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W-Festival 2019 : vendredi 16 août

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Lors d’un festival, il est toujours très chouette de (re)vivre une sensation de voyage à travers le temps. L’impression de parcourir quelques années en Delorean. Et cette journée du 16 août 2019 s’inscrit pleinement dans cette tradition chère à Doc Emmet Brown et Marty Mc Fly…

Dès que l’on croise les premiers festivaliers, on est comme transporté au cœur des années 80, lorsque la longueur des crêtes et la couleur de cheveux rivalisaient avec les tenues cloutées et les piercings au visage. Seul, peut-être, le nombre de tatouages en croissance exponentielle confirme que nous sommes bel et bien au XXIème siècle.

Le temps de faire valider sa place et de nouer contact avec les préposés au stand presse (très sympathiques et accueillants, par ailleurs), il faut se résoudre à abandonner Inertia et son métal progressif, en attendant donc Toyah, qui a le privilège d’ouvrir la journée de votre serviteur.

Née à Birmingham en mai 1958 (mais bon sang, quelle pêche !!!), Toyah Ann Wilcox est une sacrée ‘bombe’ d’énergie. Essentiellement connue comme la femme de Robert Fripp (depuis 1986) elle est parvenue à mener, en parallèle, une carrière d’actrice au cinéma et à la télévision (NDR : elle a même décroché un rôle dans ‘Quadrophenia’), mais a également publié 15 albums, dont « In the court of the Crimson King Queen », en 2008 (NDR : album d’ailleurs réédité en version ‘de luxe’, cette année), titre inspiré d’« In the court of the Crimson King », joyau de son mari, gravé en 1969.

S’il faut regretter quelque peu la qualité du son (on entendait très mal les backing vocals), Toyah a réussi à réveiller et tenir en haleine, pendant 45 minutes, un public encore un peu pauvre en unités.

Après « Rebel run » et « Ieya », c’est sa reprise d’« Echo beach » de Martha and the Muffins qui sonne le réveil des quelques âmes ensommeillées collées aux barrières en bord de scène. Si en plus, elle chante « Sensational » en hommage à ses fans ‘You’re sensationnal, YOUUUU’ et qu’elle est carrément déchaînée durant l’interprétation d’« I want to be free » et « Brave new world », les événements ne peuvent que bien se passer…

Très chouette moment passé en compagnie de cette artiste qui n’a rien à envier à Tina Turner en termes de ‘prestance’. En outre, elle possède une sacrée voix…

Changement de style complet en compagnie de Mlada Fronta. On passe d’une new wave bien rock à de l’électro-synthwave. Formé à l’initiative du Cannais Rémy Pelleschi (NDR : au demeurant bien seul sur les planches), au début des années 90, le projet du Français peut se targuer d’une discographie conséquente. Et pour cause, il recense la bagatelle de 15 elpees, depuis 1992. La prestation de ce vendredi se focalise sur le dernier en date, « No trespassing », ainsi que « Outrun » et « Polygon »…

Il n’y a rien à dire. C’est pro, propre et bien foutu au niveau des mélodies ainsi que du son. Rémy, noyé au milieu de ses synthés et ensevelis sous les samplers, nous sert un gig sympathique. Mais pourquoi n’échange-t-il pas un peu avec le public ? Il n’est d’ailleurs pas le seul à avoir oublié de communiquer en ce vendredi de la mi-août…

Ce reproche ne peut, par contre, en aucun cas être adressé au groupe belge resté mythique : Allez Allez !

Souvenez-vous du début des années 80, lorsque Kris Debusscher, Nico Fransolet, Serge Van Laeken et Sarah Osbourne mettaient le feu aux pistes de danse au son de leur titre éponyme « Allez Allez »…

Malheureusement, lorsque Sarah la Britannique, fila à l’anglaise, il ne restait plus beaucoup de souffle au groupe, pourtant auteur de 2 albums à succès : « African Queen » en 81 et « Promises » en 83. Le ressort semblait brisé.

Lorsqu’il publie un « best of » en 2013, on imagine que la renaissance est envisagée. Mais il faudra encore quelques années avant qu’elle ne soit véritablement effective.

Et c’est pour notre bonheur ! Car Serge, allias Marka, les frères De Busscher, et Nico Fransolet ont toujours autant de dynamisme que 35 ans plus tôt. Et ils ont eu la très bonne idée d’aller chercher la Namuroise Marie Delsaux comme chanteuse. Forte d’une carrière solo, même si celle-ci s’est révélée assez courte, mais de qualité, et toute jeune maman, Marie apporte clairement un plus au band comme en témoigne son clin d’œil adressé à Donna Summer à travers « I feel love », intégré en plein refrain de « You make me feel so young ». Elle remue Marie, et elle communique son dynamisme au groupe entier, soutenue par un Marka complètement déchaîné !

Les très funky « Marathon dance », « African Queen », « Flesh and blood » et bien entendu « Allez Allez », traversé par quelques riffs hip hop et un ‘pont’ réservé au « Good Times » de Nile Rodgers font grimper la température de quelques degrés au sein d’une fosse qui commence à s’étoffer. Ça swingue sur et en dehors de la piste…

C’est ensuite au tour de Breath of Life de débarquer sur l’estrade. On attendait beaucoup de cette formation belge, fondée en 1985 à l’initiative de Giovanni Bortolin (ex Jo Lemaire + Flouze) et d’Isabelle De Keyzer. Non seulement les musiciens excellent, y compris Didier Czepzyk à la basse et Philippe Mauroy à la guitare, mais son rock gothique est agréable à l’écoute…

Les Gembloutois accordent un set de toute bonne facture au sein duquel on épinglera notamment « HIde », « Until the day », « Living in a dream », « Naomina » ou encore « Black out »…

Hélas, 3 fois hélas, au bout d’une demi-heure, la voix haut perchée d’Isabelle devient criarde, et finit par lasser…

Nous approchons de 18 heures, et le ventre commence à sonner creux. Il est temps de se restaurer un peu, car les plats les plus consistants arrivent…

Et le premier à se présenter n’est autre que celui de Blaine L Reininger, l’un des membres fondateurs de Tuxedomoon !

Il n’a pas eu une vie facile notre brave Blaine… Entre ses multiples migrations qui l’ont amené à vivre une longue période à Bruxelles, (à plusieurs reprises, il confesse son amour pour la Belgique) et sa femme décédée dans ses bras…

Mais, il possède cette force interne qui lui confère un humour stupéfiant et une capacité à se replonger constamment dans la musique, comme le prouvent ses 18 long playings solos...

S’il faut regretter amèrement l’absence d’un véritable batteur, remplacé par une boîte à rythmes, situation qui va communiquer aux guitares, des sonorités sursaturées, et au violon, bien trop fortes, sa performance est excellente. Le premier artiste de la journée à manifester de l’interactivité auprès de son auditoire et à introduire tous les morceaux par une petite histoire, une anecdote croustillante (« Dry food for my cat ») ou émotionnelle en hommage à sa défunte épouse (« Blue sleep », un extrait de son dernier opus) …

De sa prestation on retiendra quelques moments forts comme « Foreigner », « Night air », « Mistery and confusion », mais surtout les titres-phares de Tuxedomoon, et tout particulièrement « Jinx » et « No tears » durant lequel l’assemblée de quelques centaines de fans conquis reprennent le refrain en chœur.

A l’instar de Breath of Life, on espérait également monts et merveilles de la prestation du duo anglo-suisse Lebanon Hanover et malheureusement, il faudra encore attendre… Car si Larissa Inglass est mignonne, excellente musicienne et très bonne chanteuse, et si William Maybeline possède les mêmes dons musicaux, tout en affichant un côté caricatural sympathique (NDR : son accoutrement et son jeu de scène semblent sortis tout droit d’un concert de Cure de l’époque « Charlotte sometimes »), et si la cold wave très Joy Division pratiquée par le duo est plus qu’agréable à écouter, le contact entre les artistes et la foule est proche du néant. Aucun titre n’est annoncé, et les ‘thank you’ sont aussi nombreux que les cheveux sur le crâne de Tony Levin…

Très difficile d’ajouter d’autre commentaires ou de décrire ce que L.H. a interprété, hormis le magnifique « Petals » ainsi que la mort simulée par Larissa lors du dernier morceau du set, alors que William donnait l’impression d’en retirer une certaine satisfaction morbide, en sautant tel un cabri sur l’avant de de l’estrade…

Enfin, il est l’heure du show prévu par le ‘Petit’ Nik Kershaw ! Ce serait un mensonge d’avouer qu’il n’était pas l’artiste que votre serviteur attendait le plus. Bien que fan, quand on n’a jamais eu l’occasion ou saisi l’opportunité d’aller applaudir en ‘live’ le natif de Bristol, malgré ses 3 bonnes années passées en haut des ‘charts’, on ne peut plus rater l’aubaine….

En dépit d’une balance proche du tragique durant les 2 premiers morceaux (on n’entendait que les basses…), le public présent en nombre est acquis à sa cause d’emblée, et ne lui en tient pas rigueur. Surtout que dès le 3ème titre, la qualité du son s’arrange et en nous balançant « The Riddle » à ce moment-là, il est sûr de son coup… de maître.

Nik nous offre une prestation de haut vol. En plus d’avoir conservé une qualité de voix intacte, il est excellent guitariste, et nous le prouve à travers plusieurs soli aussi qualitatifs que bien sentis. Il n’est d’ailleurs pas le seul musicien de qualité sur scène. Son groupe est vraiment très bon. Notamment Bob Knight à la batterie qui est réellement impressionnant... Kershaw n’en oublie pas pour autant ses plus grands succès : « Dancing Girls », « Don Quixote », « Wouldn’t it be good » et « I won’t let the sun go down on me », morceau qui termine le set, invitant l’ensemble de la foule à reprendre le refrain une bonne dizaine de fois pour finir en apothéose. Et on s’en voudrait de ne pas mettre l’accent, ô surprise pour ceux qui ne le connaissent pas bien, (il reprend d’ailleurs souvent également « The Lamia » de Genesis), sur sa magnifique reprise de « Ashes to ashes » de David Bowie !

Il aurait presté deux fois plus longtemps que personne ne s’en serait lassé…

Mais c’était au tour d’un petit monument belge de prendre place sur le podium juste à côté : Siglo XX !

Originaire de Genk, le line up réunit Erik Dries au chant, Antonio Palermo à la guitare, Dirk Chauvaux à la basse, Klaas Hoogerwaard à la batterie, et Chris Nells aux synthés. Et à ce jour, il a sorti la bagatelle de 19 albums studio.

Son style ‘cold darkwave’ très Bauhaus a mis le feu dans un auditoire de plus en plus nombreux. Ça ‘pogotait’ jusqu’au milieu de la fosse ! Il faut dire que les interprétations de « The naked and the death », « The art of war », « Summers die », ce qui était vraiment d’actualité vu la pluie qui s’invitait à la soirée, et « Dreams of pleasure » sont extraordinaires. Erik Dries est un vrai showman et rien que grâce à sa voix juste et puissante, il en impose sur les planches…

La formation est d’ailleurs la première à remercier l’assemblée lors du rappel, mettant d’ailleurs en danger des horaires scrupuleusement respectés jusqu’alors.

De quoi avoir même peur pour Howard Jones, programmé juste après …

Mais Howard, c’est Monsieur La Classe !

Il débarque, synthé en bandoulière, vêtu de son désormais traditionnel costume beige, slalomant entre les nombreux synthés blancs.

Chez lui, tout est douceur et majesté, gentillesse et professionnalisme. Tout est beau, aussi !

De « What is love » son titre majeur, à « Hide and seek » sa perle, en passant par « Equality », « New song », « Things can only get better » et « Like to get to know you well », les tonalités pures et majestueuses des synthés s’égrènent avec grâce, mélodie et joie.

A aucun moment, l’ambiance mise par Nik Kershaw et Siglo XX n’est retombée, même si le pogo a cédé le relais à des mouvements plus gracieux au sein d’un public amoureux.

Adorable ! A tel point qu’on s’est même habitué à sa coupe de cheveux un peu ‘perruche’, pas vraiment adaptée à sa chevelure de plus en plus clairsemée…

Chapeau Mister Jones !

Il est près de minuit, et il est décidé de terminer la soirée à l’issue de son set. Il restait pourtant encore Tony Hadley (Spandau Ballet). Mais en débarquant au stand réservé à la presse, il nous a été signifié de suite et clairement que Mister Hadley n’acceptait aucune prise de photo, alors qu’hormis « True » et « Gold », Spandau n’a jamais vraiment défrayé les chroniques ; aussi face à sa revendication aux ‘Droits à l’image’, ce sera la plus belle manière d’opposer son droit de véto. No pain, no glory !

