Les ravissements de Maud Lübeck

En mars 2023, Maud Lübeck est invitée par Ghislaine Gouby, directrice des Scènes du Golfe à Vannes, pour une carte blanche lors du festival ‘Les Émancipéés’. Cette année-là, pour la première fois, se déroulent ‘Les ravissements’, quatre rencontres animées par…

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Dernier concert - festival

Phoenix - 02/08/2024
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Concerts

Lay This Drum

Frappant !

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Lay This Drum est un collectif réunissant cinq jeunes percussionnistes. Mais des dames ! Elles attendent de se produire en concert depuis plus de 200 jours. La Covid est passé par là, entretemps… Chacun de leurs concerts est désormais décrété sold out. Et c’est encore le cas, ce soir.

Pas de Covid Save Ticket, mais le masque buccal est obligatoire. Une nouvelle directive de la province du Brabant Wallon vient de tomber. Les organisateurs ainsi que le public présent n’y comprennent plus rien. Pas d’espace entre chaque bulle ni de distanciation sociale. Chaque place assise est occupée. Pas question donc de se lever.

Le quintet réunit Olympia Boule, Annebelle Dewitte, Laurence Loufrani, Aurélie Simenel et enfin Gaëlle Swann (c’est elle qui pilote le band). Et ce spectacle mis en scène par Pierre Lafleur est produit par la Compagnie du Scopitone. Une agréable interrogation sur la question du ‘genre’ féminin/masculin dans notre société moderne qui déboulonne les clichés avec puissance, un brin d’impertinence et beaucoup d’humour, ainsi que le sexisme qui est une réalité dans le monde de la musique (c’est un combat pour Gaëlle). Lay This Drum offre un regard rythmé et poétique sur l’identité dans le monde d’aujourd’hui en posant pour réflexion de départ : ‘Dis, c’est vrai que les femmes savent aussi faire de la batterie ?’

Sur les côtés, on remarque la présence de cinq estrades sur roulettes surmontée d’un tom bass et de deux petits fûts de batterie. Immense, une autre est surmontée d’un énorme tambour sur pieds et d’un tom bass. En général, c’est lui qui va imprimer la cadence. Il y a également dans le fond de la scène cinq cages métalliques tapissées sur le fond d’une toile et également montées sur roulettes

Les filles débarquent l’une derrière l’autre en exhibant un fût d’huile plastifié de couleur bleue, sur lesquels figurent de grandes lettres fluo. Elles se présentent en faisant tourner les fûts pour faire apparaître le logo ‘Lay This Drum’ en 3 phases. Les fûts sont couchés sur le sol. A gauche on amène un établi métallique au plancher en bois. Deux artistes y déposent violement deux caisses outils métalliques (sans faire de pub, de type Facom) qu’elles percutent sur le parquet tout en frappant des pieds sur le sol. Et la manipulation des différents clapets métalliques produit également du bruit.

Les cinq artistes ont enfilé des salopettes de teinte noire –qui arborent un petit logo ‘Lay This drum’ sur le haut, à droite– et sont chaussées de baskets hautes de couleur rouge.

Que faire d’une vieille machine à écrire ‘Remington’ ? Deux des membres du band en posent autant d’exemplaires sur un fût plastifié ; et en frappant sur les touches, créent une jolie mélodie.

Une grosse caisse et quatre caisses claires sont placées en croix et en carré dans l’obscurité. Il ne reste plus alors de visible, chez les percussionnistes, que les bandes réfléchissantes de couleur et les baguettes fluorescentes. Qui battent la mesure en synchro. Une séquence qui rappelle quelque part le groupe allemand Meute.

Une manifestation débute. Gaëlle apporte 10 manches de brosse et les distribue à ses partenaires. Dans le brouhaha, on discerne l’objet de la manif : les agressions à caractère sexuel dont sont victimes les femmes (mouvement incarné par #MeToo ou #BalanceTonPorc). Le band demande à l’auditoire de se répartir en trois sections pour crier des slogans. Et ça marche !

Les cages métalliques sont éclairées par l’arrière et sont retournées vers la foule, après avoir calé les roulettes. Chacun va exécuter un scénario prédéfini en frottant des baguettes contre les parois métalliques des cages.

L’expression des visages est suggestive. La mise en scène est soignée.

Des planches à clous aux seaux de peinture, des talons aiguilles aux boots de chantier, tout ce qui peut être percuté ou frotté est utilisé. Bref, tout est bon pour faire du bruit : des tambours et caisses claires, les pieds frappés au sol, claquements de mains entre elles, sur le corps, sur le torse, sur les épaules ou encore des pneus qu’elles font rebondir sur l’estrade. Et parfois, le tout est ponctué de cris.

En mêlant danse synchronisée et percussions diverses, Lay This Drum a séduit un public essentiellement constitué de quadras et quinquas. Il se produira encore à Bruxelles* et à travers la Wallonie*. Un spectacle qui mériterait de sortir des frontières de la Belgique…

(Organisation : La Ferme du Biéreau)

Photo : Alain Vanstraelen

En concert

VEN., 29 OCT. À 20:00
La Vénerie / esp. Delvaux
Bruxelles

SAM., 30 OCT. À 20:00
La vénerie/Esp. Delvaux
Bruxelles

VEN., 3 DÉC. À 20:00
Crac's/ Sambreville
Auvelais salle Emile Lacroix

VEN., 4 FÉVR. 2022 À 20:15
Braine le Comte
Centre culturel de Braine-le-Comte


 

Scylla

Une histoire de famille…

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Le rappeur Scylla a participé au collectif OPAK avant de se lancer dans une carrière solo. Il est actif sur le circuit depuis plus de 20 ans et remplit même les salles dans l’Hexagone, comme l’Olympia de Paris. Ce Bruxellois a opté pour le pseudo Scylla, en référence à la mythologie grecque et plus précisément à l’épisode de la nymphe qui avait été transformée en monstre marin par Circé.

Il y a plus d’un an et demi que ce concert aurait dû se dérouler à l’AB. La Covid en a décidé autrement. Et 5 jours avant la nouvelle date prévue, il a encore été reporté. Enfin, c’est le grand jour. Cette fois, ça y est et la salle est comble.   

Le supporting act est assuré par un pote de Scylla ; en l’occurrence, Dayaz. Il va accorder un set de 20’ au cours duquel, flanqué de 2 Mc’s, il va chauffer l’ambiance. Mais on va le revoir en action lors du set de Scylla…

Setlist : 1. « Intro » 2. « VIDA Loca » 3. « Frayeur » 4. « I.R.M » 5. « Vous noyés » 6. « Mes faiblesses » 7. « Câbler » 8. « Couteau sous la Gorge »

Scylla est considéré comme l'un des porte-drapeaux du rap conscient belge. D’après le journal ‘Le Monde’, son rap serait influencé par le blues. C’est encore à prouver. Cependant, il se sert d’instruments organiques comme le piano et les cordes, pour mettre en exergue sa poésie. Son dernier opus, « BX Vice », est paru en 2019. Et il va nous en proposer de larges extraits.

