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Shaka Ponk - 14/03/2024

Duke Special

Duo insolite

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Le concert accordé au Botanique le 16 octobre affichant complet, il ne restait donc plus aux aficionados de The Divine Comedy qu'une seule alternative : se déplacer jusque l'Aéronef de Lille. Une opportunité qu'il ne fallait louper sous aucun prétexte ; car la bande à Neil Hannon ne se produit pas souvent sur le Vieux Continent. En outre, son tout dernier album, « Victory for the coming muse » est vraiment d'excellente facture.

En première partie, Duke Special nous a gratifiés d'un show à la fois 'vintage', humoristique et romantique. Romantique à cause des chansons de Peter Wilson, chansons qu'il interprète d'une jolie voix rappelant tantôt Rufus Wainwright, tantôt Damon Gough, mais avec un accent irlandais (NDR : il est issu de Belfast !) en s'accompagnant d'un piano droit en bois, plutôt étroit et assez vétuste. Physiquement, il ressemble à un jeune Robert Smith qui aurait laissé pousser de longs dreadlocks. Humoristique a vu des frasques continuelles de Chip Bailey Wilson. Sosie de Charles Dickens, mais la chevelure bien plus longue, ce pince-sans-rire bien britannique se réserve les percussions. Toutes les percussions. Aussi bien conventionnelles qu'insolites. A sa droite, il a installé une énorme caisse de profil. Devant lui, toute une série de boules semblables à des émoticônes, mais de la dimension des noix de coco. Sans oublier le kit de batterie 'dit' classique. Régulièrement, il s'approche du bord de la scène pour y produire des sonorités plutôt singulières à l'aide d'une sorte de manche à balai surmonté d'une cloche. Il se sert également d'une râpe à fromage et autres ustensiles de cuisine dont des couvercles de casseroles. 'Vintage' au vu du décor au sein duquel le duo a évolué tout au long de son set. Un décor qui ressemblait plus à une brocante (les gramophones, les vieux tourne-disques !) qu'à une scène de concert. Et non seulement la mise en scène a eu de quoi mettre de bonne humeur le public, mais la prestation de Duke Special s'est révélée absolument convaincante.

Huit musiciens montent sur les planches : un drummer, un percussionniste, un bassiste (NDR : le trio est posté au fond de la scène, mais sur une sorte de podium), un guitariste, un violoncelliste (qui double parfois aux claviers), un claviériste/pianiste et une violoniste (NDR : vêtue d'un tailleur strict, elle aurait pu relever d'un orchestre symphonique). Sans oublier Neil Hannon. Très mince, de petite taille (NDR : il ne doit pas mesurer 1m70 !), ce dandy possède une fameuse personnalité. De l'humour aussi, parfois teinté d'une pointe de cynisme. Une très belle voix : son baryton sensuel, parfois volontairement emphatique, vibrant, magnifie, en quelque sorte, toutes les chansons. Du charisme aussi. A moins que ce ne soit du cabotinage (NDR : une divine comédie ?). Lunettes de soleil sur le nez, il entame son répertoire en s'accompagnant à la guitare sèche. Par « Mother dear », une compo issue de son dernier elpee. Des lunettes et une six cordes qu'il va abandonner respectivement lors du quatrième et du cinquième morceau, pour se concentrer sur le chant. Il nous invite alors à danser lors de « Diva lady », un fragment franchement latino. Pour « Threesome », il rejoint les deux autres claviéristes derrière les ivoires : piano pour trois mains ! Epatant ! Une cover : le « Raspberry Beret » de Prince. Lors de « Mutual friend », tel un chanteur de charme, Hannon vient s'asseoir sur le bord de la scène, puis termine le show par « Tonight the fly » sous les acclamations de la foule. Si le set est parfaitement équilibré, mené de main de maître par Neil ; il faut également souligner le rôle joué par le violoncelliste et surtout la violoniste. Une véritable virtuose qui parvient non seulement à se fondre dans l'ensemble tout en donnant davantage de relief aux compos. Qui n'en manquent pourtant pas. Mais si sur disque, fruit de la rencontre entre musique de chambre, music hall et pop, la solution sonore de The Divine Comedy peut parfois sembler tendre et satinée, en 'live' le résultat est beaucoup plus pêchu et dense. Faut dire que l'osmose opérée entre les différents instruments frôle la perfection.

Après les deux titres accordés en rappel, la foule acclamait à tout rompre, reprenant même en chœur les paroles de « National express ». Impressionnant ! Quand reviennent-ils ?