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Toyah + Mlada Fronta + Allez Allez + Breath of Life + Blaine L Reininger + Lebanon Hanover + Nik Kershaw + Siglo XX + Howard Jones + Tony Hadley

W-Festival 2019 : jeudi 15 août

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Nouveau changement de site pour le W-Festival, qui après avoir été inauguré à Wortegem-Petegem, puis déménagé à Amougies, retourne près de ses sources, c’est-à-dire à Waregem. Dans la grande salle Expo, pour être plus précis. En passant l’entrée, on est un peu surpris par la configuration des lieux. A contrario de celui du Mont-de-l’Enclus, ils sont très concentrés. Faut dire aussi que l’an dernier, il fallait marcher plusieurs kilomètres avant d’arriver sur la plaine. Mais n’empêche, cette grande étendue exhalait un petit air de Woodstock. Et puis les émanations de friterie ou autre fast-food se dispersaient dans la nature. Mais ici, on a l’impression de pénétrer dans une sorte de petite kermesse flamande bordée de tas d’échoppes alimentaires, avec tables, bancs et parasols et où il ne manque finalement que les manèges. A l’arrière de la salle Expo, un podium baptisé Olivier Daout a été dressé pour accueillir quelques concerts. Judicieux, une tribune assise et couverte a même été aménagée. Enfin, la salle Expo est quand même impressionnante, puisqu’elle compte un peu plus de 3 700 m2. Et puis, de nombreux parkings entourent l’édifice. Donc plus besoin d’avaler plusieurs bornes avant d’atteindre le site.

La journée de votre serviteur démarre par Tristesse Contemporaine, un trio cosmopolite, établi à Paris, qui réunit le Suédois Leo Hellden, le Britannique Michael Gifts et la Japonaise Namuri Omori. Le premier se consacre à la guitare, le second au chant et la troisième aux claviers ainsi qu’aux vocaux. Responsable d’une forme d’électro-pop-indus-krautrock, très influencée par les 80’s, un peu dans l’esprit de Stereolab, le groupe va nous délivrer un set de bonne facture. Minimaliste, atmosphérique, caractérisé par ses sonorités faussement glacées, il est néanmoins desservi par la voix un peu trop limite de Mike, qui semble avoir abandonné son masque…  

Solar Fake embraie. Le leader et multi-instrumentiste Sven Friedrich possède un baryton profond, très susceptible de rappeler Andrew Eldritch (Sisters of Mercy) et les mélodies sont bien torchées, dans un style dansant à mi-chemin entre cold wave des eighties et electro-pop contemporaine. Mais rapidement, on perd rapidement le fil d’un set qui va finalement se révéler anecdotique ; une prestation contrariée par une panne de light show ainsi que des éléments visuels, malgré une cover plutôt réussie du « Papillion » des Editors…

Mauvaise nouvelle, les Primitives ont pris du retard. Et pour cause, ils ont été bloqués à la frontière. Il se produiront donc plus tard, sur la scène baptisée Olivier Daout. Malheureusement ce sera au même moment qu’Echo & The Bunnymen. Donc difficile de se couper en deux. Et c’est The Blow Monkeys qui va récupérer ce créneau horaire.

Entretemps, on est allé jeter une oreille à The obsCURE (NDR : à ne pas confondre avec un groupe bengali de pop/rock), un cover band issu du Nord du pays qui se consacre au répertoire de Cure. Of course ! Ils sont six sur les planches et il y a un monde fou sur la place. Le chanteur, Dirk Vrijs, a le même look que Robert Smith, en moins grassouillet, chante plutôt juste et la musique proposée est respectueuse de l’originale. En outre, certaines reprises sont enrichies de vidéos des mêmes compos du mythique groupe britannique. Mais, ce qui cloche, c’est qu’entre les morceaux, ce vocaliste, qui ne joue pas de guitare, laissant ce soin à deux autres musicos, s’adresse en néerlandais à ses amis, ses connaissances et tutti quanti et leur adresse même de grands signes, pour les remercier de leur présence, rendant cette forme de réincarnation, un peu saugrenue…

Fondé à Coventry, en Angleterre, The Blow Monkeys remplace donc les Primitives. Son line up est quasi-inchangé depuis le début des eighties, puisqu’il réunit le chanteur/guitariste Robert Howard alias Dr Robert, le saxophoniste Neville Henry, le bassiste/claviériste Mick Anker et le drummer Crispin Taylor qui remplace Tony Kiley. Ce quatuor a décroché quelques hits à ses débuts, dont « Digging Your Scene », « It Doesn’t Have To Be This Way », qu’ils ont interprétés, et « Animal magic », des chansons qui demeurent certainement les plus représentatives de son répertoire. Aujourd’hui son cocktail entre pop, jazz, soul, blues et funk n’attire plus qu’une poignée de nostalgiques de leur belle époque ainsi que quelques curieux. Ce sont tous d’excellent musiciens, mais au bout de quelques morceaux, le set suscite un profond ennui…

Cassandra Complex continue de tourner ; et pourtant, il n’a plus rien enregistré depuis l’an 2000, même s’il a réédité le premier elpee, « Grenade », cette année, en le remasterisant. Costard/cravate de couleur rouge, Rodney Orpheus possède toujours ce baryton caverneux si caractéristique. Pas de drummer, mais une boîte à rythmes, et quand même un guitariste, dont les interventions rappellent parfois celle de The Edge (U2) et un bassiste qui participent à une musique mêlant EBM, indus, goth rock, dark wave et synthpop. Un set bien équilibré pour une musique qui commence cependant tout doucement à être datée…

Merciful Nuns embraie, un trio allemand qui pratique une forme de gothic rock sombre et mystique. D’ailleurs, tout au long du set défilent, sur les écrans, des images et des sigles qui reflètent la passion des musicos pour l’hindouisme et la cosmographie. Habillés de noir, ils sont tous chaussés de lunettes fumées. La bassiste a enfilé un imperméable (NDR : pourtant, il ne va pleuvoir qu’à l’extérieur), le guitariste est coiffé d’un bandeau de pirate et le chanteur d’une casquette de marin. Ces deux derniers portent la barbe. Pas de batterie, mais une boîte à rythmes pour une musique ténébreuse (évidemment) qui rappelle le plus souvent Sisters of Mercy (NDR : encore !), même si le chanteur, Artaud Seth, emprunte parfois des inflexions à Mark Burgess (Chameleons). Un peu trop linéaire pour vraiment convaincre…

Décidément, les organisateurs sont parvenus à exhumer des groupes dont on entendait plus parler depuis belle lurette. Certains avaient même récolté un franc succès sur le plan international, début des eighties, décrochant par ailleurs quelques hits, avant de rentrer dans le rang ou de disparaître de la circulation. D’autres étaient également parvenus à renaître de leurs cendres. C’est le cas de Time Bandits, un combo batave dont il ne reste plus comme membre fondateur que le seul Alides Hidding. Un fameux compositeur, puisque plusieurs de ses chansons ont été reprises par de nombreux interprètes, dont Jennifer Rush et The Nylons. Chapeau vissé sur le crâne, Alides, qui se consacre à la guitare et au chant, est particulièrement interactif. Il est soutenu par un claviériste, un bassiste, un drummer et deux choristes, dont les voix sont vraiment superbes. Oscillant du r&b au blues, en passant par la pop eurovisionnaire et le disco, la musique de Time Bandits n’était pas vraiment de nature à emballer votre serviteur. Et pourtant, elle s’avère agréable à écouter. La formation s’autorise une cover plutôt réussie du « Purple rain » de feu Prince. Au cours du show, Alides feint d’envoyer une balle de golf et déclare l’avoir envoyé sur la lune. Pourquoi pas ? Bref, la performance des choristes et l’enthousiasme du leader m’ont empêché d’aller plus rapidement casser la croûte ; et pourtant, il est temps, car le meilleur arrive enfin…

Et pour cause, Echo & The Bunnymen grimpe sur les planches, un groupe emblématique, drivé par les incontournables Ian McCulloch et Will Sergeant. Le chanteur et le guitariste sont épaulés par un second gratteur, un bassiste, un claviériste et un drummer. Et en intro, on a droit à une sorte de bande sonore liturgique. Avant que le band n’attaque son set par « Rescue », un morceau tapissé de claviers rognés, alors que déjà la machine à fumée envahit l’espace scénique. Et puis difficile de ne pas tomber sous le charme de cette musique à la sensibilité émotionnelle hypnotique et profonde que souligne si bien la voix fragile et instable de McCulloch. Pendant « Villers Terrace », la compo inclut le « Roadhouse blues » des Doors ; des Doors et surtout feu Jim Morrison qui semblent parfois hanter ce set, même si pendant « Nothing lasts forever », le clin d’œil adressé à Lou Reed, à travers le « Walk on the wild side », déclenche au sein de l’auditoire des ‘doo dee doo’ chargés d’allégresse. Le son de gratte dispensé par Sergeant est tour à tour psyché, comme tout au long de « Over the wall », cristallin, à l’instar de « The killing moon », vibrato sur « Bring on the dancing water », au cours duquel le public frappe dans les mains, à connotation orientale sur « The cutter », et surf lors du titre final, « Lips like sugar », à l’issue duquel Ian balance son essuie-éponge dans la foule, avant de tirer sa révérence. Un seul morceau récent, « The somnambulist ». Du show, on épinglera encore le dansant « Never stop », au cours duquel Sergeant crée un contrepoint pour renforcer l’émotion libérée par la voix de Ian, et un hymnique « Seven seas » tout en délicatesse. Une constante, la foule reprend les refrains et même les couplets en chœur, sans pour autant que McCulloch ne cède le relais à l’auditoire. Bref, un chouette moment, intense et empreint de douce mélancolie qui fait du bien à l’âme… des nombreux nostalgiques de l’époque dorée d’Echo & The Bunnymen…

Depuis le départ de Hugh Cornwell, il faut avouer que votre serviteur ne s’est plus guère intéressé aux Stranglers. Faut dire que la quintessence de l’œuvre du band britannique se situe entre 1977 et 1990. Malgré de bonnes dispositions au chant, Paul Roberts ne s’est jamais vraiment imposé. Et d’abord recruté comme guitariste, à l’aube du millénaire, Baz Warne ne s’est reconverti au micro qu’à partir de 2006. Les deux vocalistes ne sont cependant jamais parvenus à faire totalement oublier Cornwell, raison pour laquelle les prestation ‘live’ ont alors souffert d’un goût de trop peu. En outre, Hugh était quand même un des deux compositeurs au sein de la formation, tant de la musique que des lyrics. Bref, avant d’assister au show de ces Stranglers, il y avait de quoi être dubitatif, surtout quand on a eu l’opportunité d’assister à un de leurs concerts, sous le line up originel.

Lorsque les rideaux s’ouvrent on découvre le logo du groupe de couleur jaune sur fond noir, en arrière-plan, et bien sûr le matos du combo, alors que les baffles crachent l’instrumental « Waltzinblack ». Le quatuor grimpe alors sur le podium d’un pas bien décidé. Jean-Jacques Burnel a la chevelure poivre et sel, Baz la boule à zéro, et Dave Greenfield, qui accuse quand même 70 balais, semble se cacher derrière sa panoplie de claviers. Le quatrième larron, Jim Mccauley, est un jeune batteur qui supplée Jet Black depuis 2013. Ce dernier ne participe d’ailleurs plus qu’aux sessions d’enregistrement. Et la formation semble bien décidée à en découdre avec la foule en ouvrant les hostilités par des titres percutants, pour la plupart issus des premiers elpees à l’instar de « Toiler on the sea », « I’ve been wild » et « Get a grip on yourself » qui ouvrent le concert. Car de « Peaches », le combo en a ce soir. En outre, Baz chante juste, dans un registre très proche de Cornwell. Et ça, c’est une bonne surprise ! L’attitude des gratteurs est menaçante, bien punk. La ligne de basse tracée par JJ vous rentre dedans. Warn est particulièrement incisif sur sa six cordes. Dave infiltre les compos de ses rituelles arabesques savoureusement baroques aux claviers. Il se sert d’un moog, pendant « Nice’n’sleazy ». Et le batteur dynamise l’ensemble de son drumming solide et précis. Un climat délibérément belliqueux qui va également déteindre sur les hits du groupe, comme « Skin deep », « Golden Brown » et « Always the sun », dont la foule reprend, bien évidemment, les refrains à l’unisson. La version du « Walk on by », signée Burt Bacaharach et Hal David, popularisée par Dione Warwick, est tout aussi agressive, alors que Greenfield nous réserve un petit solo vintage. Jean-Jacques Burnel se réserve le chant circonstanciellement, comme sur « Better change » ou « 5 minutes ». Et à l’issue d’« Unbroken », il nous balance quelques accords de basse sismiques avant d’embrayer par les fameux riffs qui allument « No more heroes », dont la foule, aux anges, reprend le refrain en chœur et qui clôt ce set épatant, couronné par une énorme ovation. Bras dessus, bras dessous, les musicos saluent l’auditoire, puis le sourire aux lèvres se retournent et présentent leurs séants. Humour bien punk… mais finalement une des plus belles surprises du festival…

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(Organisation W-Festival)

Brussels Summer Festival 2019 : vendredi 16 août

Ce vendredi 16 août, on est déjà à mi-parcours de l’édition 2019 du BSF. L’affiche de cette soirée propose un joyeux patchwork entre vieilles gloires des années 90, programmées sur la main stage, du rap, sur la scène du Mont des Arts et des futures stars à la Madeleine, en compagnie de Inüit et Whispering Sons. Focus d’abord de Lina sur les deux concerts principaux qui vont se dérouler sur la Place des Palais, ceux de Manic Street Preachers et Hooverphonic.