Son pianiste favori n’est autre que Sofiane Pamart, un musicien incontournable dans le milieu du rap et du hip hop old school. Sylla y émarge ; c’est même un pionnier du genre.

Il aime s’entourer de MC’s ; et ce soir, Isha, Furax, Barbarossa, B-Lel et Dayaz vont se relayer, même si c’est ce dernier qui aura la préséance. Et lorsque l’un d’entre eux commence à agiter l’éclairage de son smartphone, incitant la foule à l’imiter, on a alors l’impression que l’AB ressemble à la voie lactée. 

Hormis Furax habillé d’un training multicolore, Scylla et ses MC’s sont tout de noir vêtus. Noir comme le parapluie que tient Scylla en main, quand il débarque sur les planches. Noir comme les trois autres pépins ouverts dont on remarque la présence, dans la pénombre (NDR : ils semblent masquer les MC’s qui accompagnent le maitre des Abysses belge), mais également suspendus sur un haut porte-manteau. Sombre comme le décor, somme toute. Et c’est le light show qui va mettre en exergue les différents personnages sur l’estrade. 

La foule est littéralement envoûtée par ses textes qu’il déclame d’une voix très rauque, ses visuels et son jeu de scène. Son flow est constant, sa poésie déborde de rimes sombres, mais criantes de vérité. Il me fait parfois penser à Thomas Akro du collectif Starflam, même si le set baigne au sein d’un climat introspectif réminiscent d’IAM voire d’Akhénaton période « Le micro d’argent ». Il parle justement de la première fois qu’il aurait dû assister à un concert du crew marseillais. C’était aux Halles de Schaerbeek, alors qu’à l’extérieur éclatait des émeutes. De sa jeunesse aussi. Charismatique, il est très volubile. Il s’assied sur un siège et commence à lâcher des vannes. Scylla tient son public dans la main. Il l’incite à mettre le Zbeul, mais également à prendre la pause, moment au cours duquel il remercie sa compagne à genoux, présente sa fille et son fils, sur scène. La famille est présente tant sur le podium que dans la fosse. La famille, ce sont aussi les fans. Mais musicalement, à l’exception du Dj derrière les platines, Scylla et ses MC’s il n’y a personne d’autre sur les planches et c’est bien dommage. Pas de violon et de d’ivoires comme au Cirque Royal il y a 2 ans, mais des samples préenregistrés. Seule la voix de Scylla est en live. On regrettera également le volume sonore un peu trop puissant. N’empêche Scylla a accordé, ce soir, un concert généreux et riche en sensations. C’est la première fois que votre serviteur assistait à un de ses spectacles. Une idée du fiston qui l’a entraîné dans cette aventure. Et une bonne idée, parce que pour une fois, c’est lui qui a entraîné son Daron, et pas le contraire….

(Organisation : Ancienne Belgique et Back In The Dayz)


 

Flavia Coelho

Aux rythmes endiablés des cariocas…

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C’est la rentrée post-covid à l’AB et ce lundi 6 septembre, l’affiche est double, puisqu’elle accueille Flavia Coelho et Chicos Y Mendez. Une affiche ensoleillée, festive, dansante et colorée pour un spectacle auquel pourra assister un public de plus de 250 personnes, sans masque ni distanciation sociale, mais sur présentation du Covid Save Ticket. La salle est en mode Box (600 personnes) et elle est sold out.

Le périple proposé ce soir va traverser la cordillère des Andes, depuis le Venezuela au Chili, en passant par la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie et l'Argentine, mais également nous entraîner jusqu’aux Caraïbes, et tout particulièrement en Jamaïque.

Chicos Y Mendez a été choisi pour entamer les hostilités, mais il aurait pu, tout aussi bien, clôturer la soirée. De son véritable nom David Méndez Yépez, le Bruxello-péruvien partage sa joie de vivre sur scène et ce n’est pas pour nous déplaire. Sur les planches, il est soutenu par un backing group de quatre musicos : un préposé à la guitare électrique, un autre aux cuivres (chauve et barbu il souffle tantôt dans une trompette piccolo ou en ‘Ut’ à valves rotatives), un bassiste et un drummer. Ce dernier a été installé en retrait sur une estrade. Juste à côté d’une autre sur laquelle campe des bongos destinés au batteur et des synthés au sixcordiste.

Chicos Y Mendez pratique de l’alterlatino. En quelques sorte, une musique latino-américaine alternative qui cherche à se réinventer sans la dénaturer, se connecter à ses racines tout en créant son propre chemin, mais également en véhiculant des textes engagés, traitant des problèmes rencontrés par la société contemporaine lorsqu’ils n’évoquent pas son pays natal ; des chansons interprétées tantôt en français ou en espagnol.

Les hauts parleurs crachent une musique préenregistrée, avant que le combo ne grimpe sur le podium, sous un light show de couleur rouge. Le set s’ouvre par « Llévate ». L’intervention du trompettiste est immédiatement suivie par celle du drummer. Place ensuite à « Respira » (NDR : dont le clip –à découvrir ici– a été tourné en République Dominicaine, à Los Cacaos), une compo qui invite les gens à prendre du recul, saisir l’importance, la sincérité et la profondeur des moments simples et anecdotiques de notre existence. « Porque » incite la foule à esquisser quelques pas de danse. L’ambiance monte d’un cran. « Proliferanos » adopte un profil plus rock. « Parte De Mi » draine de plus en plus de monde sur le dancefloor, mais en groupe. L’enthousiasme de David commence à contaminer l’auditoire. Une choriste débarque sur le podium et participe à la seule chanson interprétée dans la langue de Voltaire, « Ils dansent ». Elle est même slammée. « Mi Ciudad » nous entraîne sous le soleil de Kingston. Lorsque Flavia Coelho rejoint le quintet, la foule s’enflamme. Elle et David échangent un duo pour « Reggaeton Feminista », sous un climat toujours aussi jamaïcain. Mais dans l’esprit de Mano Negra voire de Manu Chao. Et « Nostalgia Mia » clôt le concert. Avant un rappel sous la forme de « Sendito ». L’exploration intégrale de l’album est terminée. Un bon moment à revivre sur ABTV ici

La fête ne fait que commencer !

Setlist : « Llévate », « Respira », « Porque », « Proliferamos », « Dilo Mas », « Parte De Mi », « Ils dansent », « Mi Ciudad », « Reggaeton Feminista », « De Pie », « Nostalgia Mia »

Rappel : « Sendito »

Brésilienne, Flavia Coelho est née le 26 juillet 1980, à Rio de Janeiro. En 2002, elle se produit en Europe au sein d'une troupe de carnaval. Installée depuis 2006 à Paris, elle chante dans le métro et dans un bar de Saint-Ouen, où elle fait la connaissance du musicien camerounais Pierre Bika Bika. La véritable aventure musicale débute.

