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Cactus Festival 2019 : dimanche 7 juillet

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On en est déjà au troisième jour du Cactus, un festival dont l’apothéose a été confiée à dEUS qui va donc réinterpréter « Th ideal crash », l’album-phare paru en 1999. Pour votre serviteur, les concerts de Mono, Parquet Courts et Trixie Whitley ne sont surtout pas à manquer. Compte-rendu…

Il revenait à Boy Azooga d’ouvrir le festival en ce samedi 7 juillet. Une formation galloise responsable d’un rock british sauvage et bien électrique. Les compostions les plus âpres pourraient figurer au répertoire de Wallace Vanborn, alors que les plus allègres et chargées de feeling se révèlent particulièrement mélodiques. Parfois, la voix de Davey Newingtonle éprouve certaines difficultés à monter d’une octave ; ce qui ne nuit cependant pas à l’ensemble du set. Et finalement, le quatuor nous a réservé un set aussi excitant que frais…

Hanna Harding, aka Aldous Harding, est une auteure/compositrice/interprète néo-zélandiase. Bien soutenue par son backing group, elle chante d’une voix veloutée des chansons à la fois fragiles et intrigantes. Des morceaux accrocheurs, qu’elle interprète avec une désinvolture naturelle. D’ailleurs l’auditoire ne s’y trompe pas en écoutant religieusement ce concert…

Mono est issu de Tokyo, une formation de post rock qui entame son set par "God Bless", la plage d’ouverture de son dernier opus, "Nowhere Now Here", paru l’an dernier. Elle va d’ailleurs nous proposer de larges extraits dont "Sorrow", un morceau au départ calme et mélodieux mais qui au fil du parcours monte en crescendo avant d’atteindre son point culminant en intensité. La setlist a cependant également inclus des plages plus anciennes comme "Ashes In The Snow" ("Hymn To The Immortal Wind") et "Surrender" ("Rays Of Darkness"), publiés respectivement en 2009 et 2014. Excellent !

La dernière fois que votre serviteur a assisté à un concert de Parquet Courts, qui se fait aussi parfois appeler Parquet Quartz, c’était en 2004, dans le cadre du Festival des Inrocks, au Grand Mix de Tourcoing. Depuis, il faut reconnaître que si son garage/rock est toujours aussi expérimental, il est devenu plus allègre. La faute à Austin Brown, le guitariste/claviériste qui apporte une touche théâtrale aux prestations ‘live’. Vêtu d’une veste et d’un pantalon en jeans, lunettes rondes et cheveux longs, il a le même look que John Lennon, lorsqu’il était jeune. Si l’énergie punk est bien présente, certaines compos sont davantage élaborées, dans l’esprit de Sonic Youth. Pas étonnant que le groupe ait régulièrement tourné en compagnie de Thurston Moore. Le set s’ouvre par « Master of my craft » et va nous réserver plusieurs compos du dernier album, « Wide awake », paru l’an dernier dont le ‘sydbarretien ‘mais légèrement dub « Almost Had to Start a Fight / In and Out of Patience » et « Freebird ». Mais encore un « Violence » hanté par Beck, le titre maître et surtout « Total football », deux compos au cours desquelles Brown va se servir d’un sifflet pour rythmer la compo, la première baignant dans une ambiance latino funk, lorgnant carrément vers Radio 4 et la seconde, plus funk/psyché, chaloupée, également latino, au cours de laquelle, il va se servir d’une guitare à 12 cordes. Le set va bien sûr nous réserver quelques titres bien percutants et punks, mais au sein d’un ensemble bien équilibré.

Neneh Cherry a certainement ramené du peuple, ce dimanche au Minnewaterpark. Sur les planches, on remarque à ses pieds un trépied recouvert de fleurs. Elle est soutenue par une harpiste/claviériste/percussionniste, un bassiste bidouilleur, deux préposés aux machines et synthés, dont son mari Cameron McVey, et une percussionniste (Rosie Bergonzi) à la chevelure bouclée, qui jongle entre xylophone, marimba et djembés. Au cours de son set, la Suédoise va bien sûr nous réserver les hits « 7 seconds » (NDR : sans Youssou N’Dour, of course), « Manchild », « Woman » et bien sûr « Buffalo stance », un show au cours duquel la musique a oscillé entre trip hop (parfois dubby), funk, jazz, rap et r&b. Un bel éclectisme, mais pas vraiment convaincant. Il faut cependant préciser que sa prestation a rencontré quelques problèmes techniques… Pourtant, c’est en fin de parcours, lorsqu’elle est rejointe par deux percussionnistes londoniens (une fille et un garçon) pour y jouer de la mangrove et régaler nos oreilles de sonorités antillaises que le concert va prendre une autre dimension. On lui concèdera cependant qu’elle est particulièrement interactive ; ainsi lorsqu’un spectateur lui offre un paquet de cerises, elle le remercie, avant d’en redistribuer à ses musiciens ainsi qu’à quelques personnes agglutinées aux premiers rangs. Mais bon, il faut avouer que ce style musical n’est pas trop la tasse de thé de votre serviteur…

Place ensuite à Band of Horses. En 2017, Tyler Ramsey et Bill Reynolds avaient quitté le groupe, remplacés respectivement par le guitariste Richard Fitzpatrick, et le bassiste Matt Gentling, qui opérait son come-back. Ce dernier, secouant constamment ses cheveux longs, aurait pu figurer au sein d’un groupe de grunge du début des nineties. En outre, il tire des sonorités hyper-puissantes de son instrument. Le quintet implique également un claviériste, un drummer et le chanteur Ben Bridwell, dont la voix est aussi écorchée que celle de Daniel Johnson (Centro-Matic). Parfois, elle est noyée sous le volume sonore. D’ailleurs si le décor, en arrière-plan, est représenté par une forêt américaine typique, la musique dépote. En ouverture, Ben joue de la pedal steel, en pinçant ses cordes, avant de se focaliser sur la guitare, dont il va en changer quasiment entre chaque morceau. Si certaines ballades évoquent le Barclay James Harvest, grâce aux harmonies vocales, les plus country/rock lorgnent carrément vers Poco. Mais en règle générale, le groupe a privilégié des compos bien pêchues, même si les musicos semblaient fatigués de leur longue tournée...

Trixie Whitley, c’est la fille de feu Chris Whitley, décédé à l’âge de 45 ans. Un chanteur et gratteur (guitare, banjo, steel) qui s’était forgé une fameuse notoriété aussi bien dans le blues, le rock que le folk. Belgo-américaine, Trixie sait donc bien de qui tenir. Curieusement, son dernier elpee, « Lacuna », est davantage électro, mais sur les planches, elle propose un set davantage organique et minimaliste. Le plus souvent à la guitare, parfois aux claviers voire aux drums, elle est soutenue par le drummer Chris Vatalaro. Elle possède une voix remarquable, sorte d’hybride entre Janis Joplin et Annie Lennox. Sa technique sur sa gratte est largement au-dessus de la moyenne, même lors de ses envolées les plus sauvages. Dans ce cas de figure, elle rappelle PJ Harvey, à ses débuts. Vêtue d’un ensemble de sport, bleu-indigo noir et portant des boucles d’oreille aux mêmes coloris, elle communique cependant très peu. Elle y pense quand même en fin de parcours, mais surtout laisse de longues secondes s’écouler entre les morceaux, cassant littéralement l’ambiance qui finit par se figer. Guère interactive, elle garde le silence quand elle casse une corde, alors qu’elle pourrait manifester de l’autodérision, afin de détendre une atmosphère qui au fil du set va devenir de plus en plus lourde…

dEUS a donc décidé de partir en tournée pour y interpréter l’intégralité de son opus, « Ideal crash », gravé il y a 20 ans. Une œuvre dont le thème central est le chagrin d’amour et la guérison. Il a rôdé son spectacle, et notamment lors de 8 dates à l’AB. Donc, ce soir la machine est bien huilée. Le quintet monte sur l’estrade. Toujours aussi charismatique, Tom Barman est vêtu d’une jupe. En arrière-plan, le light show est composé d’une multitude de rectangles aux coloris flous. Le combo attaque « Put the freaks up front ». Aussitôt, habillée de noir, une troupe de 8 danseurs (4 garçons et 4 filles) débarque. Ils se contorsionnent en synchro dans un style digne de Béjart et boostent le morceau. Il faut croire que la troupe a bien répété, car ce soir, sa prestation est impeccable. Elle va d’ailleurs revenir à plusieurs reprises, au cours du show. Tom rappelle que c’est la quatrième fois qu’il se produit au Cactus. Les versions de « The ideal crash » défilent et on sent la différence entre Mauro Palowski et le nouveau guitariste soliste, Bruno de Groot. Si le premier osait l’impro, le second est davantage sur les rails. Ce qui explique pourquoi le set est davantage dans la maîtrise que dans l’audace. Ce qui ne va pas empêcher de superbes envolées, à l’instar de « Dream sequence #1 », qui ponctue le set de superbe manière, en tirant également parti d’une boîte à rythmes ou encore de « Everybody's Weird », un morceau mid tempo qui monte en crescendo. Mais le plus intéressant procède de l’apport des différents musicos, que ce soit le bassiste, dans ses interventions jazzyfiantes, Klaas Janssens (NDR : déjà au sein du line up à l’époque), le violoniste, responsable de montées en intensité, de la basse bien chaloupée et des harmonies vocales impeccables, sans oublier la voix de Barman irréprochable, pour tresser des titres complexes, bien électriques, mais diablement mélodiques.  Le band va accorder un rappel, et lors du premier titre, « Quatre mains » Tom brandit sa guitare d’une main, alors que les danseurs reviennent, les hommes alors torses-nus…  Et le spectacle de s’achever par l’inévitable « Roses », que chantaient deux filles à vélo, en quittant le Minnewaterpark… 

