d’une énorme effigie de Public Enemy)

N’Zeng : La plupart des membres, sont des collectionneurs de vinyles depuis de nombreuses années. Pour certains, le stockage devient même problématique. Quand on débarque en Belgique, on visite souvent les disquaires. Nos recherches vont du vieux ska à tout ce qui touche la Jamaïque des années soixante et soixante-dix. Ca peut aussi tourner au funk, mais pas le ‘funk fluo’ années quatre-vingt, plutôt 60-70 avec Parliament, Funkadelic, la bande à Clinton. Le jazz a aussi une place importante. On ne nie pas non plus, une influence punk. Celle des Clash, par exemple. Strummer et sa bande ont sans cesse progressé pour faire évoluer leur propre son, et ce sans concession. Que ça plaise ou non, ils faisaient exactement ce qu’ils voulaient. Ca aussi on aime bien. L’esprit du Rock n’ Roll, transmettre du son et de l’énergie. Psychostick, le batteur, vient du milieu rock et punk, il a joué entre autre du rockab’. Toute cette énergie de la batterie est super importante pour nous.

Spagg : Mais le truc ou tout le monde kiffe dans le groupe, ce sont les bandes-son.

N’Zeng : Ah ouais, les bandes-son ! Nous sommes tous d’accord. Quand tu vois qu’il y a des gens comme Morricone qui n’ont plus rien à prouver, et dont tu retrouves sans cesse des enregistrements inédits ou des morceaux sortis de nulle part issus de films inconnus, c’est énorme. C’est super riche comme univers les bandes sonores de films. Elles nous servent énormément.

Spagg : Et même plus !!

Vous accordez de plus en plus de place aux ‘vrais’ instruments. Votre association machine – instrument prendrait-elle une tournure moins électronique ?

Spagg : On pousse l’un pour extraire l’autre, les machines sont sans cesse testées.

N’Zeng : Nous avons fait apparaître pas mal d’instruments en effet. La basse n’a pas sa place sur des morceaux plus electro, mais elle adoucit beaucoup de choses sur d’autres et on n’hésite plus à l’utiliser. La section de cuivres que nous avons utilisée comptait cinq instruments. Et un percussionniste est venu enregistrer sur deux morceaux. Ce qui représente beaucoup de travail sur du ‘vrai son’

Sur vos albums, vous blindez toujours vos morceaux d’intros, de dialogue de films, de bruitages. Comment les choisissez-vous et où les dénichez-vous ?

Spagg : Il n’y a pas de règle, ça peut venir de partout

N’Zeng : Films, documentaires, émissions télés. Une voix sortie de son contexte prend une autre dimension. Et cette recherche nous plaît assez. A une époque nous courrions les vinyles gravés dans les années 40-50-60. Ayant un but informatif ou éducatif, voire même médical. Un jour nous sommes tombés sur un stock incroyable de propagande communiste de cette époque. C’était des chants de ‘manifs’ entrecoupés d’interventions. On s’en est d’ailleurs servi pour la biennale de la dance à Lyon, l’année passée. On chipote toujours avec tous ces trucs là.

Spagg : Nous regardons pas mal de films qui influencent la création des albums. On utilise les VF en les posant dessus.

N’Zeng : Mais si on les cite on va se faire taper sur les doigts (rires)

Vous avez tellement de sons en stock, que vous pouvez même en refourguer à High Tone, entre autres sur leur dernier album. Vous leur en avez filé lors de la tournée de 2005 ?

N’Zeng : Ouais on s’entend super bien, nous nous serrons les coudes. Les ingés s’échangent du matos, on se soutient les uns les autres. Chacun a aidé l’autre à monter son studio, il n’y a pas de concurrence.

Spagg : C’est comme pour Asian Z qui assure notre première partie ce soir, nous signons tous chez Jarring (NDR : Jarring Effect, leur label). Eux aussi sont issus de Lyon. Nous les croisons souvent là bas. Tu connais Asian Z ? Tu vas voir c’est particulier. Avec eux et  High Tone, nous sommes de vrais potes. Nos liens se sont resserrés davantage en 2005 avec les gars d’High sur la tournée européenne du Lyon Calling Tour (23 dates dans toute l’Europe en un mois réunissant Le Peuple de l’Herbe, High Tone et Mei Tei Sho ). Une trentaine de personnes sur la route, c’était bien ! C’est clair que ça favorise l’échange.

Expérience à refaire ?

Spagg : Ah ouais direct !!

