Dans un mode préventif ou d’automédication pour traiter les maux du quotidien, prendre une dose de White Noise Sound une fois par jour, de préférence entre les repas.…
Si le fantôme psychotrope du « Ladies and gentlemen, we're floating in space » de Spiritualized plane tout au long de cet album d'excellente facture, c'est le Spectrum de « Revolution » qui d'emblée hante les esprits, sur « Sunset », premier rayon de soleil sur une galaxie nouvelle et pourtant si familière. On redoute le plagiat, on succombe au final à cette rythmique syncopée sur laquelle se greffe une voix qui correspond parfaitement à ce type de musique. Dès que les guitares s'élèvent à l'unisson vers ce bruit blanc, vers des sphères balisées où l'on croit croiser pêle-mêle Black Rebel Motorcycle Club, les Dandy Warhols ou encore les Jesus and Mary Chain, on se cale dans son siège, aspire une grande bouffée d'oxygène liquide et on se prépare au voyage, enclenchant le pilotage automatique.
Les premières notes de « It is there for you » transparaissent au cœur d'une boucle spatiale en mode redondance cyclique. La voix caresse et susurre, les étoiles défilent à vive allure et après deux cent-cinq secondes, nous sommes propulsés à vive allure vers ces horizons striés de larsens.
Quelques instants plus tard, escale sur une planète rouge, au bord d'un océan de quiétude, survolé par des nuées d'oiseaux colorés, spécimens inconnus d'aucun ornithologue à ce jour. Une pluie de notes synthétiques balaie le ciel. Oui, mesdames et messieurs, nous flottons bien entre ciel et terre.
« There is no tomorrow » tranche alors un peu dans le vif du sujet. Judicieusement placé à ce moment de l'album, cette chanson (oui, chanson!) emmenée par une voix chevrotante, bercée par des violons, un orgue hypnotique et balayée par des trompettes triomphantes rappelle le meilleur de Jason Pierce. Si l'originalité n'est pas franchement de mise, l'efficacité et le savoir-faire sont assurément au rendez-vous. Parfois, on n'en demande guère plus.
Pour enfoncer le clou, « Blood » appuie sur le champignon (hallucinogène) et démontre si besoin est, que ces Gallois maîtrisent parfaitement les codes en vigueur. Batterie martelée, riff hypnotique, amplis dans le rouge, on touche à l'« Amazing grace ».
Si « Blood (reprise) » pourrait sembler une expérimentation vaine à certaines oreilles, il n'en demeure pas moins une récréation bienfaitrice à ce moment de l'opus, aire de repos pour voyageurs malmenés.
S'amorce alors la seconde partie de « White Noise Sound ». Dans un lointain écho parfumé d'encens, un chant incantatoire mène nos pas aux frontières d'un déluge sonore dévastateur. « No place to hide », too young to die, et dans une spirale jubilatoire, que dansent nos sens.
« Don't wait for me » poursuit dans cette veine teintée de mantras, amorcée par le morceau précédent, loops renversés et renversants, et réminiscence du Velvet Underground.
Enfin, « (In both) dreams and ecstasy » sur fond de sitar finit en procession magnifique. En forme de jeu question/réponse, dialogue entre une slide guitare et une onde modulée facétieuse qui prend le dessus dans un motif répétitif tourbillonnant.
Un excellent album qui termine 2010 en beauté et amorce 2011 en force.
A voir très prochainement aux quatre coins du royaume*.
‘Certaines personnes réfutent l'idée de la mort et de l'univers et préfèrent se focaliser sur les quelques mètres devant eux’ jugeait un jour Jason Pierce. A ce titre, cette médication pourrait bien être une des portes du subconscient...
*En tournée:
le 09/02, La Zone, Liège
le 11/02, Le Vecteur, Charleroi
le 28/02, 4AD, Diksmuide
le 19/02, Trix, Anvers.