19h00, les premières notes de « Motorcycle Emptiness » crissent sous le ciel morose de ce début de soirée. Le public, certes épars, semble déjà tout acquis à la cause de nos Gallois préférés et certains spectateurs motivés sautillent déjà de bonheur dans la fosse. Le groupe qui fête cette année les 20 ans de son mythique album, « This is my truth, tell me yours », gratifie l’audience d’une setlist reprenant ses plus grands succès tout en faisant la part belle à cet elpee. Les hits s’enchainent à une folle allure : depuis « You love us » aux relents punk, à la ballade contestataire « A design for Life Bradfield ». La voix de James Dean Bradfield est intacte, malgré le poids des années (NDR : le band est né en 1986 !) et le bassiste Nicky Wire a toujours ce look bien punk très caractéristique… Le show est court, intense et sans surprise. Comme chaque année, le combo s’autorise une reprise. Après avoir adapté une compo de Rihanna et une autre de Cure, Manic Street Preachers s’attaque au « Sweet Child Of Mine » de Guns N' Roses. Version un peu molle, il faut l’avouer. On aurait largement préféré hériter d’un titre de plus de son répertoire. Dans la foule, on remarque la présence d’un fort contingent de compatriotes du groupe. Et de leur drapeau qui s’agite et claque au vent de la nostalgie… Le concert s’achève par « If you tolerate this, your children will be next »…  Signe qu’il est impératif de se tourner vers le futur…

Le temps de se désaltérer et la foule commence à s’agglutiner face au front stage. Les premières gouttes de pluie commencent à tomber… Mais serait judicieux de déjà se placer idéalement pour assister au concert de Hooverphonic. En ce qui concerne cette formation, la question n’est plus de savoir quels seront les titres joués mais bien qui les interprètera. Après avoir vu se succéder toute une série de vocalistes, c’est aujourd’hui la très jeune Lukas Cruysberghs qui se consacre au micro. Elle a vécu un véritable conte de fées pour en arriver là. En 2017, elle se présente au télécrochet ‘The Voice van Vlaanderen’ en interprétant « Mad About You ». Dans le jury, Alex Callier, tête pensante du groupe la remarque et lui offre la victoire sur un plateau. Il lui propose alors la place tant convoitée de chanteuse. Plutôt sceptique, la voix de la donzelle sur album m’avait conquise. Fallait donc vérifier sur les planches ! Et bien, Lukas semble déjà se comporter comme une artiste chevronnée. Elle chante, danse, se change en un éclair, passant du noir au rouge, et s’approprie du haut de ses 18 printemps les succès du band, les réinvente et leur donne de nouveau cette dimension un peu trip hop de ses débuts.  Son interprétation est toute en émotion par rapport à la voix puissante de Geike. Elle ouvre le concert tel un chaperon rouge, plus tard réapparaît dans une combinaison noire cintrée et bottée, avant d’adopter la cape pailletée. Elle est phénoménale sur « Mad About You », communique un côté bien plus léger à « The night before » et revisite « Jackie Kane » avec un petit côté espiègle sûrement dû à sa jeunesse. Un bien beau concert et une bien belle soirée !

Pendant ce temps, Liesbeth est déléguée pour assister aux concerts qui se déroulent en la salle de la Madeleine. La distance entre les deux points de chute, ainsi que les horaires qui se chevauchent, nécessitent, en effet, d’opérer un choix. C’est aussi la soif de découverte et la curiosité qui la guide jusqu’à la Madeleine. Inüit s’y produit. Ce jeune groupe nantais fait la part belle aux percussions sur fond de claviers électroniques, rehaussant certains de ses morceaux de cuivres. Son dernier album, « Action », est paru l’an dernier, un premier elpee qui fait suite à « Always Kevin », un Ep publié en 2017. Le set de la formation est varié et nous réserve des rythmes et mélopées tribales ainsi que de la dance sur fond de mélancolie. La prestation s’ouvre par « Body lies ». Coup de cœur immédiat ! La chanteuse, Colinne Rio, éclabousse la salle de sa fraîcheur. Elle bondit d’un côté à l’autre du podium ou va prêter main forte à l’un des percussionnistes. Colinne incite également le public à participer au show. Et tout particulièrement tout au long de « Dodo mafusi » ou encore sur une chanson revendiquée comme engagée contre la politique de Trump (« We the people »). On regrettera juste l’éclairage trop tamisé, dans le style d’une discothèque underground berlinoise. Un light show qui complique le travail de notre photographe, mais nous empêche aussi d’admirer les nombreux musiciens en arrière-plan. Mais n’empêche, une énergie (positive) est libérée tout au long du spectacle, énergie très susceptible de rappeler les fins de concerts de Foals.

Changement d’ambiance ensuite en compagnie de Whispering Sons. Son premier opus « Image », paru en 2018 a été salué par la critique. Et malgré leur jeune âge, ces Limbourgeois ont aligné les dates à une cadence impressionnante, aussi bien lors des festivals qu’en salle. Aussi serait-on tenté de dire qu’il ne s’agit plus d’une découverte. Le groupe, aujourd’hui rôdé, nous réserve un set impeccable. Même si le show et le climat qu’il entretient sont davantage captivants au sein d’espaces plus petits. Résultat des courses : le spectacle me transporte beaucoup moins que lors de précédentes prestations accordées au Salon de Silly ou à l’Eden de Charleroi, par exemple. Faut dire aussi que l’auditoire réunit beaucoup moins d’aficionados du post-punk, et un peu plus de bobos bruxellois. A mon humble avis, pas sa meilleure prestation, même si elle est techniquement irréprochable. Fenne n’a pas été époustouflante. Maintenant, est-ce dû à l’effet de stupéfaction face à la découverte du prodige qui s’est estompé ou parce que le set et la gestuelle scénique sont à présent parfaitement au point ?

De l’avis unanime, l’éclat de ce site, la convivialité des lieux et sa facilité d’accès constituent les points les plus forts de ce festival. Au final 57 000 spectateurs seront comptabilisés sur les 5 journées, de quoi réjouir les organisateurs et les 545 bénévoles qui ont contribué à cette édition.

(Organisation : BSF)

Voir aussi notre section photos ici

Inüit + Whispering + Manic Street Preachers + Hooverphonic.

Park Rock 2019 : jeudi 15 août

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De nouveau-né, le Park Rock est aujourd’hui devenu un bel adolescent de seize ans. Alors, en guise de cadeau, les organisateurs ont misé sur une pléiade de covers bands tentant de réincarner Iron Maiden, Guns N' Roses, Led Zeppelin, Motörhead et Thin Lizzy, mais également des artistes pluralistes émergents ou confirmés.

On ne peut pas dire que le public se soit pressé au portillon, en ce jeudi du 15 août, pourtant jour férié. Une affiche trop éclectique ? La pluie venue jouer les troubles fêtes ? C’est vraiment dommage !

C’est à la suite des prestations de Fitz, Stand for et Dr Voy que votre serviteur débarque sur la plaine du parc de Baudour, un endroit superbement boisé et verduré.

Une seule scène trône au milieu du site. Des jeux pour enfants ont été dispersés afin de laisser papa et maman s’en foutre plein les portugaises sans avoir le fiston sur le paletot. Fûté quand même !

Les personnages en jupons noirs qui se produisent à ce moment-là ne sont pas des gonzesses, mais Les Black Tartans. Gros bras, tatouages, et poils sur le menton, constituent grosso modo le profil type de ces musicos.

Des habitués des lieux, puisqu’ils avaient déjà été programmés, lors d’une précédente édition. Un changement dans le line-up a été opéré en 2017. Une première pour le batteur, aujourd’hui, qui semble avoir focalisé la dizaine de paires d’yeux sur sa personne...

Les BT sont à la musique, ce que Maïté est à la cuisine, un savoureux mélange de punk rock mélodique épicé par des instruments traditionnels celtiques. Vous secouez le tout et vous obtenez un punk rock explosif et particulièrement remuant, histoire de réveiller la vitalité des plus réceptifs...

Quitte à rester dans le bruit, autant y aller à ‘donf’ en compagnie des métalleux de Bukowski. Ils nous viennent d’outre-Quiévrain. De Paris exactement. Le patronyme se réfère, bien évidemment, à Henry Charles Bukowski, romancier et poète américain.

Survolté, le combo livre un rock aux accents stoner mais également hardcore. La fougue démentielle manifestée tout au long de « Brother forever » ne draine hélas que quelques courageux, le temps d’un pogo sans précédent…

A charge de Z-Band de calmer quelque peu les esprits.

Fondé en 2015, il réunit le drummer Jerry ‘Jay’ Delmotte, le guitariste Morgan ‘Dweez’ Tuizir, le bassiste Michel Vrydag et le chanteur Matthieu Van Dyck.

Le combo est venu défendre son second opus, « Apocaliquids », tombé dans les bacs depuis quelques mois déjà, un disque qui succède à « No Loose Behavior », essai qui avait été propulsé dans le top 50 belge.

Camouflé par un ersatz de bonnet sur la tête surmonté de cornes estampillées ACDC, le guitariste s’en donne à cœur joie. Quant au bassiste, ses cheveux longs et ses yeux complètement révulsés en disent long sur son degré d’implication dans le set.

Déjà à l’affiche, lui aussi, il y trois ans, le groupe puise ses influences majeures au sein des 90’s, aussi bien dans le rock, le funk que le métal, Alice in Chains, Audioslave, Incubus et Extreme, en tête. Et « Yyyy’Id » en est une belle illustration. Cependant, il est également apte à torcher des compos plus douces mais sulfureuses, comme « Do Need Love ».

Autre style et autre ambiance pour Blond, responsable d’un electro/rock survitaminé. Mais la faim commence à tenailler l’estomac de votre serviteur depuis quelque temps déjà. Il est donc urgent de se remplir la bedaine et de se désaltérer au sein de l’espace VIP, situé derrière la grande scène.

La pénombre s’invite doucement pour LYS. Logique lorsqu’on sait que la programmation accuse environ trente minutes de retard.

Quatuor breton, LYS jouit maintenant d’une authentique crédibilité outre-Manche. Un premier long playing remarquable lui a permis de se produire en Europe, et notamment à Londres, mais également aux Etats-Unis, au travers de grands festivals comme le SXSW d’Austin ou le CMJ de New York, en 2013, ainsi qu’en Chine au MIDI de Shanghaï et Beijing, en 2014.

Cerise sur le gâteau, le dernier LP en date a bénéficié du concours du fameux producteur anglais Paul Corkett (The Cure, Björk, Nick Cave, Radiohead, Fiction Plane, Placebo…) ainsi que de Craig Walker (Archive, The Avener).

Repéré par une grande marque de vêtements qui a sorti une ligne à son nom (‘LYS by IKKS’) en 2012, il a profité de cette opportunité pour se produire en showcase dans les magasins de cette enseigne ; ce qui lui a valu d’élargir encore un peu plus sa cote de popularité.

Le line up a beaucoup changé depuis ses débuts. La préposée à la basse, qui attirait autrefois tous les regards, est désormais remplacée par (la charmante) Manon. Brunette et toute menue, c’est la troisième à se consacrer au plus long manche, depuis la constitution du groupe, en 2008. Que les fans se rassurent, après 2013, les musiciens sont… plus ou moins les mêmes…

Autant y aller tout de go, c’est essentiellement Steve Hewitt (ex-batteur emblématique de Placebo), derrière les fûts, qui polarise la curiosité des spectateurs. On dirait, à s’y méprendre, un cousin de Biolay !

Les premiers riffs de « Redbud » baignent au sein d’un climat festif et communicatif ; une musique plus rock et plus mature que sur le précédent opus.

La capacité à concocter des hymnes pop/rock bien ‘british’ est confirmée par « One Day », dont la ligne mélodique est proche de celle tracée par Placebo. Et si LYS en devenait le digne successeur ?

Très loin des premières répétitions dans ce vieil hangar breton, les compos interprétées dans la langue de Shakespeare sont biberonnées au rock alternatif, aussi bien issu des années 80 que contemporain, et se distinguent par leur rythme obsédant (« Look in your ass », « Last night ») ou ses mélodies très pop (« Falling Apart », « The mistake »).

Armé de sa gratte électrique, Anthony communique à l’ensemble une couleur particulière et chaude, tout en cherchant à créer une certaine intemporalité dans les sons et les arrangements, comme chez les valeurs confirmées insulaires auxquelles ils se réfère…

Un set trop court qui s’achève par « In my mind », premier jet prometteur du leader, Nicolas, qui venait tout juste, sans le savoir, de hisser le drapeau tout en haut du mât.

Au tour de Romain Humeau et sa clique de poindre le bout du nez. Il y a enfin du peuple ! A vue de nez, il doit y avoir 2 ou 3.000 personnes à tout casser. Pas assez, pour un band de cette envergure. Mais, n’est-ce pas suffisant finalement ? Ne vaut-il pas mieux jouer devant une poignée de passionnés que face à 150 000 pèlerins dont les trois quarts sont bourrés ? La messe est dite !