N’Zeng : Très chouette, mais dur. Il y a quand même des endroits où, quand tu arrives, genre Mostark ou Sarajevo, tu te sens privilégié. L’Europe de l’Est c’est souvent triste. Tu as l’impression que la guerre s’est achevée un an plus tôt. Tout est à reconstruire. Ils manquent de tout. C’est hyper dur pour eux. Parfois nous arrivions et il n’y avait même pas de courant. Nous étions obligés de nous approprier l’endroit vierge et de complètement le transformer pour faire tourner les machines. C’était intéressant de voir la relation entre l’endroit et notre technologie, mais déroutant aussi. Tout ça à coté de chez nous. Nous avons vécu des aberrations administratives aussi. Jean de Mei Tei Sho s’est vu refuser l’entrée d’un pays de l’Est parce que Sénégalais, il ne pouvait présenter de document médical sur lequel était stipulé qu’il n’avait pas le Sida. Cette épisode à inspiré le morceau « Judge Not » qui figure sur « Radio Blood Money ».

Spagg : Pauvre Jean, à chaque frontière il y avait un nouveau problème. Nous, nous passions sans stress en montrant nos passeports européens. C’est fou !

Vous vivez les problèmes que vous soulevez, juste parce que vous travaillez avec d’autres nationalités ? Ca motive vos compostions du coup, ce n’est pas innocent.

N’Zeng : En effet on peut dire qu’on le vit de l’intérieur. D’origine galloise et hindoue, JC (JC001) vient d’Angleterre ; et son point de vue sur la situation était déjà bien rôdé vu ce qu’il avait vécu là bas. Il a vécu l’apparition des caméras en rue et la surveillance à outrance des quartiers défavorisés. Il pose une réflexion cynique mais pertinente sur les caméras de rue justement. Il dit que ‘c’est beau d’avoir vu les mecs poser les bombes à Londres ; mais elles ont quand même explosé. C’est bien la preuve que ces caméras ne servent à rien !’

Comment voyez-vous le futur du Peuple de l’Herbe

Spagg : On t’avoue que pour le moment, nous vivons au présent. Nous ne sommes pas dans la phase de projection. Nous profitons de l’album qui vient de sortir et de la tournée qui en découle.

N’Zeng : C’est vrai. Au début, vu que nous avions super bossé sur l’album avant de l’enregistrer, on le maîtrisait en se contentant de le reproduire tel qu’on l’avait enregistré. Mais au fur et à mesure nous apercevons des pistes. On y réfléchira certainement après la tournée.

Spagg : Surtout que nous avons beaucoup de dates en préparation. Si tu y ajoutes les festivals de l’été prochain, ça nous laisse le temps d’observer. En plus nous sommes contents de ce qu’on vit. Tous ces live sont la récompense de notre travail.

N’Zeng : Nous sommes dans la phase de digestion.

Ok, merci beaucoup les gars, c’était très sympa

Spagg : Ben, merci à toi

N’Zeng : Ouais merci, on espère que tu passeras une bonne soirée

Ravi d’avoir partagé ces quelques minutes en leur compagnie, je prends congé de mes hôtes. Les poignées de mains sont franches. N’Zeng me promet de prendre la pose sur scène et de sourire à mon appareil photo lors de leur prestation du soir. Quelques réflexions personnelles partagées sur l’incompréhension du problème belge, et je quitte définitivement la loge pour m’en retourner vers la scène, où les Asian Z sont toujours en train de faire les pitres… Spagg les rejoint pour leur filer un coup de main. N’Zeng m’avoue qu’il va se reposer un peu avant d’affronter le public. Je sors rejoindre des amis. Cette soirée s’annonce sous les meilleurs auspices.

 

