Fuji-Joe présage la canicule…

Après avoir accordé des concerts pendant un an à Paris et accompli un passage en Angleterre en début d'année, Fuji-Joe sort son premier Ep, « Soleil brûlant ». À travers 3 titres, Fuji-Joe revendique être à l'origine du meilleur Ep de ‘post-punk noisy french…

logo_musiczine

Tout le plaisir est pour THUS LOVE…

Le second elpee de THUS LOVE, « All Pleasure », paraîtra ce 1er novembre 2024. En attendant il a partagé son premier single « Birthday Song », une compo glam grungy qui ouvre une nouvelle ère avec une certaine audace. Le chanteur/guitariste Echo Mars raconte…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nos partenaires

Dernier concert - festival

frank_carter_and_the_ratt...
Apocalyptica

Ronquières Festival 2024 : samedi 3 août

Écrit par

Et de deux ! Journée marathon pour votre serviteur ! Ce samedi propose une affiche plus pop que la veille, faisant la part belle à des artistes qui vont plaire à une large frange des festivaliers, des bambins aux parents. C’est une constante ici à Ronquières. Cependant, demain, dimanche, sera une journée axée sur le rock ; une journée dédiée aux vieux briscards comme votre serviteur.

Il fait noir de monde. Des rumeurs circulent : cette journée serait sold out. Votre serviteur est donc entourné d’environ 25 000 personnes. Les conditions de visibilité ne sont pas optimales, il faut bien le signaler.

Deux contretemps sont venus contrarier la joie et la bonne humeur. Vers 18h, le réseau internet, censé gérer les paiements et le cashless, était d’une lenteur incroyable. Quasi-impossible donc d’étancher sa soif ! Fallait donc faire preuve de courage !

Comble de malchance, les prévisions météo pourtant favorables, n'ont pas tenu leurs promesses puisque la pluie s’est invitée, elle aussi, en fin de soirée, pour arroser les concerts de Bigflo et Oli ainsi que celui de Lost Frequencies. Sans doute que l’eau sert d’écosystème aux festivaliers, puisqu’ils bravent les caprices du temps.

Reste à voir comment les organisateurs, qui se targuent à grand coups médiatiques d’avoir anticipé les scénarii possibles, vont faire face aux parkings devenus, à défaut d’être praticables, à tout le moins difficilement carrossables.

Arrivé sur la plaine relativement tôt, direction la Colline pour y voir et écouter Youssef Swatt’s. Le Tournaisien est venu défendre son nouveau projet, en compagnie de ses musiciens.

Il est rompu à l’exercice du ‘live’ puisqu’il s’est produit dans le cadre de quelques festivals. Il compte aussi cinq albums à son actif, des collaborations avec des artistes belges et français de renom tels qu’Oxmo Puccino (« Le poids des mots ») ou Demi Portion (« Maintenant ou jamais ») et a assuré le supporting act des concerts de IAM, en 2022, mais aussi de Bigflo et Oli, en 2023.

Youssef Swatt’s a remporté tout récemment le concours organisé par l’émission française de rap, ‘Nouvelle Ecole’, dont la finale était diffusée sur Netflix, une compétition qui a accentué sa popularité.

Le peuple s’est réuni en masse pour y écouter sa parole. Son truc c’est le rap. Contrairement à pas mal de ses congénères, ses textes ne sont pas vindicatifs. Vous n’entendrez donc pas d’insultes à l’égard de la Police ou d’injures adressées aux femmes. Son discours est soft ; un phrasé intelligent appuyé par une ligne musicale.

Grâce à des compositions enivrantes et chaloupées, l’artiste se livre entre lyrisme poétique et introspection maladive. Si aujourd’hui la majorité des gens écoutent la musique sur les plateformes, c’est surtout en live que l’expression symbolique de ce jeune homme se livre. Il existe une sincérité chez lui que l’on ne retrouve pas chez d’autres.

Ses textes synthétisent les pôles de la vie et de la mort, à l’instar de « Générique de fin ». Ce sont des thématiques facilement adoptées par beaucoup de rappeurs, mais ici, elles sont dictées par son road trip accompli en Islande, en 2022, pour y notamment contempler cette « Etoile filante », chanson interprétée à l’origine en compagnie de Colt, un duo belge, né sur des cendres de Coline et Toitoine.

Alors qu’à ses débuts, il se produisait devant deux pelés et trois tondus, aujourd’hui, à seulement 24 ans, le jeune rappeur peut se targuer d’avoir, à la force de ses mots et au fil du temps, acquis une notoriété certaine. Elle est loin l’époque de ses 14 ans et de son premier Ep, « L’Amorce ». Une vie, parmi les vies, qu’il aime raconter dans « Remonter le temps ».

Exigeant, Youssef a livré un live frais, rythmé de chansons inspirées et inspirantes. Plus qu’un artiste, un véritable showman.

Adèle Castillon, dressée en haut de la Colline, baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Alors qu’elle n’a que 13 ans, elle compte déjà des millions de vues grâce à des vidéos qui font la part belle au second degré et à l’autodérision.

Fort de ce succès, elle publie, dès 2018, « Amour plastique », avec Matthieu Reynaud, son compagnon à la vie comme à la scène. Suivra un premier elpee, « Euphories », sous le patronyme Videoclub avant la séparation, en 2021. Ne dit-on pas que les histoires d’amour finissent mal, en général ?

Elle a l’intention d’exorciser ses démons du passé à travers « Plaisir Risque Dépendance », son premier opus solo ; un elpee qu’elle est fière de présenter face à un public attentif.

Pendant « Sensations », il y en aura, à l’instar de cette compo éponyme, pop et colorée, subtilement dansante, mais au récit tragique puisque la demoiselle y conte son addition aux opiacés, entamée fin 2019 et qui la conduira, début 2023, à une cure de désintoxication. Une chanson dispensée sous forme de pansement, estimeront les plus sceptiques.

Adèle est une artiste fragile, espiègle et remplie d’amertume. Entre espoirs et amour déchu, elle s’épanche sous des allures positives, même lorsqu’elle reçoit ce « SMS », résumant trois ans d’amour et annonçant une rupture.

Une idylle qui prend fin, mais donnera naissance à une légende douloureuse ponctuée d’un « Je t’aime », d’une sincérité foudroyante.

Proche de l’univers d’Adé, Adèle Castillon livre un show sculpté dans une électro-pop légère, réminiscente des 80’s, destinée au dancefloor. Pensez aux débuts de Mylène Farmer, de Lio ou du groupe Taxi Girl.

Autour d’élans mélancoliques et de textes intimistes, l’artiste exprime beaucoup de sentiments, entre amour et déception, à travers sa musique. Ou comment faire de l’hypersensibilité, une force, versus Miss Castillon.

Le set prend fin. « Impala », premier single paru l’année dernière, suscite cette impulsion démesurée d’envoyer balader ses ex. Peut-on se remettre de son premier amour ? Nul n’aura la réponse au terme d’un irrésistible concert.

Tribord toute ! Colline et Toitoine s’y produisent ! Enfin, pas tout à fait, puisque les deux ont cessé leur collaboration sous cette appellation pour tenter une nouvelle aventure, sous le patronyme de Colt.

Ceux deux-là se connaissent parfaitement ! Ils ont arpenté les couloirs de la même crèche ! Ados, ils partageaient déjà passion débordante pour la musique !

Leur succès est en progression constante. Ils ont écumé une kyrielle de festivals qui les ont emmenés jusqu’à New York. Sans compter les streams sur Tik Tok et Instagram, leurs clips ‘home made’ les propulsant au-delà de la sphère physique.

Coline Debry et Antoine Jorissen sont affublés d’une tenue, devenue l’étendard de leur prestation scénique : un costume blanc rapiécé de tissu bleu.

Ils ont décidé de se produire groupe. Antoine se charge du clavier/pad électronique, tandis que Coline se réserve le chant. Elle est aussi à l’aise dans la langue française que dans celle de Shakespeare.

« Milles vies » ouvre les hostilités, une compo qui percute comme un « Scooter » qui déboule à vive allure. Alors qu’elle s’applique méticuleusement, lui se lâche complètement dès le début du concert et le haut de son corps exécute des va-et-vient du haut vers le bas à chacun des coups de grosse caisse imprimé par son comparse caché derrière les fûts. Il est vraiment dedans.

Colt s’applique à jouer une musique positive, rayonnante et lumineuse qui brasse finalement des genres assez différents. Entre électro/pop, rock et indie. Les Bruxellois libèrent une belle énergie propulsant des corps statiques en une frénésie indomptable.

Le courant musical du combo donne envie de chanter, de danser et même de rêver. Même lorsque la jeune demoiselle se livre le temps d’une chanson baptisée « La salle aux lumières », référence à ses orientations sexuelles et du coming-out qui en a suivi.

Une belle prestation, des chansons qui vibrent et font vibrer ainsi qu’une énergie dévastatrice. Et si tout cela provoquait chez le festivalier, pourtant ravi, une « Insomnie » ?

Mentissa, à l’autre bout, prend le relais. Une Belge expatriée outre-Quiévrain pour des questions purement professionnelles. Quand on connait les enjeux et les opportunités en la matière, on ne peut que souligner l’intérêt d’une telle initiative !

La black est épaulée par un claviériste et une violoncelliste se charge de faire glisser l’archet sur les cordes.

La fanbase est constituée de jeunes. Assez classique, puisque la jouvencelle s’est illustrée dans le cadre du télécrochet ‘The Voice’, dont elle deviendra d’ailleurs un des jurés dans sa version belge.

Elle a du coffre ! Et pas que dans le soutif ! De sa voix pure, elle chante ses doutes, ses complexes et ses rêves. Rien de bien neuf ! C’est assez gnan- pour être honnête !

Y compris, lorsqu’elle se confie pendant « Balance », une compo au cours de laquelle elle évoque ses kilos superflus et les restrictions auxquelles elle a dû s’astreindre pour atteindre un idéal de canon de beauté.

Elle est venue pour y présenter son premier et seul opus, « La vingtaine », disque pour lequel elle s'est attaché les services d’auteurs notoires tels que Vincha (qui écrit souvent pour Ben Mazué), Yannick Noah et Claudio Capéo.

« Et bam », la belle tisse sa toile en alignant une déferlante de chansons destinées aux pré-ados, entre pop et chanson françaises, à l’instar de « Prends-moi la tête » ou encore « Premier janvier », des titres altérés par un spleen à la mords-moi-le-nœud.

Un set qui ravit pourtant les plus fidèles aficionados. Quant aux autres, ils ne retiendront pas grand-chose de sa prestation ! Suite et pas fin ?

Selah Sue est programmée sur la scène principale. Elle est attendue par des milliers de fans qui se sont déjà massé en nombre, malgré le soleil brûlant !

Flanquée d’une veste pailletée de gris et de noir, un legging, une brassière noire et chaussées de souliers à talons, la femme de 35 ans entame son récital par un « This World » incisif.

Débordant d’énergie, la dame embraie par « On The Table », un morceau d’une puissance équivalente à la droite décochée par un boxeur dans les gencives de son adversaire.

Sanne Putseys, à l’état civil, sait s’y prendre pour satisfaire le public hennuyer. Lorsqu’elle entame son « Raggamuffin », l’hymne qui l’a catapultée en tête des charts, c’est l’extase, pardi ! Du coup, les corps se déhanchent ou sautillent. C’est l’explosion !