« Stupor machine », le dernier elpee d’Eiffel –dont le patronyme est inspiré d’un titre (« Alec Eiffel ») qui figure sur l’album « Trompe le monde » des Pixies– est paru en avril dernier. Il a quand même fallu attendre 7 longues années avant qu’il ne se décide à enregistrer son septième opus. Une longue absence qui a alimenté bien des rumeurs, dont celle de l’arrêt définitif de l’aventure du band.

Durant tout ce temps, Humeau ne s’est pas assis sur ses lauriers, gravant trois albums, malheureusement moins médiatisés, son nom restant sans doute associé à celui de l’ensemble.

Son leader charismatique porte une marinière complètement démodée, tandis que sa comparse à la ville et à la scène, Estelle, arbore une chevelure en forme de poulpe. C’est la préposée à la basse.

Bien entendu, la formation est venue défendre son dernier LP.

L’électrique « T’as tout, tu profites de rien » donne le ton d’une prestation qui restera dans les mémoires. Un jeu où guitare survoltée et basse puissante viennent épouser à merveille une rythmique tonitruante sur une ligne mélodique soignée et des lyrics pour le moins engagés. Y en a dans le pantalon !

« Il pleut » (doux euphémisme), incarne à lui seul le talent d’écriture de Romain, digne de la bonne chanson française. Espérons toutefois qu’au vu des nombreux nuages sombres qui menacent, il ne transforme pas l’eau en « Cascade ».

Caractérisé par son sifflotement à la Micheline Dax, « À tout moment la rue » entraîne l’auditoire dans une sorte de ‘(chasse) Spleen’ pour le moins déroutante. Les puristes se souviendront que Bertrand Cantat assurait les chœurs dans la version studio.

Chez de nombreux artistes émergents, les chansons se construisent, en grande partie, en fonction des arrangements. Chez Eiffel, le renouvellement ou la modernité ne passe pas par l’outil mais par la manière dont on s’en sert. Le tubesque « Chocho » en est la preuve la plus éloquente.

La formation évoque tour à tour des thématiques fortes et incisives. Quel est le propre de l’artiste aujourd’hui ? Conscientiser, bousculer ou simplement divertir ?

Que ce soit par les sonorités acides et les textes surréalistes de « À tout moment », « Abricotine », « Le Quart d'heure des ahuris » ou encore « Stupor Machine », une compo qui décrit notre mode de vie tout en peignant en sombre notre avenir, le combo continue à entretenir la flamme chez les fidèles aficionados…  

Aucun doute, Eiffel et son poète maudit, entre passion et idéologie, est fin prêt pour grimper sur le haut de la tour.

Les Fatals Picards ont la délicate charge de clôturer cette édition. Fondé en 2000, ces joyeux lurons mêlent humour au second degré et engagement, en se servant d’une multitude de genres musicaux, oscillant de la chanson française au punk, en passant par le rock.

Un genre qui passe mal chez votre serviteur. Il préfère prendre ses jambes à son cou plutôt que s’infliger cette (mauvaise) plaisanterie.

Bref, un festival qui n’aura certainement pas brillé ni la présence du soleil, ni par celle de sa programmation trop légère et disparate, malgré quelques moments forts, s’achevant fatalement (ou tristement selon) par un candidat à l’Eurovision de 2007…

(Organisation : Park Rock)

Fitz + Stand for + Dr. Voy + Black Tartans + Bukowski + Z-Band + Blond + Lys & Steve Hewitt + Eiffel + Les Fatals Picards

Lokerse feesten 2019 : mardi 6 août

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Le festival de Lokeren souffle déjà, cette année, ses 45 bougies. Pendant 10 jours, cette petite ville de 40 000 habitants, située entre Gand et Saint-Nicolas, est envahie d’aficionados de musiques actuelles, en tout genre. Après la soirée métal du dimanche, place au ‘Punk day’, ce mardi 6 août.

Dès 19 heures, une figure emblématique de ce mouvement ouvre les hostilités : Marky Ramone’s Blitzkrieg. Dernier survivant du célèbre band new-yorkais Ramones –si on ne tient pas compte de Richie qui l’a remplacé à la batterie, entre 1983 et 1988– Marky, outre son groupe fétiche, possède une longue carrière derrière lui. Après avoir siégé derrière les fûts chez Dust, il a rejoint The Voidoids en 1977 et The Electric Chairs en 1978. Après la dissolution des Ramones en 1996, il a aussi sévi comme batteur chez Misfits, se produisant nommant dans le cadre du festival de Dour, en 2004. Avant de participer également à différents collectifs comme Marky Ramone and the Intruders ou celui qui nous concerne ce soir. Après une courte intro vintage (« Park avenue beat », le thème de Perry Mason), le band déboule sur les planches. A tout seigneur tout honneur, Marky s’avance en premier et scande au micro sa célèbre devise ‘Hey ho let’s go’, que le public reprend plusieurs fois en chœur.  ‘Yeah, it sounds great’ se réjouit-il avant d’aller s’installer derrière la batterie, place qu’il ne quittera plus durant les 45 minutes de show. Et ce ne sont pas moins de 21 titres qui vont défiler tambour battant et sans le moindre temps mort. « Rockaway Beach », « Sheena is a punk rocker », « Beat on the brat », « Gimme gimme shock treatment » ou encore « I wanna be edated » sont autant d’hypercuts décochés par le band et appuyés par l’ancien guitariste de Bad religion, Greg Hetson…

Autre légende du punk, The Damned s’empare ensuite de la Main stage. Formé dans la banlieue de Londres à la grande époque (1976), il a aussi surfé sur la vague gothique et new-wave, au cours des eighties. Derrière le leader Dave Vanian, et ses allures de vampire, le line-up de ce band n’a cessé de changer. A la guitare, le Captain Sensible (NDR : déjà vu au W-festival en 2018) ou encore Monty Oxymoron aux claviers sont les musicos les plus fidèles. C’est aussi sur l’intro d’une vielle série TV (‘The avengers’) que la formation débarque sur le podium. « Love song » rappelle immédiatement qu’elle a classé pas mal de singles dans les charts UK. En moins de 2’, le très punk « Machine Gun Etiquette » nous réserve une véritable déferlante de riffs ; une formule qu’on retrouvera, un peu plus tard, lors de la reprise du MC5, « Looking at you ». Autre single, « New rose » est toujours aussi fringant. Tout comme « Neat neat neat », moment choisi par le chevelu Monty pour s’emballer et se lancer dans une chorégraphie fort hasardeuse, à l’avant de la scène. En finale, le combo va adresser un petit clin d’œil à la Belgique, en adaptant le « Ça plane pour moi » de Plastic Bertrand, dans une version plus proche d’Elton Motello que de Roger Marie François Jouret. Un an plus tôt, Captain Sensible avait aussi exécuté la même cover, en fin de parcours…

Votre serviteur avait déjà zappé le concert d’Heideroosjes, il y a quelques semaines, lors du festival Rock Zottegem. Bien qu’il ait signé chez Epitaph, le punk/rock de ces Bataves m’a toujours paru un peu bourrin, tout comme leur attitude sur scène. Même s’ils semblent plaire aux fans du Nord du pays, une migration vers la Red Bull Music Room s’impose, d’autant plus qu’elle est indoor et que quelques averses commencent à s’abattre violemment sur la place.

Sponsorisée, elle est marquée par les couleurs éblouissantes –bleu et rouge– de la marque de cette boisson énergisante. En tout cas, la programmation y est intéressante et nous réserve des talents wallons, liégeois très précisément, comme It it Anita et Cocaine Piss. Un autre exemple de l’ouverture d’esprit affichée, en matière de culture, de l’autre côté de la frontière linguistique. Pas sûr que nos festivals wallons prendraient, eux, le risque de programmer des artistes flamands, préférant plutôt se limiter aux cover bands. Bref, c’est un plaisir de revoir It it Anita, dont le shoegaze/noise/math rock très efficace, navigue quelque part entre Fugazi, 65daysofstatic et A place to bury strangers. Et d’assister à l’hystérie que son set déclenche chez nos voisins. Il faut dire que littéralement déchaînés, les musicos se dépensent sans compter. Le point d’orgue su show sera atteint lorsque le chanteur s’invite au milieu de la foule. Suivi ensuite par le batteur, torse nu et dégoulinant de sueur, qui emporte avec lui ses cymbales…   

Dans la foulée, Cocaine Piss, embraie et va entretenir la flamme. Sa musique est inclassable, la chanteuse hurle toujours autant alors que le guitariste surfe aussi bien sur le rock garage que le punk survitaminé. Et la prestation est accueillie tout aussi favorablement, malgré des morceaux qui frisent la saturation…

Est-il encore utile de présenter NOFX ? Originaire de Los Angeles, il s’est formé en 1983 et a signé une bonne dizaine d’albums sur le label Fat Wreck Chords. Il devra cependant attendre le boom indie de 1994 pour connaître un succès plus populaire, grâce à « Punk in drublic » (NDR : mythique, cet elpee date déjà de 25 ans ; ce qui ne nous rajeunit pas !) Sur les planches, les musicos sont encore bien déjantés. Fat Mike, le leader, est vêtu d’une robe. Coiffé de ses fameuses dreadlocks, Eric Melvin se charge de la guitare rythmique. Après la courte intro « Time Warp », le set embraie par « Dinosaurs Will Die » et « Les Champs-Elysées », deux morceaux bien barrés. El Hefe souffle dans sa trompette, alors que Fat Mike fait de son mieux pour aligner quelques paroles en français. Erik Sandin lance chacun des titres à la batterie, après de longs discours. Pendant « Bob », une chanson caractérisée par son refrain ‘15 years’, le band s’étonne des 45 années d’existence du festival : ’Woawww 45 years, this festival is older than we are !’ Dans la fosse, les pogos ne cesseront tout au long d’un set, propice à la bonne humeur. Car pour avoir la chance de les croiser ensuite en backstage, on peut vous assurer qu’ils sont en permanence dans l’énergie et la grosse déconnade. 

Un crochet par la Red Bull Music Room était souhaitable pour SONS, mais l’entrée est saturée de monde, et vu la chaleur étouffante qui y règne, ce n’est sans doute pas une bonne idée de vouloir y accéder à tout prix. Mais le succès de ce groupe belge n’est pas tellement étonnant, quand on sait qu’il a décroché un prix attribué par Studio Brussel, et que son premier opus fraichement sorti, « Family dinner », s’avère très prometteur.

Il est déjà minuit quand Offspring grimpe sur l’estrade. Elle est un peu loin la grande époque des 90’s où le groupe trônait en tête d’affiche, à Werchter. D’ailleurs en 2018, c’est tout en bas de de celle-là, en ouverture et à partir de 12h30, qu’il était programmé dans le cadre du Pinkpop. Dexter Holland semble avoir pris vingt kilos depuis, et rame toujours autant au chant, même s’il semble s’être amélioré (NDR : à moins que ce ne soit grâce à la technologie autotune ?). En tout cas, il peut s’appuyer sur Kevin Wasserman qui continue à se démener comme un beau diable, sur sa gratte. « Americana », « All I Want » et le tubesque « Come Out and Play », en ouverture, plantent le décor. Avant d’introduire un nouveau titre, « It won’t get better ». Le solo au piano concédé sur « Gone away » accorde à la foule un bref répit ; mais on se demande pourquoi le band trimbale ce piano en tournée, alors qu’il ne sert que pour un seul titre. En fin de set, Fat Mike qui ne s’est toujours pas changé, vient prêter sa voix à « The kids aren't alright ». Avant un rappel assez bref : « You're gonna go far, kid » et le hit « Self esteem ». Un show sans grande surprise mais finalement pas décevant non plus. D’ailleurs les quadras semblaient ravis, à son issue…

(Voir aussi note section photos ici)

(Organisation : Lokerse feesten)

Marky Ramone’s Blitzkrieg + The Damned + Heideroosjes + It It Anita + Cocaine Piss + NOFX + SONS + Offspring

Ronquières festival 2019 : dimanche 4 août

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Les jours se suivent et… décidemment, se ressemblent beaucoup à Ronquières… A la différence près que le soleil s’est invité. Shorts et t-shirts ont remisé au placard, pantalons et gilets.

A peine commencé, le festival se la joue déjà ‘star’ et déroule son tapis… vert (enfin, ce qu’il reste d’herbe) pour accueillir le peuple venu en masse se rincer les portugaises...

L’échafaudage mis en place pour étançonner le plan incliné n’a pas bougé ; de quoi rassurer les inquiets ! Il continue néanmoins de causer bien des tracas lors des déplacements entre les scènes, faut-il le répéter…

Le line up du jour est très riche. Eclectique aussi ! Du rock, du rap, de la pop, de la chanson française, du connu et du très connu. De quoi satisfaire le plus de mélomanes possibles.

Grandgeorge (et c’est un euphémisme) achève son set lorsque votre serviteur débarque enfin sur le site. 

Cet ancien ingénieur a préféré conserver sa gratte plutôt que son costume/cravate pour embrasser une nouvelle carrière.

C’est surtout « So Logical » qui lui a permis de se tailler un nom dans le milieu, se forgeant ainsi une véritable crédibilité.