Setlist : 1. ‘Put the Freaks Up Front’, 2. ‘Sister Dew’, 3. ‘One Advice, Space’, 4. ‘The Magic Hour’, 5. ‘The Ideal Crash’, 6. ‘Instant Street’, 7. ‘Magdalena’, 8. ‘Everybody's Weird’, 9. ‘Let's See Who Goes Down First’, 10. ‘Dream Sequence #1’, Encore : 11. ‘Quatre Mains’,  12. ‘Fell Off the Floor, Man’, 13. ‘Roses’  

(Organisation : Cactus, Bruges)

Boy Azzoga + Aldous Harding + Mono + Parquet Courts + Neneh Cherry + Band of Horses + Trixie Whitley + dEUS

(Voir aussi notre section photos ici)

 

Cactus Festival 2019 : samedi 6 juillet

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L’édition 2019 du festival Cactus est une parfaite réussite en matière de fréquentation, puisque le festival a été décrété ‘sold out’, les trois jours. Si mes souvenirs sont bons, cette situation ne s’était jamais produite. Qu’importe, le soleil est au rendez-vous, mais on ne sera pas trop accablé par la chaleur quand même. Il va d’ailleurs pleuvoir entre 19 et 20 heures. Et puis il y a ces arbres qui vous permettent de vous protéger du soleil quand il tape trop fort. Un festival familial, convivial qui se déroule toujours au cœur du Minnewaterpark de Bruges.

Finaliste du Humo’s rock Rally, en 2012, Reena Riot a gravé son premier elpee, « Nix », l’an dernier. Drivée par la chanteuse Naomi Sijmons, la formation implique également des musiciens belges expérimentés. En l’occurrence le guitariste Jan Myny, le bassiste Alan Gevaert (dEUS, Chantal Acda, Trixie Whitley), le drummer Bernd Coene (Tiny Legs Tim) et le claviériste Thomas Werbrouck (Krankland, Little Trouble Kids). Si le band reconnaît le blues comme influence majeure, sa musique se distingue par ses lignes de guitare fragmentaires, déchirantes et mélodiques, alors que celles de la basse fédèrent l’ensemble. Enfin, lumineuse, la voix de Naomi Sjimons évoque parfois celle de Rachel Davies (Esben And The Witch)…

Programmer Rolling Blackouts Coastal Fever à 13h40, c’est un peu tôt dans la journée, et le peuple commence seulement à débarquer lorsque le quintet australien monte sur les planches. En juin 2018, le band avait accordé un remarquable concert à l’AB Club, avant de revenir dans le cadre du Pukkelpop. Presque une année vient de s’écouler et il est donc de retour sur le sol belge. Enfin, sur les planches du Cactus. Et le groupe n’a rien perdu de sa superbe, grâce à ces trois grattes qui échafaudent la musique sur un tempo bien enlevé. Des grattes bringuebalantes, tintinnabulantes qui se superposent et s’appuient sur une section rythmique basse/batterie, imparable. Ces deux musicos semblent constamment en osmose, le bassiste jouant souvent dos au public, face au drummer. Et puis on retrouve ces trois voix qui modulent les mélodies, des voix qui se succèdent ou se conjuguent en harmonie. La setlist va nous réserver les deux morceaux du nouveau single, « Read my mind », un titre qui s’adresse aux politiciens responsables ainsi que l’hymnique « In the capital », mais aussi 6 plages de l’album « Hope drums » et enfin 8 compos plus anciennes gravées sur des singles ou Eps. Cependant, le plus passionnant procède de cette capacité à développer les compos, en les sortant de leur carcan studio. On en aurait voulu davantage, mais à cette heure, difficile de jouer les prolongations. Juste après le set, Frank Keany et Joe White, sont venus à notre rencontre pour expliquer que le nouvel LP ne paraîtra que l’an prochain, au plus tôt. Le band est actuellement en tournée européenne ; aussi, s’il passe près de chez vous et que vous aimez les groupes à guitares, dans l’esprit du label Flying Nun, ne les manquez surtout pas.

Setlist : ‘Clean Slate’, ‘Julie’s place’, ‘Hammer’, ‘Sick Bug’, ‘Read my mind’, ‘In the capital’, ‘A/C Man’, ‘Bellarine’, ‘Exclusive grave’, ‘Sisters Jeans’, ‘Talking Straight’, ‘Mainland’, ‘Fountain’, ‘French Press’

La plaine est bien remplie lorsque Omar Souleyman grimpe sur l’estrade. Ce chanteur/poète syrien s’est exilé en Turquie, dès 2011, suite aux intenses combats, nés de la guerre civile. Habillé d’une djellaba de couleur blanche, coiffé d’une shemagh à carreaux rouges et chaussé de lunettes fumées, il est soutenu par un bidouilleur qui se sert de samples et d’une boîte à rythmes. Omar chante dans sa langue natale, mais le commun des mortels ne comprend pas un mot. Ce ne serait pas trop grave, si la musique respectait parfaitement la tradition du Moyen-Orient, en se servant de véritables instruments comme l’oud, la darbouka, le mendir, le zurna, le qanun et on en passe (NDR : et pourquoi pas le violon), ainsi que de vocalistes féminines qui poussent des youyous. Mais toutes les sonorités se limitent à des échantillonnages sans âme, imprimés sur du ‘tchack tchack boum’. Une grosse partie de la foule semble apprécier et danse sur cet ersatz de world, alors qu’Omar frappe des mains en cadence, mais sans trop se fatiguer. N’en jetez plus, la coupe est pleine…

Après une brève annonce de la présentatrice Kirsten Lemaire, Nic Balthazar, Michael Pas et un groupe de jeunes sont montés sur le podium pour transmettre un message à la foule, en lui demandant si elle acceptait de contribuer à un grand scoop. Elle a donc été invitée à participer à un ‘Clap for climate’ en faveur de Youth For Climate, l'organisation environnementale d'Anuna De Wever and co. L’événement fera l’objet d’un clip vidéo. Curieux de savoir quand il sera diffusé à la TV et de voir quelle incidence il pourra avoir sur la société.

La presse spécialisée belge est dithyrambique à l’égard de Whispering Sons, une formation limbourgeoise établie à Bruxelles, responsable d’un post punk ténébreux qui aurait certainement eu sa place au cours des eighties. Un combo qui a publié un excellent LP, en octobre dernier, « Image ». Chemisier blanc sur pantalon beige, qui contraste avec les vêtements de couleur noire des autres musicos, Fenne Kuppens, la chanteuse, ne tient pas en place tout au long du set. Elle s’agite même comme si elle était possédée. Si certaines sonorités de guitare semblent empruntées à Danse Society, le spectre de Sisters of Mercy plane régulièrement, la voix de Fenne semblant refouler sa colère, campant même le pendant féminin de celle d’Andrew Eldritch. L’ensemble ne manque certainement pas d’allure et les musicos remplissent parfaitement leur rôle, mais ils ne sortent que trop rarement d’une structure un peu trop linéaire au goût de votre serviteur. L’objectif est sans doute de préserver un climat sombre au set ; mais lors d’un festival, il est beaucoup plus difficile d’y entraîner un auditoire aux goûts éclectiques…    

Après s’être séparé pendant 16 longues années, Dead Man Ray s’est reformé. Il a publié un Ep puis, en avril dernier, un album elpee baptisé « Over ». Et dans la foulée, il est parti en tournée. Le line up réunit le guitariste Elko Blijweert, cheveux longs, casquette de base-ball enfoncée sur le crâne, qu’il enlève lorsqu’il se déchaîne sur ses cordes, le drummer Karel De Backer, deux claviéristes, dont Wouter Van Belle au moog et Herman Houbrechts, qui se charge probablement des parties de basse, le chanteur/guitariste Dann Stuyven et le gratteur Rudy Trouvé. Ex-dEUS et Kiss My Jazz, ce dernier s’installe sur la droite de biais, assis devant une sorte de petit clavier. Il se lève de temps à autre pour nous servir l’un ou l’autre commentaire, le plus souvent humoristique, mais surtout se charge de tous les petits bruitages, fonction qui reflète parfaitement son goût pour l’improvisation. Et il fume cigarette sur cigarette tout au long du set allumant même son briquet, comme lors des célébrations de masse, lors d’un titre plus hymnique. A contrario l’humour de Daan semble plus tôt cynique : il déclare ainsi : ‘Cela fait environ 20 ans que nous sommes venus ici et nous sommes heureux d’y être. Donc, pour notre prochain passage, nous attendons encore 20 ans…’ Entre mélodies romantiques et montées en crescendo chargées d’intensité électrique, les compos glissent parfois dans la discordance, une discordance cependant bien maîtrisée. Quant à la voix de baryton de Daan, elle se pose en toutes circonstances, parfois découpée par syllabes, rappelant souvent celle de Matt Berninger (The National), alors que de temps à autre, Karel assure les backing vocaux… en falsetto. Une prestation solide, chaleureusement applaudie par le public…   

Chan Marshall, alias Cat Power, embraie. Vêtue d’une longue robe noire, elle est soutenue par deux multi-instrumentistes. Une guitariste/drummeuse (Alianna Kalaba), aux traits asiatiques, et un bassiste/claviériste (Erik Paparazzi). Chan entame son set par « He turns down ». Elle a une superbe voix, chargée de feeling, qui rappelle Sinead O’Connor, mais cette voix semble si fragile. D’ailleurs, par prudence, elle avale quelques gorgées de thé, entre les morceaux. Il se met soudain à pleuvoir, pluie qui ne cessera plus jusqu’à la fin de son concert. Et elle s’en excuse. Elle chante aussi en se servant de deux micros, qu’elle tient en mains. Parfois on a l’impression qu’elle manque d’assurance ; ce qui rend son concert encore plus émouvant…