En 2008 elle postait des vidéos de ses performances sur MySpace… qui sont rapidement devenues virales.

En 2010, elle sort son premier opus. Un éponyme ! Qui récolte un énorme succès en Europe. Ce qui la propulse sur le devant de la scène internationale. Depuis, outre ses nombreux elpees studio, elle a collaboré avec des artistes tels que CeeLo Green ou encore Ronny Jordan.

Ce soir, l’artiste louvaniste est de retour, mais hormis son troisième LP, « Persona », paru en 2022, (sept ans après « Reason »), elle n’a rien proposé de neuf depuis. Une œuvre ‘pansement’ diront certains, la jeune fille ayant traversé des périodes dépressives relativement importantes durant sa vie. La thérapie qu’elle a suivie l’a d’ailleurs inspirée pour l’écriture de ses chansons.

Elle connaît bien Ronquières pour s’y être présentée, il y a quelques années Une absence qui n’a en tout cas nullement affecté cette voix reconnaissable entre mille. Une voix soul, solide, puissante, profonde, légèrement éraillée et faussement fragile l'instant d'après.

Un organe vocal qui respire l’authenticité et l’assurance. Elle poursuit son concert intelligemment, mêlant chansons douces et mélancoliques aux compos très énergiques.

Respectant une ligne de conduite blues, soul et groovy, l’artiste n’en oublie pas ses titres incontournables, à l’instar d’« Alone » qui fait mouche auprès de l’auditoire. Et épisodiquement, elle leur apporte une touche de subtilité supplémentaire, en s’accompagnant à la sèche.

Alors qu’elle se distingue dans un registre reggae-ragga-soul, elle mérite une attention particulière lorsqu’elle interprète « Pills », une chanson où elle s’exprime sur son combat contre les antidépresseurs et qui l’atteint encore aujourd’hui. Un moment suspendu dans le temps !

Le show s’achève. Elle s’exclame ‘Je suis fière d'être une humaine, je suis fière d'être Belge’, puis tout de go, interprète sauvagement un « Peace in your mind, peace in the world » déchirant.

Selah Sue vient de livrer un set rempli d’humanité, de douceur et de paix. Vu la chaleur, des traces luisantes apparaissent sur son visage. Aucun doute, Selah… sue !

Et puis un grand moment de tendresse lorsque ses deux enfants viennent la rejoindre sur l’estrade. Du peace, oui, mais du love aussi !

Lucie, Elisa et Juliette sont aux commandes d’une formation souvent typographiée L.E.J, mais également orthographiée Elijay suivant sa prononciation.

Elles sont prêtes à entamer leur show tout en haut de la Colline.

Elles sont vêtues de jupes courtes qui leur confèrent un petit côté tenniswomen ! Et ce n’est le peuple masculin agglutiné aux premiers rangs qui va s’en plaindre ! D’autant plus qu’elles sont canon !

Alors que Lucie et Elisa, élèves au lycée Jean-de-La-Fontaine à Paris, suivent un cursus musical en lien avec la Maîtrise de Radio France (qu’elles fréquentent pendant dix ans), Juliette étudie au conservatoire de Saint-Denis. Un curriculum vitae qui leur permet d’acquérir les bases de la musique classique.

Dans la pratique, elles sont parfaitement multi-instrumentistes, s’échangeant, au gré des chansons, les instruments, sous le regard médusé du public. Elles jouent avec une précision chirurgicale. Normal, quand on est en présence de musiciennes. Mais, ce n’est pas toujours le cas !

Elles se sont forgé un nom auprès du grand public grâce à un succès inattendu, décroché en août 2015 et plus particulièrement à travers le clip « Summer 2015 », un mashup posté sur Youtube.

Excitées, elles entament le set par une intro, leur laissant le temps d’accaparer l’espace scénique. Très vite, « Paris En Hiver » et « Mots Noirs » suffisent pour constater que les trois jeunes filles maîtrisent parfaitement les codes du hip-hop.

Mais, là où elles excellent surtout, c’est dans le mashup, où elles s’exécutent, à tour de rôle, dans des « Summer 2019 », « Summer 2020 » ou encore « Summer 2023 » endiablés. Aucune différence de taille entre ces propositions. Facile et sans intérêt artistique !

Le combo livre un concert plein d’énergie et mise sur le côté visuel du show, mais elles manquent cruellement de conviction, leurs compos embrassant des contours minimalistes et mièvres, à l’instar de « Pas l'time » ou « La dalle ».

Avant de quitter leurs hôtes d’un jour, les demoiselles s’improvisent dans ce qu’elles savent faire le mieux finalement, à savoir, un nouveau mash-up, « Summer 2015 ».

Bref, L.E.J n’a pas cassé la baraque !

Hoshi est une habituée des lieux, elle aussi.

C’est une artiste, une vraie. Elle baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Elle commence à jouer du piano à six ans et la guitare à quinze. À la même époque, elle écrit ses premières chansons.

Elle effectue ses premiers pas au sein du groupe amateur TransyStory, formé en septembre 2011. Passionnée par la culture japonaise, elle choisit comme nom de scène Hoshi Hideko, puis simplement Hoshi qui signifie ‘étoile’ en japonais.

En dévoilant ses préférences sexuelles, elle est devenue, au fil du temps, l’égérie de la cause homosexuelle. A ses dépens parfois !

Alors que ses musiciens s’avancent d’un pas décidé, Hoshi reste confinée derrière un grand parapluie drapé de carreaux noirs et blancs. Soudain, les premières notes de « Mauvais rêve » retentissent. Elle se débarrasse alors de son pépin et s’avance, grosses godasses aux pieds, chaussettes remontées jusqu’aux chevilles et lunettes de soleil vissées sur les yeux. Sur cette chanson, elle retrace les étapes d’une vie que l’on comprend difficile. Rejetée de tous et du système, elle a morflé la petite !

La fanbase est constituée de jeunes, mais plus généralement de familles impatientes de voir celle dont les des titres passe-partout inondent les radios depuis quelques années déjà. Et ceux qui la connaissent savent très bien que sa présence risque de se faire de plus en plus rare car elle souffre de la maladie de Ménière, un mal qui la poursuit depuis toute petite. Cette pathologie provoque des acouphènes et entraîne des pertes d'audition. Ce qui ne l’a pas empêché de réaliser son rêve et de devenir chanteuse. Mais à certaines conditions : pas plus de deux concerts par semaine, car des vertiges peuvent apparaître rendant alors impossible ses prestations. Son meilleur traitement reste le soutien indéfectible du public.

Très vite, elle passe à « Tu me manques même quand t'es là », une compo traitant de la relation passion, particulièrement émouvante.

L’artiste répète à qui veut l’entendre qu’elle est heureuse de venir fouler les planches des festivals du plat pays. Le public, lui, est complètement hystérique. Des dizaines de festivaliers brandissent des pancartes sur lesquelles est mentionné ‘Hoshi, je t’aime’. Emue, elle ne peut s’empêcher de laisser couler ses larmes. Un joli moment d’émotion.

Généreuse et humaine, on la sent fusionnelle au sein de son band, et on remarque même qu’il existe une grande complicité avec sa bassiste.

Mathilde Gerner, à l’état-civil, s’épanche sur la bestialité sans nom dont elle a été victime à travers son appel au manifeste, « Amour censure », hymne à la tolérance et à la sincérité des sentiments amoureux. Hoshi, elle-même victime d'agression homophobe, a écrit cette chanson en réaction à une certaine libération de la parole discriminatoire, notamment après la ‘manif pour tous’. Une compo qui malheureusement a encore des raisons d'exister auprès des biens pensants. Et pour contrer toute cette haine, rien de tel qu’un gros fuck à tous ces enculés dont elle n’a plus peur aujourd’hui dit-elle ! Le public ne peut s’empêcher, à son tour, de lever le majeur, signe de l’intégration des mœurs.

L’artiste parle avec tristesse de son grand-père, un homme qui lui a communiqué la fibre musicale alors qu’il l’emmenait voir des concerts. C’est donc à la mémoire de ce grand monsieur qu’elle entame « Marcel », au refrain poignant ; une chanson qui rend à la chanson française ses heures de gloire.

Douée pour les métaphores et autres figures de style, elle achève son set par « Réveille-toi », sous le regard bienveillant de son public.

Après une heure de concert, un constat s’impose, Hoshi reste bel et bien l'étoile montante de la chanson française ; et pour cause, elle est parvenue à imposer son style musical bien à elle. Des textes simples, une musique entraînante et une aura exceptionnelle, des valeurs qui ont rendu cette femme sympathique.

Elle regagne les backstage, ses musiciens la suivent. Un cœur avec ses mains se dessinent. Hoshi maîtrise décidément les codes du genre.

Direction la Colline pour y voir et écouter Eddy de Pretto, un habitué des lieux, lui aussi.

Alors que lors de sa première tournée, le chanteur français faisait uniquement appel à un batteur et proposait un concert assez sombre et percutant, il a décidé de changer de fusil d’épaule sur cette tournée baptisée « Crash Cœur », le titre de son troisième disque sorti fin de l’année dernière. Exit donc les balades engagées, l’artiste mise avant tout sur des compos R&B où la danse et la fête sont reines.

Le podium accueille une structure métallique. Une toile géante se dresse tout au fond ; ce support servira aux nombreuses images qui vont flirter avec les chansons.

Alors qu’il entame son set par « Crash <3 », Eddy de Pretto se hisse sur la plateforme métallique afin d’y présenter ses musiciens. Mais de manière virtuelle, puisque ceux-ci ne jouent sur des bandes-son. C’est sans intérêt ! Un concert ne se justifie que par les interactions entre l’artiste et son public mais aussi ses musicos. L’artiste semble faire fi de ces préceptes et a donc décidé de miser sur le visuel et la scénographie.

Il paraît tout de même bienveillant ce soir et assène à qui veut bien l’entendre que le but du concert est de faire oublier les galères du quotidien. C’est donc pas le biais de « R+V » ou de « Mendiant de love » qu’il entend transmettre le message. Oui Eddy, du love, du love et encore du love.

Biberonné par Brel, Brassens ou encore Barbara, Eddy a, depuis ses débuts, ce pouvoir extraordinaire d’utiliser les mots pour fédérer et inviter l’auditeur à s’interroger sur le monde et autres vicissitudes de l’existence.

Vêtu d’un Marcel et d’un short/training, il fait vraiment vieille France. Manque plus que la baguette sous le bras et le béret. Bref, un Français à l’image des Français.

Il en fait trop ! Trop d’image et trop d’expositions comme quand il se campe vers les différentes caméras placées sur le podium, dont les images sont diffusées directement sur l’écran disposé sur la scène. C’est vachement autocentré. Ce type est d’un narcissisme démesuré.

Alors qu’un moment de grâce s’installe pour « Parfaitement », très vite le tempo s’accélère sur à « pApA $ucre » et ses images de fausses publicités. Si l’idée a de quoi retenir l’attention des aficionados, c’est surtout le « Soleil levant » qui se dresse devant eux et éveillent leur curiosité.