Son dernier opus, « DNA » est paru en 2019, une œuvre dont les compos abordent les thèmes de la corruption, de l’homophobie et du racisme, mais qui fait également écho à la situation politique du Brésil.

Trois estrades sont installées sur le podium. A gauche, celle du drummer/percussionniste. Il a le rythme dans le sang et une sorte de pot de fleurs retourné sur la tête, mais sans les fleurs. A droite, celle du claviériste, coiffé d’un chapeau de cow-boy. Plus petite, celle plantée au centre est destinée à Flavia pour exécuter ses pas de danse.

Elle est vêtue d’une tenue moulante au couleurs des cariocas.  

La setlist réunit principalement des extraits des deux derniers albums ainsi que l’inévitable hit « Paraiso ».

Sa voix sensuelle et son flow énergique se baladent au rythme des influences brésiliennes et afro-latines mêlant joyeusement samba, baile funk, reggae, afrobeat, boléro, hip-hop, et forró.

Sur le podium, l’ambiance est digne du carnaval de Rio, une ambiance qui se propage dans la fosse. Faut dire qu’elle a le don pour chauffer le public.

Elle chante tour à tour dans la langue de Luís de Camões ou de Voltaire.

Flavia interagit entre chaque chanson avec le public. Elle incite la foule à lever les bras ou à danser. Une silhouette lumineuse se dandine dans le fond juste derrière l’estrade qui lui est destinée. Flavia fait tourner son chignon haut, comme une hélice, chevelure qu’elle dénoue à mi-parcours. Moment choisi pour jouer des percus devant le kit du batteur.

Flavia nous parle du Brésil qui célèbre le sourire, la dance et surtout l’amour. Pour elle, l’amour est essentiel et elle invite son public à rencontrer sa voisine ou son voisin sauf si l’on est accompagné…

Une toute belle fête à la musique et aux rythmes endiablés des cariocas… également à revivre

(Organisation : Ubu concerts + Ancienne Belgique)


 

Konoba

En attendant de retourner en Géorgie…

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Le concert de Konoba avait été programmé dans la cour de la Ferme du Biéreau, mais vu l’incertitude de la météo, il va se dérouler dans la salle. En outre, ce spectacle devait clôturer sa tournée 2020, mais elle avait été interrompue, suite à la pandémie. Il a donc été reporté au vendredi 3 septembre 2021. Raison pour laquelle, ce sera la seule date pour cette année, en Belgique.

Konoba, c’est le projet de Raphaël Esterhazy. Originaire de Wavre, il compte 10 années de carrière. Finalement, ce soir, face au public brabançon, il ne devrait pas être trop dépaysé

Konoba et son ami R.O., aka Olivier Rugi, avaient accompli un périple, à travers le monde, avant de sceller une collaboration sur l’album « 10 », paru en 2019. Ils s’étaient alors produits en Allemagne, en Italie, en Tasmanie, en Turquie, en Arménie et au Japon, et sont chaque fois revenus avec une chanson pour chaque pays visité. Mais suite au confinement, l’auteur, compositeur et multi-instrumentiste a mis à profit son temps libre pour composer les chansons d’un nouvel opus, dont la sortie est prévue pour 2022.

Leo Nocta assure le supporting act. Cet artiste milite également au sein de différents groupes, et notamment Delta, formation que votre serviteur avait eu l’opportunité de découvrir dans le cadre du festival Scène-Sur-Sambre, en août 2017.

De grande taille, il est seul sur scène faisant face au public devant ses ivoires. Ses interventions au piano sont empreintes de délicatesse tout en révélant une grande agilité des doigts. Un véritable virtuose ! Il chante d’une voix vaporeuse, envoûtante, des chansons ténébreuses, mais chargées d’émotion.

Après une intro instrumentale au piano, Il entame son set par son nouveau single « Porto ». Puis, il va nous proposer des extraits de ses deux Eps, « Atom », paru en 2015, et « Origin », en 2017, ainsi que de son elpee « In Motion », publié en 2020.  Une prestation de 45’ qu’on pourra qualifier de bonne facture. Dommage qu’il ne se produise pas plus souvent en ‘live’…

Setlist : « (intro) - Porto », « Lost In The Rhythm », « Satellites », « How Beautiful », « L’Envolée », « Higher Than Here », « The Red Cake », « When We All Fall ».

Le podium est relativement dépouillé. On remarque quand même la présence d’un espace affecté au drummer, à gauche ; en partie centrale un synthé, un MPD et une guitare ; et à droite un synthétiseur, un MPD et des machines, instruments réservés à R.O..

Comment créer une chanson de A à Z ? Douce et poétique, « In the Mirror » reflète la vision du monde de l’artiste en période de coronavirus. Un message positif qui sert de prélude au futur long playing. Dont Konoba va nous dévoiler quelques morceaux. Mais sa setlist va essentiellement se focaliser sur les deux premiers albums. Si pour cette ouverture, Raphaël est armé d’une gratte électrique, il a également recours aux samples pour les backing vocaux, les percus et les sonorités de synthés.

Très haut-perchée, la voix de Konoba communique une belle intensité à son répertoire, et tout particulièrement lors de cette première partie, où il est seul sur les planches et au cours de laquelle il privilégie les chansons empreintes de douceur. Raphaël a aussi le bon goût d’apporter un commentaire avant d’interpréter chaque morceau.

Pour le second volet de son set, un drummer le rejoint sur l’estrade. Et de suite, le duo attaque son nouveau single, « There’s Always Something Wrong », qui provoque une réaction enthousiaste au sein de l’auditoire. Raphaël nous confie qu’il est content de se produire dans ce lieu magique qu’est la Ferme du Biéreau. C’est sa seule date pour 2021 en Belgique. II repartira bientôt vers la Géorgie et plus précisément à Tbilissi, sa capitale, où il est devenu une véritable star, pour se produire dans le cadre d’un festival qui va accueillir 15 000 personnes. Pendant de ce second acte, Raphaël jongle entre gratte, synthé et machines, ce qui rend sa prestation plus dynamique.

Konoba nous annonce l’arrivée de son ami, RO. Une troisième partie au cours de laquelle il va notamment nous réserver « Till We Get There », une compo enregistrée en Géorgie d’où est issu sa copine. Mais surtout « Smoke And Mirrors » ainsi que l’incontournable et sensuel « On Our Knees », morceaux qui vont mettre le feu au dancefloor.