Une des têtes d’affiche de ce Festival Cactus était incontestablement Joe Jackson. Et il va le démontrer. Un décor en forme de rideaux en velours, comme au théâtre, est tiré en arrière-plan. Lumineux, il va régulièrement changer de couleur. Joe Jackson grimpe sur l’estrade, salue la foule et s’installe derrière son piano Roland AD-800. Elégant dans son costume bleu ciel, pâle, les cheveux blonds et luisants, il a le visage gonflé au botox. Bien qu’âgé de 65 balais, son talent est intact. En outre, il est soutenu par trois fameux musiciens. Tout d’abord son fidèle bassiste Graham Maby qui l’accompagne depuis plus de 40 ans, puis le batteur Doug Yowell et enfin le guitariste Teddy Kumpel, costard mauve et casquette bleue, cravate verte et souliers rouges à paillettes. Le set s’ouvre par « One more time » et va nous réserver de nombreux hits puisés au sein de sa large discographie, dont les refrains sont chantés –parfois en chœur– par les spectateurs, mais également des extraits de « Fool », son dernier opus, qui traite de la comédie et de la tragédie ; notamment le titre maître, qui passe en revue hip hop et rythmes latinos. Sans oublier la cover du « Rain » des Beatles. Ses interventions au piano qui oscillent entre jazz, classique, pop, rock et soul sont lumineuses. Un virtuose des ivoires ! Sa voix, oscillant du rocker cynique au crooner sophistiqué, est excellente. Et son backing group, irréprochable. Il souffle de la clavinet sur le ska/reggae « Sunday papers », en reproduisant quelques notes du « Gangsters » des Specials. A la fin de « Ode to joy », le groupe fait un arrêt sur image pendant 30’. Epatant ! Ce qui va valoir au quatuor une fameuse salve d’applaudissements de la part l’auditoire. Mérité, au vu également du solo de batterie exécuté par Doug, qui a alors démontré toute l’amplitude de son drumming.  Et après le plus punk « I am a man », reflet d’une époque où il était souvent en colère, Jackson et son le band vont nous accorder en rappel, l’incontournable « Steppin’ out »… Un remarquable concert !     

Setlist : ‘One More Time’, ‘Is She Really Going Out With Him?’, ‘Fabulously Absolute’, ‘Strange Land’, ‘Another World’, ‘Real Men’, ‘Rain’ (The Beatles cover), ‘Invisible Man’, ‘It's Different for Girls’, ‘Fool’, ‘Sunday Papers’, ‘You Can't Get What You Want (Till You Know What You Want)’, ‘Ode to Joy’, ‘I'm the Man’, ‘Steppin' Out’

Il revenait à Bloc Party de clôturer la soirée. Pas évident après un set tel que celui de Joe Jackson. Finalement on a eu droit à une prestation en dents de scie. La voix de Kele Okereke semblait manquer de maîtrise. Et était-ce une bonne idée de rejouer l’intégralité de son premier album, « Silent alarm », son magnum opus paru en 2005 ? Probablement pas ! Si les fans de la première heure ont chanté et apprécié, le set n’a pas répondu aux attentes. Kele a bien essayé de communiquer avec la foule, mais sans succès. Il chantait parfois trop doucement, ne finissant pas ses phrases et s'éloignait souvent trop vite de son micro, à tel point que certaines paroles n'étaient même plus perceptibles. Dommage, mais manifestement, au fil du temps ce Bloc Party s’est effrité…

A demain…

(Organisation : Cactus, Bruges)

Reena Riot + Rolling Blackouts Coastal Fever + Omar Souleyman + Whispering Sons + Dead Man Ray + Cat Power + Joe Jackson + Bloc Party

(Voir aussi notre section photos ici)

Rock Zottegem 2019 : samedi 6 juillet

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‘Nothing ever happens in this town’ chantait Michiel Libberecht alias Mooneye sous le chapiteau de Rock Zottegem ce samedi après-midi. Une chose est sûre, il ne s’agit pas de la bourgade flandrienne qui accueille depuis un quart de siècle le gratin de la pop et du rock début juillet. Têtes d’affiche de la deuxième journée de l’édition 2019 : Tears For Fears, Live et Interpol…

Le lancement des festivités a donc été confié à l’un des trois récents lauréats de De Nieuwe Lichting, l’émission organisée par Studio Brussel destinée à découvrir de nouveaux talents. Pour vous donner une idée de la qualité du casting, Tout Va Bien, Tamino, Sons et Portland en sont notamment sortis auréolés ces dernières années. Si Mooneye est le pseudo du leader, ce n’est qu’entouré de ses musiciens qu’il donne la pleine mesure de son talent. On s’engouffre ainsi dans l’univers de Radiohead, même si la voix est parfois proche de celle de Jasper Steverlinck. Néanmoins, malgré trois guitares en action, les compositions manquent encore de rugosité. Mais par rapport aux Nuits du Bota en support de Piroshka, elles ont déjà gagné en puissance.

Changement radical de style en compagnie de Boef, l’hyper populaire rappeur néerlandais qui va régaler les premiers rangs pendant trente bonnes minutes. Ce soir, il est soutenu par une DJette mais aussi un type dont on se demande toujours l’utilité, immobile à côté de la console. Quoi qu’il en soit, l’anorak rouge vif, les lunettes de soleil, les baskets à paillettes et l’attitude de frimeur du MC constituent le complément visuel idéal à son flow guttural soutenu.  Musicalement, l’environnement électro-ragga-oriental devrait faire un malheur au stand des auto-scooteurs.

La planète pop avait ensuite rendez-vous avec Walk Off The Earth, un combo canadien qui a sans doute besoin de deux semi-remorques, rien que pour transporter son matériel. Ne tenant pas en place une seconde, les sept musiciens s’échangent en effet une tripotée d’instruments (certains uniques, extravagants ou fabriqués sur mesure) qui bien souvent virevoltent dans les airs. À charge pour les roadies de les rattraper tout en ne perdant pas de vue la mise en place du titre suivant. Millimétré et hyper professionnel, le show confère un univers propre à chaque composition, laissant presque sa teneur au second plan. Facile –à l’instar du medley associant aussi bien « Stand By Me » que « Shape Of You » ou « No Scrubs »– mais redoutablement efficace…

Les choses sérieuses vont toutefois commencer juste avant 20h par Tears For Fears. Roland Orzabal (chevelu, barbu et dodu) et Curt Smith (bronzé, fit et à la diction impeccable) ont enterré la hache de guerre et enfin publié un album ensemble, il y a une bonne dizaine d’années. Un album confidentiel dont ils ne vont pas jouer un seul morceau... Les seuls titres postérieurs à 1989 se limiteront ainsi à « Break It Down Again » (extrait d’« Elemental », enregistré à l’époque par Roland en solitaire) et… une cover de Radiohead que les gaillards d’Oxford ne chantent même plus (« Creep »). Sans compter l’intro du concert signée Lorde et sa version du « Everybody Wants To Rule The World » dispensée en début de set…

De toutes façons, les spectateurs sont venus pour les hits et ils allaient être servis. Des efficaces « Change » et « Mad World » à « Head Over Heel » en passant par les travaillés « Advice For The Young At Heart » et « Sowing The Seeds Of Love », ils vont déballer. On leur reprochera peut-être de délivrer des versions un peu trop conformes aux originales en s’appuyant sur un synthé Roland (!) vintage. Mais ces mêmes spectateurs restent de marbre tout au long de l’obscur « Suffer The Children » et du jazzy complexe « Badman’s Song » sur lesquels leur choriste (un genre de Kate Bush endimanchée arborant un chemisier blanc à frou-frou), dont la voix va véritablement impressionner… Et le show de s’achever sans surprise par un « Shout » au titre judicieux.

Setlist : Everybody wants to rule the world, Sowing the seeds of love, Pale shelter, Break it down again, Advice for the young at heart, Creep, Change, Mad world, Memories fade, Suffer the children, Badman’s song, Head over heels, Shout.

L’idylle entre Live et le public néerlandophone remonte à l’époque de « Throwing Copper », l’album qui a rendu le groupe emmené par le charismatique Ed Kowalczyk incontournable dans le paysage musical US. A l’époque, la formation a vendu plusieurs millions d’exemplaires et des singles comme « All Over You » et « Selling The Drama », les deux premiers titres interprétés ce soir, ont inondé les ondes. Il ne faut d’ailleurs pas deux accords pour voir les spectateurs en transe, à l’instar d’un soir de 2001 au Pukkelpop où le groupe avait débarqué en tant que ‘surprise act’ sur la Main Stage.

Durant tout le set, les vocalistes vont hurler les paroles à tue-tête, transformant par moments Rock Zottegem en karaoké géant. Chemise déboutonnée jusqu’au nombril et transpirant abondamment, le souriant leader profite du moment, n’hésitant pas à rejoindre le front stage de temps à autre. Ici aussi, c’est la partie nostalgie qui est mise en avant, le groupe se cantonnant aux hits proprets des années 90, dont « They Stood Up For Love », numéro un au nord du pays et « The Dolphin’s Cry ». Pas la moindre trace d’un nouveau titre malgré un Ep publié l’an dernier. Au contraire, deux covers dispensables (« Losing My Religion » de R.E.M. et « Paint It, Black » des Rolling Stones) complèteront une setlist que l’on aurait souhaitée plus ambitieuse…

Setlist : All over you, Selling the drama, Losing my religion, They stood up for love, The dolphin’s cry, Paint it, black, Lakini’s juice, I alone, White, discussion, Run to the water, Lightning crashes

Après un passage à vide vécu au tournant de la décennie, suite au départ du bassiste Carlos Dengler, et dans la foulée, publiant un décevant album éponyme, les gaillards d’Interpol ont repris du poil de la bête. En engageant deux musiciens de tournée (un claviériste et un bassiste) tout d’abord. Puis en enregistrant « El Pintor » en 2014 et « Marauder » l’an dernier, deux elpees inspirés, entrecoupés par la célébration du quinzième anniversaire de l’essentiel « Turn On The Bright Lights ». C’est donc un groupe en pleine possession de ses moyens qui monte sur les planches ce samedi soir.