Il s’était produit, ici en 2015, se rappelle-t-il, avant d’entamer un « So fine » qui démontre déjà toute sa capacité à torcher des mélodies imparables que ce soit au sein d’un univers acoustique ou contemporain.

Une black bien en chair assure le backing vocal soulignant impeccablement des sonorités pop et afro, tandis que Xavier Bouillon au clavier (qui militait notamment chez Lemon Straw), communique cette petite touche électro à l’ensemble...

Bref, une prestation chargée de bonne humeur communicative…

RO X Konoba prend le relais. Deux jeunes gaillards qui ne doivent pas avoir plus d’une vingtaine d’années, à tout casser !

Originaire de Wavre, Raphael Esterhazy est à l’origine du projet. Suite à une collaboration avec Olivier Rugi (le compositeur et producteur R.O), initiée en 2015 sur « On our Kness », et une aventure partagée lors du Sziget Festival, à Budapest, en 2017, les deux artistes décident de poursuivre cette coopération et publient « 10 », un elpee recelant (comme s’il était évident de le dire) dix chansons, dans dix pays différents, pendant une période de dix mois, Projet réalisé grâce à la générosité de la sphère internet. Merci qui ?

Le voyage commence par la Géorgie, ancienne république soviétique riche en villages caucasiens et plages qui bordent la mer Noire, à mi-chemin entre l'Europe et l'Asie. Un pays qu’il invite à visiter et que reflète « Till we get there », une ballade empreinte de nostalgie…

La paire d’as s’envole ensuite vers les Pays-Bas pour composer « I need you with me », un morceau à la fois rafraichissant et dansant.

En guise d’escale, la cover du « Rockstar » de Post Malone est bien difficile à distinguer, si ce n’est en prêtant une oreille plus qu’attentive. On est très loin de l’univers du rappeur et réalisateur artistique originaire de Dallas…

Ensuite, direction vers est l’Asie de l’Est, quelque part entre l’océan Pacifique et la mer du Japon, à l’est de la Chine, de la Corée et de la Russie, et au nord de Taïwan. Pour un « I could be » sautillant, une compo particulièrement énergique. Besoin d’aide pour résoudre l’énigme ? Il s’agit du Japon bien sûr !

Bref, de la France à l’Australie, en passant par la Pologne et la Roumanie, le périple R.O et Konoba ressemble à une carte postale qui permet à l’auditoire de rêver les yeux ouverts…

En quittant ses invités, il se murmure que le clip de leur nouvelle chanson sera filmé dans l’enceinte du festival pas plus tard qu’en fin de journée. Mais motus et bouche cousue, les murs ont des oreilles…

Cheveux hirsutes, un petit bonhomme déboule à tribord : Adam Naas. Un Parisien qui s’est révélé en 2016, grâce à son titre « Fading Away ».

Malgré son côté rebelle, se cache un personnage sensible et touchant. Sa maîtrise de la voix, aussi bien dans les aigus que les graves est impressionnante.

Malheureusement ses frasques verbales ne plaisent pas nécessairement au plus grand nombre et surtout aux oreilles chastes. Pourquoi privilégier les propos salaces quand on a suffisamment de talent pour se faire remarquer ?

En tout cas, votre serviteur n’attend pas la réponse à la question posée : ‘Qui aime le cul ici parce qu’elle –en parlant de la jeune musicienne plantée derrière lui– ‘mane’ du cul tous les jours’…

Et si ces propos n’étaient que le pendant d’un traité philosophique ?

Pourtant souffrante (elle aurait chopé une gastro), Clara Luciani a réussi le pari de rester sur (la) les planche(s) (NDR : désolé pour le mauvais jeu de mots !)

Elle est manifestement heureuse de retrouver le sol belge. En s’adressant à leurs citoyens, elle déclare que sont les meilleurs, devant une foule en délire.

Après une tournée de plus de deux ans et au moins cent dates au compteur, Clara semble avoir envie de se livrer totalement et de profiter du moment présent, comme s’il s’agissait à la fois de la première et de la dernière de son périple...

Lorsqu’elle se met « Nue », la chanteuse dévoile (une partie seulement) de son intimité hors des projecteurs. Inutile de préciser que seuls les hommes prennent leur pied (mais pas leurs jambes à leur cou !)

Quelque part entre chanson française, rock sophistiqué et pop mélancolique, la Marseillaise d’origine n’improvise pas ; elle bouscule les conventions et défend ses idéaux en signant le combat d’une femme qui peine à trouver sa (juste) place, dans une société qui privilégie l’inégalité des sexes…

Sa voix grave et chaude est souvent comparée à la regrettée Nico (NDR : une véritable icône du rock qui assurait les vocaux sur le premier elpee du Velvet Underground) ou à Françoise Hardy, une identité vocale devenue aisément reconnaissable…

L’univers qui la hante surprend et nous offre une belle palette de sentiments, tantôt graveleux, tantôt atmosphériques. Avec ceux qu’elle admet bien vouloir partager le temps d’un soir avant que sa vulnérabilité ne la rattrape insidieusement comme conjuré par un sort indélébile.

« La dernière fois », limité au piano/voix souligne une courbe particulièrement déchirante, cette chanson s’immisçant dans une (de ses) rupture(s) amoureuse(s).

Direction « La baie », une reprise de « The Bay » de la clique à Joseph Mount (Metronomy). Un véritable travail de réappropriation artistique.

Elle martèle imparablement le refrain de « Grenade », une compo qui s’impose désormais comme un hymne révolutionnaire féministe par excellence. Une manière explosive de s’étendre et surprendre.

En filigrane de cette prestation, on discerne le combat d’une femme dans un monde encore dominé par les hommes à travers des textes incisifs et sexués qui, s’ils parviennent à émouvoir, voyager et danser, suscitent la réflexion sur l’égalité hommes/femmes.

Biberonné par Brel, Brassens ou encore Barbara, Eddy de Pretto a depuis le début ce pouvoir extraordinaire d’utiliser les mots pour fédérer et inviter l’auditeur à s’interroger sur le monde et toutes les vicissitudes de la vie.

L’espace scénique est très épuré. Comme l’individu ! Seul élément envahissant, une batterie, bien achalandée. Les fûts et les cymbales foisonnent...

Casquette vissée sur le crâne, Eddy entame son tour de chant par « Kid », titre qui fustige la virilité abusive et l’homosexualité refoulée par le conservatisme sociétal. Le public connaît par cœur ce titre multi radiodiffusé.

Après s’est rendu quasi-coupable d’assurer sa dernière de l’été, « Jimmy » s’invite dans une playlist aléatoire sur « Ramdom » pour embrayer par « Mamère », une manière pour lui de régler ses comptes avec celle qui semble ne pas lui avoir donné le sein : ‘Si seulement j’avais bu ton lait, ma mère, ma mère’ souligne-t-il avec regret.

Si cette bande son, ressemblant davantage à un ‘best of’, ravit le plus grand nombre, elle frustre les plus exigeants qui regrettent la trop grande prévisibilité du show.

Alors que d’habitude, son ‘smart’, objet de toutes les convoitises, ne le quitte jamais, il semble s’y être désintéressé ce dimanche. Signe des temps qui changent ou est-ce dû à la distance tout simplement trop importante qui me sépare du podium ?

Quoiqu’il en soit, sa « Fête de Trop », sorte de quatrième de couverture, exorcise muqueuses, amants de passage, mecs chopés ou encore rails de coke enfilés. Si cette recette n’est pas à mettre entre les mains de n’importe qui, elle reste néanmoins taillée pour le live !

Bigflo et Oli commencent mal. Un problème technique s’est malencontreusement invité.

En attendant, les spectateurs peuvent contempler un plateau bien assorti. Au centre, un bâtiment couleurs pastel laisse apparaître deux grandes portes au-dessus desquelles est mentionné l'inscription ‘La vie de rêve’, un titre tiré de leur dernier opus.

Après dix bonnes minutes, émergent sur deux écrans géants latéraux, plusieurs personnalités, sur fond de conseils et de moralité. Que du beau monde ! De Jamel Debbouze à Will Smith, en passant par Michel Drucker et… Didier Deschamps. Moment choisi par la fosse pour copieusement huer le personnage pendant de nombreuses secondes, manifestement furieuse de ses choix tactiques, lors de la dernière coupe du monde de football...

Les lascars ont acquis une certaine célébrité chez nous en devenant jurés dans une célèbre émission de télé crochet.

Ils sont heureux de (re)venir en Belgique. Alors que les avis divergent pour connaître quelle est la meilleure ville belge, l’hymne improvisé ‘Quand on vient en Belgique, tout est magique’, vient semer le doute quant aux lieux les plus accueillants. Liège, Namur ou Bruxelles ? Mons se positionne en outsider. 

Le premier disque des frangins, « La Cour des grands », gravé en 2015, est certifié disque d'or moins de quatre mois après sa sortie, puis de platine en France. Le second format « La Vraie Vie », tornade musicale, devient disque d’Or après seulement trois semaines d’existence...

Fumigènes et feux de Bengale éclatent dès les premières notes de « Nous aussi 2 », mettant en lumière un show qui visiblement sera grandiose.

Tandis qu’« Alors alors » confirme ô combien, loin des clichés du genre, le discours du combo est authentique, « Bienvenue chez moi » éloigne les frangins du prisme critique et de la provocation à tout prix.

De la famille, il en sera évidemment question tout au long de ce « Papa », qui symbolise chez eux la loi, l'ordre, le guide, le pôle complémentaire à la fonction maternelle, mais surtout celui qui a toujours été là malgré tout, son pilier... C’est alors que des images de leur passé défilent retraçant l’échelle du temps d’une courte, mais intense vie.

Ersatz d’essai philosophique « Plus tard », leur ouvrira les yeux sur le monde qui les entoure en se plongeant dans l’enfance. C’est un truisme, mais le futur, n’est-ce pas ce qui est à venir ? Et l’avenir, qu’est-ce donc, sinon ce qui se produira ? C’est tellement évident !

« Sur la lune » dévoile une autre facette de leur personnalité, plus fragile, sous forme de bilan à la lueur de plusieurs dizaines de milliers de smartphones.

Après s’être exercés à battre le record du monde de rapidité dans le rap, « Dommage » rappelle combien il est important de réaliser ses rêves : ‘Il vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets’.

Et si les deux avaient enfin découvert le secret de « La vie de rêve » ?

A 22 heures, la pénombre s’est invitée aux côtés de Hooverphonic.

Le duo formé par Alex Callier et Raymond Geerts a donc déniché une nouvelle chanteuse. Elle s’appelle Luka Cruysberghs. Elle a remporté la version flamande de The Voice.

Celle qui pourrait être leur fille (leur petite fille ??), apparaît toute menue. Timide, elle succède à Noémie Wolfs, qui s’est barrée en 2015. Ce n’est pas la première fois que le tandem rencontre ce problème. Mais comment garder un navire à flots lorsqu’on change si souvent de figure de proue ? Faudrait peut-être demander à Esther Lybeert, Liesje Sadonius, Kyoko Baertsoen ou encore Geike Arnaert…

« 2 Wicky » ouvre les hostilités. Imprimé à contretemps, le drumming est assuré par un batteur plutôt grassouillet. Morceau sympa, mais un peu mou du genou pour une entrée en matière…

Luka est en retrait et éprouve des difficultés à appréhender les milliers d’yeux jetés sur elle, telle une proie…

Ce n’est qu’à partir d’« Eden » (NDR : non, non, pas Hazard !) et son mode down tempo que la donzelle exploitera au mieux son potentiel vocal.

Passant d’une cape noire à une jolie robe rouge sexy, « Vinegar&salt » démontre toute la faculté d’adaptation chez ce petit bout de femme.

Pas question de querelle linguistique ou politique chez Hooverphonic. Issu du Nord de la Begique, il se porte volontiers porte-drapeau d’un pays tout entier, peu importe la langue dans laquelle on s’exprime. Un peu ‘bateau’, certes, mais qui fait mouche auprès des festivaliers.

Les refrains entêtants de « Hiding in a song » et « Mad About You » alimentent des excellentes compos qui et mettent en exergue le degré d’exigence des fondateurs.

Les langues de Voltaire et de Shakespeare s’opposent ensuite lors d’un superbe « Badaboum » aux relents électro pop.

Enfin, quoi de mieux pour terminer un show par « Amalfi », pour Hooverphonic ? Un titre composé par Alex Callier pour sa femme en hommage à la Commune du même nom située dans la province de Salerne, dans la région de Campanie, en Italie.

Le clou du spectacle se joue à tribord ! Dire que dans quelques heures, il n’y aura plus âme qui vive. Tout ce beau monde sera rentré sagement chez lui, des rêves et de jolis souvenirs en tête…

A 23 heures pétantes, Zazie apparaît sous un rideau tantôt rouge, tantôt bleu. Les lights se chargeant d’en changer régulièrement…

Elle est en quelque sorte une habituée des lieux. Elle était déjà à l’affiche, il y a trois ans déjà…

L’ambiance est électrique. La chanteuse se démène pour faire vivre sa passion aux quelques 48 000 festivaliers qui se sont pressés pour entendre celle qui a eu le cul posé le fauteuil rouge de ‘The Voice’ version française.