Organisation FLP

 

The Dresden Dolls

La folie douce des Dresden Dolls...

Écrit par

Les Dresden Dolls ? Un duo composé d'une pianiste/chanteuse (Amanda Palmer) et d'un batteur, circonstanciellement guitariste (Brian Viglione). Une formation évoluant dans un registre 'cabaretpunkogothique'. Tout un programme, en somme !

Je suis tombée amoureuse de suite de ce duo hors du commun et c'est la raison pour laquelle je me retrouve, pour la première fois, devant la mythique salle de l'Astoria à Londres… A peine arrivée, je sens déjà que ce concert sera unique. Le public londonien attend paisiblement devant la salle. Il est tout simplement magnifique. L'univers tout en couleurs des Poupées de Dresde est présent : chapeaux melon, chaussettes hautes rayées noires et blanches, visages peints en blanc, vampires, anges et fées, punkette tatouée… tout y est ! Je me délecte de cette ambiance digne des cabarets les plus fous. Et cet univers envahit rapidement l'intérieur de la salle ; il y a même des momies qui cherchent à ôter leurs bandelettes au milieu de la foule.

Le duo aime apporter son soutien à d'autres artistes. Ce qui explique la première 'première partie' : Thomas. Il invente lui-même ses propres instruments. Touche-à-tout, déjanté, il débranche sa guitare pour venir chanter dans la fosse.

Encore un supporting act : Bang On. Un autre tandem que les Dresden Dolls ont découvert en sillonnant les rues d'Edimbourg. Percussionnistes, ils tapent sur des vieilles poubelles métalliques, utilisent des fourches et interagissent avec le public.

La 'vraie' première partie est assumée par Devotchka. Une formation qui allie visuel de fanfare et sonorités festives. L'ambiance musette et de bals espagnols envahit la salle et c'est limite si nous ne nous prenons pas tous par le bras pour entamer une farandole ! Leur reprise du « Venus In Furs » de Velvet Underground vaut le détour. Méconnaissable, hypnotique, elle est peuplée de sonorités hispaniques. A la fin du show, les Dresden Dolls les rejoignent : Brian à la batterie ainsi qu'une Amanda toute fleurie au chant. Ils attaquent alors une deuxième cover : « Oh What A World » de Rufus Wainwright. L'apparition des deux Dolls électrise la salle. La chanson achevée, Devotchka et les Dresden Dolls cèdent leur place à une trapéziste habillée aux couleurs du duo. Incroyable : le numéro d'une acrobate s'est déroulé lors d'un concert rock. Et à l'Astoria, en plus !

La scène est ensuite débarrassée. On y installe alors la batterie de Brian et le piano d'Amanda. Et enfin, ils montent sur les planches : Amanda en t-shirt, culotte et jarretières, Brian en chapeau melon et le visage peint en blanc. Toute la puissance des Dresden se révèle enfin. Elle est magique. Amanda se déchaîne au piano. Sa voix grave et unique chauffe toute la salle. Nous n'avons pas besoin d'être conquis : nous le sommes déjà. Par le charme de Brian et de ses jeux de mime. Par la complicité qui existe entre eux deux. Par leur jeu avec le public. Par l'interprétation toujours juste. Le duo possède déjà ses classiques : "Coin-Operated Boy", "Good Day" et "Bad Habit". Le public reprend ses chansons en chœur. Pourtant, les Dresden s'amusent à changer la rythmique de ces morceaux, afin de ne pas laisser la tâche trop facile aux fans ! Les nouvelles compos ne sont pas en reste : "Sex Changes", "Backstabber", "Mrs. O.", "Dirty Business"…  La set list est un savant mélange des chansons du premier opus éponyme et de « Yes, Virginia.. ». (NDR : paru en avril 2006). Et impossible de décrire un set des Dresden Dolls sans évoquer les reprises ? Un passage obligé dans tout show du duo. Ainsi, dès que les premières notes du « War Pig » de Black Sabbath retentissent, la salle est en délire. Brian invite le public à lui emboîter le pas. Invitation reçue 5 sur 5 ! Le dernier morceau du show est consacré à 'leur' reprise. Ils aiment tellement ce morceau qu'ils se l'ont totalement approprié. L'ont 'dresdendollisé' et le jouent à chaque concert. Il s'agit d'« Amsterdam » de Jaques Brel. Guitare et voix, tout simplement. Amanda s'empare de sa bière pour chanter avec conviction les histoires des marins d'Amsterdam. Brian l'accompagne à la six cordes. Leur version est sans cesse renouvelée par un duo qui comprend parfaitement le sens des lyrics et sait ce qu'il chante. Dans les pays anglophones, elle est interprétée dans la langue de Shakespeare ; mais lorsque les Dolls mettent le pied sur un sol francophone, Amanda la chante dans un français parfait. Elle n'en est que plus bouleversante.