Tony Joe White

Un havre de paix

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Né le 23 juillet 1943, ce Louisianais est une véritable légende vivante. Pourtant, il n'a guère rencontré de succès aux States. Mais bien en Australie et en Europe. Surtout à la fin des sixties et au début des seventies. Epoque à laquelle il a aligné quelques tubes (« Soul Francisco », « Groupie girl », « Roosevelt & Ira Lee ») et surtout vu certains artistes mythiques reprendre certaines de ses compos. Notamment Elvis Presley ("Polk Salad Annie") et Ray Charles ("Rainy Night In Georgia"). En outre, Tony Joe a également écrit pour Tina Turner, Joe Cocker, Kenny Chesney, Hank Williams Jr. Dusty Springfield, et la liste n'est pas exhaustive (NDR : Johnny Halliday et Joe Dassin figurent également sur la liste, mais est-ce une référence ?) La suite se révélera beaucoup plus confidentielle, l'artiste n'enregistrant plus que d'une manière sporadique. Jusqu'au début des années 90, lorsqu'il décide de sortir de l'anonymat et d'enregistrer des albums plus consistants, souvent inspirés par la plume de son épouse, Leann ; et puis en suivant les conseils avisés de son fils, Jody. Il y a quelques semaines, TJW a ainsi sorti un tout nouvel album, 'Uncovered', une œuvre pour laquelle il a notamment reçu le concours d'Eric Clapton, de JJ Cale et Mark Knopfler. Avant son set accordé au 'Handelbeurs' de Gand, Tony Joe White s'est plié à l'exercice de l'interview. Drôle d'ambiance, puisque l'interlocuteur est assis dans la partie la plus sombre de sa loge, la guitare sur les genoux et un verre de vin à portée de main, avec pour tout éclairage un candélabre. La voix est profonde. Le débit lent. Très lent même. De quoi impressionner ! Cependant, nous finirons quand même par trinquer ensemble…

Jody White a donc relancé la carrière de son père. Ce n'est quand même pas une histoire courante. D'où l'importance qu'il a pris dans la vie de Tony Joe White : « Tu sais, il est important pour un million de raisons. Il a réussi de brillantes études. Il possède une maîtrise universitaire en droit et en business. Il est même juriste. Ce qui explique pourquoi il s'y connaît dans le monde des affaires. En outre, c'est un excellent ingénieur du son. Mais au-delà de toutes ces considérations, c'est mon fils ; et il est fantastique de pourvoir travailler avec sa descendance. Il est même devenu mon manager. Voici dix ans. Auparavant, Roger Davies se chargeait de cette tâche. Et puis un jour, il m'a dit que je n'avais plus besoin de son concours. Parce que j'avais Jody. Ajoutant qu'il retournait chez lui auprès de siens. » C'est d'ailleurs Jody qui s'est chargé d'établir le contact entre le paternel et les invités prestigieux, pour concocter 'Uncovered'. Même si l'idée initiale relevait de White. « Elle remonte même à plus de dix-huit ans. Mon fils a remis le sujet sur le tapis. Jody m'a demandé si je voulais enregistrer un disque en partageant des duos. Parce que c'était un concept bien dans l'air du temps. Je lui ai répondu que la formule me plaisait. Nous avions déjà concrétisé un projet en compagnie d'artistes féminins (NDR : « Heroines », un elpee qui avait bénéficié de la participation de Lucinda Williams, Emmylou Harris, Jessi Colter et puis de sa fille Michelle). Pourquoi pas avec des mecs ? Des types que j'admire et surtout des amis. D'autant plus qu'il y a longtemps que j'y pensais. Et puis j'avais quelque peu oublié ce dessein. Avant que Jody ne le réactive. Il a ainsi notamment contacté Mark Knopfler, Eric Clapton et JJ Cale ; et puis tout s'est enchaîné en deux temps trois mouvements. Les premières démos ont été réalisées dans mon vieux studio 16 pistes. On a presque tout fait d'une traite le premier jour. » Mais la nouvelle chanson 'Not One Bad Thought' a été mise au point dans le studio de Mark Knopfler. Pour 'Did Somebody Make A Fool Out of You', Clapton a enregistré les vocaux et sa guitare depuis le légendaire Olympic Studio de Londres. Cale a ajouté deux nouveaux couplets à 'Louvelda' avant d'envoyer sa contribution à Tony Joe White depuis son home studio en Californie. « Puis Eric a dit qu'il allait réfléchir à la suite des événements. Parce que la nuit portait conseil. Et le lendemain, on s'est occupé de la finition… » A la même époque, Clapton et Cale ont commis un nouvel elpee 'Road to Exonsideo'. Qu'en pense donc le natif d'Oak Grove ? « Non, je n'ai pas encore eu le loisir de l'écouter. JJ m'a dit, lors des sessions d'enregistrement, qu'il allait rejoindre Eric, trois semaines plus tard. Et puis je suis parti en tournée. En fait, dès que je rentre au bercail, je m'imagine décapsuler quelques bières fraîches, m'asseoir en toute quiétude et prendre mon pied en écoutant le disque… » Les trois guitaristes d'exception sont souvent décrits comme pratiquant un style 'laidback'. Ce qui méritait une explication. « Tu peux le traduire par le mot décontracté. Avec la même guitare. En toute simplicité. Une guitare par personne. Sa propre guitare ! Au moins il y en a au mieux c'est… »