Si l’œuvre de De Pretto se résume par le choix de textes poignants sur fond de mélodies accrocheuses, il reste le plus convainquant lorsqu’il évoque le kid qu’il est, une chanson qui fustige la virilité abusive et l’homosexualité refoulée par le conservatisme sociétal. Le public connaît par cœur ce titre multi-radiodiffusé et certains spectateurs se reconnaissent en lui. Ou encore sa « Fête de Trop », évoquant muqueuses, amants de passage, mecs chopés ou encore rails de coke enfilés. Un titre qui lui avait d’ailleurs permis de décrocher une nomination largement méritée aux Victoires de la musique, en 2018. Si cette recette n’est pas à mettre entre les mains de n’importe qui, elle reste néanmoins taillée pour le live !

Ce soir, Eddy (re)fait du De Pretto. Et c'est dommage ! Pas vraiment de surprises à l’horizon donc ! L'artiste s’adresse surtout à lui-même.

L’écorché vif offre pourtant une belle palette de ses capacités lyriques et musicales à travers le très doux « Love’n’Tendresse », une chanson au vitriol sur ce que l’on cherche tous : un peu d’amour et de la tendresse. Une compo qui s’imprègne de son vécu tout en dénonçant, sans aucune prétention, les injustices de (sa) la vie.

Un set autobiographique qui jette un œil dans le rétroviseur pour relater certains grands moments de son existence, traversée d’épisode ténébreux.

Si cette bande-son ressemble davantage à un ‘best of’ et ravit le plus grand nombre, elle frustre les plus exigeants qui regrettent la trop grande prévisibilité du show. Un peu plus de liberté dans le champ d'action artistique et du lâcher-prise auraient fait un bien fou.

Bigflo et Oli se produisent maintenant sur la main stage. La pluie battante vient de s’inviter. Votre serviteur n’a pas prévu le coup, il est trempé jusqu’aux os. Stratégiquement, il se lance à la poursuite d’un abri. Aucun à l’horizon, ils sont tous été pris d’assaut.

Il décide donc d’emprunter le chemin du retour. En espérant que le parking ne soit pas devenu un marécage, sans quoi il sera nécessaire de faire appel à la générosité des fermiers du coin pour tracter la bagnole. Suite au prochain épisode !

Photos Vincent Dufrane

(Organisation : Ronquières festival)

 

Ronquières Festival 2024 : vendredi 2 août

Écrit par

L’édition 2024 du Ronquières Festival était attendue au tournant, à la suite des nombreuses critiques qui se sont abattues sur l’organisation, l’année dernière. A juste titre !

Souvenez-vous, entre mobilité catastrophique (surtout le vendredi lors de la déferlante déclenchée par la présence d’Indochine), les trombes d’eau rendant le site impraticable et l’annulation de la moitié des concerts le dimanche, il y avait de quoi râler sec ! Une gestion du risque en amont hasardeuse ! Ne craignons pas les mots : une honte !

Des changements radicaux ont donc (enfin) été opérés. Le premier concerne les parkings, désormais organisés en zones destinées à acheminer les festivaliers par un itinéraire différencié en fonction de couleurs. Conséquence, ils n’arrivent pas par le même chemin. Trois voies d’accès distinctes ont été tracées, ce qui permet de fluidifier le trafic et d’éviter les bouchons. 

Les navettes qui conduisent les spectateurs vers des points de chute déterminés, sont plus nombreuses aussi, à une fréquence variant de 30 à 45 minutes, en fonction du flux.

La mobilité douce n’est pas en reste non plus. Le vélo est mis à l’honneur ! Une bonne idée alors que le Tour de France vient de s’achever. Vous avez l’envie de revêtir le maillot d’Eddy Merckx ? Alors enfourchez une bécane mise à votre disposition ! Pour vous dire, on attend plus de 1 500 bicyclettes sur le site !

La configuration du site a également été repensée. Si la scène de la Colline est toujours plantée au même endroit, la main stage se situe maintenant (comme c’était le cas les années précédentes, d’ailleurs), à Tribord. Les stands bouffe et boissons sont également plus étendus, ce qui permet d’aérer la plaine.

Et si la pluie s’est invitée la veille, hormis quelques stigmates rappelant que la Belgique est un pays généralement pluvieux, les conditions climatiques sont relativement correctes. Question de bol, car certaines régions ont été touchées de manière beaucoup plus conséquente, il y a encore quelques heures. Le bon Dieu serait-il brainois ?

La journée de vendredi est généralement la plus calme et pour deux raisons essentielles. D’une part, parce que c’est le dernier jour ouvrable de la semaine pour celles et ceux qui ne sont pas en vacances, et d’autre part, l’affiche, n’est pas la plus intéressante. D’ailleurs, seul Phoenix suscite l’intérêt de votre serviteur !

Le point qui fâche encore et toujours (mais c’est une constante pour de nombreux festivals et festivités), c’est le prix des boissons et de la nourriture ! Une pinte à 3,50€, ce n’est pas donné ! Et encore, à ce prix-là, ne vous attendez pas à un grand cru ! Non, c’est de la pisse ! La bouffe, pareil ! Payer 11€ pour un hamburger, c’est de la folie ! Se ruiner pour de la merde, si ce n’est pas de nature à devenir schizophrène, votre serviteur ne comprend plus rien ! Enfin, en vieux bourlingueur, si les boissons sont interdites sur le site, le pique-nique, lui, ne l’est pas ! Selon l’adage, un homme averti en vaut deux !

Le temps de traverser les quelques centaines mètres qui séparent le parking de la plaine et de passer le portique de sécurité et RORI termine doucement son set.

Votre serviteur la connaît bien pour avoir déjà assisté à plusieurs de ses concerts (y compris au sein de feu Beffroi lorsqu’elle militait aux côtés de feu Valentin Vincent).

Les artistes ont un set bien rôdé. Le sien n’échappe pas à cette règle universelle : il est identique à celui de Dour et du LaSemo.

Ses fidèles serviteurs, l’ex-The Subs, Hadrien Lavogez, préposé à la guitare, et Loïc Lavogez, caché derrière les fûts, l’accompagnent une fois encore. On ne change pas une équipe qui gagne !

Elle assène ses compos de manière percutante, que ce soit sur « Ma Place », dont le phrasé, les sonorités pop et les appuis rythmiques sont très communicatifs, « C’est la vie », caractérisé par ses airs rock enflammés ou encore un « Loser », qui signe la rétrospective de sa vie.

La petite Camille Gemoets maîtrise bien les codes du ‘live’. Elle commence à accumuler de l’expérience. Le public, enivré par cette fausse nonchalance dont elle a le secret, le lui rend bien par de larges sourires.

Alors qu’elle enchaîne les festivals et les concerts, son visage commence à montrer des signes de fatigue. Un conseil, rends-toi chez le « Docteur », métaphore qui signe le titre qui l’a propulsée grâce aux ondes radiophoniques.

Capable de vous retourner de solides punchlines, l’ingénue est devenue une figure de proue de la scène musicale noir-jaune-rouge.

Que nous réserve la suite ?

Un peu de rap maintenant ! Tribord toute, moussaillon ! 47Ter s’y produit. Autant vous le signaler, ce genre musical navigue très loin de la culture de votre serviteur. Mais quand faut y aller, faut y aller, tel un soldat qui part pour la guerre !

La jeunesse est bien représentée. Pas mal de mecs ont adopté un look similaire : casquette vissée sur le crâne, palette retournée, training Adidas trop large et chaussures Nike ; bref, le ‘trois pièces’ parfait si on veut être dans le mood.

Issus de Bailly, dans les Yvelines, Pierre-Paul, Blaise et Lopes pratiquent une forme de hip hop aux textes très second degré. Le patronyme fait référence à la salle des fêtes locale dans laquelle les pèlerinages réguliers du groupe se déroulaient.

Alors qu’un grand ‘47Ter’ trône au milieu de la cours de récréation d’un jour, le trio, devenu maintenant une « Légende », entame son set par ce morceau issu d’un opus éponyme, paru en 2021.

« Vivre » prend rapidement le relais, une chanson positive qui croque la vie à pleines dents. Aucun doute, de ces premiers essais concluants au premier « L’adresse » sorti en 2019, sacré disque d’or, la route du combo est véritablement parsemée de succès.

C’est le souk, dans la foule. Mais il est tellement plaisant à observer… Pas de prise de tête, ni de gangsta rap en vue, mais une recette qui mène du rire aux larmes, de la nostalgie à l’espoir… En outre, ils sont super sympas et communicatifs !

Que l’on aime ou pas ce courant musical, laissons à cette bande de joyeux drilles, le bénéficie de la joie et de la bonne humeur !

Entre refrains fédérateurs qui oscille de la pop au rap, le combo convainc l’auditoire. Pas mal de textes suscitent la réflexion sur les complexités de la vie quotidienne. Le trio brosse ses traités philosophiques sur des thématiques telles que l'identité, la réussite, et les défis rencontrés tout au long du chemin. Par essence, la vie n’est pas un long fleuve tranquille !

Grâce à sa prose poétique subtile et ses sonorités délirantes, 47ter a conquis la foule.

Après être resté statique durant une heure, il faut remonter la pente (au sens propre comme au figuré) et se dresser droit comme un piquet tout en haut de la Colline. L’Impératrice s’y colle.

Impliquant 6 membres –Charles de Boisseguin (clavier), Flore Benguigui (chant et texte), Hagni Gwon (claviers), David Gaugué (guitare basse), Achille Trocellier (guitare électrique) et Tom Daveau (batterie)– ce groupe atypique se nourrit clairement de pop chic, d’électro débridée, de french touch et de disco/funk cosmique à coloration 70’s.

La gonzesse est affublée d'un accoutrement à la Star Trek, veste gris clair et grands cercles sur les épaules. Quand on l’observe de plus près, il ressemble au costume de Jacques Villeret dans la soupe aux choux ! La demoiselle a enfilé de grandes bottes blanches et une jupe qui laisse entrevoir quelque chose d’assez sympa. Quant à ses tifs mi-blonds, mi-turquoises, la belle donne l’impression de sortir de chez une coiffeuse débutante. A moins que ce ne soit un effet de style désiré ? Bizarre, ses musiciens embrassent le même délire. La culture du détail semble-t-il…

Une batterie trône, tel un étendard, au milieu de l’estrade. Elle est surélevée. Le brillant domine aussi. Abba s’y produit ?

La foule est compacte. Faut dire que le concert programmé à l’Ancienne Belgique est complet. Ce que peuple veut, il l’obtient ! 

Révélé au grand public par un troisième Ep intitulé « Odyssée », le sextuor embarque immédiatement le public à bord de son vaisseau spatial dans le cadre d’une tournée baptisée ‘At down the rabbit hole’.

« Cosmogonie » ouvre le bal. Côté foule, danse et bonne humeur sont les maîtres-mots. Le ton est donné, la fête peut commencer. Et ne s’achèvera qu’à l’issue du concert.

Tout au long d’« Amour ex Machina », Benguigui concentre un peu plus encore ses efforts sur une mise en scène impeccable.

Loin du simple live, un concert de L’Impératrice procède de l’expérience et de l’imaginaire.

Le concert est dominé par les sonorités disco et funk et par un groove qui fait le bonheur des popotins qui trouvent là, un bon moyen pour se dandiner.

Manifestant un sens de l’érotisme décomplexé, les musicos s’appuient sur des synthés rétro, des cuivres chaloupés, des riffs de gratte funky et des percussions tribales. Et vu l’approche très ‘french touch’ de l’expression sonore, la filiation avec le défunt Daft Punk est inévitable.