Plongez dans l'univers des Dresden Dolls, entrez dans leur originalité et laissez-vous emporter par leur folie. Adoptez les chaussettes rayées noires et blanches, vous verrez alors que la créativité existe encore.

 

Parts & Labor

Il aurait fallu laisser davantage la parole à la machine...

Trois groupes aux ambiances contrastées se partagent l'affiche de l'Orangerie en ce samedi automnal. Parts & Labor est un trio de Brooklyn qui fait beaucoup de bruit : deux hommes se tiennent prostrés sur leurs machines en s'agrippant parfois au manche de leur guitare/basse, tandis qu'un troisième larron martèle sa batterie comme s'il allait mourir demain. On pense parfois à Wolf Eyes au niveau visuel, à Oneida et à Whirlwind Heat pour la musique. Si les deux machinistes se partagent le micro, on aurait préféré qu'ils se taisent un peu plus : instrumentale, leur musique aurait encore gagné en puissance et en évocation. Le public, encore clairsemé à cette heure-là de la soirée, se laisse pourtant aller.

Ce n'est qu'un échauffement, avant la tornade pop, The Hidden Cameras. Entouré de sept musiciens à l'air décontracté (deux violonistes, un violoncelliste, un bassiste, deux claviéristes et une batteuse), Joel Gibb entame son set par « A Miracle », petit bijou tiré de l'excellent « The Smell Of Our Own », sorti en 2003. Après c'est « Lollipop », et l'on évitera toute blague potache sur les homosexuels, les sucettes, et tout le toutim, puisque ensuite Joel Gibb nous fait cadeau de « Smells Like Happiness » et de « Day is Dawning », pour rappel deux pièces majeures de « The Smell Of Our Own », leur meilleur disque à ce jour. « Music is my Boyfriend » enfonce le clou (à défaut d'autre chose…), puis « Bboy » et « I Want Another Enema » rappellent que « Mississauga Goddam » valait lui aussi le détour. En fin de compte, seuls les titres de « Awoo », le nouvel album, donnent moins envie de se donner des claques sur les fesses (« Learning the Lie », « Heji », « Waning Moon », « Death of a Tune »). En rappel, un bon vieux « Golden Streams », de l'excellent « The Smell Of Our Own », achève de nous convaincre : s'il y a bien un disque à posséder de ces gays Canadiens, c'est l'excellent « The Smell Of Our Own ». A noter également que l'un des violonistes ressemblait étrangement à John Locke de « Lost » : et nous qui pensions que c'était Jack qui allait se faire Sawyer !

Rien que pour son nom, I Love You But I've Chosen Darkness vaut la peine qu'on s'y attarde. Surtout que le premier disque de ces Texans est produit par Paul Barker himself, l'ex-compère d'Al Jourgensen de Ministry. Pas d'inquiétude, cependant : on ne parle pas ici d'indus metal mais bien de cold wave rigide, qui ne manque pas de puissance et de quelques refrains efficaces. Set court, qui prendra surtout de l'altitude vers les derniers titres : I Love You… ne connaîtra sans doute pas la trajectoire brillante d'Interpol, mais il y a chez ces types une élégance qui pour une fois n'a rien de tape-à-l'œil. Quand on sait qu'ils ont des accointances avec les exemplaires Windsor For The Derby, on ne peut donc que taper des deux mains. C'est ce que beaucoup de gens ont fait ce soir. Comme quoi le spleen à la Psychedelic Furs s'accorde parfois bien avec la fièvre du samedi soir.

 

The Kooks

Who's Kookin Who?

Écrit par

Forts du succès de leur single « Naive » et de l'album « Inside In/Inside Out » dans leur Grande-Bretagne d'origine, les garnements de The Kooks s'apprêtent à prendre d'assaut les States, où le premier essai sera disponible dès octobre. En attendant, ils continuent leur conquête de l'Europe à coup de mini-showcases.