En entamant le set pied au plancher par « C’mere », le band place d’emblée la barre à un niveau élevé… qu’il va maintenir contre vents et marées. Sapés comme des princes (mention à l’intenable guitariste Daniel Kessler qui se produit en col et cravate aussi bien qu’à Paul Banks, lunettes de soleil et barbe naissante), les musicos vont ainsi prendre le public à la gorge et maintenir cette étreinte presque jusqu’à l’étouffement. Sombre à souhait, l’environnement glacial, jeux de lumières compris, sied à merveille à des compositions que le combo prend un malin plaisir à accélérer (« Say Hello To The Angels », « Evil », « The Rover »). Un peu comme s’il avait décidé de caser un set complet en soixante-cinq minutes.

Finalement, en restant fidèles à leurs convictions, les New Yorkais ont réussi là où tous les autres groupes de la journée ont échoué, essentiellement par manque d’audace. Spontanéité, sobriété et nouveauté (« Fine Mess », extrait d’un Ep publié tout récemment) sont au rendez-vous. Ajoutez-y des versions poignantes de « Public Pervert » et « All The Rage Back Home », des titres omis lors de leur passage à Forest National en novembre dernier (« The Heinrich Manoeuver » et « Take You On A Cruise ») ainsi qu’un son nettement plus limpide et on ne doit pas chercher beaucoup plus loin l’apothéose de cette édition 2019 du Rock Zottegem.

Setlist : C’mere, If you really love nothing, Public pervert, The heinrich maneuver, Say hello to the angels, Take you on a cruise, Fine mess, Evil, Nyc, All the rage back home, Rest my chemistry, The rover, Slow hands, Not even jail, Obstacle 1, Roland

(Organisation : Rock Zottegem)

Mooneye + Boef + Walk Off The Earth + Tears For Fears + Live + Interpol

Pour les photos, c'est ici

Rock Zottegem 2019 : vendredi 5 Juillet

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Le festival de Zottegem mérite de conserver son épithète Rock. En effet, de nombreux autres festivals, comme celui des Ardentes (NDR : qui se déroule ce même week-end), ne programment quasiment plus que des artistes rap, r’n’b, ou des djs, englobés dans la musique dite ‘urbaine’. Mais heureusement pour les fans de guitares, l’affiche de ce soir va nous régaler. Et particulièrement lors du show de Midnight Oil, une formation australienne qui se produit rarement en Belgique…

Alors que le festival n’est situé qu’à 40 km de son point de départ, votre serviteur va connaître un parcours plutôt difficile. Faut dire que Bruxelles accueille le Tour de France et rencontre, aujourd’hui, de multiples incidents techniques, dans les tunnels de son ring. Faudra donc s’armer de patience, en espérant ne pas trop louper de concerts…

En débarquant, l’accueil est toujours aussi familier, bon-enfant, sympathique et personnalisé. Des caractéristiques à souligner…

Flogging Molly va rapidement rendre le sourire et l’énergie nécessaires, après cette étape laborieuse. Le septuor californien connaît la recette depuis vingt ans pour enflammer les grandes salles et festivals. Et il ne l’a pas perdue. Raison pour laquelle, sans doute, son show accordé à l’Ancienne Belgique, en janvier dernier, était sold out. Son punk-rock celtique aux racines irlandaises navigue quelque part à la croisée des chemins de Dropkick Murphys, Pogues et Dubliners, dont il reprend le fameux « Seven drunken nights ». Très vite le single « Drunken Lullabies » déclenche des pogos sur une bonne quinzaine de rangs, face au podium. Et quelques slams embraient ; ce qui complique le travail des photographes et de la sécurité en front stage. Dave King a l’art de mettre son public en poche. Rouquin, il distribue des bières ou complimente des fans pour leurs t-shirts, et notamment l’un d’entre eux qui arbore l’effigie de Bad Religion et un autre de Johnny Cash. Son épouse, Bridget Regan, se charge du violon ou de l’emblématique tin whistle. Chaque sonorité émise par cette flûte irlandaise vous incite à taper du pied, et tout particulièrement lors de la ballade « If I Ever Leave This World Alive ». On est rapidement plongés au sein d’une ambiance de grand pub ou de fest noz bretonne ; attaqué tambour battant, « Seven Deadly Sins », constituant le point d’orgue du set. Bien sûr, la prestation concède quelques moments plus faibles, notamment lorsque le bassiste décide de se consacrer au micro ; ce qui ne nuit pas pour autant à l’ambiance générale. On épinglera encore le light show ; et tout particulièrement lorsque les faisceaux lumineux de couleur verte se focalisent sur la foule occupée de danser, accentuant cette impression d’être plongé au sein d’une fête irlandaise. 

Il y a autant de monde à l’extérieur qu’à l’intérieur du chapiteau recouvrant la scène principale. Il faut dire que le soleil est généreux. Une marque de vodka qui sponsorise le festival a planté un château gonflable où jeunes, et moins jeunes, peuvent se défier.

Une petite scène est réservée aux Djs, une estrade sur laquelle va notamment se produire le Gantois Maxim Lany, qui s’est illustré en publiant l’album « Renaissance », paru sur le label Armada. Cependant, on est loin de l’atmosphère jeune et déjantée qui sévit au sein des festivals dit ‘branchés’…

A peine le temps de se rafraîchir, et Midnight Oil entame son show. Faut dire qu’entre deux artistes ou groupes, il ne faut que 20 minutes d’attente. Les fans du band aussie attendent ce moment depuis longtemps. Il faut d’ailleurs remonter à 1988, au Vooruit, et 1990, à Torhout/Werchter, pour trouver trace de sa présence en Belgique. En 1993, il participait encore à un mini-festival, au stade Grimonprez-Jooris, à Lille. Au cours des dernières années, il a de nouveau opéré quelques escales, en France, mais rien pour le pays des moules/frites. ‘It has been so long time’ clame Peter Garrett, à plusieurs reprises, pendant le concert. Qui commence en force par “Dead Heart ». La foule scande l’intro en chœur. Rob Hirst imprime énergiquement le tempo (NDR : il sera d’ailleurs soutenu tout au long du set) sur ses fûts. Peter s’avance lentement vers le micro. Du haut de ses 1m93, il est toujours aussi charismatique. Sa voix et son énergie sont demeurées intactes, malgré ses 66 balais. Les compositions non plus n’ont pas pris une ride, chaque musicien y participant activement, le saxophoniste apportant, en outre, une petite touche jazzyfiante. Des messages citoyens sont affichés sur un calicot en fond de scène, mais écrits en petits caractères, ils ne sont guère lisibles. On regrettera d’ailleurs le peu de déclarations émises par le leader, pourtant réputé pour son engagement politique. Il va simplement se contenter de lancer une petite pique à l’égard des USA sur « Blue sky mine », mais également rendre un hommage aux aborigènes (qu’il a défendu à travers les lyrics des morceaux de son album, « Diesel and dust »), avant d’aborder son tube « Beds are burning », dont le public reprend en chœur le ‘How do we sleep while our beds are burning ?’ du refrain, à haute voix. Un hymne australien inoxydable ! En fin de parcours le band nous livre encore un très punk « Forgotten years », avant de vider les lieux sous l’ovation générale de l’auditoire...

Setlist : « The Dead Heart », « Redneck Wonderland »,« King of the Mountain », « Truganini », « Blue Sky Mine », « Whoah » ,« My Country », « Short Memory », « Kosciusko », « Only the Strong», « Put Down That Weapon », « Beds Are Burning », « Forgotten Years »

Formation batave, Heideroosjes jouit d’une certaine notoriété au Nord du pays. Mais son punk un peu bourrin ne recueille pas les faveurs de votre serviteur.

Au cours de la nuit, le come-back (encore un) de Limp Bizkit avait vraiment de quoi réjouir la galerie. Mais en privilégiant les covers, alors qu’il compte sept elpee dans sa discographie, il a manqué sa cible. En outre, la fatigue commence à ronger les organismes. Et en rejoignant ses pénates, votre serviteur se ménage quelque peu pour le lendemain…

(Organisation : Rock Zottegem)

Flogging Molly + Maxim Lany + Midnight Oil + Heideroosjes + Lim Bizkit

Pour les photos, c'est ici

Cactus Festival 2019 : vendredi 5 juillet

Vendredi soir, vers 16 heures, les premiers spectateurs arrivent devant le Minnewaterpark et s'assoient tranquillement à l'entrée. Ils sont clairement impatients de pénétrer sur le site et regardent autour d’eux en affichant un bel enthousiasme. La musique résonne déjà dans les enceintes. On sera bientôt plongé dans l'atmosphère unique du Cactus. Une vingtaine de minutes plus tard, les écluses s’ouvrent sur le parc...