'Uncovered' recèle quand même une plage assez étrange (NDR : 'Shakin the blues'), puisqu'elle implique feu Waylon Jennings, décédé depuis quelque temps. « Cette histoire remonte à huit bonnes années. Nous étions amis depuis au moins 20 ans, et victime d'une attaque, il venait de sortir de l'hôpital. Il était passé chez moi et m'avait annoncé avoir écrit une chanson. Il était un peu gêné de me la jouer. Je lui ai donc dit que je disposais d'un petit enregistreur dans ma chambre et qu'il pouvait revenir avec sa guitare. Il l'a donc enregistrée. Et c'est sans doute la dernière compo qu'il a mise sur bande. A l'époque, j'avais également composé quelques démos. Une bonne dizaine. Et puis je les avais archivées sur le même support. Et c'est Jody qui a mis la main sur ces morceaux. Imagine un peu Indiana Jones découvrant un trésor ! On a en quelque sorte adapté la découverte. J'y joue de la guitare. On a ajouté des drums, de l'harmonica, des claviers, des drums. Franchement on a eu du bol que cet enregistrement ne se perde pas… » 

Impossible de ne pas évoquer les swamps et les bayous, quand on rencontre un personnage comme Tony Joe White. Mais quelle est la différence entre un swamp et un bayou ? Tony nous éclaire à ce sujet : « Un bayou, c'est une petite rivière. Un swamp est une zone marécageuse gigantesque au cœur de laquelle vivent des serpents, des alligators, poussent des arbres, mais qui recèle aussi de grandes zones cultivables. C'est la totale ! » Qu'est qui est donc 'swamp' dans sa musique ? La langueur, l'indolence ? « Je nuis né sur la rivière. J'ai cinq sœurs et un frère. On travaillait dans les champs avec mes parents. Tu sais, il fait très chaud là-bas. Le rythme de vie est beaucoup plus lent. Parfois on se réunissait autour d'une guitare. Et effectivement, c'est ce 'swamp' qui transpire dans mes chansons, parce qu'elles sont lentes, cool, paisibles… » Quoique né au sein de cette Louisiane, Tony s'est établi dans le Tennessee dont la capitale n'est autre que celle de la country, Nashville. Un état d'Amérique où la musique est quand même fondamentalement différente. Ce qui n'empêche pas White d'y compter des amis dont Johnny O. Anderson et Tim McGraw. Et d'ajouter : « Même si leur musique est différente de la mienne, l'essentiel est qu'ils jouent avec leurs tripes et leur cœur. Que leurs chansons ont une âme… » A propos de cœur, il y a toujours eu une histoire d'amour entre Tony et la France. C'est d'ailleurs dans l'Hexagone qu'il a décroché son premier hit, au cours des sixties, 'Soul Francisco'. Tony commente : « Oui, c'est exact. Et aussi avec la Belgique. Et c'est réciproque. A l'époque, lorsque la chanson a récolté du succès ici, je n'étais pas du tout conscient du phénomène. Je jouais encore dans des clubs au Texas… »  Mais quelle est la compo qui lui a rapporté le plus de royalties ? « Difficile à dire. Penses-tu qu'un type riche se produise encore sur scène à mon âge ? 'Rainy night in Georgia' a été repris 140 fois. Non, ce n'est pas du tout un sujet qui m'intéresse. Je préfère laisser ces questions à Jody… »

La plupart des albums de White sont enregistrés en compagnie d'un groupe, alors que sur scène, il se produit uniquement sous la forme d'un duo, le partenaire se chargeant des drums. Est-ce vraiment la bonne formule ? En 'live', le groove d'une basse ou la chaleur d'un Hammond B3 ne manquent-ils pas ? Tony se justifie : « En studio, la section rythmique colle tout naturellement à mes chansons. Sur scène, je joue de la guitare d'une manière plus sauvage en n'impliquant que la batterie. C'est aussi la façon dont je joue en Louisiane. Il faut bien se mettre dans la tête que la scène et le studio sont deux concepts fondamentalement différents pour moi. En outre, 'live', je tire partie de l'interactivité avec le public. Celui-ci me demande de jouer telle ou telle chanson. Et la souplesse de la formule duo me permet de répondre à cette alternative. Et puis, je l'ai choisie parce qu'elle me rend libre… » (NDR : il gratte quelques accords sur sa guitare) 'The whomper stomper' n'est pas le nom attribué à sa 'six cordes', mais une manière de battre le rythme : «  (il frappe du pied). J'ai inventé ce style vers 67/68. Et ma guitare n'a pas de nom. C'est la bandoulière de mon instrument qui porte un patronyme : 'Ramon the Rattle'. Elle est en peau de serpent. Je me la suis procurée en Australie. La coutume veut là bas qu'on enlève les crocs. Lorsque je suis revenu chez moi, j'ai contacté un copain mexicain - il est joailler - afin d'y incruster deux dents de 18 carats… »