'Lunch With The Kooks', tel était l'intitulé de cette opération promotionnelle à laquelle seuls étaient conviés les médias et quelques privilégiés, lauréats de concours. A 13 heures de l'aprèm, embarquement immédiat à bord du Ric's Boat, Quai des Péniches à Bruxelles. Après le verre de bienvenue, l'assistance se dirige vers l'étage du bas où une mauvaise surprise l'attend. En effet, le lieu dépourvu de scène est des plus exigus et seuls les photographes et caméramans du premier rang peuvent véritablement profiter du spectacle. Peu importe, le son est nickel. L'essentiel. Le quatuor entame alors un set acoustique au cours duquel se succèderont des extraits de l'album tel que l'excellent « See The World » ainsi que les tubes « Naive », « Eddie's Gun », « You Don't Love Me » ou « She Moves In Her Own Way ». Ils gratifieront également le public de leur sympathique version du hit de Gnarls Barkley, « Crazy », initialement enregistré pour la radio britannique Radio 1. Expédié en une vingtaine de minutes, le set aura convaincu les novices et ravi les admiratrices qui semblaient connaître chaque chanson par coeur ! Le court showcase se termina ensuite sur un lunch 'Without The Kooks'. En bref, on n'aura pas vu grand-chose mais ce qu'on a entendu suffit à dire qu'un bel avenir attend la formation…

Katerine

Le numéro de 4trine...

Un homme s'avance seul sur la scène, il s'appelle Czerkinski (rappelez-vous son single « Natacha »). Accompagné de sa guitare, il chante sur un ton aigri des histoires de filles. On passe une très mauvaise demi-heure à l'écouter gémir : ce n'est pas drôle, c'en est même agressif. Notre homme file un mauvais coton ou alors son cynisme ne fait rire que lui.

Peu importe : on est là pour Katerine, dont le dernier album, « Robots après tout », tourne en boucle dans notre lecteur depuis sa sortie printanière. Entouré des Little Rabbits, le Français débute son concert par quatre titres déjà bien festifs : « Etres humains », « Excuse-moi » (une ode à l'éjaculation), « Qu'est-ce qu'il a dit » et « Le train de 19h ». Le groupe assure côté rythmique : dans un style rock et couillon qui prend toute sa mesure en live, Katerine énumère ses TOC littéraires en badinant avec les premiers rangs. Le torse maquillé (un dessin de ses organes vitaux) et les genoux tout rouges, il chante d'une voix contrite des histoires numéraires. Personne ne sait si Katerine est 'triskaïdékaphobe', mais en tout cas il aime collectionner les chansons à chiffres, de « 100% VIP » à « 1978-2008 ». Après deux ou trois vieux tubes (« Les Grands Restaurants », « Parlez-vous anglais Mr. Katerine ? », « Le Simplet »), les Rabbits quittent la scène et Katerine de tapoter à la batterie en chantant les premières paroles de « Louxor j'adore », son dernier (et plus gros) tube en date. Pause. Retour du groupe pour un « Louxor » en bonne et due forme, qui ravit le public et ravive l'ambiance, jusqu'ici bon enfant. Les gens dansent, et Katerine les regarde : il adore ça, et il le chante aussi. « Je vous emmerde » et « Borderline » (dont le riff rappelle celui d'« Overkill » de… Motörhead) finissent par mettre tout le monde d'accord : le nouveau Katerine se veut diablement rock'n'roll et groovy, quasi taillé pour le dancefloor. Il est loin, le temps de la pop yé-yé à la Tricatel-Duhamel ! C'était les années 90, un bail dans une carrière discographique…

Au moment du rappel, Katerine revient seul, à la guitare ('C'est Philippe Catherine, mon homonyme, qui m'a appris à jouer !'), chantonner « Le Jardin Botanique » ('Je l'ai écrit ici, à Bruxelles… Ce n'est pas une blague !'), « Barbecue à l'Elysée », « Vacances à l'hôpital », et des histoires de poulets, précisément celle du n°728. Après ces badinages, les Rabbits déguisés en Boulette reviennent chanter « Derrière la porte », et puis c'est « Titanic » et « Louxor », bis. Nouveaux costumes, et des invitées surprise : les Vedettes, 'plus ou moins majorettes', qui donnent la réplique à un Katerine gai luron, en roue libre. Il adore 'regarder danser les gens', et on adore danser sur sa musique. Que demander de plus ?