Votre serviteur décide d'aller explorer le coin ; et ce qui le frappe de suite, ce sont les magnifiques et uniques sculptures qui décorent le secteur dans un bel ensemble de chaleur et d'intimité. Il y a également de nombreux stands de nourriture, la piste de danse annexe et même un kiosque baptisé ‘Win For Life’. Cependant, le choix est rapide. Pas trop le temps de s’attarder au stand de la Loterie Nationale ; il est temps de partir à la découverte des nombreux groupes ou artistes qui vont se produire sur le podium…

Et puis à 17 heures Kirsten Lemaire, la présentatrice, monte sur l’estrade pour donner le coup d’envoi officiel de l’édition 2019 du festival Cactus…

On n’imagine pas le stress que doit vivre un artiste ou groupe qui ouvre un festival. Cette mission est dévolue à Eliza Doolittle et son équipe. D’origine londonienne, elle s’est lancée dans la musique très jeune. Mais elle a diamétralement changé de cap, l’an dernier, lors de la sortie de son dernier opus, « A Real Romantic ». Un disque publié en 2018 qui recèle de nombreuses compos baignant au sein d’un r&b teinté de jazz et dont elle va nous en proposer de larges extraits. Sur les planches, elle semble peu sûre d’elle, mais aussi un peu trop statique. Si "Was Looking" constitue le meilleur moment de son set, il faut avouer qu’il nous a laissés sur notre faim….

Faces on TV, c’est le projet de Jasper Maekelberg. Il s’est forgé sa notoriété comme producteur en bossant, notamment, pour Warhola, Tsar B, Soldier’s Heart et Jef Neve. Dès le début du concert, la formation libère une belle énergie à travers des compos allègres, souples et dansantes. Lorsque sa pop devient davantage psychédélique, on pense parfois à Balthazar, même si le style est totalement différent. Jasper chante, se sert de percus espiègles et souffle également dans un harmonica. Il prend même un bain de foule, lors du troisième titre. Bref, une prestation propice à la bonne humeur, dont on retiendra surtout les backing vocaux remarquables assurés par Dienne Bogaerts. Sans elle, le band n’aurait sans doute pas la même saveur. Elle pourrait d’ailleurs facilement se lancer dans un projet solo…

Par rapport à sa prestation accordée au festival, en 2013, Stefanie Callebaut semblait beaucoup plus confiante. Et pourtant, l’auditoire s’est montré bien moins enthousiaste. Une raison ? Des compos récentes qui ont dominé la setlist. D’ailleurs, le public est davantage séduit par son ancien répertoire. Parce que les nouveaux morceaux constituent une forme d’extension des anciennes. Donc, rien de neuf à l’horizon. Même que parfois, la voix de Stefanie rappelle celle de Lou Rhodes (Lamb). Un concert bien trop monotone pour convaincre…

Dix secondes, il n’a pas fallu plus de 10 secondes, pour que Goose fasse exploser la plaine du Minnewaterpark. Boosté par un light-show impressionnant, gavé de lasers et stroboscopes, le set a mis le souk au sein de la foule, qui manifestement avait envie de faire la fête. L’électro-rock hyper puissant, nourri aux guitares, percussions et synthés a littéralement fait mouche. Il y a bien eu un problème technique, rencontré par le bassiste, mais d’un bout à l’autre du show, Goose n’a montré aucun signe de faiblesse tout en parvenant à placer la barre très haut. Rester immobile était inconcevable, et la plupart des chansons ont été reprises à haute voix par les spectateurs. A la fin du concert, une question m’a traversé à l’esprit : Oscar & The Wolf était-il capable de faire mieux ?

Pour accueillir Oscar & The Wolf, le podium est bordé de grands draps blancs. Immaculés, même. Dès que le backing group monte sur l’estrade, une énorme ovation émane de la foule. Après une courte intro, Max Colombie débarque à son tour. Tant les titres les plus anciens, à l’instar de "Undress", issu de l’elpee  "Entity", que les nouveaux, dont "So Real", "Breathing" et "Runaway", qui figurent sur l’album "Infinity", sont interprétés sur un tempo soutenu. Les musicos sont particulièrement complices et Max ne manque pas d’esquisser ses rituels mouvements de danse. Un spectacle sexy, sensuel et propice au lâcher-prise, bien soutenu par un jeu de lumières tout aussi épatant que celui de Goose. Et cerise sur le gâteau, des canons vont propulser des confettis, pour couronner le show…  

(Organisation Cactus, Bruges)

Eliza + Faces on TV + SX + Goose + Oscar & The Wolf

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Les Nuits Botanique 2019 : samedi 4 mai

Vous connaissez la Loi de Murphy ? En voici un bel exemple ! Imaginez que vous êtes intéressé(e) par deux groupes ou artistes lors d'un festival et, malencontreusement, ils se produisent au même moment, sur deux scènes différentes. Le dilemme de ce soir, aux Nuits Botanique, c'est donc le choix entre Weyes Blood, dans la Rotonde, et Kompromat, sous le chapiteau. Choix cornélien, s'il en est, qui sera résolu à la manière de Salomon, en accordant une moitié du temps à chacune des prestations.

En toute logique, ce diptyque musical est entamé par Weyes Blood, car la pop orchestrale de l'Américaine constitue une idéale mise en bouche avant de passer à l'explosion électro de Kompromat. Natalie Mering, qui a choisi son nom de scène en référence au roman ‘Wise Blood’ de Flannery O'Connor, est un véritable OVNI sur la scène musicale. Dans une démarche 'rétro-futuriste', elle conçoit une musique vintage que l'on croirait issue des années soixante, voire même plus tôt encore. On pense aux Beach Boys, dont elle reprend d'ailleurs le « God Only Knows » en concert, mais aussi à Joan Baez, Procol Harum, Jennifer Warnes, sans oublier le Jazz et Gershwin ! Ce cocktail suranné débouche, étonnamment, sur une 'dream-pop' moderne, fraîche et hypnotique, bercée par la voix voluptueuse de la jeune Américaine.

Ce soir, sur les planches, Natalie est vêtue d'un superbe costume deux pièces blanc, sur lequel ondule sa sublime chevelure noire. C'est que la chanteuse possède la beauté et l'élégance, outre son talent ; de quoi fasciner le public de la Rotonde. Soutenue par un groupe complet, elle se plante derrière son clavier Nord et, tout au long de la première partie de son set, interprète à la perfection une majorité de compositions tirées de son nouvel album, le 4ème, « Titanic Rising », dont « A Lot's Gonna Change » et son dernier single, « Everyday ». Les versions 'live' sont très proches de celles gravées en studio, ce qui est remarquable vu toute la richesse des arrangements originaux. Au début de « Picture Me Better », on ne peut s'empêcher de comparer les premières notes et les harmonies au « Don't Make Me Over » de Dionne Warwick, un titre repris en français par les Surfs. Tout au long de cette compo, le timbre cristallin et les harmonies stellaires emportent l’auditoire. Pas de doute : le spectacle est très réussi à tous point de vue mais il manque peut-être une petite touche de folie, de mystère pour enflammer complètement les cœurs.

C'est le moment choisi pour quitter l'ambiance intime de la Rotonde et rejoindre le Chapiteau pour le set de Kompromat. Ce duo constitue le nouveau projet de Vitalic et Rebekka Warrior, alias Julia Lanoë, de Sexy Sushi. « Kompromat », en russe, signifie ‘dossiers compromettants’, principalement en référence à une personne publique. Renforçant encore le côté international, les paroles des chansons du duo sont interprétées en... allemand. Un choix étonnant quand on sait que R. Warrior ne parle pas la langue de Goethe !

Qu'à cela ne tienne, le premier album de cette paire, « Traum und Existenz », est un missile ! Il réussit le mariage entre un style électro-clash façon The Hacker & Miss Kittin' et un synth-punk racé, élaboré avec maîtrise par Pascal Arbez-Nicolas.

Quand on connaît les extravagances scéniques de Sexy Sushi, il est naturel d’être curieux de voir ce duo opérer en 'live' ! Après quelques minutes et « Niemand », son premier hit, force est de constater que le show est, disons-le, classique dans un style typiquement Vitalic. Le musicien trône derrière une énorme table, sur laquelle sont disposés son matériel informatique et ses synthés analogiques. Le light-show est impressionnant, articulé autour de lasers placés sur les côtés et d'un gigantesque néon représentant le nom du groupe. Le son est à la hauteur des attentes, énorme. Inquiétante, de par sa coupe militaire et ses habits noirs, R. Warrior chante à la perfection, avec cette hargne typique de l'électro-clash. Pendant « De Mon Âme à Ton Âme », l'actrice française Adèle Haenel, présente sur l'original studio, rejoint le tandem sur les planches pour ce titre aérien et émouvant, qui apparaît dans le set comme une douce parenthèse.

On revient bien vite aux rythmes effrénés grâce à « Auf Immer und Ewig » et « Herztod ». A ce moment, on identifie clairement l'influence de l'EBM belge de Front 242, une influence revendiquée par Pascal Arbez-Nicolas dans ses interviews récents. Pour les fans de ce type de musique, comme votre serviteur, c'est véritablement une aubaine qu'un artiste de la renommée de Vitalic se lance dans un projet clairement orienté du côté 'dark' de la 'wave' !

Bref, on a assisté à un excellent concert ! On espère juste qu'au fil des représentations, R. Warrior s'enhardira quelque peu et qu'elle fera éclater le carcan 'live', un peu convenu pour l'instant, de ce projet hautement prometteur...

En point d'orgue de la soirée, le Français Romain Delahaye, alias Molecule, a déroulé son électro torride sous un chapiteau rendu... glacial par une météo décidément bien déréglée en ce début de mois de mai. Le musicien devait s'y sentir à l'aise, lui qui a élaboré son dernier album, « -22,7° » au... Groenland. Quand on est givré...

Weyes Blood + Kompromat + Molecule

(Organisation Botanique)

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Les Nuits Botanique 2019 : jeudi 2 mai

L'éclectisme qui régit les Nuits Botanique n'est plus à démontrer. Ce soir, il va de nouveau se vérifier, à travers une programmation qui opère un grand écart musical entre un pianiste d'inspiration classique et la nouvelle égérie de l'électro-pop française.