Tony Joe White est un Indien. Un descendant des Cherokees. Un peuple dont la philosophie a toujours été proche de la nature. Dont la spiritualité a toujours reposé sur des règles simples, inspirées par cette nature. Comment voit-il le monde d'aujourd'hui ? Que pense-t-il des dogmes et du fanatisme ? De la dérive des religions dont les potentats encouragent le meurtre, la guerre et le terrorisme ? Il réfléchit : « Le monde est occupé de basculer dans le chaos. Je pense que les Indiens étaient plus poches de la terre et de la nature. Parce qu'ils les ont toujours traités respectueusement. Ils ne gaspillaient pas les ressources. Leur spiritualité, ils la trouvaient dans le ciel et la terre. En tout cas celle des Cherokees était basée sur cette doctrine. Ils prélevaient à la nature ce dont ils avaient besoin pour se vêtir, se nourrir... Aujourd'hui, nous vivions dans une ère du gaspillage… » Tout comme Tony, Neil Young est également un Indien. Et partage, tout naturellement, la plupart des idées de notre interlocuteur. Mais quel regard porte-t-il sur son frère de sang ? « Nous avons été amis pendant très longtemps. J'apprécie énormément la manière dont il gère sa vie. Il joue et chante ce qu'il ressent. Il possède un troupeau de bisons dans son ranch. Il est libre. Ce n'est pas un type qu'on mettrait dans une boîte de Mc Donald… »

 

 

 

Grizzly Bear

Reprendre du poil de la bête

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Entre folk et pop, chorales et orchestrations symphoniques, l'ombre de ce gros nounours new-yorkais se dévoile. En provenance du district de Brooklyn, il y a quelques mois que les quatre musiciens de Grizzly Bear traversent le monde pour propager leur bonne nouvelle. Aussi, le samedi 11 novembre, l'équipée fait-elle étape à Bruxelles. Ce soir-là, comme toujours, le concert  du quatuor est magnifique. Encore une fois, on frôle le rêve éveillé. Mais dès le lendemain, le désenchantement supplante l'émerveillement. En cause, la réception d'un communiqué officiel du label hébergeant le groupe : 'Les Américains de Grizzly Bear ont été contraints d'annuler le restant de la tournée européenne. En effet, dans la nuit de samedi à dimanche des malfaiteurs ont dérobé l'entièreté de leur matériel entreposé dans leur véhicule, garé à quelques pas de leur hôtel bruxellois.' Dans ces conditions, il y a fort à parier qu'ils se souviendront longtemps de leur passage en Belgique. Pas pour de bonnes raisons, certes. Mais ils s'en souviendront. Aujourd'hui, Grizzly Bear doit retrouver des instruments et repartir de l'avant... Récit d'une rencontre antérieure à cette étrange péripétie.

Le grand public connaît encore mal Grizzly Bear. Pouvez-vous nous retracer votre histoire, vos premiers ébats musicaux ?

Trois ans auparavant, seul dans sa chambre, Edward a réalisé quelques enregistrements sur le logiciel Pro Tools. A l'origine, il se faisait plaisir, ne défendant aucune ambition mercantile. Ses chansons étaient pour lui, tout simplement. Une petite structure indépendante a finalement décidé du publier son travail. C'est à partir de ce moment que l'idée de former un groupe a commencé à germer dans son esprit. Nous sommes donc arrivés à ses côtés pour défendre ce premier album artisanal  (« Horn of Plenty ») sur scène. Mais, en concert, la texture sonore des chansons était fort différente. Nos représentations scéniques ont largement contribué à l'évolution du projet. Cette première tournée a donc engendré les bases d'une nouvelle direction artistique pour le groupe. A partir de là, chacun a contribué aux avancées du projet. Après avoir défendu ce premier album, nous avons entrepris l'enregistrement de « Yellow House » en commençant à travailler sur nos divers apports. En écoutant les deux albums, on peut aisément percevoir les deux facettes de la formation : le Grizzly Bear solo et le groupe Grizzly Bear.     