Enfin, Konoba va accorder un rappel en solitaire, pour interpréter 4 morceaux, ponctuant une prestation de haut vol…

Setlist :

Partie I

« In The Mirror », « Magic Mellow », « Dancing In Moonlight », « I’m A Wolf » (solo)

Partie II

« There’s Always Something Wrong », « It’s Was Only A Dream », « On Your Way », « Growing », « Smoke And Mirrors », « To Go » (+ batteur)

Partie III

« Get Home », « Too Much To Soon », « Red Dress », « Till We Get There », « I Need You With Me », « Outro (+ R.O., mais sans batteur)

Rappel

 « I Could Be », « Winning Is For Losers », « On Your Knees », « Roll The Dice » (solo)

(Organisation : La Ferme Du Biéreau)


 

Girls In Hawaii

Il n’y manquait plus que Sitting Bull…

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Les ‘Summer Nights’ tirent doucement à leur fin. Après Axel Red, Hooverphonic ou encore Jasper Steverlinck, c’est au tour de deux groupes phares de la scène belge de se produire : BRNS (prononcez Brains) et Girls in Hawaii. Ils laisseront ensuite la place à Suarez le lendemain qui aura la lourde tâche de clôturer cette superbe édition.

Les concerts se déroulent une nouvelle fois au cœur d’un joyeux amphithéâtre bucolique, sis en pleine nature, au centre de la ville de Lessines, bourgade connue essentiellement pour avoir vu naître le célèbre peintre surréaliste, René Magritte, à la fin du XIXème siècle.

Ici aussi, il est question de surréalisme puisqu’en guise de tables, de vieux panneaux d’entrée d’agglomération ou de sens interdits ont été installés. Présentes aussi, de vieilles chaises dispersées ci et là ayant certainement eu la lourde tâche de supporter les popotins de calotins, jadis. Sans oublier quelques bancs conçus en palettes. Un confort rudimentaire, mais très à propos.

La scène enjambe curieusement le cours d’eau qui dort paisiblement dans son lit. Un contraste saisissant avec les pluies torrentielles qui se sont abattues encore il y a quelques jours sur le pays.

Point négatif de cette soirée, la fraîcheur automnale qui a plombé ce mois d’août. Pourtant quelques extraterrestres se promènent en t-shirts et pantacourts.

BRNS assure le supporting act. La naissance du band est plutôt cocasse. C’est à la suite d’un nouvel-an arrosé qu’Antoine Meersseman (basse/chœurs) et Tim Philippe (batterie/chant) décident de créer un projet commun. Diego Leyder (guitariste) et César Laloux (multi-instrumentiste) les rejoignent peu de temps après.

Depuis, Laloux s’est lancé dans une nouvelle aventure (Mortalcombat) en compagnie de Sarah Riguelle (Italian Boyfriend).

Quant à Antoine, il s’est lui aussi échappé du groupe, en incarnant le corps et l’esprit de Paradoxant, le temps d’une parenthèse.

Caractérisé par le drumming tentaculaire de Meersseman (qui frappe de la main gauche sa Charley ; ce qui trahit très vraisemblablement son absence de formation académique), ce nouvel espoir de la nouvelle génération noir-jaune-rouge avait marqué les conduits auditifs au fer rouge, lors de la sortie de l’excellent « Mexico », en 2012.

La musique de cette jeune formation est difficile à cataloguer ; hybride à souhait, parfois pop ou rock, elle est alimentée par des rythmiques complexes et non conventionnelles, mais est également épicée d’une dose judicieuse d’électro.

Certaines sonorités effleurent le psychédélisme, pourtant pas vraiment représentatif de l’esprit du groupe. Il faudra alors attendre des compos comme « My Head Is Into You » (« Patine 2014 »), « Money ou Suffer » (dont le clip est à découvrir ici) pour retrouver les fondamentaux du combo.

« Get something », servi en guise de teaser, annonce un nouvel opus qui devrait voir le jour en octobre.

Les puristes regretteront l’absence de « Clairvoyant » (NDR : issu de « Wounded », un Ep sept titres paru en 2013) au cours duquel riffs de guitares et beats syncopés tourbillonnaient, sans jamais s’y perdre, autour de la voix particulière de Tim.

Trente minutes, c’est trop peu. Un laps de temps qui ne permet pas d’évaluer le potentiel artistique du groupe.

On a toutefois compris que la détermination de BRNS résulte d’une volonté de s’éloigner de la banalité, l’expression sonore se révélant moins pop que chez les Girls. C’est ce qui rend de toute évidence l’écoute moins abordable pour le public lambda.

Au tour des Girls in Hawaii de monter sur les planches. Ils (oui, ce sont des hommes) se sont produits ici en 2002 en première partie de Dead Man Ray.

Ce concert amorce une grande tournée. Une mise en condition en quelque sorte. Et pour s’y préparer, le combo s’est vu proposer de passer cinq jours en résidence dans l’enceinte de l’ancien hôpital. Avec pour seul objectif de balayer ces longs mois de douleurs et de sacrifices au profit d’une musique à l’énergie rayonnante.

Il est 21 heures lorsque les premières notes d’« Organeum » retentissent. Un titre issu de l’album « From Here To There » qui marque le début d’un show aux allures de ‘best of’. La setlist naviguera de tubes en tubes, l’ensemble de la carrière du quintet étant passée en revue pour le plus grand bonheur d’une foule qui s’est pressée ce soir malgré les incertitudes de la météo.

Antoine, au chant lead, la voix légèrement éraillée, possède une identité vocale très singulière, mise en exergue sur « No dead ». Sa rythmique syncopée et ses chœurs viennent lécher encore un peu plus ce tableau arc-en-ciel. Aucun doute, le groupe n’a rien perdu de sa logorrhée musicale.

Si Lionel jongle entre chant, piano et guitare, Antoine, multi-instrumentiste, alterne guitare et clavier selon les titres avec une facilité déconcertante, comme sur ce « Walk », ersatz de marche militaire lunaire, tout droit venu du petit dernier « Nocturne », né en 2017.

Davantage électronique, cet opus recèle quelques pépites dont « This Light » qui, malheureusement, ne figurera pas dans la setlist. Qu’importe, « Indifference » et ses loops synthétiques martelés en guise de refrain font rapidement oublier cette déception personnelle.

A contrario, « Time To Forgive The Winter » constitue la bonne surprise. Un titre qui n’a plus été interprété depuis longtemps. La précision du jeu des uns et des autres prouve une fois encore que ces quelques mois d’inactivité ont été mises à profit pour partager un spectacle qui restera gravé dans les mémoires des Hennuyers.

L’atmosphère s’échauffe inexorablement. C’est alors que le batteur s’enivre avec charley, ride, caisse claire et grosse caisse sur l’entraînant « This Farm Will End Up In Fire ». Une chanson où la tessiture vocale du singer ressemble par moment à cette de David Bartholomé (Sharko), un autre artiste belge.

Ses comparses profitent de cette ambiance survoltée pour laisser libre cours à une folie passagère ou têtes et membres inférieurs communient ensemble, laissant apparaître un spectacle étrange entre mouvements saccadés et danse de sioux, prêts à déterrer la hache de guerre…

C’est à ce moment qu’une horde de fans sauvages s’abandonne sur le devant de la scène, passant du mode statique au comportement hystérique, bravant honteusement les interdits encore de mise dans le cadre de cette crise sanitaire.