Taillé pour le live, le band n’hésite pas à balancer encore et encore une salve de tubes épiques comme « Anomalie bleue », « Voodoo ? » ou encore « Girl ! », sur un lit de textes à l’esthétisme léché et visionnaire. Bref, L’impératrice tisse sa toile dans sa folie, loin des clichés du genre.

Passant de l’extase aux cris, la jeune dame se livre à corps perdu dans le sublime « Love frome the other side », un titre qui évoque celles et ceux qui disparaissent, mais que l’on garde dans un coin de nos cœurs.

Au terme d’un concert d’un peu moins d’une heure, L’Impératrice et sa troupe ont proposé un concert rythmé, riche en émotion, et d’une sincérité incontestable. Ces extra-terrestres du monde de la musique ont envahi le cœur et le corps du public qui, très excité, s’est laissé bercé par cette prestation. Et c’est ce qui compte le plus.

En naviguant entre mystère, féminité et élégance, L'Impératrice ressemble à son avatar… une femme mystérieuse, authentique et généreuse.

Retour à la main stage. PLK y est programmé. De son véritable nom Mathieu Pruski, c’est un rappeur français d’origine polonaise et corse. Il milite au sein du collectif parisien Panama Bende et du trio La Confrérie, un crew impliquant trois membres de Paname Bende.

En 2015 et 2016, il sort ses premiers Eps, « Peur de me tromper » et « Dedans ». Il entame sa carrière solo et signe chez le label Panenka Music, en juin 2017. Il publie par la suite « Ténébreux » et « Platinum », deux mixtapes qui vont lui permettre de se faire connaître. En octobre 2018, PLK grave « Polak », un premier elpee solo, certifié double disque de platine.

Encore et toujours du rap… Si les jeunes y trouvent une raison de rester, leurs aînés se sont précipités dans les bars… bondés à cette heure de la journée.

Sur une grande toile dressée, pour la circonstance, en arrière-plan, on aperçoit l’image d’un ours féroce.

PLK débarque, un pull blanc sur le paletot et une grosse croix rouge côté bide. Il est flanqué d’un acolyte abordant fièrement un short orangé. Des accoutrements ridicules ! Tout comme les textes qu’il assène du style ‘je me suis fait sucer à 14 ans dans un KFC ‘ (NDR : référence à Mister V ?) Comme dirait Thierry Lhermitte dans le Père-Noël est une ordure, ‘c’est fin et ça se mange sans faim’. Ouais…

Le pseudo-chanteur crie à qui veut l’entendre qu’il est malade comme un chien et que sa température atteint les 39°. Franchement, on s’en fout et ça n’excuse en rien la nullité des propos et un concert au ras-des-pâquerettes, dont votre serviteur ne retiendra rien, si ce n’est les nombreuses bières ingurgitées.

Dès lors, il décide de s’attarder auprès de ses congénères. Et pour un bon moment encore, car l’artiste qui suit à la Colline, c’est Luidji, encore un rappeur. Quelle horreur !

Il faudra donc attendre 22 heures 15 pour vivre un show d’un autre calibre : celui de Phoenix !

Les météorologues ont annoncé de la pluie entre 22 et 23 heures. Que faire ? Rester, au risque d’être trempé jusqu’à la moelle, comme l’an dernier ? Partir et louper la meilleure part du gâteau ?

Votre serviteur aime les risques. Et gourmand avec ça ! Quitte à savourer un quartier de pâtisserie succulent, autant tenter d’en déguster le plus grand ! Flanqué au crash, il compte ne pas perdre une miette de ce spectacle annoncé comme magique.

Phoenix ne déçoit jamais lorsqu’il se produit en live. En misant sur des dinosaures, les organisateurs ont fait mouche pour clôturer la première journée.

Originaire de Versailles, dans les Yvelines, cette formation de pop/rock implique Thomas Mars, Deck d'Arcy, Laurent Brancowitz et Christian Mazzalai. C’est l'un des combos français les plus populaires à l'échelle internationale.

Ils se sont rencontrés au collège. Vers l'âge de 12 ans, Deck D'Arcy et Thomas Mars jouent déjà de la musique ensemble lorsque Christian Mazzalai les rejoint. Ils fréquentent ensuite tous trois le lycée Hoche et créent un groupe en 1991.

En 1995, ils sont rejoints par Laurent Brancowitz, le frère de Christian, qui vient de quitter le combo qu'il avait créé en compagnie de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, qui fondent, de leur côté, Daft Punk, en 1993. Le band est officiellement constitué en 1995 et opte pour le patronyme Phoenix, deux ans plus tard.

En 1997, il grave un 45trs : « Party Time/City Lights ». C'est un tirage limité (500 exemplaires) destiné à démarcher les maisons de disques. Ce qui lui permet de signer l'année suivante sur le label Source, de Virgin.

En 1998, il apporte sa collaboration à Air pour l’enregistrement du single « Sexy Boy/ Kelly Watch the Stars », mais également, quand le planning correspond, sur les plateaux de télévision et en concert.

Le premier single ‘officiel’ de Phoenix, « Heatwave », paraît en 1999. Il réunit trois plages de musique électronique. On est alors en pleine ‘french touch’. Les titres sont chantés en anglais, et naturellement Phoenix se rapproche davantage de la scène pop/rock anglo-saxonne et internationale. La formation sort du périmètre purement francophone.

Son premier long playing, « United », fruit d’un cocktail de rock, soul, funk et musique électronique, paraît en mai 2000. Avant sa sortie, les titres sont diffusés aux États-Unis et en Europe, notamment en Angleterre. « If I ever feel better » rencontre un franc succès outre-Manche et permet à Phoenix de se faire connaître du grand public. Il écume les festivals du monde entier et devient l'un des tenants de la branche rock de la ‘french touch’.

A ce jour, Phoenix compte sept albums studio à son actif.

Le podium est cerné par un grand cadre, un support parfait pour les nombreuses images diffusées, que ce soient le Palais de Versailles, un tunnel ou encore une église italienne.

Le quatuor entame son set par « Lisztomania », issu de « Wolfgang Amadeus Phoenix », un opus datant de 2009 qui a changé son existence puisqu’il a raflé toute une série de récompenses : Grammy Awards, le Saturday Night Live, le Madison Square Garden, Coachella, le Hollywood Bowl… Percutant, le morceau ébranle les ‘portugaises’…

Il est rapidement suivi par « Entertainment », une compo caractérisée par ses petites touches sonores asiatiques. Alors que le combo n’en est qu’à ce second titre, l’ambiance est déjà très chaude. Et pourtant les mauvaises langues s’attendaient à un concert poussiéreux. Comme quoi, on peut avoir un quart de siècle dans les lattes et assurer comme des jeunots.

Et le combo déploie ensuite l’artillerie lourde en balançant l’incontournable « Too Young », fresque musicale inspirée par Sofia Coppola pour la bande originale de son film ‘Lost in Translation’ ou encore les frères Farrelly à travers la succulente comédie ‘L'Amour extra-large’…

Grâce à sa formule très pop et ses rythmiques syncopées, ce morceau avait permis à la formation de se forger une place enviable sur la scène internationale alors que paradoxalement, elle éprouvait alors davantage de difficultés à y parvenir en son propre pays.

Souhaitant faire profiter un maximum les milliers d’aficionados, Phoenix puise au sein d’une large palette de ses long playings, de « Bankrupt ! » (2013), à « Ti Amo » (2017) en passant par « It’s Never Been Like That » (2009) et « United » (2000).

On y perçoit cette évolution selon les époques et les styles, à l’instar de « After », « Midnight » ou encore « Armistice ». Mais en maintenant une constante d’accessibilité, car Phoenix s’adresse à un public intergénérationnel.

Le batteur est particulièrement dynamique. Il se déchaîne littéralement, alors que les autres membres restent un peu en retrait et se montrent globalement peu loquaces, misant sans doute davantage sur le visuel au détriment de la communication.

Et des surprises, il y en aura. A commencer par « If I Ever Feel Better », au cours duquel un homme masqué tient en main la tête décapitée de Thomas Mars ou encore quand ce même personnage mystérieux s’empare de jumelles pour filmer l’auditoire pendant « Trying To Be Cool ».

Le set prend des allures de fin lors d’un « 1901 » virulent. Marc laisse tomber la chemise et s’avance vers la foule, puis, emporté par une folie furieuse, décide de s’y jeter. Elle le porte. Il vacille, mais finit par rester droit comme un piquet. Après quelques mètres, trahi par la soif, il se saisit de la bière d’un quidam et tout en se laissant aller au gré des caprices de l’auditoire. Il tente de maintenir le breuvage parfaitement vertical afin de ne pas perdre une goutte. Et vous savez quoi, ce performeur y parvient !

Le spectacle a duré une heure et demie. Les spectateurs en redemandent encore et encore. Mais rien n’y fait !

On ne retiendra que du positif de cette prestation. Les superlatifs ne manquent pas. On a eu droit à du son hors norme, des images impressionnantes, de l’énergie, de l’hystérie, et des frissons à n’en plus finir. Que demander de plus ?

La prestation de Phoenix a été tout bonnement exceptionnelle ! A l’image de sa carrière qui couvre plus de deux décennies.

D’ailleurs, alors que la tournée, commencée il y a deux ans, devait s’achever au bout d’une année, la tournée n’a cessé de se prolonger. Et au vu du spectacle offert ici à Ronquières, on comprend évidemment pourquoi.

Grâce à sa pop jubilatoire et ses refrains entêtants, c’est sûr, Phoenix n’arrête pas de renaître de ses cendres.

Photos Vincent Dufrane ici

(Organisation : Ronquières festival)

 

 

 

 

 

 

Les Gens d’Ere 2024 : dimanche 28 juillet

Écrit par

Incroyable ! Il fait chaud ! Trop selon certains !

Si la veille, le festival a atteint sa capacité maximale de 10 000 personnes, aujourd’hui, on peut facilement déambuler sans devoir jouer des coudes.

Cette dernière journée fait la part belle à des artistes de qualité, mais dont l’orientation est davantage rock.

Lorsque votre serviteur se plante devant l’estrade du chapiteau, le début de concert de Doria D est imminent.

Elle est accompagnée d'un drummer, d'une jolie dame brune au clavier, et d’un bassiste un peu grassouillet.

Sa carrière musicale ressemble à un conte de fées. Alors qu’elle vient juste de souffler ses 16 printemps, la jeune fille, armée de sa gratte électrique, écume les bars. Elle signe dans la foulée chez le label G-major ; et puis, en 2021, grave un premier Ep réussi, baptisa « Dépendance ». Depuis, son succès est en progression constante.

Elle est venue présenter son dernier format intitulé « Je cherche encore… » Mais que le festivalier lambda se rassure, elle livrera des titres plus anciens pour le bonheur de la fan base, à l’instar de « Hors tempo », une chanson qui met en exergue une voix rauque et envoûtante, cousine lointaine d’une certaine RORI, surtout lorsqu’on perçoit ce léger voile dans la tessiture.

Entre amour-passion et amour-raison, elle assène à qui veut l’entendre des « Coups et bisous », afin d’évacuer la « Colère » qui sommeille en elle, préférant cette solution à la frustration dont elle a manifestement gardé des traces. Doria D est une artiste torturée, qui, grâce l’écriture de chansons aigres-douces, capture l’instant pour en faire surgir une matière subtile.