Sur scène, jouez-vous encore les morceaux de « Horn of Plenty », votre premier cd ?

Nous jouons toujours ces chansons sur scène. Mais, musicalement, on s'éloigne considérablement des versions proposées par ce premier album. A la base, ce disque était le projet personnel d’Edward. Finalement, c'est devenu sa principale obsession. Personne ne l'a vraiment poussé à former un groupe. Mais la volonté de donner vie à sa musique était très forte. Désormais, chez Grizzly Bear, chacun apporte son savoir-faire. Toutes les chansons d'Edward traitent de sujets intimes. Mais étrangement, ses textes nous parlent également. Chaque membre du groupe ressent ainsi une implication personnelle au niveau du message véhiculé par une chanson. 

Sur ce deuxième album, Grizzly Bear s'est mué en une belle chorale expérimentale. D'où vous vient cette sensibilité ?

Quand Edward a commencé à travailler sur les bases du premier album, il expérimentait énormément. A la base, il est surtout un chanteur ou un vocaliste, c'est sans doute le terme le plus approprié... Il a grandi dans une famille au sein de laquelle la musique tenait une place essentielle. Pourtant, il n'a jamais vraiment étudié la musique. Mais il baignait dans un univers musical permanent. Alors voilà, on retrouve peut-être dans nos structures des couches sonores entendues chez les Beach Boys ou Van Dyke Parks. Nous avons toujours été fascinés par ce genre d'orchestration. Nous aimons enjoliver la pop. Grâce à la technique du 'multi-tracking', Grizzly Bear prend des allures d'orchestre. On cherche à accumuler les couches sonores : six ou sept parties de guitare, trois parties au piano, trois parties à la batterie, etc.

Chaque écoute de votre dernier album permet de déceler de nouvelles subtilités, des détails harmoniques passés inaperçus quelques minutes auparavant ? Est-ce la conséquence d'une approche musicale maniaque et méticuleuse ? 

Lors de la production de « Yellow House », nous avons accordé une importance démesurée à des questions de détail. Nous étions vraiment impliqués dans l'objet de notre création. Certaines personnes nous ont pris pour des fous, des détraqués. Nous étions réellement obsédés par le moindre détail touchant aux structures de nos chansons. Ce qui explique en grande partie le sentiment ressenti à l'écoute du disque. Cette recherche sur le son constitue certainement une des clefs de ce nouvel album.

Comment décririez-vous votre style musical ? Certains journalistes vous collent une étiquette de formation folk. Quelle est votre vision des choses ?

Pour définir notre musique, le terme 'pop orchestrale' peut convenir. Nous avons une assise tournée vers le jazz. D'ailleurs, notre batteur, Christopher Bear (NDR : aucun lien avec le Grizzly !), est un musicien talentueux dans le domaine du 'free jazz'. La musique de Gil Evans nous impressionne également. Dans ses compositions, les arrangements sont naturels. C'est une musique précise, complexe mais cela n'entache en rien son accessibilité, son côté humain. D'autres éléments viennent aussi enrichir le spectre musical de Grizzly Bear. Parlons donc de 'pop orchestrale' !

Vous êtes originaires de New York, de Brooklyn précisément. C'est une métropole cosmopolite, extrêmement vivante, toujours en mouvement. Pensez-vous que cette atmosphère particulière a des répercussions sur votre musique ?

Sans doute, oui... En même temps, c'est une influence abstraite, quelque chose de difficile à cerner. A New York, les habitants sont quotidiennement exposés à la culture, à la musique. A chaque instant, il y a une ouverture sur l'art, sur le monde, des choses à apprendre. A force de tourner à travers le monde, on commence à apprécier cette facette de New York. Cette multiculturalité est très rare, très difficile à trouver dans d'autres villes. 

Cependant, vous avez décidé d'enregistrer votre album en dehors de New York...

Le disque a été enregistré à Boston, dans la maison de la mère d'Edward. En fait, cette maison, c'est la 'Yellow House' de son enfance. Dans le livret qui accompagne le disque, on trouve des photos d'une vieille bicoque. Il s'agit d'une représentation. Ce n'est pas la maison en question. La 'Yellow House' était beaucoup plus belle ! Nous sommes restés là-bas pendant un mois. Notre budget était trop limité pour passer autant de temps en studio... Pour revenir sur la potentialité d'influences externes sur notre musique, il est certain que cette maison a généré une atmosphère particulière, jouant incontestablement sur les ambiances sonores du nouvel album.

 

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