 

Konono n°1

Cérémonies funéraires dans la bonne humeur

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Il y a des signes qui ne trompent pas… A la vue du nombre de personnes inscrites sur une liste d'attente, pour pouvoir assister au concert (complet) de Konono n°1, une conclusion s'imposait : la formation de Kinshasa à réussi à conquérir l'Occident. Avec ses traditionnels de cérémonies funèbres passés par le filtre d'une distorsion furieuse, ils ont réussi à réconcilier tout le monde : des rockers aux fanatiques de sonorités d'avant-garde en passant par les néo hippies en sandales, nonobstant le froid carnassier qui figeait encore Bruxelles. 

Cette faune se presse donc dans un Beurs rénové pour le meilleur et pour le pire, afin de vivre deux heures d'un set efficace et sans accroche. Les 3 likembes sont toujours amplifiés par deux haut-parleurs de gare, et les percussions diverses et bricolées dynamisent ce magma hypnotique dans une ambiance de carnaval de Rio, projeté en l'an 2085. D'une nonchalance sans faille, les musiciens s'échangent les instruments entre et pendant les morceaux, adressent des clins d'œil aux premiers rangs et rigolent avec des connaissances, tandis que le chanteur/ambianceur incite la foule à danser. Cette dernière coopère facilement et la salle se transforme progressivement en piste de danse. D'autres préfèrent agiter la tête à l'audition d'une musique qui malgré la réécoute reste toujours aussi mystérieuse. Au bout d'une heure et demie, les moins résistants se rabattent vers le bar, saoulés par l'énergie de la troupe, qui pourrait encore jouer des heures sans sourciller ou montrer des signes de fatigue. Un rappel est concédé sans peine. Chaque membre refait son entrée sur un pas de danse. Un riff de basse est lancé. Les percussions s'ajoutent une à une et tout le monde est reparti pour une bonne demi-heure de fête. Futé, le chanteur termine le spectacle par une bonne session d'auto promotion en brandissant le disque sorti l'an passé pour le compte du label belge Crammed. Opération réussie, retour au bercail.

dEUS

Sur une autre planète?

En Belgique, dEUS jouit d'un statut presque divin. A l'étranger, il n'est qu'un groupe comme les autres et doit mettre les bouchées doubles pour conquérir le public. Et finalement ce n'est pas plus mal ; car cette situation les oblige à ne pas trop planer sur la vague du succès. Mais aussi à rester concentrer sur l'essentiel : faire de la bonne musique. dEUS ce produisait donc à La Luna de Maubeuge, une salle sise à la frontière française, pas tellement loin de Mons. Pas d'auditorium comble, cependant, mais un parterre évalué à plus ou moins 800 personnes ; alors que paradoxalement, quelques jours plus tôt la formation anversoise jouait devant 16.000 fans.

Assister à un set du band à une échelle plus humaine s'est avéré une expérience très agréable. D'autant plus que dans cette situation, il a encore tout à prouver. Et en pleine forme, dEUS n'a pas manqué cet examen de passage. Manifestant un enthousiasme et une conviction jamais pris en défaut, le combo a mis le public français dans sa poche.

Le groupe parfaitement soudé, la machine bien huilée, dEUS a accordé un concert sans faille. Sans pour autant arrondir les angles. Au contraire ! Parfois même les musiciens ont érigé un mur sonore impressionnant ; des instants au cours desquels on avait l'impression que le groupe était sur une autre planète…

Tantôt violent et intense, tantôt sobre (le splendide et bouleversant « Serpentine »), le set a puisé très souvent dans le tracklist de l'excellent dernier opus, 'Pocket Revolution'. Et les nouvelles chansons se sont révélées aussi puissantes que les classiques (5 plages d''In a bar under the sea').

Les meilleurs moments du set ? Tous ! Même si j'ai flashé sur un « Theme from Turnpike » empreint de quiétude, le menaçant « Worst Case Scenario » et le somptueux « Instant Street », à l'intensité graduelle.

Lors du rappel dEUS se surpassait à nouveau, en dispensant le phénoménal « Bad Timing », le venimeux « If you don't get what you want » et le frénétique « Suds and soda » qui ponctuait le spectacle dans l'exubérance la plus totale.

Ce qui m'a cependant le plus frappé, c'est le talent incroyable de Mauro Pawloski. Manifestement, c'est du bonus pour dEUS. Et tant pis pour Stef Kamil Carlens, Craig Ward, Rudy Trouvé ou Tim Vanhamel, mais le line up actuel est, sans la moindre contestation, la meilleure formule de dEUS ! Après une longue absence, l'ensemble a démontré qu'il est bien le seul à pouvoir briguer le titre de meilleur groupe rock en Belgique ; et qu'il est également un 'headliner' judicieux pour le Rock Werchter.

