Rafraîchissons nos mémoires : derrière le patronyme Portastatic se cache, en réalité, l’œuvre du seul Mac McCaughan, personnage fondamental de l’épopée rock contemporaine. Flash-back : en 1989, l’homme cherche un label pour Superchunk, son groupe d’alors. D’obstacles en contrats impossibles, Mac McCaughan décide de poser les bases d’une nouvelle structure : ‘Merge Records’. Ici, c’est lui le patron. Chanteur, guitariste et big boss d’une mini-entreprise, il saborde Superchunck, décidant d’avancer sur Portastatic, groupe de pop moderne spécialisé dans la mise en œuvre d’éclatantes orchestrations.
Portastatic au repos, Mac McCaughan s’attache à développer les contours artistiques de ‘Merge Records’. Petit fouineur de grands sons, il dégote quelques artisans de la mélodie saillante : Destroyer, The Essex Green, Neutral Milk Hotel, The Third Eye Foundation, et M Ward figurent, entre autres, parmi ses belles découvertes. Mais sa trouvaille la plus notable crèche au Québec : The Arcade Fire. La révélation des troupes de Win Butler et Régine Chassagne doit donc tout – ou presque – à la curiosité de ce talentueux défricheur.
Quand il ne débroussaille pas la faune indie rock de sa faucille magique, McCaughan écrit et compose pour Portastatic. Nouveau né dans la foisonnante discographie du projet (dix albums au compteur), « Be Still Please » s’écoute comme une réjouissante ballade saisonnière. Guidées par les accords guindés d’une guitare acoustique, les chansons obéissent aux doigts (et à l’œil) de notre bonhomme, chevauchant les mélodies au trot ou au galop quand le rythme se veut plus ardent. On se régale des excellents « I’m in Love » et « Song for a Clock ». Pour sa sortie européenne, « Be Still Please » est agrémenté de deux démos et d’une surprenante reprise acoustique du « And I Was a Boy From School » de Hot Chip. De ses premières notes à ses derniers échos, ce nouvel album de Portastatic demeure une excellente surprise.