La dame communique énormément avec son public, comme lors de ce surprenant « Nanana » où elle invite les milliers d’aficionados à reprendre le gimmick ‘Nananana nananana’ ou encore ‘Nan nan nan’. Un exercice inscrit dans une complexité relative.

Mais c'est à travers sa reprise de l’emblématique « Jeune et con » de Damien Saez qu'elle se hisse comme véritable porte-drapeau de toute une génération. Sa gratte électrique en bandoulière, elle frappe les cordes avec une sensibilité à fleur de peau. Passant de femme à enfant, la demoiselle prend un plaisir fou, comme un gosse à la Saint-Nicolas. Un morceau qui lui ressemble !

Inspirée par Billie Eilish, Lana Del Rey, mais aussi des rappeurs francophones comme Nekfeu et Lomepal, Miss Dupont propose des sonorités french pop modernes qui s’inscrivent dans l'air du temps, le tout dans un style et une décontraction apparente. Grâce à un sens mélodique et des textes percutants, l’artiste marque les esprits.

Alors que la demoiselle s’épanche sur sa « Dépendance », un texte qui traite d’une relation toxique, elle invite le temps d’une chanson Aprile, dissimulé jusqu’alors en backstage, pour attaquer un « Volcan » diabolique et aux accents électro-pop, inspiré du vécu des deux larrons. Un morceau quasi-autobiographique lui aussi.

Ecorchée vive, Doria D est une artiste qui, à l’aide de textes simples et des sonorités contemporaines sacrément dansantes, est parvenue à conquérir une bonne frange de l’auditoire. Que du bonheur !

Il est de temps de prendre un peu d’air en compagnie des légendaires (NDR : décidément !) Matmatah.

Sobres et élégants, les musiciens, tous habillés de noir, grimpent sur les planches en vainqueurs. Le line up implique Tristan Nihouarn (chant, guitares, harmonica, oud, claviers, flûtes), Éric Digaire (basse, chant, guitare, piano), Benoît ‘Scholl’ Fournier (batterie, percussions), Julien Carton (claviers, chant) et Léopold « Léo » Riou (guitare électrique, chant). Cinq gars au caractère bien trempé, bien décidés à en découdre ! On dirait les Men in black. Manque plus que les lunettes !

Ça y est, « Nous y sommes », un titre issu de « Plates Coutures », disque gravé en 2017, ouvre les hostilités. Une seule compo et ces drôles de types semblent déjà faire l’unanimité auprès du public qui s’est rué en masse contre les barrières, alors que le soleil tape comme un sourd. Les guitares s’envolent, le batteur martèle les peaux et cette basse d’une puissance inouïe défonce littéralement les tympans. Putain, enfin un groupe qui en a dans le froc !

Pas le temps de se reposer que déjà « Le rhume des foins » (une chanson de saison !) embraie. Le public les acclame chaleureusement et le front stage est envahi par une bande de fous furieux. Ça sautille, ça virevolte et ça beugle comme des veaux.

Originaire de Brest, en Bretagne, cette formation hexagonale de folk/rock s’est constituée dès 1995. Elle implique Nihouarn (Stan) et Floc'h (Sammy), très vite rejoints par le bassiste Éric Digaire et le batteur Fañch. Enfin, son patronyme se réfère au village troglodytique tunisien du même nom, mais orthographié Matmata.

Jusqu’en 2008, date de sa séparation, le combo breton a rencontré un succès certain. Il s’est reformé en 2018. Néanmoins, Emmanuel Baroux, guitariste originel, a cédé le relais à Léopold Riou (un tout jeune qui a le feu au cul), à la suite de querelles internes. Et c’est un euphémisme !

Le band est venu défendre son dernier né, « Miscellanées bissextiles ». Un opus qui date quand même puisqu’il est paru l’année dernière. Mais qui vient de réapparaître sous une forme ‘Deluxe’. Le luxe quoi !

Tout au long de « La fille au chat noir », le groupe se sert de codes bien celtiques. Riou assure le spectacle à lui tout seul, en vrai showman. Il est complètement barge, court sans cesse d’un bout à l’autre de la scène. Son visage emprunte étrangement des grimaces simulant l’orgasme sexuel. Son front ruisselle, la sueur perle, mais quoi qu’il advienne, il prend sur lui et assène de ses cinq doigts de la main droite des coups violents sur les cordes de sa gratte, son terrain de jeu préféré.

Les morceaux s’enchaînent. Hormis Léo, les autres membres du groupe assurent peu d’interaction avec le public. A vrai dire, ce dernier s’en fout royalement. Il est uniquement là pour s’amuser et très franchement l’objectif est atteint !

Après une salve de titres ‘punchys’, « Emma » s’immisce, dans une version piano/guitare/voix, emportant le public vers des cieux oniriques. Puis, un joli hommage à la ville de Brest est rendu à travers « Brest-Même » qui permet au guitariste foldingue de prendre la pose sur les marches promptement installées entre la crash et l’estrade.

Alors que les morceaux s’enchaînent à vive allure, les Bretons livrent un « Lambé An Dro » magistral, rappelant les paysages magnifiques et variés de la Bretagne, allant des côtes rocheuses aux plages de sable fin.

Matmatah a livré un concert d’une qualité exceptionnelle. Un grand moment, presque d’anthologie !

Alors que les aficionados sont en pleine effervescence, ébahis par le spectacle grandiose auquel ils viennent d’assister, les lascars reviennent, enfourchent leur instrument, comme le cycliste sur sa bécane et vlan, « Sushi bar », tranche de rock celtique, est jetée en pâture. Malgré la fatigue, le public bondit (enfin, une bonne dizaine de rangées face au podium) et chante, même.

Après « L’apologie », un morceau caractérisé par ses solos de batterie tonitruants, « Les moutons » font face au loup. Une dernière compo qui ponctue une prestation remarquable.

Matmatah vient d’accorder l’un des concerts les plus percutants de ce festival. Preuve de leur ouverture d’esprit, alors que dans une très grosse majorité des cas, les photographes ne peuvent accéder au crash que durant les trois premières photos, ici, c’est à partir de la quatrième que les professionnels peuvent immortaliser les moments les plus intenses.

Léopold, profite des acclamations, pour agiter une dernière fois sa guitare couleur alu en guise de trophée ; une récompense qu’il aura bien méritée.

Sous la tente, le concert de Deluxe va bientôt débuter. Il s’agit d’un groupe français originaire d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. Libérant pas mal de groove, sa musique véhicule des accents hip-hop, soul, funk et jazz.

Sur les planches, une énorme toile rouge s’impose. Il y est dessiné une énorme moustache. Bizarre, le clavier arbore, lui aussi, ce signe distinctif. Et vous savez quoi ? Lorsque les musiciens montert sur le podium, eux aussi arborent fièrement la moustache. Seule la chanteuse n’en possède pas ! Quoiqu’on devine un petit duvet sous…

Dès les premiers titres, l’expression sonore baigne dans un climat kitsch. Trop is te veel ! Au bout de quelques minutes, votre serviteur préfère s’éclipser afin de se dénicher une place idéale pour assister au concert de Kyo.

Pas mal de fans ont enfilé des t-shirts à l’effigie du band.

C’est pendant leur scolarité dans un collège des Yvelines, en Ile-de-France, que Nicolas Chassagne, Benoît Poher et les frères Fabien et Florian Dubos se rencontrent et décident de fonder Kyo, une appellation qui s’inspire des mangas japonais et de jeux vidéo.

Le quatuor sort un premier LP en 1999, « Pour toi ». Le succès n’est pas au rendez-vous. C’est grâce au second, paru en 2003 et intitulé « Le Chemin » –dont le titre éponyme, partagé en duo en compagnie de la chanteuse néerlandaise Sita– qu’il finira par s’imposer. Afin de fêter dignement ses 20 années d’existence musicale, le combo a décidé de rééditer ce disque en y ajoutant des bonus. On y retrouve, certes leurs succès, mais aussi des duos iconoclastes.

Changement de line up quand même, puisque Jocelyn Moze, est désormais préposé aux fûts, ce qui apporte une nouvelle dimension aux compostions.

Alors que des images projetées les montrent lorsqu’ils étaient jeunes, les musicos font leur apparition. Premier constat, ils accusent le poids des années : quelques rides, des cheveux ‘poivre et sel’ et des boucs aux poils hirsutes. Même les dreadlocks de Florian Dubos ont disparu pour faire place à une coiffure davantage dans l’air du temps. Certains parleront d’un cap qu’ils viennent de passer, d’autres de maturité.

C’est donc par le titre de la tournée que le généreux chevalier Poher entame son tour de chant. Une chanson autrefois interprétée en compagnie de Sita et plus récemment par Stéphane, mononyme d'une auteure-compositrice-interprète suisse. Un titre qui mènera le combo… dans la bonne direction !

Bien entendu, la fan base reprend en chœur ce refrain d’une composition devenue mythique et qui a su traverser les âges et les époques.

« Je cours », morceau racontant le destin d'un adolescent, rejeté de tous, qui cherche le bonheur malgré lui dans un univers ténébreux, exerce un retentissement profond. Musicalement, mais aussi parce que le sujet est malheureusement toujours d’actualité.

Alors que la tournade Kyo s’abat sur Ere, à l’instar de « Tout envoyer en l’air », « Chaque secondes » et « Je saigne encore », « Sarah », dans un registre aussi sombre, sur fond de violence familiale, de maltraitance et d'alcoolisme, vient apaiser les esprits, mais confortent les certitudes : Kyo est taillé pour le live. Une compo sur laquelle Benoît pose son grain de voix délicat et éthéré, armé d’une sèche. C’est alors que des milliers de smartphones s’illuminent à des dizaines de mètres à la ronde.

La dynamique se poursuit lorsque Dubos se charge, épisodiquement des vocaux, sous le regard attendrissant de Benoît qui, lui, préfère rester en retrait et épauler sn ami à la guitare acoustique.

Le spectacle est tellement foufou que le chanteur ôte sa veste pour laisser apparaître un marcel flambant neuf ; le vêtement idéal pour faire craquer les filles.

Si la recette de Kyo repose avant tout sur des textes introspectifs et des accords passe-partout, elle n’en demeure pas moins efficace. Une bande son moderne comme sur ce spectaculaire « Contact », titre d’ouverture de « 300 lésions »

Tandis que les sixcordes s'électrisent, le groupe jette un regard oblique et incisif sur la société ainsi que l'industrie musicale à travers des « Poupées russes » : ‘Dans la musique il y a des farces et les graines du futur / Et si souvent des coups d'État, parfois des investitures’.

Il est temps à présent de tourner la page, sans la déchirer. Et si l’on s’octroyait une « Dernière danse », sublime ballade acnéique soutenue en son temps par Sia et plus récemment par Cœur de pirate.

Que l’on aime ou pas ses relents post-adolescents et sa pop facile, Kyo fait preuve de fausse perversité en proposant un show d’une qualité rare. En se positionnant durant une heure trente en mode ‘best-of’, il montre ainsi à ses détracteurs les plus virulents qu’il dispose encore suffisamment d’énergie, de maîtrise et de pugnacité pour tenir encore au minimum 20 années de plus.

La recette Kyo est d'exploiter au mieux un terrain de jeu qu’il connaît parfaitement, un espace à la signature reconnaissable, un renouveau dans la direction artistique ainsi que de la précision dans le travail d’écriture et de réalisation.