Traduction: Hendrik Tant (Adaptation Bernard Dagnies)

Organisation : France Leduc Productions

Oasis

Une résurrection...

Écrit par

Mauvaise nouvelle, les Stereophonics ont déclaré forfait à la dernière minute. Motif ? Des problèmes familiaux. Ils ont donc été remplacés par Yeti. Ce quintet britannique est fort inspiré par les sixties, et notamment par les Beatles. Mais également par des formations britpop issues des nineties comme les LA ou The Verve. Le line up implique l'ex bassiste des Libertines, mais on ne retrouve, chez Yeti, aucune trace du rock/punk chaotique du sulfureux combo londonien. D'ailleurs, leur répertoire est constitué de chansons pop-rock atmosphériques et empreintes d'innocence, autant de tubes potentiels qui ne demandent qu'à truster les charts…

Toujours drivés par les frères Gallagher, Oasis s'est refait une santé en concoctant un nouvel album l'an dernier, 'Don't believe the truth'. Un disque qui recèle quelques tubes remarquables comme "Layla", "The importance of being idle" ou "The meaning of soul" ; mais surtout une œuvre dont les compos pop/rock orageuses baignent au sein d'une atmosphère très sixties. Un retour en forme qui leur permet à nouveau de tutoyer leurs œuvres majeures ; c'est-à-dire 'Definitely maybe' ('94) et 'What's the story Morning Glory' ('95). Pas pour rien qu'en 'live', Oasis met l'accent sur ces trois albums. Sur les planches, Liam et Noël sont soutenus par 4 autres musiciens. Manifestant une grande homogénéité, le line up a laissé une fort bonne impression. En outre, ils ont mis fin à leur statut de 'Fxx Oasis' du début des années 2000. Suffit d'ailleurs de se rappeler leur prestation dénuée de toute inspiration dispensée à Werchter ! Ce qui n'empêche pas Liam d'être toujours aussi imbu de lui-même. Sa mentalité 'pissed off' ainsi que son attitude arrogante et hautaine ne font rien pour arranger les choses. Mais que dire alors de son dédain pour ses fans. Passé l'instrumental "Fuckin' in the bushes", le sextuor est passé aux choses sérieuses. Et au solide "Turn up the sun" a succédé rapidement l'inévitable "Layla", un titre que le public connaît par cœur, et qu'il reprend déjà en chœur. Le groupe n'a évidemment pas oublié de passer en revue ses albums à succès du milieu des nineties, épinglant au passage des compos comme "Bring it on down", "What's the story Morning Glory" ou "Cigarettes & Alcohol". Une interprétation, pour la circonstance, bien trempée dans le rock'n'roll. Energique tout en restant mélodique, ce flash-back a rencontré un vif succès. Lorsque Liam s'éloigne un moment de la scène, c'est pour laisser Noël se réserver deux morceaux en solitaire ; et en particulier "The importance of being idle", caractérisé par son vocal intense et son jeu de guitare raffiné. Plus atmosphériques, "Songbird" et "A bell will ring" se sont signalés par une construction davantage élaborée. Avant que l'ensemble ne décide de relâcher la bride. Passant même au galop lors de "Live forever" et surtout "Mucky fingers", un clin d'œil très appuyé – mais dans le rétroviseur ! - aux Stooges, nonobstant le recours à l'harmonica. Oasis rencontre The Stooges and The Black Crowes! Le point culminant sera atteint par "Wonderwall", "Champaign Supernova" et "Rock'n'roll star" ; trois hits planétaires qui ont clôturé ce set particulièrement convaincant, de presque une heure et demie.

En rappel, Oasis s'est d'abord attaqué à "Guess God thinks I'm Abel". A cet instant, l'ambiance était vraiment très chaleureuse. Puis Noël a repris le micro pour interpréter un "Don't look back in anger" chargé d'émotion ; instant privilégié au cours duquel le public a repris la chanson massivement en chœur. Et l'apothéose a été atteinte par le puissant et dense "The meaning of soul" ainsi que la cover du "My generation" du Who, un hymne classique qui a fait froncer les sourcils des jeunes filles… Franchement, vu son passage à vide vécu depuis quelques années, il faut reconnaître que le groupe de Manchester s'est montré à la hauteur sur les planches, ce soir. Et c'est une excellente surprise ! En outre, les frères Gallagher ont regagné notre respect. Ce qui n'est pas rien…

Organisation: France Leduc Productions

Traduction Nico Verhelle/ Adaptation Bernard Dagnies)

Peter Von Poehl

En toute simplicité...