Lubomyr Melnyck nous a fixé rendez-vous dès 20 heure au Grand Salon. Ce pianiste et compositeur canadien d'origine ukrainienne est de retour deux ans après avoir accordé un concert au Cirque Royal, en première partie de Terry Riley. Affichant plus de 70 printemps, il est mondialement connu pour sa technique du jeu ininterrompu. Dans son travail, on peut entendre les influences de Ravi Shankar et d'autres musiciens indiens, tandis que les textures répétitives évoquent souvent Steve Reich et Philip Glass.

Ce soir, il joue à guichets fermés dans le Grand Salon. Arborant un look de patriarche slave, le magicien du piano apparaît seul sous les projecteurs et remercie le public de sa présence. Tout au long du concert, il multipliera les interventions au micro, expliquant les différents aspects de sa technique et présentant le contexte et la signification de chacune de ses compositions.

Dès les deux premières pièces, « Illirion » et « Butterfly », on est frappé par l'incroyable dextérité du musicien. Sa technique consiste à construire un flot ininterrompu de notes en glissant très rapidement sur les ivoires. C'est comme une vague irrésolue qui se déroule en va-et-vient sur toute la longueur du clavier. Au milieu de ces triples ou quadruples croches, Melnyk martèle plus fortement certainement touches, révélant ainsi la mélodie dominante. 

En outre, le Canadien est un maître de l'improvisation, ce qui lui permet d'inventer littéralement de nouvelles compositions tout en jouant. Notons, au passage, qu'il a établi deux records mondiaux, en 1985 à la Sigtuna Stiftelsen, en Suède. Au cours d'un concert enregistré, il a joué avec chaque main jusqu'à 19,5 notes par seconde tout en maintenant une moyenne entre 13 et 14 notes pendant une heure complète. Eddie Van Halen peut aller se rhabiller... 

Modeste, l'artiste rappellera d'ailleurs pendant le concert que sa technique est unique et impossible à reproduire pour les autres pianistes, fussent-ils virtuoses.

Après une courte pièce intitulée « Rondo Gaze », composée, dit-il, pour s'amuser, le Maître s'attaque ensuite à un des piliers de la setlist : « Love song of Bonnie and Clyde », une composition pour deux pianos et un synthétiseur (NDR : un Korg pour être précis). Accompagné par une bande enregistrée, il se lance à nouveau dans une sarabande de notes virevoltantes, au sein desquelles on distingue une mélodie toute simple, évoquant les canons de Pachelbel ou certaines partitions de Vangelis.

Enfin, pour clôturer son concert, Melnyk nous offre « The End of the World », un tour de force de plus de 20 minutes mettant en scène une sombre apocalypse en accords mineurs, suivie d'un motif répétitif qui, tel un mantra, convoque un nouvel espoir et fait apparaître, sous la forme d'accords majeurs, une lumière qui s'entrouvre sur l'éternité...

Les applaudissements du public sont encore nourris lorsque nous mettons le cap sur le Chapiteau, où Jeanne Added entame le cinquième titre de sa setlist. Et non des moindres, puisqu’il s'agit d'un des hits de son nouvel opus, « Mutate ».

Jeanne Added est une musicienne surdouée. Après avoir accompli de brillantes études musicales, elle a entamé une carrière solo orientée, dans un premier temps, sur une ligne plus rock, ponctuée de touches new-wave. Sur son deuxième album, « Radiate », publié il y a quelques semaines, elle a pris un virage à 180°, en empruntant la voie de l'électro-pop, dans un style qui oscille entre l’univers de Ladytron, Goldfrapp et Florence and The Machine. Sur les planches, elle affiche un look assez ambigu, subtilement 'tomboy', qui évoque bien sûr Chris(tine and the Queen), un look qui lui permet d'incarner une icône LGBT, une communauté présente en masse devant le podium...

‘C'est ici que j'ai enregistré mon nouvel album’, précise la chanteuse. ’A Molenbeek !’ (NDR : prononcez ‘Molenbèk’). » Très à l'aise sur les planches, la Française n'hésite pas à papoter entre les morceaux et à chaque fois que la musique devient plus remuante, elle esquisse agilement quelques pas de danse que ne renierait pas la Reine Chris ; encore elle. Les arrangements sont 100% électro, interprétés par deux claviéristes du beau sexe et un batteur.

Dans « Falling hearts » et « Back To Summer », la chanteuse s'amuse clairement avec les rythmiques et les progressions électro, voire même disco-funky. Ces dernières provoquent de belles réactions du public, dans un Chapiteau rempli aux trois-quarts. Par moments, on pense aussi à Austra, le groupe canadien de Katie Stalmanis.

Après le très calme « Look at them », « A war is coming » installe une ambiance menaçante, presque apocalyptique mais qui ne s’éternise pas, car « Lydia » vient à nouveau stimuler les gambettes grâce à des rythmes syncopés et à la superbe envolée de sirènes synthétiques.

Le concert se clôture par « Before the Sun » dont le final est hymnique. Au cours du rappel, Jeanne propose tout d'abord une jolie séquence seule-en-scène à l'entame de « Song 1 2 » et conclut par un « Suddenly » ponctué par les ‘oh oh oh’ repris en chœur par le public. Pas de doute, en ‘live’, Jeanne propose une réelle valeur ajoutée... A real ‘Added’ value...

Lubomyr Melnick + Jeanne Added

(Organisation : Botanique)

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Roots & Roses 2019 : mercredi 1er mai 2019

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Cette année, le Roots & Roses fête son dixième anniversaire et pour la circonstance il a invité Black Box Revelation qui s’était produit lors de la première édition mais également de grosses pointures comme Wovenhand, Jon Spencer ainsi que Kitty, Daisy & Lewis, un trio qui va faire l’unanimité au sein de l’auditoire. Bonne nouvelle pour les organisateurs, la toute grosse foule s’est déplacée pour l’événement. Il doit y avoir plus de 4000 âmes sur le site en ce mercredi 1er mai, au beau milieu de l’après-midi. Faut dire aussi que le soleil est au rendez-vous. Compte-rendu.

Le Roots & Roses commence par The Courettes, pour Musiczine, un duo qui réunit le Danois Martin Wild, et la Brésilienne Flavia Couri, un couple qui marie donc le froid et le chaud. Pourtant, leur garage/rock revivaliste remplit tout l’espace sonore. La puissance de frappe de Martin sur ses fûts est impressionnante et épaule parfaitement la très jolie guitariste Flavia, dont la voix me fait parfois penser à celle de Poly Styrène (X-Ray Spex), alors que ses interventions à la gratte sont singulièrement efficaces. Le tandem n’est pas venu pour enfiler des perles, mais libérer une énergie rock’n’roll redoutable. Enfin, dans les lyrics, on retrouve certains thèmes développés par les Cramps, et notamment ceux relatifs aux films d’horreur de série B…   

Place ensuite à The Sadies, un quatuor torontois impliquant deux frères, Dallas et Travis Good, qui se partagent le chant et les guitares, et une section rythmique batterie/contrebasse ; un band dont l’alt country bien électrifiée est contaminée par le punk et le garage, mais aussi le psychédélisme West Coast et le bluegrass. Tout un programme ! La formation compte plus de 20 ans d’existence, et apparemment ce soir, les frangins n’étaient pas de bonne humeur, mais très pro, le combo a fait le job et puis a tiré sa révérence…   

Calibro 35 est un gang italien responsable d’une musique instrumentale qui mêle funk, jazz fusion et prog. Après une intro atmosphérique, il va nous proposer un répertoire partagé entre répertoire personnel et thèmes classiques de bandes originales de films issus des seventies. Massimo alterne guitare et claviers, pour donner de la profondeur au son alors qu’Enrico joue du saxophone (NDR : un virtuose !) et du clavier en même temps. Tous les musiciens sont doués, mais ce sont ces duos entre Massimo et Enrico qui font la différence….

The Devil Makes Three est un trio californien, issu de Santa Cruz très exactement, dont la musique oscille entre bluegrass, country, folk, blues, jazz et ragtime. Pete Bernhard, le guitariste, en est le leader et le principal compositeur, Cooper McBean, casquette vissée sur le crâne et couettes tressées, se consacre soit à la gratte, au dobro ou au banjo et Lucia Tunimo, à la contrebasse. En live, ils sont soutenus par un drummer.

Le dernier elpee du band, « Chains are broken » est paru l’an dernier, un disque dont les lyrics relatent l’histoire d’un groupe dont les musicos ont acquis une certaine maturité en se débarrassant de leurs problèmes liés à l’alcool. Boire pour oublier les tracas de la vie quotidienne et en découdre avec son prochain devait sans doute constituer leur mode de vie, auparavant. Ces chansons bibitives incitent cependant aussi à danser, frapper des mains et lâcher prise et mettent en exergue d’excellents instrumentistes qui prennent un soin particulier pour soigner leurs harmonies vocales. McBean est un virtuose du picking, notamment sur son banjo tenor. Lucia se réserve le chant sur la cover de Peggy Lee, « I’m a woman », et des chansons comme « Gracefull facedown » et surtout « Chains are broken », le titre maître du dernier opus, sont particulièrement contagieuses. Un groupe vraiment taillé pour la scène. Il le reconnaît d’ailleurs publiquement, estimant que c’est là qu’il parvient à allier esprit et passion. Il va d’ailleurs recueillir de chaleureux applaudissements, à l’issue de sa prestation.