Il est environ 23 heures lorsque le set s’achève. Kid Noize bénéficie d’une large renommée sur le sol belge. C’est chez lui. Trois albums, trois bandes dessinées et une dizaine de singles dans le Top50 belge, ce n’est pas rien quand même !

Votre serviteur va troquer son accoutrement de festivalier au profit d’un costard cravate, la vie reprenant ses droits inlassablement.

Il est impatient de retrouver une édition marquée par des aménagements revus à la hausse, une scène en plein air doublée au niveau de son espace et un chapiteau qui a gagné 600m2, mais tout en maintenant cet ADN qui est proposé aux Les Gens d’Ere, un festival qui se démarque par sa singularité, son éclectisme et sa richesse de programmation.

Il semble que le festival ait battu le record d’affluence de l’année dernière (25 000), soit une fréquentation cumulée sur trois jours de 30 000 personnes. Décidément, les chevilles ouvrières du ‘Les Gens d’Ere’ ne manquent pas… d’air !

A l’an prochain !

(Organisation : Les Gens d’Ere)

Les Gens d’Ere 2024 : samedi 27 juillet

Écrit par

Si les nuages se sont pressés en masse, cette journée de samedi est climatiquement acceptable ! Il fait assez doux, même si la fraîcheur causée par le vent du Nord vient atténuer cette sensation de connaître enfin l’été, en 2024. Vivre en Belgique demande quand même une fameuse faculté d’adaptation !

Les Gens d’Ere, contrairement à pas mal de ses homologues, ne prolongent pas les festivités jusqu’au bout de la nuit. Dès lors, les stigmates de la veille sont à peine visibles, et le visage des festivaliers accuse si peu la fatigue. A peine, y distingue-t-on les cernes.

Le menu du jour recèle des artistes confirmés, certes, mais également des artistes de second plan destinés surtout aux plus jeunes, voire très jeunes au vu du nombre de têtes blondes qui peuplent le site, aujourd’hui.

Alors que votre serviteur arrive tambour battant, tel un soldat partant pour la guerre, le set de Doowy s’achève. Pas le cuisiniste notoire pour son accent à couper au couteau, mais Thibaud Demey (à l’état-civil), un ex-musicien de Lost Frequencies et Mustii.

Malheureusement, les dernières notes résonnent au moment de se planter devant le podium et, par conséquent, impossible d’émettre un avis quelconque à propos de sa prestation.

Autant se rendre sous la tente pour y (re)découvrir Alice On The Roof.

Remarquée à The Voice Belgium, où elle atteint la demi-finale, Alice On The Roof peut se targuer d’être devenue une artiste à part entière.

Drivée en son temps par Marc Pinilla, le charmeur du groupe Suarez, la belle a réussi à imposer un style qui n’appartient qu’à elle, notamment grâce à « Easy Come Easy Go », un titre issu d’un premier opus baptisé « Higher », largement diffusé sur les ondes noir-jaune-rouge. Une fierté nationale !

L’évidente qualité de cette composition, mais d’un autre temps, lui permet de récolter une critique médiatique et populaire unanimes, bien utiles pour (s’) expérimenter et acquérir un crédit scénique.

Un piano couleur alu trône au milieu de l’estrade. Vêtue d’une robe pailletée et coiffée de cheveux d’un vieux rose dégoûtant, elle pose son séant devant cet imposant instrument en entame un « Mistery Light » doux comme un crâne chauve. Puis, très vite, des beats électroniques viennent rompre ce moment hors du temps. Le tempo s’accélère et la petite se laisse emporter au sein d’un univers emprunté à la Tim Burton. Parce que du mystère, Alice sait s’en entourer !

Alors qu’il y a quelques années, elle avait assuré aux Les Gens d’Ere un concert en formule groupe, elle se produit aujourd’hui, seule, comme une grande, dans le cadre de sa tournée ‘The Girl in the Mirror Tour’. Un choix assumé, dit-elle ! Enfin pas vraiment, puisqu’un préposé se charge des percussions sur l’une ou l’autre de ses compositions.

Difficile d’occuper l’espace scénique lorsque tous les musiciens sont aux abonnés absents ! Et pourtant, la demoiselle y parvient fort bien. Elle est soutenue par une loop machine qui produit des boucles. Un coup, j’te mets une batterie, un coup, j’te mets une note de synthé, et hop, le tour est joué. Alice est devenue à la chanson ce que Garcimore était à la magie.

Une formule, en tout cas, qui lui permet de faire découvrir une chanson récemment sortie, « Change my world », soit un avant-goût d’un futur elpee. Et afin d’illustrer le propos, des écrans diffusent de manière sporadique des saynètes. Au cours de l’une d’entre elles, une main place des objets dans une maisonnette. Bizarre non ?

Une compo qui confirme que la Sonégienne a acquis de la maturité.

L’humour (un peu facile) est devenu une nouvelle qualité chez celle qui était encore une grande timide il y a peu de temps, lorsqu’elle évoque Brad Pitt et ses origines wallonnes, référence aux critiques formulées à l’encontre de Georges-Louis Bouchez lors de la pose qu’il a prise avec l’acteur américain sur le circuit de Spa-Francorchamps.

Plus qu’une suite de chansons, on assiste à une véritable mise en scène au cours de laquelle une Alice versus ‘2.0’ s’émancipe enfin et se livre sans concession dans un exercice de style qui lui va comme un gant.

Sa voix éthérée et candide se pose ensuite pudiquement sur « Easy come easy go », un titre phénomène alors qu’elle n’a que 21 ans. Un son électro/pop qui a fait craquer les aficionados. Sa plume incisive, joviale et sautillante souligne des images en filigrane entre Alice et son lapin blanc, deux personnages qui nous emmènent tout droit aux pays des merveilles.

S’accordant une pause bien méritée, elle regagne les coulisses. C’est alors qu’on la voit, muette, brandir de grandes pancartes sur lesquelles des messages défilent… du style : ‘Que boit la vache ?’ ou encore ‘Imitez le bruit d’un animal svp’. Alors que le public se transforme soudainement en troupeau, Alice revêtue d’un accoutrement de fermière, conduit le bétail vers une nouvelle compo dont le refrain est apparemment d’une complaisance déconcertante (‘TOU TOU TOU, TOU TOU TOU’). Facile et mièvre ? Pas du tout, l’artiste installe une forme de communication d’une intelligence subtile !

Alors que le set prend fin, ‘Alice sur le toit’ surprend le public qui est littéralement médusé. Hybride, cette chanson est interprétée entre le français et un parfait anglais. Une manière pudique de comprendre également l’origine de son patronyme.

Avant de prendre définitivement congé de ses invités, elle demande aux milliers de personnes qui assistent à son set quelle est la meilleure bière locale. La Paix Dieu se dégage. Et vous savez quoi ? Si on en boit 50, on tombe « Malade », une manière futile et insidieuse d’annoncer ce titre incontournable issu d’un deuxième elpee éponyme. Une fable faussement réservée, mais autobiographique, écrite à quatre mains avec Vianney, et dans laquelle elle clame à qui veut l’entendre, et dans la langue de Voltaire s’il vous plait, que ‘ma maladie, c’est tout simplement d’être moi !’. De quoi devenir schizophrène…

Bref, on a assisté à un show dynamique, surprenant et aux antipodes de ce à quoi l’on pouvait s’attendre.

Et dire que tout a commencé lorsque Alice est partie recommencer sa rhéto à Brookings, en Oregon. Un déclic déterminant pour la jeune fille de 17 ans à l'époque car elle a participé à une chorale : les 'Sea Breeze'. Et ce sont ces mêmes personnes qui lui ont donné envie d'exploiter cette voix qu'ils adoraient.

A défaut de marcher sur le toit, l’artiste a fait grimper l’auditoire vers des cieux animés, à l’aide d’une palette de chansons colorées, subtiles et efficaces. Surprenantes même ! De la chrysalide, cette ‘Dame’ s’est transformée en papillon !

Le concert de Black M. accuse facilement trente minutes de retard. Paraît qu’Alpha Diallo et tout son team ont été bloqués à Paris alors que les Jeux Olympiques battent leur plein. C’est même la Police locale tournaisienne qui a dû les escorter pour leur permettre d’arriver plus rapidement. Des artistes qui pourront se targuer d’avoir vécu une journée… légendaire !

Le gars se pointe, accompagné de deux choristes féminines. Deux blacks. L’une porte une tenue serrante laissant entrevoir ses bourrelets, tandis que l’autre a emprunté la coiffure de Princesse Leia.

Appuyé par la basse, la batterie et la guitare, l’artiste fonce droit dans le mur. « Sur ma route » est repris en chœur par sa fan base, soit de très jeunes enfants (entre 5 et 10 ans).

Deux ou trois chansons suffiront à votre serviteur qui préfère prendre ses jambes à son cou et poursuivre… son chemin vers le temple qui accueille Santa.

Une habituée des lieux, à la différence près qu’ici elle ne campe pas avec Hyphen Hyphen. Et cerise sur le gâteau, c’est la première fois qu’elle va chanter ses propres chansons en Belgique !

A moins d’avoir passé ces derniers mois sur une île déserte, personne n’a pu échapper au succès fulgurant (presque inattendu) de Samantha Cotta (NDR : c’est son vrai nom !)

Après nous avoir bercé de sa douce ballade en mode piano-voix sur « Popcorn salé », une compo écrite dans l’urgence, presque par égarement, qui paraîtra sous l’impulsion et les encouragements de ses comparses Laura Christin, alias Line (basse, percussions), et Romain Adamo, aka Adam (guitare, synthé), la jeune dame s’émancipe et grave un premier album sobrement intitulé « Recommence-moi ».

Alors que la pop anglophone constituait jusqu’à présent sa ligne directrice, notamment au travers d’HH, la Niçoise prend un virage à 180 degrés en réalisant un très réussi premier essai solo, chanté dans la langue de Voltaire.

Toute de noire vêtue (NDR : enfin presque !), elle est chaussée de godasses brillantes et a enfilé un perfecto sur lequel est floqué ‘Santa’ en rouge pétant. Soutenue par un batteur au drumming corrosif et une bassiste qui n’est autre que Line (sa meilleure amie), elle débarque en tenant un fumigène qui lui brûle les doigts.

Elle est heureuse de se retrouver parmi les siens, car elle vient de se faire adopter par la Belgique. Elle compte se jeter aujourd’hui à corps perdu dans un univers où règnent l’intime, la retenue et la douceur.

Multi-instrumentiste, elle alterne piano et guitare, ses deux instruments de prédilection, qui viennent soutenir sa voix puissante. Qu’elle met parfaitement en exergue sur « Eva », une magnifique chanson qui s’impose sur fond d’appel à la résilience. Des cris d’amour fusent. Comme elle ne parvient pas à cerner leur origine, elle les rend, mais en plus fort encore.

Un concert ponctué de surprises ! A commencer par « Les larmes ne coulent pas », qui a bénéficié, lors des sessions d’enregistrement, de la complicité de Christophe Willem, un artiste devenu aujourd’hui son ami. Il s’invite le temps d’une chanson, entre simplicité et fausse grandiloquence, lors d’un duo uni par des larmes amères. Mais n’y a-t-il pas larmes plus amères que celles qui ne coulent pas ? Quoiqu’il en soit, elle finit ce titre, le sourire et le regard sereins, debout sur les retours posés à front de scène.