Il y a bien longtemps, dans les années 90, un type au teint livide chantait sa déprime sur fond de folk acariâtre : il s'appelait Polar, et portait un bonnet noir qui lui donnait des airs de cambrioleur à la petite semaine. Pas drôle, le mec, mais forcément touchant : ses deux premiers albums, « 1 » et « Bipolar », recelaient quelques perles à s'écouter toutes lumières éteintes, le doigt sur les tempes et la bouche crispée dans un rictus rageur. Depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de Genève, et l'on se demandait si Polar ne s'était pas noyé, lui aussi, tel un Buckley helvète. Dix ans plus tard, Polar refait pourtant surface et sort un quatrième album, « Jour Blanc », écrit en compagnie de Miossec. Qui pour le coup n'a pas l'air de s'être foulé le coude, tant les paroles s'avèrent naïves et dénuées de toute métaphore. Quand Polar monte sur scène, seul, sans bonnet, il nous balance donc ses nouvelles chansons, en français dans le texte, sans penser un instant à ses fans de la première heure. Et du Polar en français, c'est comme de la choucroute sans clou de girofle : ça passe mal. Chez lui, les 'roses sont des épines', à moins qu'il ne s'agisse d'un problème de liaison, mais en tout cas on ne peut s'empêcher de sourire. Etre ou avoir, peu importe, puisque les textes de ses autres chansons sont tout aussi à l'avenant : ni rimes, ni vigueur syllabique, Eric Linder devrait lire Flaubert. Heureusement que le mec est sympa : il nous raconte la genèse de quasi chacun de ses titres avant de les chanter, d'où la redondance, et l'ennui. Sympa, le mec : dommage qu'il se soit mis à la chanson française, et que d'un coup on croirait presque entendre Pascal Obispo chanter dans la montagne, au milieu des vaches violettes (cette voix, irritante à force de yodle démonstratifs). 'C'était mieux avant' ? Evidemment.

Peter Von Poehl, lui, peut se targuer d'avoir gravé un des meilleurs disques pop de l'année : l'excellent « Going to where the tea trees are », dont il interprétera 5 titres seul, à la guitare. On peut regretter l'absence de toute enluminure (synthés, cuivres, batterie, basse,…), mais présentées telles quelles, en toute simplicité, ses jolies mélodies gardent pourtant leur pouvoir d'attraction… Et quand le Suédois demande à l'assemblée de hululer en chœur sur « The Lottery », personne ne se fait prier et l'humeur monte doucement, jusqu'à envahir le parterre comme du sirop de liège. Même assis, le public réagit : il est conquis. Peter Von Poehl chante alors « The Story of the Impossible », la chanson-Mobistar, mais heureusement aucune sonnerie de GSM ne vient gâcher ce grand moment de poésie lo-fi. Avant de clôturer par « Going to where the tea trees are », Peter Von Poehl hasarde de sa voix cajoleuse quelques mots en français (il connaît bien la langue), plaisante à propos de Tricatel ; bref met tout le monde dans sa poche. Vivement la tête d'affiche en 'full live band' !

Mais les trentenaires dans la salle étaient surtout présents pour le concert de Dominique A, dont le dernier album avait déjà été présenté lors des dernières Nuits Botanique. 'Vous n'aviez pas envie d'aller voir Motörhead ?', ironise d'entrée de jeu notre homme en noir avant de balancer « Revoir les choses ». Pas d'« Overkill » en cover, mais la plupart des titres de « L'Horizon » joués pied au plancher, dans une ambiance glaciale qui en laissera plus d'un perplexe. C'est un Dominique A sec et rageur qui se présente à nous, le corps rigide et le regard frondeur : on n'est pas là pour rigoler, à moins d'aimer l'humour très pince-sans-rire du Français exilé à Bruxelles. « La Relève » et « Rouvrir » ne détendent pas l'atmosphère : il faut attendre « Le Camion », semblant de tube radiophonique, pour oser remuer les orteils en position assise. « La Mémoire Neuve » ranime de vieux souvenirs, mais la question semble être ailleurs : Dominique A aurait-il mal digéré son souper ? A part deux rappels où se succèdent enfin vieux tubes moins féroces (« Antonia » et « Le Courage des Oiseaux »), on ne peut s'empêcher de rester circonspect : il a fait froid pendant deux heures, et notre veste était consignée au vestiaire.