Place ensuite à Endless Boogie, un quatuor établi à New-York, de Brooklyn très exactement, qui aurait pu vivre fin des sixties, début des seventies, tant sa musique est revivaliste. Même le look du chanteur/guitariste, Paul ‘Top Dollar’ Major –il est né à Louisville, dans le Kentucky, en 1954– colle parfaitement à cette époque. Au fil du set, on pense à Neu, pour le krautrock et à Grateful Dead pour le psychédélisme West Coast, même si l’expression sonore recèle des traces de hard rock, de stoner et de blues. Les morceaux sont interminables et parfois s’étendent au-delà du quart d’heure. Les solos de guitare sont légion chez Paul, alors que son complice, Jesper ‘The governor’ Eklow, balise parfaitement l’ensemble de sa gratte rythmique. Motorpsycho explore parfaitement ce style, bénéficiant de la présence de deux excellents vocalistes. Endless Boogie souffre malheureusement de cette carence vocale. Pourtant, déclamatoire, la voix de Major peut rappeler Captain Beefheart, mais elle râcle carrément les portugaises, lorsqu’il essaie de chanter. Le son est naturellement crade, un choix qui ne soulève aucune objection. Par contre, le volume sonore est excessif. Pas vraiment une bonne idée, car en se protégeant à l’aide de bouchons dans les oreilles, on perd alors toutes les subtilités des tonalités aigues…

Faut croire que Endless Boogie et Wovenhand s’étaient passés le mot, car le set de la bande à David Eugène Edwards va souffrir du même syndrome. En outre, on ne sait pas quelle mouche l’a piqué, mais refuser la présence de tous les photographes dans le frontstage est un caprice souvent rencontré par les artistes qui ont pris le melon. Ou le stetson, qu’il a enfoncé sur le crâne quand il grimpe sur l’estrade. Non seulement le son est assourdissant, mais il est surtout brouillon. Il faudra attendre une bonne vingtaine de minutes avant qu’on ne commence à percevoir les nuances des morceaux. C’est-à-dire lorsque David troque sa gratte pour un banjo électrique. Le climat du set a beau être ténébreux, il fait encore jour, et le light show, censé accentuer cette impression, ne sert quasiment à rien. En 2015, au même endroit, Wovenhand nous avait réservé un show empreint de mysticisme. Mais 4 ans plus tard, resservir les mêmes litanies amérindiennes ou incantatoires finit par lasser. Son dark folk commence à prendre la poussière (NDR : qui a dit à sentir le sapin ?). Pourtant, son backing group tient parfaitement la route, que ces soit le bassiste, le batteur, qui impressionne par son drumming ample ou le gratteur qui assure parfaitement les backing vocaux (NDR : amusant les deux micros destinés aux vocalistes ressemblent à des tambours de râpe-gruyère). Une grosse déception, même si en fin de parcours, Wovenhand commençait enfin à reprendre du poil de la bête…

Ce n’est pas la première fois que Jon Spencer se produit dans le cadre du Roots & Roses. En 2012, il était flanqué de son Blues Explosion, en 2016, il avait opté pour son Heavy Trash et cette année, il a entraîné dans l’aventure, son nouveau groupe, The Hitmakers dont le line up réunit M. Sord la batterie, Sam Coomes (Quasi, Headmister), aux claviers et le drummer originel de Sonic Youth, Bob Bert (NDR : il ressemble à Ozzy Osbourne !) aux percus. Ses percussions ? Un bric-à-brac constitué de pièces métalliques, parmi lesquels on remarque la présence d’une poubelle et des pièces d’automobile, dont des amortisseurs, un rotor de freins, et on en passe ; et sur lequel il frappe régulièrement avec des marteaux. L’aspect percussif des compos est ainsi particulièrement marqué tout au long du show. Bien qu’âgé de 53 balais, Jon est toujours aussi fringuant. Habillé de noir, comme ses musicos, il déclame, hurle des slogans ou chante des textes souvent amusants, parfois en empruntant le timbre d’Elvis Presley, mais d’une voix sous reverb. S’il puise essentiellement son répertoire au sein de son dernier elpee, « Jon Spencer sings the hits », il nous réserve quand même l’une ou l’autre compo de ses autres projets (Pussy Galore, Blues Explosion, etc.) Entre blues, rock’n’roll, psychobilly, punk et rockabilly, les compos sont truffées de breaks. Le claviériste se réserve le lead vocal sur l’une ou l’autre compo, et triture ses ivoires, à l’aide de ses doigts, bien sûr, mais également des paumes de ses mains ainsi que de ses genoux. Ses claviers –aux sonorités circonstaciellement vintage ou rognées si vous préférez– tracent également les lignes de basse, un peu comme Ray Manzarek, chez les Doors. Issu du dernier opus, « Do the trash can » est manifestement hanté par les Cramps. Les titres sont courts. La setlist va d’ailleurs receler plus de 20 morceaux. En milieu de parcours, Jon balance ironiquement, un ‘Ready for more hits ?’, sachant que sa musique s’adresse quand même à un public averti. Pas la moindre faiblesse au cours de ce concert qui a démontré que Spencer était toujours un excellent showman… Un dernier slogan ? ‘Jon Spencer & The Hitmakers, The Hitmakers !’

Mais le meilleur reste à venir ; et pour cause, la prestation de Kitty, Daisy & Lewis va mettre tout le monde d’accord. Fondée en 2000, cette formation londonienne réunit deux sœurs et un frère. Elle pratique un mélange de blues, r&b, soul, punk, rock’n’roll, pop et glam. Et sur les planches, c’est un vrai régal. Le son est nickel, démontrant qu’il n’est pas nécessaire de booster les décibels pour accorder un set qui tienne la route. Première constatation, la fratrie change constamment d’instruments. Un véritable carrousel ! Les trois musicos se partagent alternativement et indifféremment la batterie, la guitare ou les claviers (joués assis, à gauche du podium), ainsi que le lead vocal. Seule Kitty se réserve l’harmonica. Sur le podium, le band est soutenu par un bassiste (NDR : pas de trace de la maman, contrebassiste) et assis en arrière-plan, discrètement, probablement le paternel Durham, à la sèche. Très jolie et sexy dans a robe à rayures horizontales, Daisy doit faire fondre les cœurs masculins. Sa voix évoque parfois celle de Nancy Sinatra. Et élégant dans sa chemise blanche rétro, Lewis, les cœurs féminins, même quand il chante le cynique « Baby, bye bye ». C’est devenu un rituel, le vétéran Eddie Thorntorn (NDR : âge de 86 balais, il a notamment participé aux sessions d’enregistrement des Beatles et de Boney M), aka Tan Tan, vient donner un coup de trompette. Et ses interventions sont épatantes, virant même parfois au free jazz. Il rejoindra la troupe à deux reprises, remerciant l’auditoire, la bénissant même, et traînant quelque peu les pieds afin de savourer les applaudissements, avant de se retirer.  Jamaïcain, il excelle sur les morceaux reggae voire ska, mais apporte également sa coloration cuivrée à d’autres titres plus pop. Kitty est manifestement la leader du combo. C’est elle qui trace la ligne de conduite. Vêtue d’un sweat de couleur orange, pantalon moulant, elle est tout aussi sexy que sa sœur, jolie également, mais sa haute chevelure en chignon la désavantage. Cependant, c’est une harmoniciste talentueuse. Et elle va le démontrer tout au long de la cover du « Going up the country » de Canned Heat, un titre qui figure dans leur répertoire depuis déjà une dizaine d’années. Daisy a démonté un tom de caisse claire et vient le planter en front de scène. C’est Lewis qui se charge de le scotcher sur les planches. Et puis les deux frangines vont se partager les vocaux sur un seul micro, Kitty soufflant dans son harmo comme si elle avait trois poumons tout en se contorsionnant comme un serpent, alors que Daisy frappe sur ses peaux en cadence et tout en swing. Le meilleur moment du festival pour votre serviteur…

The Black Box Revelation, votre serviteur n’a jamais accroché en ‘live’. Sauf lorsqu’il a bénéficié du concours de la chanteuse soul Chantal Kashala, au Cactus Festival, en 2016. Pourtant la musique du duo est excellente sur disque, à l’instar de son dernier opus, « Tattooed Smiles ». En outre, le tandem de Dilbeek recueille un franc succès au Nord de la Belgique. Le guitariste/chanteur Jan Paternoster et le drummer percussionniste semblent heureux d’être là et la foule est enthousiaste à l’écoute de ce concert. Il fallait aussi trouver un moment pour reposer ses guiboles et son dos…

Agé de 46 ans, C.W. Stoneking est australien, mais ressemble plutôt à un Portoricain. Sur les planches, le look rétro, Christopher William est soutenu par un contrebassiste, également préposé aux backing vocals, et un drummer/percussionniste, coiffé d’un chapeau, dont le kit est minimaliste. Ce chanteur/guitariste possède une voix graveleuse, qui correspond parfaitement à son blues/roots au groove sudiste (NDR : ses parents étaient américains) et aux accents latino qui enflamme instantanément l’auditoire, un auditoire très participatif et donc l’interactivé avec Stoneking ne faiblira à aucun moment du show. Un artisan du blues qui sied bien au Roots & Roses. A l’année prochaine !

(Organisation : Roots & Roses)

The Courettes + The Sadies + Calibro 35 + The Devil Makes Three + Endless Boogie + Wovenhand + Jon Spencer & The Hitmakers + Kitty, Daisy & Lewis + The Black Box Revelation + C.W. Stoneking

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Les Nuits Botanique 2019 : mardi 30 avril

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C’est déjà la huitième soirée des Nuits. Si le chapiteau n’est qu’à moitié rempli pour le set de Flavien Berger, celui que son compatriote tout aussi décalé Bertrand Belin va accorder à l’Orangerie, est sold out depuis belle lurette.