Afin de reprendre son souffle, Line, armée d’une sèche, pose ses fesses sur le grand piano noir qui domine et entame un « Paradis » sulfureux pour ceux qui sont partis juste au-dessus du soleil. Une chanson qui exploite au mieux l’univers intrinsèque et le champ lexical de la jeune dame.

Fidèle à son style unique et son spectre lyrique hors du commun, Santa se regarde dans le miroir avec introspection pendant ses « Popcorn salé » et le désir de recommencer son histoire, à l’instar d’une césure sur le temps. Entre ambition, espièglerie et qualité rare, l’artiste s’était essayée au métier de cascadeuse en interprétant ce premier titre, perchée à plus de 40 mètres de haut ! C'était à Bruxelles, sur la place de la Bourse. Un « Popcorn salé » à son apogée, en quelque sorte !

Aux crashs, un petit garçon pleure, Santa ne peut résister à le consoler. Il s’appelle Martin. Elle l’invite sur scène à terminer, en duo, cette sublime chanson. Alors qu’il n’a que 5 ans, ce petit bout de chou connaît parfaitement les paroles et focalise donc les regards du public, devenant même le centre de tout, au détriment amusé de la Reine du jour.

Et puis, dans une parfaite communion, les milliers de festivaliers se transforment en une chorale parfaitement synchronisée, pour chantonner un joyeux anniversaire à ce gentil mioche. Une date qui restera gravée dans sa mémoire...

Alors que les musiciens se retirent en backstage, la grande Dame tente un mashup (ou potpourri). Pour la circonstance, elle associe le « Paradis blanc » de Michel Berger et Désenchantée de « Mylène Farmer ».

Puis ses fidèles comparses reviennent sur l’estrade. Santa s’interroge sur « Mais où le temps s’en va », une compo où les mots et les mélodies s’embrassent tendrement dans un tourbillon émotionnel et onirique d’une intensité rare.

Le concert touche à sa fin. L’artiste met l’accent sur « La différence », ersatz de manifeste sur le bien vivre ensemble avec, en filigrane, cet espoir latent de tolérance, d’insouciance et de communion.

Au cours de son show, certaines sonorités pop/rock contemporaines ont rappelé celles qui ont fait les beaux jours de la formation au sein de laquelle elle milite toujours.

Alors qu’elle s’apprête à s’éclipser, elle change d’avis et descend dans l’arène tel un gladiateur, pour un dernier combat. Mais ici, pas question d’épée ; elle, son truc, c’est le partage et la générosité ! Elle s’amuse au jeu du ‘hug’. Des câlins sont posés délicatement à une poignée de chanceux. Un moment suspendu et hors du temps !

Dans l’univers de la chanson française, Santa peut être considérée comme une grande artiste. Et en interprétant « Recommence-moi » en guise de ‘Happy end’, elle démontre qu’elle mérite amplement cette distinction. 

Sur la scène extérieure, Louane débarque en mini-short, bas noirs et petit top. Il en faut du courage pour se promener quasi-nue alors que le froid vient de tomber en terre tournaisienne.

La majorité de l’auditoire réunit des familles : parents, enfants –souvent très jeunes– et même grands-parents. L’artiste ratisse large. Mais la fosse est pleine. A défaut de rien…

Elle est seule sur le podium, elle aussi (décidément !) s’est plantée devant une kyrielle de machines destinées à la soutenir ce soir.

Elle a été révélée lors de la seconde saison de ‘The Voice’. Actrice à ses heures perdues, c'est surtout son rôle dans ‘La famille Bélier’, pour lequel elle a remporté un César, qui lui a permis d'obtenir cette reconnaissance médiatique.

Elle entame son tour de chant par « Donne-moi ton cœur », un cri de détresse chargé d'émotion. Mais en alignant des morceaux comme « A quoi tu penses ? », « Nos secrets » ou encore « Aimer à mort », l’un de ses plus gros succès, le répertoire devient gnangnan et pompeux.

Hormis la fan base qui voit en Louane la déesse de la nouvelle chanson française, ses chansonnettes à deux balles ne prennent qu'un essor tout relatif dans les ‘portugaises’ de votre serviteur. C'est niais et ennuyeux à s'en décrocher la mâchoire. C’est tellement casse-* (à vous de choisir le terme complémentaire) qu’il entend les poils de sa barbe pousser ! Dommage !

Mais, pour que la critique soit objective, il est nécessaire qu’il suive le concert jusqu’à son terme (ou presque). C'est donc en manifestant un certain enthousiasme (?!?!?) qu’il se mue en parfait spectateur. Mais, rien n’y fait ! C’est artistiquement pauvre et musicalement au ras des pâquerettes. Et que dire des thématiques, dignes d’une ado prépubère ?

Elle embraie par son tube « Jour 1 » dont le refrain est repris par une bonne partie de la foule. Qui semble ravie, voire heureuse...

Manifestement, Louane prend du plaisir et entraîne la foule dans son show infantile. Tant mieux pour elle !

Le rideau tombe, la nuit s’est emparée des lieux. Henri PFR s’apprête à livrer un set qui va s’avérer, comme souvent, de bonne fracture, entre musique électronique et prouesses pyrotechniques.

Surnommé ‘le petit prince des platines’, il s’est imposé comme la nouvelle sensation de la scène électro made in Belgium. Mais pas seulement, puisque son talent s’exporte à l'international. Aujourd'hui, il se produit dans de grands festivals, depuis Tomorrowland, en passant par l'Ultra Music, Lollapalooza et même Electroland, à Disneyland. Bref, le Belge est devenu un fameux bourlingueur.

Aux Légendes d'Ere, l'artiste tient ses promesses. Un show dynamique et sans concession où la seule constante est la flexibilité de son matériel.

Entre ‘beatmatching’, ‘drop’ ou encore ‘cue’ (des termes propres à ce genre musical), survitaminé, celui qui se produit au-delà des frontières, se livre dans un set propice à la furie sidérale. Aucun doute, Mister Peiffer est à nouveau le king ce soir en s'imposant non pas comme nouvelle sensation, mais en talent confirmé.

Bien sûr, les nightclubbers s’éclatent alors que les autres tendent une oreille plus ou moins distraite au Djset de l’artiste.

La fatigue commence à gagner les organismes, les effets de l’alcool se manifestent, les paupières tombent. Votre serviteur estime qu’il est plus sage de regagner ses pénates. A demain !

(Organisation : Les gens d’Ere)

Whirle

Berlin haircut (single)

Écrit par

C’est en France que Mathheus Nascimento (NDR : il est issu de São Paulo) a tout d’abord fondé Slowaves en compagnie de Carlos Duarte.

Mais au fil du temps, le projet lui paraît de moins crédible, et il décide de retourner dans la plus grande ville du Brésil et d'Amérique du Sud.

Il renoue alors avec Vita Conti, qu'il connaissait depuis plusieurs années.

Il en explique la raison :

‘C'est l'une de mes meilleures amies, une artiste et une designer incroyable, et nous partageons les mêmes influences musicales et esthétiques.

Je lui ai envoyé quelques démos de Whirle et nous avons décidé de travailler ensemble.

Elle m'a toujours aidé en me faisant des suggestions sur la composition et la direction sonore à emprunter’.

« Berlin Haircut » constitue le second single du groupe, une compo de synthé-pop sombre, mais riche de nuances jangle-pop, shoegaze, dream pop et slowcore. 

Rêveur et atmosphérique, ce morceau combine des voix intimistes et feutrées aux couches de guitares dissonantes, chargées de réverbération, créant une version délicate mais entraînante d’une expression sonore à l’énergie déstabilisante…

Le single « Berlin Haircut » est en écoute ici

Podcast # 43 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

Double Wish

Univers sometimes (Ep)

Écrit par

Avant de fonder Double Wish, en 2020, les multi-instrumentistes Philippe Andre et Adam Sabolick avaient participé à différents projets musicaux dans la région de Los Angeles ; et ce depuis 2007.

« Univers sometimes » constitue son nouvel Ep, quatre plages aux guitares étincelantes et aux rythmes groovy dont les textes abordent les thèmes du temps, de l'amitié, de la mortalité et du désir.

« Universe Sometimes » n'est pas une réponse à une question, c'est juste une question perpétuelle…

 Adam s’explique :

‘Je suis seul occupé de chercher et d'aspirer à quelque chose.

Lorsque le groupe apparaît, les choses s'éclaircissent et deviennent ludiques.

Comme dans toute notre musique, il y a un va-et-vient constant entre la lumière et l'obscurité, la joie et la tristesse.

Je ne pense pas que ce soit quelque chose que nous ayons consciemment décidé de faire, je pense que c'est juste la réalité de l'existence…’

Extrait de « Univers sometimes, « Papers est en écoute ici

Podcast # 43 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

Been Stellar

Screaming from new york, NY

Écrit par

Fondé à l'université de New York, Been Stellar est de plus en plus présent (voire omniprésent), sur la scène musicale de la Grosse Pomme.

Cette jeune formation s'inspire du bruit chaotique de NYC qui rythme la vie quotidienne de ses habitants. Ce qui explique le titre de son premier album « Scream From New York, NY ».

Les musicos ne sont pas les premiers à s’en inspirer mais ils affirment qu’y vivre, c'est voir la ville osciller entre l'effondrement et la renaissance, et inversement.

A travers leurs compos, ils relatent plusieurs événements réels très différents qui se sont produits et soulignent le nombre de crises aux proportions apocalyptiques que New York a déjà traversées au cours de ce siècle.

Been Stellar n'incarne peut-être pas une véritable renaissance du rock, mais au moins, il cherche à faire en sorte que les mauvais moments soient agréables à vivre.

Issu de « Sreaming from new-york, NY », «  Pumpkin » est disponible sous forme de clip vidéo .

Podcast # 43 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

Lunar Isle

Parasol

Écrit par

Lunar Isle, c’est le projet de David Skimming, un Ecossais établi à Séoul.

Mêlant dream pop, shoegaze classique et éléments indie rock, ses paysages sonores complexes et atmosphériques se distinguent par leur qualité onirique ; et ses mélodies chatoyantes, teintées d’une touche de mélancolie, reflètent à la fois la chaleur et l’introspection provoquées par un été imaginaire…

« Parasol » constitue son quatrième elpee, une œuvre dont la bedroom pop rêveuse et enchanteresse est traversée de cascades de guitares fluides et parfois par des rythmes électroniques…

Issu de « Parasol », « After Sun » est en écoute

Podcast # 43 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

Berezina

Last Exit (single)

Écrit par

C’est la Berezina ! Cette expression traduit une déroute, une mauvaise situation. Et tout particulièrement le plan sportif ou électoral, alors qu’en réalité, la bataille de la Bérézina (NDR : une rivière qui coule en Biélorussie où le combat s’est produit) constitue une victoire militaire de Napoléon face à l’armée russe, en 1812.

Berezina, c’est également le patronyme choisi par un groupe parisien.

« Last Exit », c’est son troisième single, et le deuxième qui sera inclus sur son premier Ep. Shoegaze, sa musique est décrite comme un mélange vibrant et kaléidoscopique de sonorités rêveuses, réverbérées, noisy et mélancoliques.

Côté textes, le morceau traite du moment où les rêves d’une personne sont complètement brisés, et où le vide et la peur de l’échec s’installent, suscitant toutefois le soutien et le réconfort d’un compagnon…

« Last Exit » est en écoute

Podcast # 43 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

Les Gens d’Ere 2024 : vendredi 26 juillet

Écrit par

Et si Les Gens d’Ere devenaient… légendaires ? Car si l’évènement était à l’origine une farce entre une copains autour d’un peu de musique, de joie et de bonne humeur, le festival s’exporte aujourd’hui au-delà des frontières.