Grande et élancée, la belle n’a pas pris une ride. Ses compos virevoltent, frétillent et percutent…

Le son est plutôt rock et brut. Parfois un zeste d’électro communique un sentiment de mélancolie douce. La setlist alterne entre anciens succès et nouvelles chansons. De quoi clouer le bec aux critiques les plus acerbes qui affirment que son écriture n’est plus aussi irréprochable et qu’elle aurait perdu de sa qualité au fil du temps.

Même s’il fait bien admettre que la courbe de sa carrière est irrégulière, ces allégations sont bien évidemment fausses…

Preuve en est qu’après plus de 25 années de parcours riche en succès et plus de trois millions d’albums vendus, Isabelle Marie-Anne de Truchis de Varennes parvient encore à surprendre et à se tailler une place de choix dans un univers où les jeunes ont pourtant les dents longues…

La chanteuse a quand même la bonne idée de ne pas négliger les standards de son répertoire, à l’instar de « Rue de la Paix », pour chauffer l’ambiance au sein d’un public de plus en plus enthousiaste.

Sa voix éraillée s’étend sur des kilomètres lorsqu’elle interprète « Nos âmes sont » issu de « Essenciel », un titre qui lui vaut de s’extirper d’une zone de confort relative.

Incisif plus que jamais, « J’étais là », dénonce les travers de la société actuelle...

Ses textes reflètent une expérience vécue et posent un regard introspectif pour s’enrichir d’un vent libérateur de créativité, sans emprunter une prose exagérément égoïste.

Le spectacle est populaire, mais parfaitement huilé, efficace et nerveux. Pas de doute, Isa est une vraie baroudeuse dans le domaine.

Grâce à une grande maîtrise dans la voix, la bourgeoise s’embourgeoise et s’imprègne d’une culture continue, simple et chaleureuse. Humaine, « Zen » et sans « Larsen ».

Une artiste parfois excessive dans ses propos, mais qui mérite vraiment que l’on s’y intéresse…

Il est près de minuit déjà. La fin du concert est annoncée à minuit trente. Dilemme cruel. Rester ou partir ? Ou comment faire le choix entre la raison et la passion…

La première option sera celle qui sera retenue. Non mais, se glisser dans son lit à deux heures du mat’ et se lever 4 heures plus tard, vous y parvenez, vous ? Moi pas !

Le festival de Ronquières aura tenu toutes ses promettes. Une organisation de qualité, familiale et à taille humaine.

Et si demain, ces superlatifs disparaissaient ?

(Voir aussi notre section photos ici)

(Organisation : Ronquières Festival)

Circus Cafe + Ykons + Novastar + Grandgeorge + Ro X Konoba + Adam Nass + Clara Luciani + Eddy de Pretto + Eagle-Eye Cherry + Bigflo&Oli + Hooverphonic + Zazie + Daddy K

Ronquières festival 2019 : samedi 3 août

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A ses débuts, le festival de Ronquières accueillait seulement 12 000 âmes. C’était en 2012.

Depuis 2014, il décrète systématiquement un sold out. Et cette année, il a dépassé la barre de 48 000 festivaliers. Un record d’affluence absolu !

Un succès pressenti sur la route. D’interminables embouteillages se forment plusieurs kilomètres à la ronde et contraignent les organisateurs à prendre des mesures exceptionnelles pour contenir cet afflux massif.

Quelques changements notables sont à épingler lors de cette huitième édition. La première, et non des moindres, concerne le bracelet d’entrée (ou le précieux sésame si vous préférez). Il est maintenant doté d’une puce électronique et d’une application à télécharger afin de faciliter les échanges lorsqu’on souhaite se ravitailler en boissons et nourriture.

Un impressionnant échafaudage préoccupe les visiteurs. De gros travaux ont été entrepris afin de consolider la structure globale. Même si elle ne risque pas de s’effondrer, ils revêtaient un caractère aussi nécessaire qu’impérieux.

Si cet ouvrage ne gâche finalement en rien le déroulement des spectacles, il cause pas mal de tracas lorsqu’on veut se déplacer d’une scène à l’autre…

Le festival de Ronquières, malgré sa popularité, n’en oublie pas pour autant ses origines et veut rester un évènement familial, en proposant une programmation susceptible de ravir les plus jeunes.

Il semblerait toutefois qu’afin d’optimiser (rentabiliser ?) le site, les organisateurs envisageraient d’ajouter un jour et une scène supplémentaire. A mettre au conditionnel ! Gageons que l’équipe du RF ne tombe pas dans la surenchère, à l’instar du Dour Festival…

Direction Tribord pour cette première journée. C’est Claire Laffut qui s’y colle. La jeune fille, plutôt grassouillette, doit avoir trente balais tout au plus.

Féminine jusqu’au bout des ongles, elle a chaussé des godasses à hauts-talons. Pas évident pour se mouvoir ! Du coup, elle restera statique tout au long de son set.

Le détail qui tue : ses aisselles sont garnies d’une touffe de poils disgracieux. Chewbacca (‘Star Wars’) aurait-il une fille ?

Artiste belge, elle devient, à ses moments perdus, peintre, directrice artistique, mannequin, chanteuse, actrice mais surtout créatrice de bijoux de peau éphémères. Bref une touche à tout !

Une gonzesse sensible aussi. Un personnage tout en douceur dont la fragilité est perceptible dans les paroles. Le maître mot des compos sera l’amour. Pas toujours celui que l’on rêve et que l’on idolâtre. Parfois, celui qui blesse et rend morose.

Mais si on doit lui reconnaître une belle plume, son portrait d’une adolescente en mal d’amour qui pour mettre à mal ses blessures, exulte ses faiblesses dans un carnet rose, discrédite totalement ses fondamentaux. C’est gnangnan, frise le ridicule et l’attrait se mue rapidement en ennui abyssal.

Il faudra finalement attendre « Mojo » pour réveiller quelque curiosité.

Last Train est un combo originaire d’Altkirch, en Alsace. Il a forgé sa notoriété grâce à ses prestations ‘live’, avant de graver un premier LP intitulé « Weathering », en 2017, un disque qui succédait aux Eps « The Holy Family » (2015) et « Fragile » (2016). Et la sortie du nouvel elpee, « The Big picture », est prévue pour le 13 septembre.

Jean-Noël Scherrer (chanteur et gratteur), Julien Peultier (guitariste), Timothée Gerard (bassiste) et Antoine Baschung (batteur), nous réservent un son bien rock lorgnant sur les seventies, tout en adhérant à la forme garage. On est donc à mille lieues de la prestation précédente…

La musique est planante voire atmosphérique. L’expression sonore du combo s’enflamme vite lorsque la basse laisse vibrer ses cordes sur ces riffs de guitare tonitruants. La voix rauque du singer à la Kelly Jones du groupe Stereophonics souligne, en outre, cette rock attitude…

On est clairement là dans l’expectative du live le plus punchy du jour. Une programmation qui étonne et surprend même compte tenu du line up global. Mais qui fait du bien, en tout cas. Une bien belle découverte qui en aura ravi plus d’un.

Et si Last Train se produisait en tête d’affiche d’ici dans quelques années ? Une utopie ? Pas certain !

Cœur de Pirate prend le relais. A Tribord moussaillons ! Tiens, étrangement pour un pirate, elle ne porte ni barbe rousse, cache-œil et jambe de bois. Espérant toutefois qu’elle ait du cœur…

Béatrice Martin à la ville possède la singularité d’être recouverte de multiples tatouages sur le corps.

De petite taille et toute menue, la Canadienne s’avance affranchie d’une tunique banche, bas et jupon à la Thierry la Fronde, un rôle autrefois tenu par Jean-Claude Drouot.

Vu le matraquage opéré sur les ondes radiophoniques généralistes, difficile d'ignorer la jeune femme originaire de la partie Est du Canada. Elle se rappelle compter déjà dix années de carrière musicale avant d’embrayer par « Golden Baby », un tube intemporel.

Mais, c’est surtout derrière son piano que Béa excelle véritablement. Elle y brille avec splendeur et raffinement. Difficile de résister au charme qui opère.

Alternant chansons douces et plus rythmées, la pirate atteint l’apothéose sur « Oublie moi ».

Sa voix sonne comme une évidence. « Comme des Enfants » et son refrain permet au public de jouer le backing vocal en scandant ‘Mais il m'aime encore / Et moi je t'aime un peu plus fort’

Ironiquement, la belle prévient qu’un concert de Cœur de Pirate n’existe que lorsque les choses se compliquent et prend alors le risque de se livrer à une prestation (semi) acoustique.

Sans dire mot, elle contemple d’un air que l’on devine désabusé, le parterre venu l’entendre. Elle ne s’attendait visiblement pas à un tel engouement.

En un battement de cil, la transformation de la rebelle vers la belle opère et relègue aux oubliettes la dualité qui existe entre le bien et le mal chez ce petit bout de femme et son désir manifeste de dissocier ces tendances et de redorer son image.

Pour terminer, une dernière compo : « Ne m’appelle pas ». Et si le message, le vrai, était celui-là ?

Une prestation conventionnelle, oui, mais réalisée avec une âme d’enfant et sans artifice superflu. Très différente au final de celle qu’elle avait accordée, l’année dernière, dans le cadre du LaSemo.

Très bien !

Typh Barrow, tunique fleurie style hawaïen sur le paletot, lui emboîte le pas, pour le plus grand bonheur d’une bonne frange des festivaliers. Le dress code des musiciens est du même acabit.

Elle plaît à coup sûr ! Faut dire que son minois et ses yeux bleu azur appartiennent désormais au paysage audiovisuel depuis qu’elle milite au sein de l’équipe de The Voice.

Le grain de voix de la trentenaire, sis à une encâblure de celle de Amy Winehouse et Selah Sue, colle parfaitement à ce mélange entre pop et soul aux accents jazz et blues. Ce coffre puissant et cette tessiture lui permet de descendre allègrement dans les basses et procure à l’ensemble un côté ouaté, chaleureux, mais particulièrement intense...

Barrow, c’est un style, un esprit, une culture alternative qui prône un retour aux racines. Mais pas que !

C’est aussi, un moment introspectif lorsqu’elle passe aux ivoires pour interpréter « The Whispers », une chanson qui traite de la manière dont elle a été harcelée à l’école. Bref, une compo plus que jamais d’actualité issue de « Raw », un premier opus gravé en 2018.

Un florilège d’ambiance laissant transparaitre en filigrane une angoisse perpétuelle du temps qui passe et la peur de l’échec, mais dont le seul but est de satisfaire un public présent depuis le début pour la soutenir.

Maintenant pieds nus, elle attaque un « Taboo », de manière à jouer la trouble-fête ; un morceau sautillant et plein d’entrain qui trahit une personnalité complexe. Ou comment Docteur Barrow devient Miss Tyff !

Elle nous parle de sa sœur à qui elle voue une attention sans faille. Pas facile d’être la petite dernière…

Sa version de « Gangsta's Paradise » est lumineuse. A l’époque, son adaptation lui avait valu la reconnaissance d’un certain… Coolio.

Elle quitte la scène en dévoilant la plante de ses pieds ! Noirs, mais petits !

Boulevard des Airs se produit côté tribord.

Alors que les précédents groupes ou artistes peinaient à remplir naturellement l’espace scénique, le collectif s’y case sans la moindre difficulté. Un exploit vu la taille du podium.

Si le premier opus, « Paris-Buenos-Aires », était très cuivré, « Je me dis que toi aussi », son dernier, emprunte une forme plus électro, une formule plus contemporaine mais qui nécessitait une transposition en ‘live’. Ce qui explique sans doute pourquoi, sur les planches, la formation a décidé d’emprunter un style plus folk/rock.  

Elle va nous réserver une suite de morceaux dansants, festifs et enchanteurs, dans l’esprit d’un certain Vianney, un ami de longue date, en compagnie duquel BDA voulait absolument réaliser un duo.

Pour la petite histoire, alors que l’elpee était encore en friche, c’est « Allez reste » qui va retenir l’attention du genre parfait. Le public ne s’y trompe pas et reprend le refrain à tue-tête.

Un concert à la hauteur de ses promesses, même si votre serviteur a dû l’écourter, la faim tenaillant son estomac.

Pour une prochaine fois peut-être…

Mustii est annoncé à bâbord. Avec deux ‘i’ insiste-t-il ! La plaine est bondée. Il y a les curieux impatients d’élargir une culture musicale et puis ceux pour qui le son electro/pop addictif prodigué par le gaillard sonne comme une évidence.

En préambule, il se rappelle être venu il y a deux ans déjà et constate avec effroi que le public n’a pas changé d’un iota. Contrairement à lui…

Le beau gosse fait saliver une fois de plus les jeunes femmes qui se pressent devant le front stage pour l’admirer de plus près encore.

Au fond de la scène, un grand drap blanc laisse entrevoir un imposant « 21st Century Boy », titre du dernier LP, tissu qui vogue au gré du vent, lorsque la bise se met à souffler…

Etrangement vêtu d’une cape dénichée probablement aux chiffonnières, il prend le public en otage grâce à un fougueux « What a day » rythmé par une chorégraphie dont lui seul a le secret. Ses mimiques renvoient parfois au regretté Freddie Mercury.