Les uns entraînant les autres, c’est une bonne centaine de badauds, qui, animés par cette envie de danser, campent en front stage. Un effet de masse qu’on ne peut plus maintenant maîtriser. Bref, au sein de cette tribu, il n’y manquait plus que Sitting Bull…

« Bees and butterflies » réfrène quelque peu cette folie collective. Un morceau d’une douceur âcre et mielleuse où la chacun des membres conjugue le refrain.

Généreuse à souhait, la clique a souhaité faire profiter d’un tout nouveau morceau en forme de teaser dans la lignée parfaite de son univers musical. Et si cette exclusivité cachait la sortie prochaine d’un nouvel album ?

Le grandiloquent « Misses » rappelle, quant à lui, oh combien l’ombre de Denis Wielemans qui militait derrière les fûts et décédé tragiquement d’un accident de la route en 2010, plane encore dans l’esprit de son frère Antoine. Le deuil durera deux longues années. Une longue période au terme de laquelle naîtra le gargantuesque « Everest » et son légendaire « Switzerland » où l’électro et le piano s’allient parfaitement au service de la chanson.

Des sommets, il y sera encore ; et notamment cet hommage rendu à l’alpiniste George Herbert Leigh Mallory (« Mallory’s Heights ») aperçu pour la dernière fois le 8 juin 1924, sur la crête nord de… l'Everest…

Un set tout en beauté qui se clôture par « Rorschach » sous un flot de guitares salvatrices.

« Found in the ground », « 9.00 AM », et « Flavor » (réclamé par le peuple) et son intro répétitive à la basse marquent un retour en guise de rappel bien trop court.

Une fin de set où Antoine reste prostré, genoux au sol et la tête entre les mains, complètement absorbé par les sons incantatoires de ses comparses.

GIH a prouvé ce soir qu’il reste l’un des groupe phares et incontestable de la scène indé-pop musicale belge grâce à un show très inspiré et une véritable ode à la liberté. Un retour à la vie après une longue période de doutes et d’incertitude.


 

Tars

Juste le temps d’accrocher, et c’était terminé…

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Au Zik-Zak, c’est le denier concert de la saison soumis aux règles sanitaires qui exigent distanciation sociale, jauge réduite à 200 spectateurs et masque lors des déplacements. Le tout prochain libèrera le public de ces contraintes. En espérant que la page soit définitivement tournée.

Ce soir, Tars est à l’affiche. La formation wallonne a publié son premier elpee, « 90% of Honesty », en 2019. Il s’agit du projet satellite du multiinstrumentiste, producteur et ingénieur du son, Damien Polfliet. Le band pratique une forme de métal instrumental et ténébreux qui ne concède guère de parties vocales ou alors à partir d’une machine. Du stoner qui frôle parfois l’univers de la prog…

Peu de lumières pour éclairer les musicos. Un drummer (Geoffrey ‘Cho’ Jamar qui remplace Cyril Wilfart). Trois guitaristes (Damien, Roland Orban, Christophe Davenne) et un bassiste (Amaury Chavepeyer). Un claviériste devrait enrichir le line up, dans un futur plus ou moins proche.

Les trois gratteurs entrent constamment en duel. Ils possèdent, cependant, une excellente technique. Et en parfaite synchro, la section rythmique fédère, en quelque sorte les compos. Parfois l’expression sonore semble hantée par Metallica ou alors un combo viking. Néanmoins, elle n’est pas de nature à glacer le sang. Elle libère même une certaine fièvre, notamment lorsque l’électricité s’aventure dans le psychédélisme réminiscent des 70’s. Mais tout en conservant un fil mélodique. Le combo est bien en place, mais peut-être un peu trop…

Comme prévu, pas de chant, mais une voix ‘off’ lors de l’intro et sur « Endurance », le morceau qui ouvre réellement le set. Le volume sonore a littéralement soufflé les premiers rangs, mais près de la table de mIxage, là où votre serviteur à l’habitude de se planter, il était excellent. Enfin, on regrettera la brièveté du concert. 45 minutes ! Juste le temps d’accrocher, et c’était terminé…

Dans le cadre du Concours Circuit, Tars se produira au Botanique le samedi 4 décembre 2021.

Setlist : « Intro », « Endurance », « Murphy », « Gargantua », « Cooper », « Panger1- I’M Not Afraid », « Miller’S Planet », « Ranger 2- Hello Case », De Mann », « Tessecact », « Outro » 


 

Asaf Avidan

Si tu veux l’arc-en-ciel, tu dois supporter la pluie… (Dolly Parton)

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Site éphémère, l’Arena 5 est planté sur le Plateau du Heysel, juste devant le Palais 5. Bel espace en plein air (pas sous chapiteau, malheureusement), mais un peu vide quand votre serviteur débarque à 18h30 pour s’installer près de la table de mixage, sur une chaise numérotée. Pas de panique, l’endroit va se remplir progressivement, malgré la pluie qui retarde l’arrivée des spectateurs…

Etablie à Bruxelles, Valkø est une artiste aux multiples facettes. Tour à tour actrice, chanteuse, musicienne, violoncelliste, cette auteure/compositrice à la crinière rousse s’inscrit dans la lignée des grandes dames de la pop que sont Kate Bush, Beth Gibbons ou encore Alison Goldfrapp. C’est son deuxième Ep, « This Kind of Game », mixé à Londres par Max Prior, assistant de Craig Silvey (Arcade Fire, Portishead, Goldfrapp, The PeeChees, Anna Calvi, Florence & The Machine), qui va permettre à Valkø d’imprimer sa griffe, à travers un son ‘british’ bien particulier.

Sur les planches, elle est soutenue par un trio réunissant le (contre)bassiste Nicholas Yates, le guitariste Pieter Peirsman et le drummer Patrick Dorcéan. Comme il pleut à verse, les claviers placés devant la vocaliste sont protégés par une bâche de couleur noire.

Le set s’ouvre par « Silence in The Dark ». Non, ce n’est pas une cover de Curses, mais une compo originale. Le (contre)bassiste tire parfaitement son épingle du jeu. Séverine semble ravie d’être sur scène ; et pourtant, pour l’instant, il n’y a pas grand monde dans l’auditoire. 

Tout au long de « Monster », une nouvelle compo, la voix est bien mise en exergue. Une voix dont l’amplitude est impressionnante. Elle peut se faire douce ou lancinante, et même évoquer tantôt Björk voire Thom Yorke. On aurait bien aimé danser sur la cover du « Can’t Get you Out Of My Head » de Kylie Minogue, mais vu la pluie qui refroidit fatalement les ardeurs et les mesures sanitaires en vigueur, c’est mission impossible…

Enfin, dommage qu’elle n’ait pas prévu « Strange Weather » (NDR : un titre qu’elle interprète sur disque, en compagnie de Nicola Testa) dans sa setlist, mais aussi qu’elle n’ait pas sorti son violoncelle. Elle craignait peut-être qu’il prenne l’eau…

Sans quoi, Valkø a surtout privilégié son nouveau répertoire, compos qui figureront plus que probablement sur son futur elpee. Elle se produira, en outre, le 23 octobre dans le cadre des Nuits Botanique, à Bruxelles. 