Mais contrairement à beaucoup de ses homologues (Dour Music Festival, Ronquières, etc.), ici, on ne badine pas avec l’esprit de camaraderie, qui lui n’a pas changé d’un iota ! Exit les trucs pompeux, la simplicité EST la règle ! Même le stand VIP fait les frais de cette culture ; il est réduit à sa plus simple expression ! Celui qui veut s’y restaurer ne trouvera ni caviar, ni champagne, mais de la bière et une bonne grasse frite !

Bref, Les Gens d’Ere est le festival par excellence où l’on s’y sent comme chez soi, entouré d’une équipe de bénévoles passionnés et souriants.

De nombreux transats en palettes sont disséminées un peu partout, histoire que les festivaliers se sentent comme à la plage, le soleil en moins, car si la journée de jeudi a laissé le sol jonché de boue, cette journée de vendredi, épargnée tout de même par la pluie, n’en est pas moins nuageuse et très fraîche. Les uns la bouderont tandis que les autres y verront un bon moyen de s’habituer à la saison automnale, pas si lointaine finalement. Que l’on se réjouisse, car par comparaison, la situation ne peut pas être aussi désastreuse. Souvenez-vous des torrents de précipitation qui s’étaient déversés, l’an dernier, obligeant les festivaliers à déguerpir des parkings devenus impraticables.

La configuration est identique aux formules précédentes. Deux scènes se côtoient, l'une couverte baptisée ‘Le Chapito’ et une autre ‘Plein Ere’ logiquement outdoor. Elles se situent à une encablure l’une de l’autre, ce qui permet de s’y rendre en quelques pas seulement. Elles proposent en alternance un line-up cohérent car on mise encore et toujours sur une affiche la plus éclectique possible. Mais de qualité !

Les familles s’y exposent le temps d’un long week-end. On y croise de jeunes couples entrelacés, des personnes plus âgées avec leur cabas ‘Action’ et des parents accompagnés de leurs rejetons. A moins que les enfants n’y accompagnent leurs parents ?

Se déroulant sur quatre jours maintenant (rentabilité oblige), le jeudi fait la part belle à un groupe de cover qui sévit beaucoup sur la région : Zénith. Trop peu pour votre serviteur !

Priorité donc aux vendredi, samedi et dimanche !

Alors que la montre de votre serviteur indique 19h00, direction le chapiteau pour y découvrir Youssef Swatt’s,

Le gars vient de Tournai, une ville francophone de Belgique située en Région wallonne (Wallonie picarde) et en Flandre romane, chef-lieu d’arrondissement de la province de Hainaut et siège de l'évêché de Tournai. La messe est dite !

Il a déjà bien bourlingué ! Cinq albums à son actif, des collaborations avec des artistes belges et français de renom tels qu’Oxmo Puccino (« Le poids des mots ») ou Demi Portion (« Maintenant ou jamais ») et a assuré le supporting act des concerts de IAM, en 2022, mais aussi de Bigflo et Oli, en 2023.

Cocorico, il y a quelques jours seulement, Youssef Swatt’s a remporté l’émission française de rap ‘Nouvelle Ecole’, dont la finale était diffusée sur Netflix. Et dire que les spectateurs ne savent même pas que l’artiste qui grimpe sur l’estrade est une future figure montante du rap !

Son histoire s’apparente à un véritable conte de fée. Âgé de seulement 14 ans, le gaillard sort un premier Ep, « L’Amorce », qui lui permettra d’être repéré par le Scylla, phénomène belge. Prolifique, « Vers l’infini et au-delà » sortira en 2017, « Poussières d’espoir » en 2020 et enfin, « Pour que les étoiles brillent », en 2022.

Alors que votre serviteur n’épouse pas nécessairement le genre, la musique du gars est différente pour deux raisons essentielles. Premièrement, il se produit en groupe, phénomène plutôt rare, les artistes de ce style se contentant souvent d’un DJ derrière les platines pour l’enveloppe musicale. Ensuite, son écriture n’est pas vindicative à l’instar d’autres de ses congénères. Et pas davantage d’insultes vis-à-vis des ‘keufs’ (Trad : la police) et des ‘meufs’ (Trad : les femmes) qui ne sont pas toutes des putes. Ah bon ?

Youssef est soutenu par quatre larrons chargés de lécher ses propos tentaculaires (basse, guitare, clavier et batterie). Le chapiteau est bien rempli, signe que l’artiste a déjà acquis une certaine notoriété.

Maîtrisant les codes du hip-hop grâce à des compositions enivrantes et chaloupées, l’artiste se livre entre lyrisme poétique et introspection maladive. Maniant une plume taillée comme du silex, il regarde dans le rétroviseur de sa vie avec humilité. Des compos touchantes et une expression sonore légère sur fond grave ainsi que des thématiques qui traitent de la vie, la mort ou la résilience, à l’instar de « Générique de fin ».

Comme il le souligne ouvertement dans « Etoile filante », une chanson interprétée à l’origine en compagnie de COLT (un duo belge, né sur des cendres de Coline et Toitoine), ‘notre histoire est belle’ constitue une référence aux relations qu’il entretient depuis toujours avec sa fan base. Sa victoire n’est pas seulement sienne, mais celle de toute une équipe.

Il rappelle s’être présenté devant un public alors qu’il n’avait pas acquis la popularité que l’on connaît aujourd’hui. De statut d’OVNI à artiste confirmé, il se remémore le temps passé, avec un brin de nostalgie (« Remonter le temps »).

Malgré des basses assourdissantes handicapant de temps à autre la bonne compréhension des textes, l’artiste est devenu une figure de proue dans le paysage noir-jaune-rouge et attise la curiosité en proposant un set éblouissant, au sein duquel scintille une « Etoile filante ».

Autre style, autre podium pour un digne représentant du rock belge, Ykons. Un habitué, puisqu’il se produit pour la 3ème fois sur la plaine du Les Gens d’Ere.

Le groupe liégeois (aucun doute vu l’accent prononcé !) réunit Renaud, Yann, Patrick, David et Ben. Né sur les cendres de Can D (NDLR : décidément le crématorium tourne à plein régime), les comparses empruntent un chemin initiatique, dès 2019. Le succès progresse lentement. Ykons grave un premier elpee, « Reflected », qui lui permet de se forger une solide réputation et par conséquent de disposer d’un répertoire substantiel pour les festivals. La suite ? Un beau succès critique et d’estime !

Le set de ce soir est malheureusement conjuré par le sort. Une longue intro devait permettre aux musiciens de monter sur les planches. Plusieurs tentatives et un reboot du mac seront nécessaires pour y parvenir. Renaud s’excusera en off, ‘le Windows 97 s’est planté’, dira-t-il.

L’incident clos, alors que le batteur assurait derrière les fûts durant de longues secondes, le claviériste le soutient rapidement, puis le guitariste et enfin le bassiste embraient, alors que le chanteur est perché tout en haut d’une estrade plantée au milieu du podium. « Red light » ouvre alors les hostilités !

C'est très vif et entraînant. Le public s'emballe et les muscles, jusque-là statiques, sont pris de mouvements saccadés au gré de cette rythmique un brin indolente. Et s’il s’agissait du syndrome Gille de la Tourette ?

Renaud Godart marque là, au fer… rouge, une intro pour le moins percutante.

C'est techniquement époustouflant, humainement enrichissant et musicalement céleste. Un combo qui signe le retour à de la bonne musique comme sur ce « State of mine », nourri à l’indie-pop et coloré de touches électro.

Les événements se dégradent malheureusement lors de « Open eyes ». Les enceintes en façade décident de faire grise mine, privant ainsi l’auditoire d’une bonne partie de la compo. Les musiciens, amusés et gênés à la fois, poursuivent, inébranlablement leur mission contractuelle, simplement aidés de leur moniteur in-ear (NDR : oreillettes placées dans les oreilles). De l’aveu même du vocaliste, c’est la première fois qu’il joue pour un public… qui ne l’entend pas ! Un surréalisme à la Belge !

Alors que les techniciens s’affairent comme des lions en cage, Renaud propose, si les enceintes ne parviennent pas les rendre fonctionnelles, d’assurer un concert acoustique autour d’un feu de bois, comme lors d’un camp de scout. Et le public d’y répondre en poursuivant a cappella. Un beau moment !

Le hasard est évidemment bien capricieux ! Alors que de nouveaux câbles sont installés, assurant la liaison entre la régie et la scène, le set se poursuit par… « Have a great crash ». Véridique !

Un mouvement de foule s’organise, jeunes et moins jeunes jumpent solennellement dans une ambiance bon-enfant. S’il ne s’agit pas du meilleur concert du groupe, il s’est produit devant le meilleur public, assurément !

Pour « Like a feather », debout face aux ‘floortoms’ posés sur l’estrade, le frontman et un de ses comparses prennent le pouvoir en martelant avec force et conviction les peaux, pendant que la guitare post-pop aérienne et légère s’envole et la basse vrombit dans les frontaux (qui pour l’instant, fonctionnent) en transperçant les corps plantés devant les barrières. Entre show diabolique, sueur, adrénaline et surprises, Ykons a démontré qu'il possède toutes les cartes pour emmener avec lui les plus fidèles, dans un tourbillon insensé. Sa seule limite étant l'imagination !

Alors que la guitare entame les premières notes de « Cloud nine » et ses faux airs à la Puggy, Renaud s’affranchit dans le public et d'une expression sans complexe, il chante, totalement décontracté, entre nonchalance et intuition.

Grâce à des effets de guitare aériens, il y a chez Ykons une filiation lointaine avec Coldplay (groupe de pop/rock britannique originaire de Londres en Angleterre, formé en 1997, et drivé Chris Martin) en termes de compositions que de l’approche sonore.

Puisqu’on ne dit jamais aux gens qu’on les aime, rien de tel que de reprendre à la sèche ce titre emblématique de Louis Chedid. Des mots qui touchent sur une mélodie caressante. Alors que les uns et les autres se touchent l’épaule en guise de fraternité, l’ambiance qui, jusque-là, était électrique, devient soudainement, le temps d’une chanson, intimiste.

La prestation s’achève ; cependant, le quintet ne pouvait quitter les lieux sans son « Sequoia Trees », un message adressé à l’être humain et à sa responsabilité à l’égard de tout ce qui l’entoure. Et de rappeler également que c’est ce titre qui a permis au band d’acquérir une véritable aura au royaume du moues/frites.

Pourtant contrarié par des problèmes techniques auxquels artistes, techniciens et public ont dû faire face, le concert d’Ykons restera l’un des meilleurs que le combo a accordés, sa fluidité s’avérant, de plus en plus, une de ses forces.

Grâce à une expression sonore bien dans l'air du temps, la formation liégeoise s'approprie les racines du genre et en extrait la quintessence pour le meilleur et… pour le pire.

La soirée s’achève déjà pour votre serviteur, la suite du programme se révélant moins alléchante. Entre un Mister Cover, mille fois entendu et un Quentin Mosimann taillé pour le dancefloor, il est toujours aussi perplexe vis-à-vis de ce type de spectacle (?!?!?) …

(Organisation : Les Gens d’Ere)

Page 11 sur 1342