Après avoir livré une volée de titres issus de son répertoire, il foudroie le tube « Tainted Love » de sonorités électroniques.

Autre style, autre ambiance, « Safety Zone », au piano/voix, révèle toute la sensibilité et la fragilité de l’artiste face aux lumières allumées par des dizaines de milliers de smartphones. Un moment magique !

Thomas Mustin maîtrise les codes de la scène : il séduit son public, tant par ses regards langoureux que ses danses contemporaines improvisées, démontrant combien les années d’expériences scéniques (et d’acteur) lui ont été profitables.

Il s’adresse aux VIP, non sans la pointe d’humour et d’ironie qui le caractérise en balançant : ‘ Vous êtes toujours en vie ?’

Malgré toute la bonne volonté affichée pour le rendre unique, son show devient de plus en plus prévisible. Et pour cause, votre serviteur assiste à un parfait copié/collé de la prestation exécutée la semaine dernière. Résultat, il n’en profite qu’à moitié.

Au final, « Feed Me » sonne le glas d’un concert un peu trop convenu.

Ça tangue vachement à Ronquières, les temps de déplacement d’un podium à l’autre doivent être chronométrés au plus juste si l’on veut profiter de tous les spectacles !

Cap donc à tribord ! C’est maintenant à Lomepal d’assurer.

Le gaillard sait entretenir la surprise et ne fait pas dans la demi-mesure.

L'impressionnante structure où sont installés ses musiciens (batterie, claviers, guitare) est surplombée par un élément circulaire impressionnant servant de projecteur qui ne cessera par ailleurs de se mouvoir sur lui-même tout au long du show.

Sur fond de bruits d’orage, il surgit de nulle part pour aborder « Mômes », titre issu de son album « Jeannine », qui à lui seul induit ce qui risque d’être la suite (‘Ma bande m'attend encore en bas/Ça tombe mal je suis à deux doigts/De les faire glisser à l'intérieur d'une fille’). On ne peut pas dire que l’on fasse dans la fine dentelle !

Mais paradoxalement, Antoine Valentinelli peut se révéler politiquement correct, quand il torche des compos sujettes à réflexion, à l’instar du touchant mais intransigeant « X- Men ». « Plus de larmes » dévoile même un personnage introspectif « Evidemment » ou devenir carrément fébrile lorsqu’il interprète « Le vrai moi » en piano/voix.

Entre rap, pop urbaine et chanson française, Lomepal est un artiste qui casse tous les codes du genre.

Après avoir faussement protesté ‘J’ai l’impression que vous participez au premier concert de la journée’, Il teste quelques festivaliers en les invitant à monter sur l’estrade durant quelques trop courtes minutes pendant « Ma cousin », avant de revenir aux fondamentaux à travers tes « Yeux disent ».

Lompepal est un artiste, un vrai. Au-delà du show proprement dit, il soigne la forme et impose un fond, sans tricher, dévoilant plus de faiblesses que de forces, au travers de compos entêtantes mais surtout interpelantes.

« Trop beau » marque la fin d’un concert grandiose ! Trop beau pour être vrai ?

En quittant le site, on entend la programmation d’un jeune DJ. Trop, c’est trop ! Car demain, la journée s’annonce aussi longue...

(Voir aussi notre section photos ici)

Organisation : Ronquières Festival)

Le loup + Glauque + Juicy + Claire Laffut + Last train + Cœur de pirate + Typh Barrow + Boulevard des airs + Mustii + Lomepal + Todiefor + 2manydjs + Kid noize

 

Micro festival 2019 : samedi 3 août

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Niché à l’ombre des coteaux depuis 2010, le Micro Festival, fêtait donc cette année, sa dixième édition. Suite à quelques modifications stratégiques, le site de l’Espace 51, remodelé au cœur d’un des quartiers les plus populaires et sympathiques de l’entité principautaire, accueillait donc de nouveau la foule, à l’ombre d’un chapiteau où pendant trois jours allaient se succéder une multitude de groupes ou artistes aux styles variés afin de la plonger dans des ambiances différentes. Jouant depuis le début la carte de l’éclectisme, le festival chapeauté par le label JauneOrange misait une fois de plus sur la curiosité d’un public majoritairement local, venu en masse, comme à chaque fois, pour cette ‘garden party’ annuelle dont l’affiche audacieuse et en général bien pointue suscite toujours débat. Souvent de bon goût, expérimentale, trash, drôle ou émouvante, la programmation –même si au cours de la décennie certains concerts n’ont pas laissé un souvenir impérissable– a néanmoins forgé l’identité d’un festival, petit dans ses dimensions, modeste dans ses ambitions mais incontournable pour beaucoup. Retour sur cet événement hors format en compagnie d’un chroniqueur aux oreilles bienveillantes.

Clap troisième !

Perdu dans les méandres de l’espace-temps par la faute de quelques Japonais impétueux (voir chronique du jour 2), votre serviteur arrive tardivement sur place.

Les langues qui s’agitent dans l’entourage encensent Yokai responsable d’un krautrock teinté de jazz (ou est-ce l’inverse ?) Un set qui manifestement a séduit.

Sous la tonnelle, malgré l’heure avancée, les étoiles se sont invitées…

Szun Waves, ensemble de trois magiciens du son, tisse les broderies du ciel d’un fil doré. Elles m’attendent et m’invitent à prolonger ce voyage stellaire.

Projet du batteur de jazz Laurence Pike (de Pivot ou PVT), du producteur electro Luke Abbott et du saxophoniste Jack Wyllie (Portico Quartet), le trio brode patiemment sa toile dans laquelle viennent se figer quelques curieux. Juste magnifiques, les envolées au sax se perdent dans une réverbération de cathédrale alors que les dominos de sons binaires dévalent les pentes escarpées que dessinent les motifs de la caisse claire. Transformant l’instant en un moment de grâce.

Sur les montagnes, les conifères se balancent au gré du vent, sur la surface de la mer, le soleil miroite et on redescend lentement sur terre…

Difficile après coup de se concentrer sur le DJ set d’Aboie Poupousse, et encore plus difficile de juger du set suivant, celui du duo frenchie La Récré, qui comme son nom l’indique, n’est rien de moins qu’un projet à vocation distractive. Caractérisé par ses extraits de nanards incrustés dans un jazz easy listening cool, la prestation s’apprécie modérément. Sympa mais sans plus !

L’heure de la fessée est alors arrivée. De la claque annoncée. De l’événement visuel, de la gifle auditive, de la branlée sonore, bref du truc qu’il faut ab-so-lu-ment voir : Shht.

Forcément, annoncé comme tel, l’attente est grande. Est-ce que cette bande d’hurluberlus gantois mérite le buzz répandu autour d’eux ?

Pas certain. Clairement, le groupe travaille autant le visuel que le son. Subtil calcul opportuniste par les temps qui courent. Donc, outre des tenues de scène sans grande originalité (la combi empruntée aux Beastie Boys ou à Man Or Astro-man, entre autres) et des chorégraphies pastiches, que reste-t-il ? Des compositions ma foi entraînantes, allant dans tous les sens et qui doivent sans doute beaucoup à Evil Superstars, des voix abusivement noyées d’effets et une énergie sans faille.

Le chanteur escalade la structure du chapiteau tel un macaque facétieux. Ce qui amuse le public (moins l’ingé son). Mais lorsque les peluches qui depuis deux jours squattent le site se mêlent à la fête, volant dans tous les sens, le côté joyeusement foutraque du set est exacerbé. Pour autant, c’est loin d’être exceptionnel, et si on passe un bon moment, on n’assiste quand même pas au sommet de ce festival. Toujours agréable mais pas immanquable.

Bien plus intéressant, le retour sur nos terres du dandy Allemand Félix Kubin. Pourtant réduit à un set solo sans visuel, contrastant donc cruellement avec la prestation précédente.

Revêtu d’une élégante tenue rouge et noire, rôdé comme une machine, l’électron libre de l’electronica post apocalyptique avec des bulles enchaîne les expérimentations auditives espiègles, non sans y ajouter la touche d’humour qu’on lui connaît. Simple et dénué de tape-à-l’œil, le dadaïste de la musique déviante revisite son style, propre et tordu. D’une efficacité crasse, le quarantenaire, qui baigne dans la musique électronique depuis ses 8 ans, déborde de générosité et démontre qu’aux commandes de ses machines, il reste ‘das model’ du genre. Confus sur la fin car ne sachant plus très bien le timing qu’il lui est imposé, l’ami nous offre un tour gratuit, pour le plus grand plaisir d’un public qui ignore encore que la fin du monde est proche.

Heureusement, à l’autre bout de la plaine, sous la rotonde balayée de lumières led de l’Oasis 3000, Müholos le robot est venu nous sauver. Une bouffée de disco numérique qui balaye la menace pesant sur l’humanité. Irrésistible et dansant, le binôme assure la transition d’une nuit qui entame sa farandole.

Voile à présent sur les Caraïbes en compagnie de The Mauskovic Dance Band, qui comme son nom l’indique ne vient pas de Moscou mais a bien l’intention de nous faire danser.

Le genre de concert festif qui sent bon la tradition de fin d ‘événement.

Chaloupé, groove et sexy, le son secoue le cocotier d’un public qui refuse de rester en si bon chemin…

Et il sera satisfait, car la programmation nous réserve encore le set du grand Cüneyt Sepetçi, légende vivante du Bosphore. Génie de la clarinette et porteur de la tradition stambouliote.

Hélas le line up est réduit à un duo de cabaret, son acolyte préposé au synthé Korg générant une tambouille mi-folklorique, mi-hit-parade de supermarché. Bref, l’ambiance est plus à la fin de mariage qu’à l’apothéose tant attendue.

Dommage, car le virtuose et humble Cüneyt propose une revisite de la musique de ses ancêtres ou encore de quelques classiques européens, en y affichant classe et talent. Mais dans cette formule de bal, ce n’était vraiment pas très convaincant.

Le moment du bilan final est donc arrivé.

À l’heure d’écrire ces lignes, on peut déjà établir que le Micro Festival aura tenu toutes ses promesses. Celles faites à un public qui, sans même connaître la prochaine affiche, est déjà prêt à revenir...

Ainsi, votre serviteur enfourche sa monture et s’enfonce dans la voie lactée.

Bisous, bonne nuit Micro Festival et à l’année prochaine !

(Organisation : Micro Festival)

Yokai + Szun Waves + Aboie Poupousse + La Récré + Shht + Félix Kubin + Müholos + The Mauskovic Dance Band + Cüneyt Sepetçi

Micro festival 2019 : vendredi 2 août

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Niché à l’ombre des coteaux depuis 2010, le Micro Festival, fêtait donc cette année, sa dixième édition. Suite à quelques modifications stratégiques, le site de l’Espace 51, remodelé au cœur d’un des quartiers les plus populaires et sympathiques de l’entité principautaire, accueillait donc de nouveau la foule, à l’ombre d’un chapiteau où pendant trois jours allaient se succéder une multitude de groupes ou artistes aux styles variés afin de la plonger dans des ambiances différentes. Jouant depuis le début la carte de l’éclectisme, le festival chapeauté par le label JauneOrange misait une fois de plus sur la curiosité d’un public majoritairement local, venu en masse, comme à chaque fois, pour cette ‘garden party’ annuelle dont l’affiche audacieuse et en général bien pointue suscite toujours débat. Souvent de bon goût, expérimentale, trash, drôle ou émouvante, la programmation –même si au cours de la décennie certains concerts n’ont pas laissé un souvenir impérissable– a néanmoins forgé l’identité d’un festival, petit dans ses dimensions, modeste dans ses ambitions mais incontournable pour beaucoup. Retour sur cet événement hors format en compagnie d’un chroniqueur aux oreilles bienveillantes.

Entrée en matière idéale pour cette seconde journée, puisque les premières mesures du folk psyché/folk –aux références californiennes– des Liégeois de Ode To Space Hassle (ou OSH en abréviations subtiles) cadence le pied léger de votre serviteur qui foule l’herbe tendre la conduisant jusqu’à eux….

Légères et croustillantes comme des gaufrettes, les plages qui figurent sur l’Ep « Love Won’t Find A Way » ne casseraient pas trois pattes à un canard, mais il faut bien reconnaître l’efficacité de ces compos agréables et exécutées habilement qui doivent autant à Allah Las qu’à nombre de bands issus des nineties. Le combo ne cherche pas l’originalité, rechigne à faire mal là où certains titres s’envoleraient volontiers et se contente de les interpréter le plus fidèlement possible. Entamant le dernier un poil trop tôt, le guitariste se fait charrier par ses acolytes ; et c’est dans la bonne humeur que s’achève (gentiment) ce premier volet.

Un set de DJ Smith vachement revigorant plus tard et nous sommes réunis sous la tente pour un moment de détente en compagnie d’un ensemble qui souffre d’une carence affligeante en originalité. Lewsberg n’étant ni plus ni moins qu’une sérigraphie de ce facétieux Andy Warhol.