 

Setlist : « Silence in The Dark », « Heaven’s Door », « Monsters », « Get Lost », « Back Through The Maze », « The Mirror », « This Kind Of Game », « Can’t Get you Out Of My Head » (cover Kylie Minogue), « All I Ever Dreamed Of »

A l’approche de la quarantaine et après 10 ans de tournées non-stop, Asaf Avidan a décidé de prendre une pause pour réfléchir à son avenir. Cette prise de recul lui a été totalement bénéfique. Il en a d’ailleurs profité pour jeter les bases et écrire les chansons de son septième LP studio, « Anagnorisis », paru en janvier 2020, un opus enregistré entre Tel Aviv et l’Italie, et tout particulièrement dans une vieille ferme transformée en studio d’enregistrement. Pour vivre et écrire autrement, il a donc choisi la solitude. S’il puise toujours son inspiration majeure chez des artistes comme Léonard Cohen, Bob Dylan, Neil Young, Tom Waits et David Bowie, pour ce nouvel essai, il s’est frotté –et d’une manière inattendue– au hip hop des années 90, la pop moderne et le gospel…

Vêtu, comme d’habitude, d’un costume couleur moutarde, il monte sur le podium, suivi de son nouveau band. Un quatuor impliquant la claviériste/choriste Shelly Levy (NDR : une jolie claviériste aux cheveux blonds platine, qui s’installe sur une estrade), le drummer Yoav Arbel et le bassiste Adam Sheflan, également préposé aux synthés.

Le set s’ouvre par le groovy « Lost Horse », au cours duquel Avidan se sert d’‘une gratte électrique. Il opte ensuite pour une semi-acoustique tout au long de « 9000 Days ». Puis ôte sa veste, salue la foule et la remercie. Il semble heureux d’être sur les planches et le fait savoir. Le concert s’enfonce ensuite tantôt dans le blues ou le r&b. Ou alors le néo folk ou encore le gospel, lors des ballades véritablement déchirantes. Même que parfois, le spectre de feu Janis Joplin se met à planer. Six titres du nouvel elpee seront interprétés, le reste est majoritairement issu de l’album « Gold Shadow ».

Simple, attachant et sensible, Asaf fascine par son charisme, mais surtout pour sa voix. Il possède un grain totalement androgyne, capable de passer du falsetto particulièrement aigu au baryton le plus profond. Mais il est également capable d’emprunter un timbre enfantin ou alors carrément écorché. Une voix qui évoque même parfois celle d’Aretha Franklin, de BJ Scott ou de Tina Turner. Et puis, Avidan peut aussi compter sur la claviériste pour l’épauler. Elle excelle aux backing vocaux, un peu dans un registre gospel.

Tout au long d’« Anagnorisis », les claviers se chargent d’intensité… pourtant, et c’est étonnant, en fin de parcours, on entend des samples d’accordéon. Pourquoi pas… 

Circonstanciellement, des roadies apportent un piano sur le podium, trimballé sur une estrade à roulettes. Il est destiné à Asaf. Il arrive également au natif de Jérusalem de passer aux percus électroniques. Et il s’y révèle brillant.

Asaf revient seul lors du rappel, armé de sa gratte semi-acoustique, pour nous réserver « God Shadow ». Avant que sa formation revienne pour les deux derniers morceaux. Saignants et bien plus rock. « Earth Odyssey » rappelle que l’artiste voue un grand respect à son maître, David Bowie, même si ce morceau est bien moins morbide que le déprimant « Lazarus » … Et le concert de s’achever sur « I see her, don’t be afraid », suivi d’un long silence…

Bref, un chouette concert, mais face à un public pas assez réactif au goût de votre serviteur ; maintenant il faut reconnaître que ce temps pluvieux et venteux n’était pas de nature à déchaîner les passions…

Asaf Avidan reviendra en concert en Belgique, le 17 mars 2022 à l’AB.

Setlist : « Lost Horse », « 900 Days », « Different Pulses », « Green & Blues », « The Study On Falling », « Over My Head », « The Jail That Sets You Free », « My Tunnels Are Long And Dark These Days », « Bang Bang », « Anagnorisis », « The Labyrinth Song », « Reckoning Song », « Love It Or Leave It ».

Rappel : « Gold Shadow », « Earth Odyssey », « I See Her, Don't Be Afraid ». 

(Organisation : Greenhouse Talent)

John Mary Go Round

Bienvenue dans le bayou des Ardennes walliforniennes…

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Le confinement est terminé ; enfin, on l’espère. On devrait pouvoir reprendre une vie normale. C’est la réouverture des salles de taille moyenne, dont le Zik Zak, à Ittre. Comme en juillet et août 2020, il reprend son cycle de spectacles intimistes (50 personnes par bulle, masque et distanciation sociale de rigueur).

John Mary Go Round est à l’affiche ce soir. Il s’agit du chanteur de Country Cooking, Michel Brasseur, qui se pour la troisième fois au Zik-Zak. Un petit jeune de 56 balais, qui nous vient du delta dinantais, en plein bayou des Ardennes walliforniennes. Ce projet est né dans son esprit, après avoir traversé le sud des States. C’est là qu’il a eu, pour la première fois, l’opportunité de jouer sur une ‘Cigar Box’, instrument primitif fabriqué à l’origine, par les esclaves noirs.

Le concert est partagé en deux parties. Malheureusement, votre serviteur a pris du retard et débarque juste avant que la seconde ne commence. Dès que Michel monte sur les planches, on le reconnaît bien à sa dégaine. Il est toujours tiré à quatre épingles, un stetson enfoncé sur le crâne. Très interactif, il plaisante, signale que le confinement a du bon, car il lui a permis d’écrire de nouvelles chansons.

Il reprend donc sa prestation par « Rolling And Tumbling ». Ce morceau a été enregistré pour la première fois en 1929 par Hambone Willie Newbern. Ce Delta blues classique a été très souvent interprété, parfois avec des paroles et des titres différents, aussi bien par des artistes du Delta que du Chicago blues ou du blues rock ; la version la plus célèbre demeurant celle de Muddy Waters, gravée en 1950. Issu de l’elpee « Take a ride », le rock bien sudiste « Death Walk Blues » nous entraîne au Texas, à la rencontre de Billy Gibbons. Faut dire que la musique de John Mary Go Round nous transporte tout au Sud des States. Au Texas, mais aussi et surtout en Louisiane. Qu’il traverse de long en large, en transitant par les bayous. Jusqu’à la Nouvelle-Orléans pour y goûter les gospels chers à la Tamla Motown. 