Piers Faccini

Fascinant Faccini...

C'est dimanche, lendemain de la veille, le genre de soirée qu'on préférerait passer chez soi...A moins qu'une belle affiche de concerts ne nous en dissuade. Ca tombe bien : l'Argentine Juana Molina et l'Italo-anglais Piers Faccini se partagent, en cette fin de semaine pluvieuse, la petite scène de la rotonde. C'est Nicolas Sirkis qui nous accueille dans la salle, en hennissant tel un cerbère Pure FM. Il est là, en direct des enceintes, et son laïus post-ado nous tanne les oreilles. Pire : le cd est griffé, et on résiste vaillamment à la chute de tension en écoutant ces trente secondes en boucle d'Indochine, comme si c'était une mauvaise blague ou une visite médicale. Peut-être était-ce aussi une (basse) manœuvre du francophile Faccini (il habite l'Hexagone) pour nous donner vraiment envie de le voir arriver, et fissa.

Quand il déboule c'est donc le soulagement, d'autant que le beau brun débute son concert par une cover a capella du grandiose « Grinnin' In Your Face » de Son House, le 'bluesman préféré de Jack White'. Classe. Frissons. Piers Faccini est pote avec Ben Harper (sur album et en tournée), mais heureusement il ne nous affecte pas d'agaçantes bondieuseries. Rejoint ensuite par un batteur et une contrebassiste réservés, Faccini se balade de minuit (« Midnight Rolling ») à midi (« Come My Demons ») sur le cadran du blues, et tout ça en un peu plus d'une heure. Folk, tarentelle, country, rock : le chanteur jongle avec les styles, en plein bayou sonore qui nous rappelle Wenders. Assis sur les gradins et dans la fosse, le public fait preuve d'une attention dévote : un concert de musique qu'on écoute vraiment, ce n'est pas tous les soirs. Il faut dire que Piers Faccini chante de très belles chansons, dont les racines se trouvent en plein Mississippi, voire en Afrique. Et il les chante d'une voix profonde et sensuelle ; une voix qui hérisse le poil mais dans le bon sens du terme. On pense aux fantômes des Buckley (Jeff et Tim) et de Spain, au gospel qu'on aimerait entendre dans nos rêves (« Each Wave That Breaks », « Talk To Her »). C'est distingué en plus d'être abordable, sans pour autant verser dans le consensuel : il n'en fallait pas plus pour terminer le week-end en beauté. 

(Setlist : « Grinnin' In Your Face », « Fire In My Head », « Circles Round You », « Midnight Rolling », « All The Love In The World », « Come My Demons », « Each Wave That Breaks », « Taste Of Tears », « Talk To Her », « Sharpening Bone », « If I », « Where Angels Fly », « Sons And Daughters », « Uncover My Eyes »)

Et ce n'est pas fini ! Deux artistes tête d'affiche, ça veut dire deux fois plus de plaisir. Si l'on cherche toujours dans les bacs des disquaires le dernier album de Juana Molina (« Son ») sorti il y a six mois, on ne pouvait décemment pas rater sa venue en concert. Un look de Sorcière Bien-aimée, une gouaille typiquement latino, et des chansons en espagnol qui rappellent à la fois Barbara Morgenstern et Astrud Gilberto : Juana Molina pourrait être notre mère, et pourtant elle manie mieux les loops et l'auto-sampling que Lionel Solveigh. De « Segundo » et « Tres Cosas » la chanteuse n'interprétera que quelques titres, dont « No Es Tan Cierto » et « Insensible », son seul morceau dans la langue de Molière. 'Parfois le français sonne trop français', avouera-t-elle d'ailleurs avant de se jeter à l'eau. Le public est conquis, même si la salle s'est vidée de moitié après le concert de Piers Faccini… Au menu donc, surtout des titres de « Son », qui frappent par leur envergure : les couches de guitare et de synthés se superposent jusqu'à former de jolies mélopées au parfum psyché-folk, sur lesquelles Molina pose sa voix si tendre. On reste bouche bée, et l'oreille tendue : si la maternité semble cette fois l'avoir inspirée, on lui souhaite encore beaucoup de gosses. Ca nous fera d'autres excellentes chansons, et des concerts d'une belle intimité... A quand un album de berceuses pour fans d'ambient folk et de tropicalisme ?