Inutile de citer le groupe à l’origine des compositions de ces Hollandais qui s’échinent à calquer (certes fort bien) leur modèle. Voix, tempo, arpèges et fulgurances dissonantes, tout est minutieusement décliné en répliques fidèles, qui sans être des plagiats, n’en demeurent pas moins une belle escroquerie. Amusant et certainement plus agréable qu’un concert de Mister Cover, le set de ces Bataves aura au moins instauré une ambiance décontractée. Mais sur le coup de 17H25, elle prend un fameux coup de fouet par l’entremise du DJ set dispensé par le duo Mark it Zero. Au dehors, il embrase les brins d’herbe qui tantôt me chatouillaient les pieds. 

Excellente initiative du reste car il faut à présent prêter toute son attention à ce qui va rester LA révélation de cette édition 2019.

Les petites frimousses à peine sorties de la puberté des petits écoliers de Black Country, New Road ne paient pas de mine, mais rayon musique, ils vont mettre tout le monde d’accord.

Si leur attitude fragile et intimidée laisse craindre le pire, les premières notes ont tôt fait de révéler un potentiel remarquable. De fait, quelque part entre post punk, free jazz et pop intelligente (ce terme abscons est adorable !), les Britons n’en font qu’à leur tête. Autant guidé que perdu par un saxophoniste épatant (et arborant une vareuse d’un club de foot très local), la concentration rebondit de thème en thème, de titre en titre, de surprise en surprise.

Fort d’une petite réputation glanée par maintes écoutes sur Spotify, ostensible baromètre du succès de nos jours, le quintet impose son savoir-faire dans un registre personnel qui tantôt évoque Gorky’s Zygotic Mynci (mais sans l’accent gallois) ou encore Moonshake.

De bien belles références pour une bien belle promesse.

Contraste majeur comme un doigt de la main dressé, place à présent à un trio lyonnais : Decibelles. Ou la quasi-quintessence de tout ce qui m’horripile. Adoubés par Steve Albini (qui au passage, il ne serait pas inutile de le rappeler, n’a pas produit que des merveilles) et présentés comme la relève d’un certain rock hexagonal, ces trois jeunes gens ne font pas dans la dentelle.

Ce qui en soi est de bon augure, puisqu’il est question de battre le fer tant qu’il est chaud. Mais hélas ! De battre, il est bel et bien question. Sur les fûts autant que sur les nerfs. Chanteuse et drummeuse, Fanny Bouland tape, tape, tape, c’est sa façon d’aimer, ce rythme qui m’entraîne jusqu’au bout de l’ennui, réveille en moi un tourbillon de folie. Vous l’aurez compris, Decibelles sonne à mes tympans comme une armada d’ongles sur l’ardoise d’un tableau. Même de loin, les poils s’hérissent au son de crécelle de la voix. Si ce n’est pas ma came, il semble qu’un certain public, au séant très remuant, apprécie la prestation. On se préserve donc pour la suite.

Drahla, trio issu de Leeds, a lui tout pour séduire. Sur le papier du moins. Emprunté, le groupe va pourtant peiner à convaincre. Terriblement mal à l’aise sur les planches, comme intimidé par un public pourtant on ne peut plus conciliant, ces jeunes gens égrainent scolairement leur chapelet de chansons pourtant appelées à être abrasives. Les bases sont pourtant bien présentes et on ne peut nier le potentiel de ces Anglais dont le post punk a au fil du temps évolué en quelque chose de certes plus Arty, mais néanmoins toujours aussi primal. Une copie mitigée donc, mais qui demande assurément un examen de passage.

De spectacle, par contre, il va être question en compagnie des Nippons de Bo Ningen.

Cheveux tombant en cascades, le quatuor masculin (c’est sans doute une révélation pour certains d’entre vous qui étiez présents) s’adjuge espace et temps au détour d’un set sans concession.

Repéré en première partie de Savages, il y a quelques années, le combo emmené par le charismatique chanteur nommé Taigen démontre tout son potentiel. Redéfinissant le psych rock suivant son propre code, parfois un peu trop chargé à mon goût ; moulinettes et poses glam, déferlantes noisy, élucubrations susurrées et cris sauvages de chat émasculé, déflagrations soniques et kaléidoscope infernal se succèdent, se chevauchent, s’entremêlent et créent un magma hypnotique qui, bien entendu, a pour effet de stimuler l’entrain d’une foule qui n’attend qu’un tel moment pour s’exalter. La cadence est soutenue, voir haletante. Soudain, la silhouette de Taigen, jusqu’à présent drapée d’un pull orange à la trame transparente laissant deviner en filigrane la taille de guêpe du chanteur (Bo Ningen signifie quelque chose comme ‘bonhommes allumettes’) se pare d’un survêtement sportif, avant que le set ne s’oriente vers des contrées étonnamment hip hop. Un métissage improbable mais qui souligne la volonté du groupe de désorienter le public et de baliser son territoire au-delà des frontières d’un genre.

Brassant le feu, conjuguant les styles, Bo Ningen assume pleinement son statut de fer de lance d’un mouvement halluciné et hallucinant.

Un concert plein qui met l’auditoire sur les genoux et incite votre serviteur à jeter l’éponge en ce deuxième jour.

Traversé d’ondes magnétiques phosphorescentes, il franchit le portail de l’espace-temps et s’en va retrouver ses pénates.

Bisous, à demain, Micro Festival !

(Organisation : Micro Festival)

Ode To Space Hassle + DJ Smith + Lewsberg  + Mark It Zero + Black Country, New Road + Decibelles + Drahla + Bo Ningen

Micro festival 2019 : jeudi 1er août

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Niché à l’ombre des coteaux depuis 2010, le Micro Festival, fêtait donc cette année, sa dixième édition. Suite à quelques modifications stratégiques, le site de l’Espace 51, remodelé au cœur d’un des quartiers les plus populaires et sympathiques de l’entité principautaire, accueillait donc de nouveau la foule, à l’ombre d’un chapiteau où pendant trois jours allaient se succéder une multitude de groupes ou artistes aux styles variés afin de la plonger dans des ambiances différentes. Jouant depuis le début la carte de l’éclectisme, le festival chapeauté par le label JauneOrange misait une fois de plus sur la curiosité d’un public majoritairement local, venu en masse, comme à chaque fois, pour cette ‘garden party’ annuelle dont l’affiche audacieuse et en général bien pointue suscite toujours débat. Souvent de bon goût, expérimentale, trash, drôle ou émouvante, la programmation –même si au cours de la décennie certains concerts n’ont pas laissé un souvenir impérissable– a néanmoins forgé l’identité d’un festival, petit dans ses dimensions, modeste dans ses ambitions mais incontournable pour beaucoup. Retour sur cet événement hors format en compagnie d’un chroniqueur aux oreilles bienveillantes.

Le parfum d’un soir d’été flotte dans l’air et les rayons du soleil s’attardent paresseusement sur les flancs de colline, alors que doucement, le public découvre le nouvel aménagement du site. Mieux pensé et fort joliment décoré, celui-ci s’apprête à être foulé par une cohorte débonnaire, venue en grande partie savourer les premières heures du mois d’août avec, en guise de bande son, un pêle-mêle de genres et de noms dont le mélomane lambda n’a jamais entendu parler.

Passés maîtres dans l’art de dénicher les perles rares de labels underground ou encore de ramener au premier plan quelque individu dont la notoriété est enfouie dans le passé, les organisateurs du Micro Festival, fidèles à leurs premiers préceptes, proposent en effet une affiche bigarrée, dont ce premier soir est la parfaite illustration.

Ainsi, c’est à Monolithe Noir, projet du Bruxellois d’adoption Antoine Pasqualini, qu’est laissé le périlleux honneur d’entamer les hostilités. Il est flanqué de son batteur attitré ; ce qui explique pourquoi le Percussive Ensemble est accolé au patronyme. Les vagues analogiques battues par les vents mauvais et les pluies synthétiques régurgitées par ses claviers se fracassent sur des rythmiques soutenues qui bientôt, ne demandent qu’à caresser les oreilles de votre serviteur, hélas encore distantes de bien trop de kilomètres, puisque à l’heure où le set se déroule, il est encore sur la route, frustré de manquer le spectacle.

Autrement dit, ne sachant comment s’est déroulé ce premier fait d’armes, il y a de quoi nourrir quelques regrets.

Mais déjà, d’un pas alerte, les portes du site sont franchies, juste à temps pour découvrir The Germans, dont le rock référencé et sexy tarde à convaincre, même si certains éclats titillent une curiosité toute naturelle.

Habité de généreuses intentions, le combo gantois tente de donner corps aux titres de son dernier elpee en date, « Sexuality ». Mais, emmené par un leader au look improbable (le mauvais goût vestimentaire n’est pas automatiquement synonyme d’étiquette artistique), le concert s’empêtre et ne parvient pas à se dépêtrer… À vouloir séduire en tout point, à tout prix, au détriment parfois d’un certain équilibre, la musique de The Germans devient indigeste et perd l’attention du mélomane là où elle voudrait le charmer. En résultent des compositions allant dans tous les sens, et pas toujours maîtrisées. Seule éclaircie, quelques fulgurances disséminées ci et là et quand même une apothéose en courbe ascendante…

Suite à ce cocktail finalement récréatif, les portugaises se tournent à présent vers l’un des moments forts ou du moins attendu de cette édition : Michael Rother.

La polémique peut d’ores et déjà enfler. Pourquoi ? Parce que derrière ce patronyme se cache l’un des piliers de la musique allemande du début des seventies et qu’à ce titre, bon nombre de spectateurs présents ce soir vont en être pour leurs frais. Car si la carrière de ce savant et féru d’electronica ne s’arrête pas à Neu !, dont les albums ont tracé pas mal d’autobahn pour les générations suivantes et encore à venir, l’ex-Kraftwerk a principalement œuvré dans un registre ambient (en témoigne sa collaboration avec Brian Eno) dont le principe repose essentiellement sur une rythmique robotique et, d’autre part, des ‘paterns’ mélodiques simples et redondants, dessinant des motifs épurés jusqu’à la moelle et dont la répétition graduelle se décline en dégradés pastels. En soi, rien de bien dérangeant, si le son n’était lui aussi victime d’un tel traitement. Un son qui a évolué (régressé diront les mauvaises langues) mais s’est cristallisé dans les années 80 (et franchement pas le meilleur versant), figeant par là même toute l’essence du krautrock initial. En résumé, que Michael Rother joue des morceaux de Neu !, d’Harmonia ou des compositions plus récentes, tout, exactement tout, sonne de la même manière. Et ce son épuré et, disons-le, passéiste (quelqu’un écoute encore Dire Straits de nos jours ?) jure affreusement avec le tempo kraut, machine toute aussi répétitive, mais calée dans une mouvance d’ordre hypnotique. Une dualité qui désarçonne et finit par lasser la majorité de l’auditoire, les deux guitares au jeu monotone et sans relief corroborant cette impression…

Pour autant, le concert de Michael Rother est-il un échec ?

Honnêtement, non. Si l’émotion est restée canalisée et l’ivresse contrôlée, il n’en reste pas moins que cette sommité (ne parlons pas de légende) a délivré un set fidèle à ses travaux étalés sur quatre décennies. Certes, on peut s’étonner de l’orientation mélodique de la plupart des titres interprétés ce soir, mais ils résultent d’une révolution personnelle, gravée dans le vinyle et donc sans surprise. En gros, Michael Rother a fait du Michael Rother, faisant fi de toute nostalgie.

Aux échos chagrins et aux protestations outrées, répond au loin le chant du hibou, alors que la nuit tombe, enveloppant de ses bras, la plaine fustigée.

Une bien belle phrase pour ne rien dire mais qui introduit parfaitement la prestation onirique suivante.

Propulsé tête d’affiche après une poignée de concerts seulement, le Liégeois Daortia est donc invité à redresser la barre. Challenge difficile s’il en est mais que Hughes Daro, accompagné d’un visuel impeccable, assuré par Victor Ziegler, va relever haut la main.

En se servant de boucles obsédantes se répercutant en drones mélancoliques, ses mélodies graciles esquissées par une basse et son chant haut-perché s’envolent dans les nuées noisy d’un shoegaze électronique. Le local de l’étape focalise l’attention d’un public loin d’être conquis d’avance (nul n’est prophète en son pays).

Si le set, certes linéaire, tend à résonner dans un tunnel infini, débouchant en un maelström bourdonnant, les oreilles les plus aguerries auront décelé certaines influences majeures déclinées en loops grisants.

Sorte de concert abstrait et opaque mais aux nuances poétiques et subtiles, d’où l’on ressort soit charmé, soit accablé. Vous vous en doutez, votre serviteur appartient à la première catégorie...

Ainsi, sur ces réverbérations aux teintes abyssales se termine cette première journée, déjà riche en émotions diverses. Là-bas, les langues vont continuer à se délier, ici le ciel va se replier, et perso, je m’en vais me coucher !

Bonne nuit Micro festival, et à demain !

(Organisation : Micro Festival)

Monolithe Noir & Percussive Ensemble + The Germans + Michael Rother + Daortia

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