Et la salle est déjà bien garnie, lorsqu’Antoine Chance grimpe sur l’estrade. Son pseudo est le résultat de la traduction du néerlandais en français, de celui de son père, Philippe Geluck. Pour enregistrer son premier opus, « Fou », gravé en 2005, il avait reçu le concours de ses concitoyens, Jacques Duvall et Vincent Taeger. Il vient de publier son deuxième elpee, « Si vivante », un disque davantage électro, mais aux refrains rudimentaires. Ce soir il passe allègrement entre son clavier et un séquenceur minimaliste. Il est épaulé par un autre claviériste/bassiste, un batteur et guitariste, sosie de Neil Halstead. Avant d’interpréter « Eleonore », il demande à l’auditoire si une jeune fille porte ce prénom. Mais personne ne se signale dans la fosse. Un titre qui à quelques lettres près ressemble à une compo de Dominique A, et paradoxalement, cette chanson est également construite en crescendo. Cool, « Le courant » est bien plus alternatif que continu (NDR : le clip vidéo a d’ailleurs été tourné au sein et dans les jardins du Botanique). Décontracté tout au long du show, Antoine porte une chemise à fleurs qu’il avouera avoir emprunté à sa femme. Humoristiquement, il propose d’interpréter le second titre prévu pour le rappel au bar, ayant été sommé dans l’oreillette de respecter son timing. Il va d’ailleurs jouer les prolongations dans les couloirs et à la terrasse du Bota, en compagnie de son band. Bref, Antoine Chance nous a accordé un set très plaisant, mais pas vraiment transcendant ; les mauvaises langues en profiteront sans doute pour répéter qu’être le ‘fils de’ a dû contribuer à lui frayer un chemin dans le paysage audio belge.

La carrière solo de Bertrand Belin s’étire sur une quinzaine d’années, au rythme d’un album tous les trois ans. Il avait pourtant milité au sein de groupes rock dans les 90’s. Après une pause scénique entre fin 2016 et fin 2018, il a repris la route des salles françaises ; et en point d’orgue, il s’est produit à l’Olympia de Paris, il y a quelques semaines. Ce mardi, il fait à nouveau escale à Bruxelles. Sur le podium, il est épaulé par deux claviéristes, un bassiste et Tatiana Mladenotitch (NDR : dont le look est toujours aussi masculin) à la batterie. Coupe de cheveux soignée, costard, l’élégant Breton occupe bien le devant de la scène. Le début du set réserve une large place à son dernier opus fraîchement sorti, « Persona ». Il nous propose des versions bien électrifiées de certains de ses titres. A l’instar du renversant (?!?!?) « Sur le cul » qu’il enchaîne par « Choses nouvelles ». Tatania le rejoint aux vocaux pour attaquer « En rang (Euclide) ». Exécuté quasi a-capella, le morceau ne tolère que quelques notes de synthé pour ponctuer leurs dictions. Entre les titres, il se lance cependant dans de (trop) longs monologues. Bourvil doit se retourner dans sa tombe s’il entend la longue intro du jazzyfiant « Camarade » (‘Je travaillais à travailler’). Dans les lyrics, il décrit différents personnages à travers leur vie quotidienne. En rappel, sa version du rock/garage « Dimanche » (NDR : une compo qui est issue de sa collaboration avec les Limiñanas) est littéralement incendiaire. On en oublierait presque la voix de Bertrand Belin, qui rappelle toujours autant celle d’Alain Bashung, mais si le natif de Quiberon est aussi créatif, il est bien plus excentrique…

 (Organisation : Botanique)

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Leuze En Folie 2019 : mercredi 30 avril

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‘Leuze en folie’ c’est d’abord LA fête de l’année qu’attendent tous les Leuzois ! Depuis plus de 25 ans, habitants du centre-ville et des villages se rassemblent le 30 avril (veille du 1er mai, jour férié) pour profiter d’une grande fête populaire et d’une braderie sur la Grand Place et ses alentours. Et c’est dans ce cadre qu’un festival musical est organisé par l’association les Jeunes Leuzois Actifs-JLA. La foule flâne parmi les échoppes et s’arrête de temps en temps pour assister aux concerts. Il y a même des saltimbanques, des échassiers, des cracheurs de feu et des graffeurs qui participent aux festivités…

Le premier groupe qui grimpe sur le podium n’est pas musical, mais une troupe de danseurs baptisée Orpheo Teamdanceforever. En bas collants noirs, des jeunes exécutent des superbes chorégraphies sur des rythmes latinos, r’n’b, funk ou disco. Un défilé qui va durer près de 45 minutes…

Les histoires sérieuses commencent par Des Bruits et Du vent, une formation tournaisienne qui appartient au collectif ‘La Fanfare Toi-Même’. Cinq multi-instrumentistes (Justin et Martin Desmet, Pierre Roekens, Thibaut et Florian Fauquet) qui se partagent ukulélé, basse, guitare à 5 cordes, percussions, accordéon et cuivres. Ils passent d’un instrument à l’autre avec une facilité déconcertante et chantent tour à tour dans la langue de Shakespeare ou de Molière. Etonnant, bien que composant son propre répertoire, le groupe pratique une musique qui oscille entre folk, rock et world, musique du monde très susceptible de nous entraîner, tour à tour, dans les Balkans, le Brésil ou encore l’Afrique, depuis la côte Ouest jusqu’à Madagascar. Et les titres font mouche, car les spectateurs dansent et chantent. Vraiment une chouette découverte !

Circus Café est un combo qui s’est formé à la faveur des nuits bruxelloises. Finaliste de l’édition 2016 du concours ‘L’Envol des Cités’, il implique le chanteur/guitariste Anthony Circus, alias Antoine Petit, le sixcordiste Steven Mayence, le bassiste Bastien Scutnaire et le préposé aux synthés Jackson Fiasco, aka Martin de Gennes. Fondé en 2014, le quatuor est responsable d’une pop hétérogène, brute, enivrante, fruitée et tonique, née des différentes influences des musicos, des influences qui oscillent de Guns N’Roses aux Wombats, en passant par Justice et Red Hot Chili Peppers.

Le set s’ouvre par « Gran Canaria », un morceau qui trempe dans l’électro/funk. L’absence de drums est compensée par les samples des synthés ; ce qui n’empêche pas la section rythmique de se révéler consistante. Mais si la voix est puissante, ce sont les interventions de la basse et de la guitare qui font la différence. La première est souvent jouée en slapping alors que la seconde, distincte et percutante, emprunte tour à tour des sonorités latines à Carlos Santana voire Diego Higueras ou funkysantes à Nile Rodgers. Une musique très excitante qui a incité bon nombre de spectateurs à remuer le bas des reins… comme sur un dancefloor…

Setlist : « Gran Canaria », « She’s Seen Heaven », « Burning Man », « Santiago », « Magdalena », « Monsters Inside Us », « Lose Your Senses »

Il n’y a pas grand-monde sur la Place devant le podium lors du soundcheck de Juicy. Votre serviteur y assiste. Faut dire qu’il est devenu accro au r&b des deux filles. Elles lui ont même avoué qu’elles égaient des ‘Miss Catastrophe’. On en reparlera. Et notamment lors d’une interview qu’elles ont eu la gentillesse d’accorder à Musiczine et qui sera publié d’ici quelques semaines.

Malgré les problèmes techniques rencontrés –micro pour Julie Rens et gratte pour Sasha Vonk– la prestation va se révéler convaincante. Chaque concert de Juicy est différent. Que ce soit à travers la chorégraphie, les mimiques, les costumes et même l’interactivité. C’est une constante chez les Bruxelloises…

Dès les premiers accords de « LTGL », la foule rapplique sur la place. Faut dire que même électroniques, des sirènes qui retentissent ont de quoi interpeler ! Les filles ont enfilé des fringues de couleur noire à capuche. Elles se plantent face à la toile de fond, dos au public, les bras en l’air, sous un éclairage de teinte bleue. Mais à cet instant, la nuit n’est pas encore tombée. Et ce n’est qu’au fil du concert que le light show produira son incidence. Elles enchaînent par « Mouldy Beauty », morceau propice aux contorsions. Elles se consacrent toutes les deux aux synthés, samplers et vocaux. Sasha se réserve cependant la guitare et Julie, la boîte à rythmes. Ce qui ne les empêche pas de troquer leurs instruments. Elles amorcent « Mouldy Beauty » en mode dubstep, mais light ! Elles se tortillent maintenant sensuellement, comme des geishas. Même les mains ondulent sur les instrus. Ce qui émoustille le public. Le moment est alors idéal pour communiquer avec cette foule et faire monter en pression. Sasha est passée maître dans cet exercice de style. Julie se plante derrière son synthé et active le MPD. Le tandem nous propose une version plutôt paisible de « Seed & Ride ». Pas de guests ce soir, elles assument seules le show. Ce qui n’est pas un problème, car elles sont complices, presque fusionnelles. Elles pourraient être frangines… Après un bref conciliabule, elles attaquent « La Boulette », le morceau préféré de votre serviteur. Julie le pointe du doigt et le dédicace au fan ‘number one’. Sympa ! Très rythmée et entraînante, cette compo met une belle ambiance dans la fosse. D’ailleurs, et c’est une bonne habitude, Juicy est parvenu à faire danser la foule. Le duo se produira dans la plupart des festivals d’été : Couleur Café, Les Francos de Spa, Ronquières, Dour et Solidarités à Namur.

Entre le set de Juicy et celui de Gustave Brass band, on va assister à un joli feu d’artifice… ponctuant cette édition 2019 particulièrement réussie…

Setlist : « LTGL », « Mouldy Beauty », « Seed & Ride », « Hard Nut To Crack », « Didn’t Knock », « What You Can’t Confess », « Over My Shoulder », « La Boulette », « GHB », « Mama Told Me », « See Me Now », « Count Our Fingers Twice ».

(Organisation : Les Jeunes Leuzois Actifs)

DJ Pourri And kardel + Gustave Brass Band + Juicy + Circus Café + Des Bruits Et Du Vent + Orpheo Teamdanceforever

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