Blind Lemon Jefferson avait réalisé deux versions différentes de « See That My Grave Is Kept Clean », en 1927 et 1928. Et celle de Michel tient parfaitement la route. Sa voix est graveleuse. Outre sa cigar box à 3 ou 4 cordes, il se sert également d’un dobro, d’une gibson, d’une cymbalette à pieds, d’un cajon et chante devant un micro américain. Il change de gratte à chaque morceau. Sa technique y est irréprochable. Et le son métallique produit par la cigar box ou la dobro est imparable. Toujours dans un style très roots, Brasseur nous réserve, bien sûr, quelques morceaux issus de son album…

Une petite faveur que Michel pourrait vous accorder si vous ne partez pas en vacances. Qu’il vous invite à monter à bord de sa DeLorean DMC-12 en compagnie du docteur Emmett Brown. Vous pourriez ainsi replonger dans les années 30… là-bas, aux USA… 

Setlist : « Rolling And Tumbling », « Death Walk Blues », « See That My Grave Is Kept Clean », « Walking Through The Back Door », « I Wanna Hear », « Cross Road Blues », « Sandra blues », « Roadhouse Blues »

Rappel : « Walking Blues », « Dust My Broom », « Wet »

(Organisation : Zik Zak et Rock Nation)

Jasper Steverlinck

Une fenêtre qui s’ouvre vers de grands espaces de liberté…

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Lessines, principalement notoire pour avoir vu naître le célèbre peintre surréaliste René Magritte, à la fin du XIXème siècle, accueille dans le cadre des ‘Summer Nights’, une déferlante d’artistes. Depuis Axel Red à Girls In Hawaii, en passant par Hooverphonic ou encore Typh Barrow.

Si les premiers concerts de juin ont élu domicile dans la cour de l’enceinte même du prestigieux Hôpital Notre-Dame de la Rose, la suite des festivités se déroulera à l’ombre Hôtel-Dieu du XVIème siècle, un site en phase de reconnaissance par l’Unesco.

La scène enjambe curieusement la rivière. Le terrain, un joyeux amphithéâtre bucolique en pleine nature où blancs en palettes sont dispersés ci et là. En guise de table, des panneaux d’entrée d’agglomération où toutes les régions du patelin sont représentées. Une originalité sous bien des aspects, certes, mais pas de quoi profiter confortablement du spectacle qui va se jouer ce jeudi.

Des poules et des oies se sont aussi pressées au portillon sur une parcelle voisine. A défaut d’applaudissements, des gloussements en tout genre viennent perturber les moments de silence…

Les pluies torrentielles qui sont se sont abattues ces dernières heures sur le plat pays ont fait craindre une annulation de dernière minute. Les nuages pissent de temps à autre, histoire de rappeler que Dame Nature a les pleins pouvoirs. Mais, inutile de préciser que si la météo a épargné relativement cette partie du pays, il fallait s’armer d’une sacrée dose de motivation pour assister au concert de Steverlinck.

Ponchos sur les épaules et parapluies sous le bras, la bonne centaine de courageux aficionados a encore dû se soumettre aux mesures sanitaires (encore) obligatoires.

Ce soir, francophones et néerlandophones se réunissent d’ailleurs solennellement. Comme quoi la guerre linguistique n’a véritablement de sens que sur l’échiquier politique.

Kris Dane assure la première partie de ces festivités. Anversois de souche et Bruxellois d’adoption, cet auteur-compositeur-interprète a participé à une multitude de projets artistiques, parmi lesquels on épinglera l’opéra de Philippe Boesmans, Aka Moon, Ictus, dEUS (pour lequel il a frappé les peaux), mais également Ghinzu au sein duquel il a longtemps milité.

Armé de sa seule gratte, il apporte ce degré de légèreté douce-amère, grâce à sa voix très singulière.

Digne héritier d’un Damien Rice ou d’un Ben Howard, il caresse les cordes sensuellement et nous emmène dans un univers sonore où la bienveillance et l’amour font loi.

Aucun doute, la musique est bien le reflet de ce que l’on est. En néerlandais, on dit qu’on apprend en tombant et en se relevant. Un adage qui lui va comme un gant !

Une prestation d’une trentaine de minutes intéressante, mais un peu redondante par la longueur et le manque de relief dans l’interprétation des morceaux…

Les quelques flaques d’eau enlevées de la main stage, la pièce maîtresse de cette soirée est présentée par deux animateurs, histoire que la cour saisisse correctement le message dans sa langue natale.

Comme bon nombre de ses pairs, Jasper Steverlinck n’a pu rencontrer le moindre public depuis des lustres. C’est donc un retour très attendu.

Son nom est évidemment associé à celui d’Arid, formation belge qui a connu la gloire, notamment après avoir gravé l’excellentissime « Little Things of Venom ».

Le groupe a suspendu son aventure, dès 2012, en partie à cause de ce succès. Parenthèse définitive ? Nul ne le sait probablement. Lueurs d’espoir, une reformation éphémère s’est d’ailleurs produite, il y a quelques mois, à la demande des fans.

Le concert de ce soir risque d’être riche en émotion, vu le nombre de musicos qui entoure le Gantois : un contrebassiste, un drummer, un claviériste (qui a failli déclarer forfait suite à une blessure de la main), un violoncelliste et deux violonistes. De quoi rassurer quant à la nature de la prestation !

L’utilisation des projecteurs est réduite à sa plus simple expression ; une lumière alternant le blanc et le bleu met en exergue ses principaux acteurs.

Depuis la sortie de son dernier album « Night Prayer », enregistré ‘live’ (mais sans public), c'est-à-dire en ‘one take’, sauf en ce qui concerne les cordes, pour une question de budget, son actualité musicale a pratiquement été rencardée au Panthéon.

Les premières notes plongent immédiatement l’auditoire dans une atmosphère empreinte de douceur, feutrée même… Elles sautillent joyeusement comme les gouttes d’eau qui rebondissent sur l’herbe…

Haut-perchée, la voix de Jasper Steverlinck semble parfois ressusciter Jeff Buckley ou encore Freddie Mercury. Ses doigts glissent agilement sur le manche, un peu comme s’il manipulait de la porcelaine, plus qu’ils ne s’agitent. C’est un sacré musicien.

C’est à la gratte électrique et accompagné de son pianiste qu’il chantonne un « So far away from me » du feu de Dieu en dévoilant encore une facette inattendue de son répertoire. C’est joliment interprété. Avant d’emboîter le pas sur une reprise de K’s choice (NDR : groupe qu’il affectionne particulièrement) et qu’il avait arrangée pour les besoins d’une émissions télé.

Les cordes qui enrichissent « Our love got lost » rendent la texture sonore, moelleuse.

