Qui se souvient de David Grundy ? Alias Dave Berry (à cause de son admiration pour Chuck Berry), il est aujourd'hui âgé de 66 ans. Il a pourtant connu son heure de gloire dans les années 60, comme chanteur pop, même s’il puisait son inspiration dans le R&B et le rock'n'roll? Issu de Sheffield, ce personnage a décroché quelques hits au cours des sixties. Des 45 tours, bien évidemment. Dont sa reprise de "Memphis Tennessee", "The crying game", "This strange effect" (n°1 en Belgique et aux Pays-Bas) ainsi que "Mama". Son groupe répondait au patronyme des Cruisers. Le jeune label anglais Blue Matters a permis une rencontre entre le vétéran et un blues band dynamique : les Junkyard Angels. Une formation drivée par le guitariste Julian Piper. A ce jour, les Angels comptaient deux albums à leur actif : "Dirty work at the Crossroads", paru en 1988 et "Lonesome La La", commis en 1994. Ils accompagnent régulièrement des bluesmen américains, lorsqu’ils se produisent sur le Vieux Continent. Il leur est même arrivé d’enregistrer en leur compagnie. Et notamment pour quelques légendes louisianaises ; et en particulier Silas Hogan, Tabby Thomas, Lazy Lester, ainsi que les bluesmen de Chicago, Carey et Lurrie Bell. Julian Piper est également responsable d’un opus solo : "Primal blues".
L'album s’ouvre par la meilleure plage de l’elpee : une extraordinaire version de "Mercury blues", un titre popularisé jadis -outre-Manche- par Dr Feelgood et Rory Gallagher. Le chant de Berry passe bien la rampe, mais c'est la slide qui titre son épingle du jeu. Piper ne tient pas en place. Sa guitare subit les derniers outrages. Rien que cette plage mérite l’acquisition de cet elpee. De la dynamite ! Le timbre de Dave Berry n'a rien d'exceptionnel. Il se complait dans une certaine uniformité. Nonchalant, paresseux, il s’avère cependant très chaleureux. Bref, il est parfaitement ‘laidback’. Il n’est guère surprenant de retrouver sur ce disque des extraits du répertoire de JJ Cale et de Tony Joe White. "Taking the midnight train", par exemple. Les reprises de JJ sont vraiment réussies. Tout au long de "Same old blues", la slide de Julian est très présente. Par son jeu de cordes et de percussions, "Cajun moon" baigne au sein d’une atmosphère de rêve. Dave apprécie toujours le rockabilly. Il le démontre sur le "Mean ol' Frisco" d'Arthur "Big Boy" Crudup, une plage imprimée sur un tempo rapide et caractérisée par une bonne partie d'harmo accordée par le Texan Jeff Fuller, le tire maître (un morceau signé John Hiatt) et le "Boppin' the blues" de Carl Perkins. Dans le style de la Nouvelle Orléans, il adapte le "Are you going my way" de Bartholomew et Domino. Pour la circonstance, il reçoit le concours du piano syncopé de Craig Milverton. Autre plage issue de la plume de John Hiatt, "Georgia Ray", se révèle un roots rock d'excellente facture. Quoique sans grande prétention, cet opus s’avère fort agréable à écouter. Il s’achève, en outre, par "My baby left me", une autre reprise de Crudup, imprimée sur le rythme du chemin de fer…