Des reprises, il en sera encore question, dont celle d’Arid, « You are », issu de « All Is Quiet New ». Il signale même avoir acheté tous leurs disques. Un bobard à deux balles qui a quand même déclenché l’hilarité dans la foule.

Autre cover, celle carrément décalée d’« Ice queen » du groupe néerlandais de métal symphonique, Within Temptation. Faut dire que le charme de Sharon den Adel rencontrée lors d’une émission de télé ‘Liefde voor muziek’, n’a pas laissé indifférent notre hôte d’un soir.

« Colour me blind », relate l’histoire d’un gamin en passe de perdre la vue et l’ouïe par la faute d’un virus. Mélancolique et voluptueux, ce titre est presque exclusivement centré sur la précision et l'écriture ; un exercice de style dans sa forme la plus pure et la plus directe.

Le set s’achève naturellement par un « Night prayer », qui aborde le thème de la guérison. La nuit montre le bout de son nez, les parapluies sont repliés depuis une trentaine de minutes.

Après avoir retenu son souffle durant une bonne heure trente, Jasper et son équipe décident de quitter les lieux durant quelques secondes, le temps d’un vrai/faux rappel de trois chansons.

Après avoir exploité les aigus de son organe sous un air d’opéra italien, il réinterprète le « Life on Mars » de Bowie (NDR : cette chanson figure sur l’album « Songs Of Innocence » de Jasper) pour rendre hommage aux sinistrés des inondations. Une adaptation particulièrement émouvante…  

En guise d’adieu, c’est à l’aide d’un vieil orgue en bois fraîchement installé sur l’estrade que le set prend fin.

Plus qu’un concert, une fenêtre qui s’ouvre vers de grands espaces de liberté, réanimant de vieux feux sacrés. De jolis moments qu’une bonne frange de la population semblait avoir oublié.

Pourvu que ça dure …

CélénaSophia

Ce n’est pas en arrière qu’il faut regarder…

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Ça y est ! Nous sommes déconfinés après 7 mois d’attente ! Enfin, le cycle des concerts reprend ! Un bon début : second spectacle ce soir, organisé par Silly concerts. Il ne se déroule pas au Salon. Des travaux ont été entrepris pour rénover la salle. Dès lors il se déroulera dans les jardins du Centre Culturel, sous chapiteau. Pas plus de 50 spectateurs. Ils devront être masqués et restés assis pur respecter les gestes barrière. Ce soir, en tête d’affiche, la fratrie Tornabene aka CélénaSophia. A force de travail, elles ont acquis ‘des planches’ ; et elles vont encore le démontrer lors de leur prestation.

La première partie est assurée par Clara Gotto. Agée de 20 ans, cette jeune chanteuse/claviériste est épaulée par son paternel qui se consacre à la guitare semi-acoustique et aux backing vocaux. Plutôt sympa, il a le chic pour détendre l’atmosphère. Son humour décapant révèle un amoureux de la langue française. Et apparemment c’est lui qui écrit les textes des chansons. Il nous signale que le répertoire va nous inviter au voyage. Et comme le père et la fille sont originaire d’Italie, le périple est immédiat. Ainsi « Sur la riviera », on imagine deux amoureux qui se promènent, main dans la main, ou circulent sur de petites routes à bord d’une vespa. On épinglera encore « Des ABL sur le pavé », une compo qui se réfère à sa contestation éclairée de Gainsbarre. A suivre de très près…

Setlist : « Rumba », « Sur la riviera », « Le dernier virage », « Des ABL sur le pavé », « La Sille ».

Depuis le début de leur parcours, les frangines épousent une courbe ascendante. Jérôme Magnée (Dan San, Yew, Ebbène...) leur a apporté un fameux coup de main en se chargeant de la direction artistique lors de la réalisation de leur premier album. C’est grâce à lui que les filles ont décroché la médaille de bronze aux Jeux de la Francophonie d'Abidjan, en 2017.

Né de la fusion des deux prénoms (Céléna et Sophia), elles sont responsables d’une chanson française réaliste et urbaine. En 2015, elles avaient publié un premier Ep (« A l’aventure ») qui leur a permis de fouler les premières grosses scènes en Belgique (Botanique, Francofolies de Spa, BSF, ...) et à l'étranger (Suisse, France, Canada, Côte d'Ivoire). Elles participent à deux reprises aux rencontres d'Astaffort au cours desquelles Francis Cabrel et son équipe les aident à peaufiner leur répertoire.

Ce soir, elles sont venues présenter leur bébé, un premier long playing paru en janvier dernier et intitulé « Les Géantes Bleues ». Les deux sœurs y affirment leur féminité, leurs doutes, leurs besoins d’évasion et de passions ainsi que leurs acharnements. Et par-dessus tout, leurs valeurs et leurs idéaux. Si le folk pratiqué à l’origine n’a pas disparu, il s’est enrichi de beats, de codes empruntés au hip-hop, de gimmicks pop, de beaux effets aériens sur les guitares et d’un zeste d’électro.

Pas de Jérôme Magnée derrière les fûts pour épauler CélénaSophia. Il est remplacé par les sonorités électro et les percus d’un iPad. Par contre, elles se partagent bien guitares électrique et acoustique ; Céléna surtout l’électrique, Sophia, la sèche. Et leurs interventions lancinantes collent bien aux morceaux les plus introspectifs…

Elles sont accueillies en triomphe, malgré le maigre public. Céléna se décrit comme une ‘vraie impulsive’. Sophia comme une ‘fausse calme’, mais elles sont fusionnelles. D’ailleurs, pour monter sur les planches elles portent la même tenue : leggin noir, tee-shirt noir, chaussures et vestes dorées et brillantes.

La set list est essentiellement puisée au sein du premier opus y compris la reprise de « Comment est ta peine », une composition signée Benjamin Biolay. Seuls deux tubes plus anciens (« Les pieds sur terre » et « Dis-le-moi plus fort ») seront également interprétés. Elles accordent une attention particulière aux chansons que les frangines ont dédiées à leur maman, perdue trop tôt. Ce qui suscite beaucoup d’émotion. Le concert s’achève par « Folie reviens », leur dernier single. Le message est clair : ‘Ce n’est pas en arrière qu’il faut regarder…’ C’est une ligne de conduite, un slogan pour CélénaSophia. Elles ne reviendront pas sur les planches…

Assez participatif, le public a même pu se dandiner et applaudir devant son siège. Fait dire que Madame Ingrid Corona veillait au grain…

Setlist : « On s'en souviendra pas », « Les vents contraires », « Pile ou face », Seul hôtel », « Les pieds sur terre », « Passage secret », « Me plonger dans tes yeux », « Je te vengerai » « Comment est ta peine ? » (Benjamin Biolay), « Les géantes bleues », « Je cours après le temps », « Dis-le-moi plus fort », « Ne rentrons pas », « Folie reviens ».

Organisation : Silly concerts et Centre Culturel de Silly

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